Verset à verset Double colonne
1 Et quand ces choses furent terminées, les chefs s’approchèrent de moi, en disant : Le peuple d’Israël, les sacrificateurs et les Lévites ne se sont pas séparés des peuples des pays étrangers ; ils imitent les abominations des Cananéens, des Héthiens, des Phéréziens, des Jébusiens, des Ammonites, des Moabites, des Égyptiens et des Amorrhéens,Et quand ces choses furent terminées. Esdras était arrivé à Jérusalem le premier jour du cinquième mois (Esdras 7.9) ; il se peut que la remise des ordres royaux aux satrapes et aux gouverneurs ait donné lieu à des pourparlers assez longs (Esdras 8.36) ; en sorte que nous ne devons pas être surpris que l’assemblée convoquée à propos des femmes étrangères et qui semble avoir suivi de près la dénonciation que rapporte notre verset n’ait eu lieu que le vingtième jour du neuvième mois (Esdras 10.9).
Les chefs : non pas tous ; ceux qui étaient coupables (verset 2) ne se sont sans doute pas dénoncés. Nous dirions des chefs. Zorobabel ne semble pas avoir eu de successeur ; à l’arrivée d’Esdras la colonie n’avait pas à sa tête un gouverneur, mais un certain nombre de notables.
Ils imitent les abominations des Cananéens… Les mots ils imitent, ne sont pas dans le texte. La traduction littérale serait : selon leurs abominations, celles des Cananéens, des Héthiens, etc… c’est-à-dire : ils ne se sont pas séparés des peuples des pays étrangers comme ils auraient dû le faire d’après les abominations qui se trouvent du plus au moins chez chacun d’eux. Ces abominations sont l’idolâtrie avec les divers rites impurs qui l’accompagnent. Les mariages mixtes auraient dû être absolument évités en tant que favorisant l’introduction des faux dieux en Israël et enlevant à la race elle-même toute sainteté (verset 2 ; Exode 19.5).
Cananéens : dans l’acception restreinte de ce mot, comme dans Exode 13.5 ; Deutéronome 7.4 ; habitants non pas de tout le pays de Canaan, mais de la plaine maritime, de la plaine du Jourdain et de celle de Jizréel.
Héthiens : Genèse 10.15, note.
Phéréziens : Genèse 13.7.
Jébusiens : Genèse 10.16.
Ammonites… Moabites… Égyptiens. La loi (Exode 34.16 et Deutéronome 7.3) ne condamnait, il est vrai, que les mariages avec les Cananéennes ; mais il est naturel que cette prohibition ait été étendue aux autres populations païennes avec lesquelles Israël était en contact et qui s’étaient sans doute multipliées dans le pays pendant l’exil.
Amorrhéens : Genèse 10.16.
Les principaux. Le mot persan seganim, que nous rendons par principaux et que nous avons rencontré pour la première fois Ésaïe 41.25 où nous l’avons rendu par princes, signifie proprement lieutenant, représentant du roi.
Effet de cette nouvelle sur Esdras.
Je déchirai mon vêtement (de dessous) et mon manteau. Comparez Josué 7.6 et Lévitique 10.6.
Et je m’arrachai les cheveux et la barbe, littéralement : Et j’arrachai des poils de ma tête et de mon menton. Signe, non pas de deuil comme la tonsure qu’on pratiquait dans les grandes afflictions (Job 1.20), mais de vive émotion et de colère.
Désolé : muet, paralysé, étourdi par le coup.
Effet de cette attitude d’Esdras sur une partie de ses compatriotes.
Qui tremblaient aux paroles… : en pensant, aux châtiments dont Dieu menace de telles fautes.
Des exilés : des premiers exilés.
Temps de l’oblation du soir : les dernières heures de l’après-midi. Voir 1 Rois 18.29, note.
Esdras pense que sa prière sera plus efficace, montant au ciel en même temps que la fumée des holocaustes et de l’encens (Psaumes 141.2).
En déchirant, proprement : Et cela en déchirant. En face du temple (Esdras 10.1), aux yeux de tout le peuple, qu’il veut pénétrer du sentiment de la gravité du mal, il déchire encore plus ses vêtements.
Elle a pour but, non d’obtenir de Dieu pour le peuple coupable le pardon pur et simple, mais de pénétrer le peuple de la grandeur de la faute commise et de l’engager à faire tout ce qui dépend de lui pour détourner la colère de Dieu. Deux considérations principales doivent faire sentir aux coupables leur folie :
Mon Dieu, j’ai honte. Esdras confesse les péchés de son peuple comme siens. Il ne fait pas faire cette confession aux coupables, mais la présente lui-même. parce qu’il est plus pénétré qu’eux de la grandeur du mal commis. Plus on a péché soi-même, plus on devient incapable de s’humilier et vice versa.
Comme nous le sommes aujourd’hui : privés encore de notre indépendance.
Depuis un instant. Quatre-vingts ans sont peu de chose dans la vie d’un peuple. Pas plus tôt Dieu nous a témoigné sa pitié, que nous provoquons de nouveau sa colère.
Un clou dans le lieu de sa sainteté. Le lieu de la sainteté divine, c’est Jérusalem. Le clou qui y est planté, c’est le peuple nouveau établi à Jérusalem, auquel peuvent se rattacher, comme à un point d’appui solide, tous les exilés qui reviendront encore du pays de leur dispersion. Voyez, à propos d’un individu qui est la force et la gloire de sa famille, la même image dans Ésaïe 22.23-24. On a donné de cette expression figurée beaucoup d’autres explications.
Afin que notre Dieu éclairât nos yeux : tandis que pendant longtemps nous avons été plongés dans la nuit du malheur.
Devant les rois de Perse : qui ont dû reconnaître que Dieu nous aimait.
Une retraite dans Juda et dans Jérusalem, littéralement : une clôture (Ésaïe 5.5), une protection ; non pas le temple, ni les murs de Jérusalem, qui n’existaient pas encore, mais la possession de leur ville et de leur pays, assurée par les édits des rois de Perse.
Après cela : après de telles preuves de ta miséricorde !
Que dirons-nous ? Rien, car nous avons abandonné…
Par le ministère de tes serviteurs les prophètes. Les mots : le pays dans lequel vous entrez pour le posséder, empêchent de voir dans ces prophètes des hommes de Dieu vivant après la conquête et obligent à penser à Moïse. Mais après lui bien d’autres ont parlé dans le même sens. L’obligation pour Israël de se tenir à l’écart du monde païen a été l’une des idées fondamentales du prophétisme (Juges 3.6).
Nous n’avons pas ici une citation littérale, mais un composé de différents passages qu’Esdras reproduit librement : Deutéronome 7.1-3 ; Exode 34.16.
N’ayez jamais souci de leur prospérité. Comparez Deutéronome 33.7.
Afin que vous deveniez forts. Comparez Deutéronome 11.8.
Tu es juste, car nous sommes un reste. En terminant Esdras mentionne la justice de Dieu, non pour qu’elle ait son cours, ce qui amènerait la destruction des coupables, mais pour réveiller leur conscience. Tu as montré ta justice en nous réduisant à un faible reste. Que ne va-t-elle pas faire maintenant, si nous recommençons de plus belle à la braver !