Verset à verset Double colonne
1 L’Éternel parla à Moïse en disant :D’après les versets 3 et 4, ces deux ordonnances doivent avoir été données à Succoth, immédiatement à la suite de la sortie et avant que le peuple se remit en marche. Elles se rattachent étroitement l’une et l’autre au moment de ce départ ; celle des sept jours des pains sans levain, parce que ce fut en ce moment même que le fait s’accomplit pour la première fois, mais uniquement comme conséquence nécessaire de la situation (versets 34 et 39) ; celle des premiers-nés, en vertu du contraste entre la préservation des premiers-nés israélites et la mort des premiers-nés des Égyptiens. La seconde de ces ordonnances est enclavée dans la première ; comparez versets 1 et 2 avec verset 11.
Tout premier-né. Israël étant, par son élection, le premier-né de l’Éternel, les Égyptiens qui ont refusé de le laisser libre ont été punis par la perte de leurs propres premiers-nés, frappés en lieu et place de tout le peuple égyptien (Exode 4.22 et suivants). C’est là la raison de l’ordonnance relative aux premiers-nés israélites. En raison des péchés du peuple, ils n’ont pu être préservés de la mort qu’au moyen du sang de l’agneau pascal ; comme tels, ils appartiennent tout spécialement à l’Éternel et doivent être consacrés à son service ; comparez verset 15 ; Nombres 3.13 ; Nombres 8.17
L’ordonnance est étendue aux premiers-nés des animaux des Israélites, parce que les premiers-nés des animaux des Égyptiens avaient été frappés comme ceux des hommes.
Avant de transmettre au peuple (sans doute par l’intermédiaire des Anciens) cette prescription, Moïse la fait précéder de celle des sept jours qui lui avait été donnée auparavant à lui-même.
Abib. Voir Exode 12.2, note.
Au verset 6, il n’est fait mention expresse que du second jour sabbatique, le septième, parce qu’après tout ce qui avait précédé il n’était plus besoin de rappeler en particulier le premier, bien plus solennel encore.
Les Juifs talmudiques, prenant ce commandement au sens littéral, enferment certains passages de la Loi dans de petites boîtes ; celles-ci sont attachées à des lanières de cuir qu’ils portent autour du bras et sur le front : c’est ce qu’on appelle des thephillim ou phylactères. Dans Nombres 15.37-40 un commandement analogue paraît être pris au sens littéral ; il ne serait pas impossible qu’il en fût de même de Deutéronome 6.8 ; Deutéronome 11.18. Mais ici le sens paraît être celui-ci : Ce rite sacré doit être pour toi ce qu’est un signe sur la main ou un mémorial que l’on porte sur le front, c’est-à-dire un stimulant à penser sans cesse à la volonté de l’Éternel et à t’en entretenir avec les tiens. Comparez Proverbes 6.21 ; Proverbes 7.2-3 ; Ésaïe 49.16
Les premiers-nés des hommes sont consacrés et ceux des animaux, immolés, à l’exception toutefois de ceux de l’âne, parce que c’est un animal impur et qu’ainsi il ne peut être offert en sacrifice. Au sacrifice de l’ânon doit être substitué celui d’un animal pur, ou bien l’ânon doit être simplement tué.
Le premier-né de l’homme doit être racheté. C’est ce qui eut lieu plus tard par le fait que les Lévites furent substitués aux premiers-nés (Nombres 3.12) et que pour les premiers-nés qui se trouvèrent en sus du nombre des Lévites, un rachat de cinq sicles dut être payé (Nombres 3.46 et suivants). Pour le premier moment et avant que le service du sanctuaire fût organisé, l’exécution de cette ordonnance resta naturellement suspendue. Le principe était posé et mis en relation avec la circonstance actuelle qui y donnait lieu.
La route ordinaire des caravanes pour le pays de Canaan allait au nord-est en se rapprochant de la côte de la Méditerranée. Mais par ce chemin, les Israélites seraient arrivés en douze à quinze jours à la frontière méridionale de Canaan et là, ils se seraient trouvés en face du peuple belliqueux des Philistins et n’auraient pu passer sans se mettre en guerre avec lui.
Nourri dans la servitude, faible encore dans la foi, Israël n’était pas préparé à une telle rencontre. D’ailleurs, il résulte de Genèse 15.19-21 et d’Exode 3.8 que les Philistins n’étaient pas au nombre des peuples qui devaient être dépossédés à ce moment-là. Dieu avait donc décidé de faire passer Israël par une autre route, celle qu’il avait indiquée dès l’abord à Moïse, quand à Sinaï il lui avait donné pour signe (Exode 3.12) le culte que le peuple lui rendrait un jour au pied de cette montagne même.
Ce fut cette marche étrange, en sens opposé au but, qui acheva d’aveugler Pharaon, une fois remis de son premier mouvement de terreur.
Que le peuple se repente : Exode 14.10-12 montre bien que cette crainte était fondée sur la connaissance que Dieu avait des dispositions du peuple.
Un détour. Ce détour par le Sinaï aurait pu n’être que d’un an environ. S’il s’est prolongé en un séjour de quarante ans au désert, c’est à cause de l’incrédulité du peuple (Nombres 14.33).
Dans la direction du désert. Il s’agit non du désert d’Arabie, à l’orient de la mer Rouge, mais du désert situé à l’ouest de cette mer et qui appartenait encore à l’Égypte.
Vers la mer Rouge. Le nom hébreu de cette mer est Jam Souph, la mer des roseaux ou plutôt la mer des algues ; car on ne trouve des roseaux sur ses rives qu’à un seul endroit, un peu au sud de Suez, tandis que le fond de la mer est recouvert tout entier d’une forêt de plantes marines dont la transparence de l’eau laisse voir les couleurs variées, rouge, violette, bleue, verte, jaune doré. Quant à notre nom de mer Rouge, il est la traduction du nom grec de mer Erythrée que lui donnaient les anciens et qui s’appliquait aussi au golfe Persique et au bassin voisin de l’océan Indien. On dérive ce nom de la couleur des habitants ou de celle du sol ou des riches formations de coraux qui se trouvent en plusieurs endroits. Mais il est probable que ce nom est dû à la même cause que celui de mer des algues.
Et les fils d’Israël étaient forts et valides. On a traduit aussi : militairement bien rangés, ou : bien armés. En tout cas la pensée est celle-ci : capables de supporter les fatigues et les privations de ce voyage à travers le désert.
Comparez Genèse 50.25. Ce dernier vœu de Joseph montrait combien était ferme chez les patriarches l’attente du retour en Canaan.
Etham devait donc être situé à l’est de Succoth et à la limite du désert de Sur (Exode 15.22), qui est appelé aussi désert d’Etham (Nombres 33.8). Ce grand désert commençait de l’autre côté de la grande dépression dans laquelle se prolonge vers le nord le bassin de la mer Rouge et qui sépare le Delta de l’Arabie. Jusqu’ici on n’a trouvé aucune trace certaine du nom d’Etham. D’après le contexte ce devait être une ville ou forteresse située près du lac Timsa, à l’extrémité de l’Égypte. Il n’est point dit qu’entre le campement de Succoth et celui d’Etham il n’y eut qu’une journée de marche.
Ces deux versets sont placés ici dans le but manifeste d’indiquer que dès ce moment l’Éternel lui-même se met à la tète du peuple et prend la direction de la caravane. Voir Exode 14.2
Dieu fait pour les Israélites d’une manière surnaturelle ce que, dans l’antiquité, faisaient parfois les généraux pour assurer la marche de leurs troupes. D’après Quinte-Curce, Alexandre fit élever au-dessus de sa tente, en traversant la Caramanie, un signal que l’on pût voir de partout : du feu pendant la nuit et de jour de la fumée. On prétend également que les caravanes en Arabie font porter devant elles, au haut de longues perches, un vase de fer rempli de bois allumé. De là l’image employée dans un papyrus égyptien dans lequel le commandant d’une expédition militaire est appelé une flamme dans l’obscurité, à la tête de ses soldats.
Ainsi l’Éternel se donnait à connaître aux Israélites comme leur général et leur guide. La colonne de feu et la colonne de fumée n’étaient naturellement qu’une même colonne dont on voyait la lueur la nuit et la fumée le jour (Nombres 9.15 et suivants) ; comparez 2 Chroniques 5.13 et 1 Rois 8.10