Verset à verset Double colonne
1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :À Etham, l’Éternel ordonne le changement de direction qui décida de toute la suite des événements. Rien n’était plus absurde, en apparence, que de prendre la direction du sud. Car Israël allait se trouver séparé du Sinaï, où il se rendait, par la mer Rouge, qui, à cette époque, parait s’être étendue beaucoup plus au nord qu’aujourd’hui, jusqu’au lac Timsa, ou du moins jusqu’aux lacs Amers, dont l’eau salée indique l’ancienne jonction avec la mer. Pour Israël, tourner au sud, c’était donc, comme dit Pharaon (verset 3), s’enfermer dans le désert (à l’ouest de la mer Rouge) et consommer sa propre ruine. On a dit que Moïse pouvait espérer de trouver un passage vers l’est, à l’occasion d’une marée basse. C’est oublier que Moïse conduisait après lui tout un peuple avec ses troupeaux. Dieu seul a pu ordonner à son armée une pareille manœuvre dont l’issue n’était connue que de lui seul (carte).
Le verbe schouv ne signifie pas proprement se détourner, comme traduit Ostervald mais revenir en arrière. Ils revinrent d’abord sur leurs pas, puis tournèrent au sud. Malheureusement on n’a pu jusqu’à présent retrouver sûrement aucun des trois endroits désignés ici. Le seul avec le nom duquel un nom existant actuellement présente quelque analogie est Pi-Hahiroth. Ce nom parait s’être conservé dans celui de Adschroud (pi n’est que l’article égyptien), qui désigne aujourd’hui une localité située à quatre lieues environ au nord-ouest de Suez. Entre cet endroit et la dépression (autrefois le bras de mer) qui joint la mer Rouge proprement dite aux lacs Amers, se trouve un large emplacement où pouvaient camper les tribus israélites. L’expression au-devant de dit précisément que le lieu du campement était à l’orient de Pi-Hahiroth.
L’ordre divin dit ensuite : entre Migdol et la mer. Si l’on se représente le peuple campé en cet endroit, le visage tourné vers l’orient, Migdol doit désigner l’extrémité gauche et la mer l’extrémité droite du campement. C’est bien ce qui a lieu si nous supposons Migdol (tour) située à l’extrémité sud des lacs Amers, comme une forteresse surveillant à cet endroit le passage d’Arabie en Égypte et si par la mer nous entendons la partie de la mer Rouge qui s’avance très avant dans les terres au sud de Suez.
Dieu ajoute enfin : en face de Baal-Tséphon, au bord (le long) de la mer. Le mot en face de paraît prouver que cette localité était située de l’autre coté de la mer, sur la côte d’Arabie, en face du campement israélite. Le nom de Baal, qui est le nom de la principale divinité phénicienne et celui de Tséphon, qui signifie dans la langue phénicienne septentrion, font supposer que cette localité tirait son nom de maître du nord d’un sanctuaire de Baal où les navigateurs phéniciens offraient leur sacrifice à leur dieu, au moment d’entrer dans le grand bassin de la mer Rouge, afin de réclamer de lui l’assistance, du vent du nord pour la traversée de cette mer. C’est tout à fait à tort qu’on a confondu le nom Tséphon avec celui du dieu égyptien Typhon, qui est un nom purement grec ; le nom de ce dieu en égyptien est Set.
Enfin reste la dernière détermination : au bord ou le long de la mer. Il résulte de là et de ce qui précède (entre Migdol et la mer) qu’ils avaient la mer à la fois à leur droite et devant eux. En effet, ayant Adschroud derrière eux, Migdol à gauche, du côté du nord, la mer à droite, vers le sud, ces mots : au bord de ou le long de la mer, désignent tout naturellement le bras de mer de vingt kilomètres de long qui unissait le bassin principal de la mer Rouge aux lacs Amers actuels. C’était le long de cette partie de la mer qu’Israël était campé.
Le désert les tient… Pharaon savait qu’ils ne pouvaient s’enfuir ni à l’est, où la mer leur barrait le chemin, ni au sud, où ils auraient péri dans une contrée sans ressource, ni à l’ouest, ce qui les aurait ramenés en Égypte, ni au nord, s’il les poursuivait lui-même de ce côté-là. On voit par cette parole que le roi ne songeait pas à la possibilité pour les israélites de passer le bras de mer qui les séparait du désert d’Arabie et que, par conséquent, Moïse non plus n’avait pu calculer sa marche sur cette éventualité.
Tous les chars d’Égypte : outre les chars d’élite, il prit tous les chars qui se trouvaient à portée dans les villes de guerre de la Basse-Égypte. On sait par l’histoire d’Égypte que dès le commencement de la 18e dynastie, les chariots furent la principale force des armées égyptiennes. Diodore prétend que l’armée de Sésostris en comptait vingt-sept mille.
Des officiers. Le mot hébreu Schalischim : trente, correspond à un titre égyptien. Les rois d’Égypte avaient un conseil composé de trente membres, dont chacun s’appelait un trente (comme on dit un décemvir ou un cent-garde). Ce titre, traduit en hébreu, fut usité plus tard encore dans la monarchie israélite ; il revient souvent dans le livre des Rois ; voir aussi 2 Samuel 23.
Il pouvait d’autant plus facilement atteindre les Israélites qu’ils avaient fait un détour en allant jusqu’à Etham.
Tête levée, littéralement : la main levée, c’est-à-dire hardiment, comme des vainqueurs, non honteux comme des fuyards (Nombres 33.3). Cette remarque est sans doute placée ici pour faire comprendre le motif qui pousse Pharaon à ce dernier acte de folie. Son orgueil ne peut accepter cet acte de rébellion ouverte.
Ses cavaliers. Comparez Josué 24.6. On n’a pas trouvé jusqu’ici des représentations de cavaliers dans les monuments égyptiens de cette époque. Cependant Diodore (I, 54) parle d’un corps de cavalerie considérable dans l’armée de Sésostris.
Son armée. Ce terme, ainsi que celui de ses troupes, verset 6, ont fait dire à Josèphe qu’il y avait aussi de l’infanterie.
Rien ne caractérise mieux les récits de la Bible que le rôle peu glorieux qui y est donné aux Israélites.
Est-ce faute de sépulcres ? L’ironie est amère et l’expression dont ils se servent est d’autant plus frappante qu’en aucun pays du monde il n’y avait autant de tombeaux qu’en Égypte.
On remarque ici un singulier mélange de foi et d’incrédulité chez le peuple. Il crie à Dieu (verset 10), et, d’autre part, il se livre aux murmures les plus amers contre Moïse. Cela rappelle le mot : Je crois, Seigneur ; aide-moi dans mon incrédulité (Marc 9.24).
Comparez des reproches semblables en Exode 5.21 ; Exode 6.9
Vous vous tiendrez tranquilles. Ils n’auront point à combattre eux-mêmes ; ils seront spectateurs muets de la victoire remportée pour eux. Le verset suivant prouve qu’en parlant ainsi Moïse s’élève, par la foi aux promesses précédentes de l’Éternel, au-dessus du sentiment d’angoisse qui l’oppresse lui-même.
L’Éternel dit. On a gâté la beauté du récit en mettant arbitrairement un plus-que-parfait : l’Éternel avait dit. Dieu n’avait point encore parlé à Moïse de ce qui allait se passer. Si celui-ci venait de chercher à relever le courage du peuple, il l’avait fait dans l’ignorance du moyen dont Dieu se servirait.
Que cries-tu à moi ? Ce mot révèle la détresse intérieure de l’homme de Dieu. Ce n’est point là un reproche que Dieu adresse à son serviteur ; le sens est : Ne crains point ; tu es déjà exaucé.
C’est le cas d’appliquer le mot d’Amos 3.7 : Le Seigneur l’Éternel, ne fait rien qu’il n’ait révélé son conseil à ses serviteurs les prophètes. Il fait d’eux ses confidents, parce qu’ils doivent être ses instruments et des instruments libres et conscients.
Il fallait empêcher qu’Israël ne fût troublé durant le passage. C’est ce que fait l’Éternel en s’interposant entre eux et le camp des Égyptiens ;, et cela, à la fois invisiblement en la personne de son ange (voir à Exode 13.21) et visiblement sous la forme de cette nuée menaçante dans laquelle habite l’ange. Cette nuée mystérieuse, après avoir marché devant les Israélites depuis Etham (Exode 13.21-22), vient se placer derrière eux et tient en respect les Égyptiens pendant toute la nuit.
Nous traduisons aussi littéralement que possible ce verset d’une construction difficile. Les interprètes supposent à tort que la colonne de nuée était à la fois obscure du côté des Égyptiens et lumineuse du côté des Israélites. Le récit dit seulement, ici comme plus haut (voir Exode 13.21, note) que la nuée parut ténébreuse aussi longtemps que dura le jour, mais que, l’obscurité venue (verset 21) elle devint lumineuse.
Si la situation du campement israélite est bien celle que nous avons décrite (versets 2 et 3, note), ils avaient devant eux un bras de mer de deux à trois kilomètres de largeur ; quant à la profondeur, nous ne pouvons nous en faire une idée exacte, parce que les sables ont envahi la contrée et que le sol tend incessamment à s’exhausser. À l’extrémité méridionale des lacs Amers se trouvait un seuil recouvert d’une nappe d’eau très peu profonde ; de ce point le bras de mer rejoignait par une faible déclivité le golfe de Suez ; il est donc probable que tout le long de ce chenal, entre les lacs Amers et la mer Rouge, l’eau n’était pas très profonde.
Le vent qui commença à souffler dès le soir même est appelé kadim, proprement vent d’orient et comme les Hébreux n’ont de noms que pour les quatre directions cardinales et non pour les directions intermédiaires, ce mot peut désigner un vent de nord-est, qui, en se joignant à l’action du reflux, refoula l’eau du chenal dans la mer Rouge. La puissance du vent est encore aujourd’hui telle à Suez qu’un changement dans sa direction peut amener, surtout en se combinant avec la marée, une différence de niveau de onze pieds (3 mètres cinquante).
Les Ichthyophages des bords de la mer Rouge racontaient, selon Diodore, qu’il y eut un jour où le reflux fut tel que tout le golfe fut changé en terre-ferme, les eaux de la mer s’étant retirées ; puis, revenant tout à coup, la mer reprit son niveau ordinaire.
Les eaux se fendirent. Par le retrait de la mer vers le sud, il se forma un espace sec entre les bassins des lacs Amers et celui de la baie de Suez. L’expression a un caractère emphatique, dû sans doute au style imagé du cantique, Exode 15.5-8.
Sur le sec. On marche aisément sur un fond de sable ou de sel (le fond actuel des lacs Amers est formé de sel) dont se sont retirées les eaux qui le couvraient.
Étaient pour eux une muraille à droite et à gauche. Il n’est point nécessaire de se représenter les eaux se dressant verticalement à droite et à gauche du peuple. Le texte dit : étaient pour eux une muraille ; elles leur servaient de rempart à droite et à gauche, de sorte qu’ils ne pouvaient être pris de flanc par l’ennemi (Nahum 3.8). En effet, le chemin qu’ils avaient à faire était protégé au nord par le bassin des lacs Amers et au sud par celui du golfe de Suez. S’il en eût été autrement et que la chose eût été telle qu’on se la représente d’ordinaire, il eût fallu une véritable folie de la part des Égyptiens pour se lancer à la poursuite du peuple par une pareille voie.
La nuée va se placer à la tête de la colonne ; celle-ci, après avoir atteint la côte arabique, s’avançait dans l’intérieur. Les Égyptiens, voyant le nuage menaçant qui avait plané devant eux, dissipé, s’élancent à la poursuite des Hébreux. Il n’est pas dit que Pharaon lui-même fût à la tète de ses troupes ;, et cela, est en soi peu probable. Il observait du rivage la poursuite.
La veille du matin. Les anciens Hébreux divisaient la nuit en trois veilles, de sorte que la veille du matin allait de 2 à 6 heures. Dans le Nouveau Testament, la nuit est partagée en quatre veilles, d’après l’usage romain. Le passage des Israélites avait donc eu lieu durant la nuit, de 7 ou 8 heures du soir à 4 ou 5 heures du matin.
Regarda. Le mot hébreu signifie toujours : regarder de haut en bas. Ces regards de l’Éternel, qui tombent sur le camp égyptien, signifient sans doute les éclairs de la foudre, comme la voix de l’Éternel signifie le tonnerre (Exode 9.28, note ; Psaumes 29). C’est de la colonne de nuée que sortent également les traits de feu qui foudroient Nadab et Abihu (Lévitique 10.2).
Ils firent reculer leurs chars…, littéralement : les roues de leurs chars. On traduit ordinairement, en donnant pour, sujet au premier verbe l’Éternel : Il ôta les roues de leurs chars. Cette traduction nous paraît présenter cet inconvénient que, si les chars n’avaient plus eu de roues, on ne les aurait pas conduits à grand-peine ; car on n’aurait pas pu les conduire du tout. La version des LXX parait avoir lu un peu différemment ; elle traduit : Il lia, c’est-à-dire il retint les roues de leurs chars.
L’eau de la mer revenant peu à peu, le sol s’amollissait et les roues enfonçant ne se mouvaient plus que difficilement. Les Égyptiens comprennent que la marée les atteint et veulent revenir en arrière.
À l’ordre de Moïse, les eaux refluent comme des torrents et ferment la retraite aux Égyptiens.
Il est probable que ce retour subit des eaux fut activé par un brusque changement du vent qui tourna tout à coup au sud et accéléra le mouvement du flux.
Il n’en demeura pas un. Le texte ne dit pas que toute l’armée périt, il ne parle que de ceux qui étaient déjà entrés dans la mer ; c’étaient surtout ceux qui étaient en char ou à cheval. On ne peut conclure de Psaumes 136.15 que Pharaon fut du nombre de ceux qui périrent. L’expression s’explique par le fait que Pharaon lui-même fut frappé en la personne de ses cavaliers.
À droite et à gauche : voir note verset 22.
Le peuple craignit l’Éternel. Un Père de l’Église disait : Mon Dieu, ce n’est pas la grandeur de tes châtiments qui m’effraie ; c’est celle de tes bienfaits ; comparez Psaumes 130.4
Le passage de la mer avait déjà été de la part du peuple un acte de foi (Hébreux 11.29 : C’est par la foi…). Cette foi fut fortifiée par l’expérience.
Il crut à l’Éternel et à Moïse. C’est sans doute ici le seul cas dans l’Écriture où un homme soit présenté comme l’objet de la foi. Israël a été baptisé en Moïse (1 Corinthiens 10.2) comme les chrétiens sont baptisés en Jésus-Christ. Le passage de la mer Rouge fut une immersion d’où Israël sortit pour commencer une vie nouvelle par la foi à l’Éternel et à Moïse, son instrument, un avec lui.
Serviteur de l’Éternel. C’est la première fois que ce titre apparaît dans l’Écriture. Il est donné spécialement à Moïse ; comparez Nombres 12.7 ; Deutéronome 34.5
On conteste, non sans apparence de raison, la possibilité du passage d’Égypte en Arabie d’un peuple de deux millions d’âmes (Exode 13.17) dans l’espace d’une nuit.
S’il s’agissait d’une troupe marchant en ordre et au pas militaire, l’objection serait bientôt résolue. Deux millions d’hommes forment une colonne de 2000 hommes de front et de 1000 hommes de profondeur (ou de 1000 de front et de 2000 de profondeur). En mettant entre les 2000 hommes marchant de front un espace de 2 mètres et entre chacun des 1000 rangs, échelonnés à la suite les uns des autres, le même espace, nous obtenons une colonne de 4 kilomètres de largeur et de 2 kilomètres de longueur. Une pareille colonne de deux millions de personnes pourrait ainsi défiler en une demi-heure.
Le cas actuel est assurément fort différent. Nous avons affaire, non à des soldats, mais à des familles comprenant femmes et enfants et conduisant avec elles meubles et bestiaux. Mais, d’autre part, l’ordre ne manquait pas dans cette troupe. Ce n’est pas pour rien que le récit désigne ce peuple du nom d’armées (Exode 12.51). Peut-être lui attribue-t-il un ordre militaire (Exode 13.18, note). Il était réparti en douze sections principales, semblables à des régiments divisés en bataillons, en compagnies et en pelotons (voir à Exode 12.37, note). De plus, au lieu de 4 kilomètres de front, le peuple pouvait disposer de 25 et au lieu de 2 kilomètres de profondeur, toute la colonne pouvait, en marchant de sept heures du soir à quatre heures du matin, avoir une longueur de 36 à 40 kilomètres. Il y avait donc amplement place à côté des hommes pour les meubles et le bétail.
Si nous nous représentons, par exemple, les douze tribus formant douze colonnes parallèles et s’avançant simultanément au travers du passage desséché, chacune sur 20 personnes de front, il est aisé de calculer que chacune de ces colonnes (chaque tribu) aura pu passer en moins de cinq heures. Et comme le front des douze colonnes réunies ne comptera que 12 x 20, c’est-à-dire 240 personnes, au lieu des 8000 qu’un espace de 16 kilomètres peut contenir, il restera entre chacune des douze colonnes et sa voisine un énorme espace libre capable de contenir les meubles et les troupeaux. La possibilité du passage des deux millions dans l’espace et dans le temps donné est ainsi démontrée.
L’impossibilité existerait sans doute si l’on prétendait placer le passage dans une localité plus méridionale que celle à laquelle nous ont conduits les expressions mêmes du texte (la mer à droite et devant) ; par exemple au golfe ou au sud du golfe de Suez, comme on se le représente communément. Il se trouve là quelques gués que le reflux met parfois à découvert ; mais ils sont trop étroits pour permettre le passage en si peu de temps d’une pareille masse d’hommes et de troupeaux. Et comment se représenter un agent tel que le vent (c’est celui dont parle le texte) agissant sur la mer profonde à la façon d’un coin pour y creuser un passage !
D’autres placent le passage plus au septentrion, au nord des lacs Amers, ou au nord du lac Timsa, ou bien même le long de la Méditerranée, sur l’isthme étroit qui sépare cette mer du lac Serbonis. Mais aucune de ces hypothèses ne peut se soutenir. Dans les premières le terme de retourner (Exode 15.22) ne s’explique plus. En réalité ces deux millions d’hommes n’auraient fait que piétiner sur place jusqu’au passage. D’ailleurs les localités de l’autre côté de la mer, dans lesquelles on retrouve le plus naturellement Mara et Élim, sont situées beaucoup trop au sud pour qu’elles eussent pu être atteintes en trois jours (Exode 15.22) depuis un point de passage aussi septentrional. Quant à la dernière supposition, elle est aujourd’hui universellement rejetée, car indépendamment de plusieurs autres raisons, le nom donné dans le texte à la mer traversée par les Israélites (Jam Souph) ne s’applique jamais qu’au bassin que nous appelons mer Rouge.
Nous n’avons pas craint de faire intervenir dans l’explication de cette délivrance merveilleuse des causes naturelles. Le récit le fait lui-même, en parlant du vent d’est, comme il l’avait fait déjà à l’égard des plaies d’Égypte. Dieu use des forces naturelles jusqu’au point où elles peuvent le servir. Il n’en fait agir d’autres que dans la mesure où celles-ci sont insuffisantes. Le surnaturel n’en reste pas moins dans l’intervention de cette Main qui les fait agir au moment voulu et avec les effets réclamés par le bien de son peuple.
Dans cet événement, l’intervention divine peut seule expliquer la direction vers le sud, en apparence absurde, que prit tout à coup depuis Etham la marche du peuple ; et elle éclate dans le fait inespéré du passage à travers le golfe, dont Pharaon ne prévoyait évidemment pas la possibilité.