Verset à verset Double colonne
Après que Dieu a arraché son peuple aux mains de l’oppresseur et l’a pris à lui, il contracte alliance avec lui et vient fixer chez lui sa demeure. C’est là le sujet de la seconde partie de l’Exode.
On peut diviser cette partie en quatre sections :
Dans cette première section sont racontés les faits suivants :
Pour comprendre les versets 1 et 2, il n’est pas nécessaire d’admettre que la visite de Jéthro a été racontée au chapitre 18 par anticipation et que le récit reprend ici au point où le chapitre 17 l’avait laissé. Ce verset 1 est placé en tête pour indiquer la date d’un événement aussi important que celui de l’arrivée à Sinaï et comme une sorte de titre pour tout le récit qui va suivre.
Le texte hébreu indique par l’emploi du prétérit bahou, littéralement furent arrivés, qu’ici commence une nouvelle partie. Il ne faut donc pas traduire au verset 2 : Puis ils partirent… mais : Et (en effet) ils partirent… et campèrent… Ces mots sont ajoutés pour indiquer les deux termes de cette dernière étape que franchit le peuple en ce jour décisif.
Le premier jour du troisième mois. L’hébreu dit littéralement : Au troisième mois… en ce jour-là. Le mot qui signifie mois signifie aussi et primitivement le premier du mois (proprement la nouvelle lune) et l’auteur ajoute en ce jour-là afin d’indiquer qu’il parle ici du premier jour du mois et non du mois tout entier. Notre mot de nouvel-an pour désigner le premier jour de l’année n’est pas sans analogie avec l’expression hébraïque. Il n’est donc pas nécessaire de supposer qu’un adjectif de nombre, désignant le quantième du mois où l’événement a eu lieu, ait disparu du texte.
Il y avait en ce jour-là six semaines qu’Israël était parti de Ramsès (Exode 12.6 ; Exode 12.31 ; Exode 12.37) et quinze jours qu’il était arrivé au désert de Sin (Exode 16.4).
Le désert de Sinaï, où campèrent les Israélites, ne peut être que la plaine, appelée aujourd’hui le Wadi er-Rahah, qui s’étend au pied nord du massif du Sinaï : elle va du nord-ouest au sud-est, s’élargissant de plus en plus, jusqu’au pied de la haute paroi verticale où commence la montagne du Sinaï. C’est la seule d’entre les vallées qui entourent ce massif central de la péninsule, où ait pu camper un peuple aussi nombreux que l’était alors Israël. Elle a une longueur de 3 kilomètres, environ 40 minutes de marche et une largeur variant d’un demi à 1 kilomètre ; au sud, elle se prolonge dans le Wadi el-Ledscha, à l’ouest du Sinaï ; à l’est, elle communique par le Wadi ed-Deir avec le grand Wadi es-Scheik (voir carte).
La montagne du Sinaï a deux sommets : l’un au nord, paroi granitique se dressant à pic, au-dessus de la plaine d’er-Rahah et couronnée d’une crête à trois dents qui domine la plaine d’une hauteur de 1994 mètres au-dessus de la mer ; il se nomme Ras-Sussafeh ; l’autre, appartenant au même massif et situé à 4 kilomètres plus au sud, est beaucoup plus élevé (2244 mètres au-dessus de la mer) ; il se nomme encore aujourd’hui Djébel-Mousa (montagne de Moïse). Rien de plus imposant que ce sommet aux formes hardies avec ses roches granitiques et basaltiques. C’est le vrai centre de la péninsule ; c’est de ses flancs que partent dans tous les sens les vallées qui déversent les eaux dans les deux golfes occidental et oriental de la mer Rouge.
D’après plusieurs voyageurs modernes, c’est sur le premier de ces sommets que doit avoir eu lieu la promulgation de la loi ; car, comme il domine immédiatement le Wadi er-Rahah, on l’aperçoit de tous les points de cette vallée. Mais c’est cette circonstance même qui nous empêche d’admettre que la loi ait été donnée sur ce sommet-là : dans ce cas, en effet, Moïse n’aurait pas dû (et même n’aurait pas pu) faire sortir le peuple du camp pour le conduire au-devant de Dieu (verset 17) en l’amenant au bas de la montagne (ibidem) ; car le camp occupait certainement la plaine entière au pied de la montagne. Il faut donc admettre que le sommet sur lequel l’Éternel descendit et sur lequel Moïse monta (verset 20) était le sommet méridional, le Djébel-Mousa proprement dit (voir au verset 17).
Quelques savants ont supposé que le récit désignait sous le nom de Sinaï le magnifique mont Serbal, qui est situé à quarante kilomètres au nord-ouest et domine le Wadi Feyran. Mais depuis quelques explorations plus récentes, en particulier celles qu’ont faites des ingénieurs anglais en 1869, cette hypothèse est abandonnée. Nous avons nous-mêmes été conduits à admettre que le peuple n’avait point passé par le Wadi Feyran. Puis ce wadi n’est point une vaste plaine où aurait pu camper un si grand peuple ; si fertile qu’il soit, dit un voyageur, ce n’est pourtant qu’un étroit vallon de palmiers, une gorge resserrée qui ne saurait contenir une grande multitude. Enfin la contrée du Sinaï convient beaucoup mieux à tous égards que celle du Serbal à l’habitation d’un grand peuple pendant toute une année, à cause de sa richesse extraordinaire en sources et en puits, en palmiers et en pâturages. Quant à la tradition locale, elle est plutôt en faveur du Djébel-Mousa ; la tradition qui lui a substitué le Serbal date seulement du cinquième siècle, où une nombreuse population chrétienne habitait le Wadi Feyran.
La montagne : celle qui avait été appelée Exode 3.1 montagne de Dieu, sans doute par anticipation, en raison des scènes qui vont suivre. Plusieurs ont supposé que cette montagne imposante était dès longtemps consacrée à quelque culte local.
Et Moïse monta vers Dieu. On peut s’étonner que Moïse monte vers Dieu sans avoir été appelé ; et c’est ce qui a fait traduire parfois ce qui suit, dans ce sens contraire au texte : Car l’Éternel l’avait appelé. Mais Moïse savait qu’Israël était destiné à rendre là un culte à Dieu (Exode 3.12) ; et son premier soin, une fois arrivé, devait être d’aller s’instruire auprès de Dieu lui-même de la manière dont il voulait que ce service lui fût rendu. La suite montre clairement que la colonne de nuée, s’était dès l’arrivée posée sur la montagne pour indiquer la présence de Dieu.
Et Dieu du haut… lui cria. Avant même que Moïse soit arrivé au sommet, la voix de l’Éternel parvient jusqu’à lui du haut de la montagne. Il vient prendre les ordres de Dieu ; Dieu les lui donne. Il s’agit des préparatifs de l’alliance qui va être conclue. Dans tout contrat bilatéral, en effet, chaque partie doit commencer par déclarer ce qu’elle entend faire et à quoi elle s’engage par cet acte. Dieu parle le premier (versets 4 à 6) ; Israël répond (versets 7 à 9).
Les paroles de Jéhova qui suivent sont la base divine sur laquelle l’alliance va être traitée. Elles rappellent au peuple (verset 4) ce que Dieu a déjà fait pour lui. C’est Dieu qui a pris l’initiative de l’alliance ; il a fait quelque chose pour Israël avant qu’Israël eût rien fait pour lui : il l’a tiré de la servitude et pour ainsi dire transporté jusqu’au pied du Sinaï. Cette grâce signalée est pour Israël un gage que Dieu accomplira pour lui ce qu’il va lui promettre encore. Puis Dieu expose ce qu’il veut faire de ce peuple d’Israël, le privilège qu’il lui destine (versets 5 et 6). Cette nouvelle grâce diffère de la première en ce qu’elle est promise sous condition (si vous obéissez, etc.). C’est par cette obéissance qu’Israël pourra devenir, conformément au dessein de Dieu, un peuple qui lui soit consacré d’une façon particulière. Dieu est, comme Créateur, le roi de tous les peuples mais, comme Libérateur d’Israël, il a acquis sur lui un droit spécial et veut établir entre ce peuple et lui une relation nouvelle et d’un autre ordre.
Cette déclaration divine, qui énonce dans toute sa grandeur l’idée même de la théocratie, est exprimée en style poétique (le parallélisme des propositions) et diffère par là des prescriptions qui suivent, ainsi que des lois qui constituent l’alliance elle-même.
Sur des ailes d’aigle. Cette image se retrouve à peu près dans le même sens Deutéronome 32.11. Elle représente la facilité avec laquelle Dieu leur a fait surmonter les difficultés du voyage et s’applique tout particulièrement au passage de la mer Rouge, barrière qui paraissait infranchissable et au voyage à travers le désert.
Mon peuple particulier. C’est en hébreu la même expression que Tite 2.14 (1 Pierre 2.9). Dans une vaste monarchie, il y a toujours un peuple qui tient de plus près au souverain et qui a une position privilégiée. Telle était, par exemple, la position des Chaldéens par rapport à Nébucadnetsar, comparativement aux autres peuples réunis à son empire. Le mot hébreu signifie proprement l’épargne propre ou la cassette privée du prince (1 Chroniques 29.3).
Toute la terre. C’est là l’empire en général ; il comprend tous les peuples de la terre, en tant que créatures de Dieu. L’universalisme est toujours l’arrière-plan en même temps que l’avenir du particularisme théocratique.
Un royaume de sacrificateurs. C’est la traduction littérale. Ce qui ne peut signifier qu’un peuple ayant pour roi l’Éternel (non quelque souverain terrestre) et dont les membres seront tous sacrificateurs, c’est-à-dire ayant le droit, comme consacrés à l’Éternel, de s’approcher de lui pour l’adorer et le servir : ainsi un peuple de prêtres gouverné par le roi divin. La notion de royauté n’est pas appliquée par le texte hébreu aux Israélites eux-mêmes ; elle a été introduite par les LXX qui ont traduit par sacrificature royale.
Saint Pierre (1 Pierre 2.9) cite ce passage d’après eux en l’appliquant aux chrétiens ; comparez aussi Apocalypse 1.6 ; Apocalypse 5.10 Il pouvait le faire, après que la participation des fidèles à la souveraineté de Jésus avait fait d’eux non seulement des sacrificateurs, mais aussi des rois. Cela ne doit pas nous empêcher de constater le sens exact de la parole divine dans l’Ancien Testament, d’après lequel la royauté n’est attribuée qu’à Dieu seul.
Une nation sainte. Le mot employé pour dire nation (goï) est celui qui désigne dans l’Ancien Testament les nations en général. Israël est l’une d’entre elles, par lui-même semblable à elles ; mais ce qui le distingue des autres, c’est le cachet de sainteté, de consécration à l’Éternel, empreint sur sa vie entière. On comprend qu’au moment où ce sceau s’efface, Israël soit de nouveau traité comme goï. Cependant la fidélité divine maintient même alors la promesse renfermée dans cette expression : vous serez, c’est-à-dire : vous deviendrez infailliblement.
La première des expressions par lesquelles le peuple est désigné (un royaume de sacrificateurs) a trait à la relation d’Israël avec Dieu lui-même ; la seconde (nation sainte), à son rapport aux autres peuples.
Les Anciens. Le peuple était trop dispersé pour qu’il pût conférer avec Moïse autrement que par ses représentants.
C’est ici, dans cette union en quelque sorte conjugale, le oui de la fiancée. La condition de l’obéissance, posée au verset 5, est ainsi acceptée par le peuple.
Et Moïse alla porter. Ces mots ne signifient pas encore que Moïse transmet la réponse à l’Éternel ; ils disent seulement qu’il partit pour le faire. Avant qu’il délivrât son message, l’Éternel lui adressa les paroles suivantes.
Dès ce moment, Moïse devait fonctionner comme médiateur entre Dieu et le peuple dans les différents actes par lesquels l’alliance allait être traitée. Pour cela il devait être reconnu du peuple, aussi bien que de Dieu, comme l’intermédiaire divinement choisi. C’est pourquoi Dieu lui promet ici de l’accréditer comme tel auprès d’Israël, en donnant un signe public de sa relation intime avec lui, L’exécution de cette promesse est rapportée au verset 19 : Moïse parla et Dieu lui répondit par une voix.
Après avoir reçu cette promesse, Moïse commence son office en transmettant à Dieu la réponse du peuple.
La révélation divine qui doit avoir lieu réclame un peuple préparé à la recevoir. Conformément à la nature de l’ancienne alliance, la préparation ordonnée est de nature extérieure ; mais chaque Israélite doit comprendre que c’est la purification du cœur par la repentance que Dieu a en vue dans cette purification extérieure.
Tous les Israélites doivent nettoyer d’eau leurs corps et leurs vêtements. Pour la purification des vêtements, comparez Lévitique 11.25-28, Lévitique 11.40, etc. Deux jours entiers furent donnés au peuple pour se préparer de la sorte.
Le troisième jour. Une ancienne tradition prétend que ce jour était celui de la Pentecôte (le cinquantième après la Pâque). Le calcul des jours tel que nous l’avons donné (Exode 19.1) n’est point contraire à cette tradition.
Fixer des limites, c’est sans doute ici simplement les indiquer. Il ne paraît pas en effet qu’il y ait eu réellement de barrières posées, ce qui eût été fort difficile puisqu’il est dit en hébreu saviv, c’est-à-dire tout autour (de la montagne). La limite posée fut simplement sans doute l’ordre de ne s’approcher de la montagne qu’à une distance expressément déterminée. Comme un rang d’alluvions entoure d’assez près le bas de la paroi du Ras-Sussafeh, l’on a supposé que Moïse avait fait de cette moraine la limite ici mentionnée. Mais cette barrière naturelle est loin d’entourer toute la montagne.
Quiconque touchera la montagne. Cette expression suppose une montagne qui s’élève à pic de la plaine ; c’est ce qui a lieu soit au Ras-Sussafeh, soit sur le versant sud-est du Djébel-Mousa. Ces mesures sévères ordonnées de Dieu proviennent du caractère sacré que prend en ce moment le Sinaï. Il devient par le fait de l’apparition de l’Éternel un Lieu très-saint. Ces préparatifs ont donc pour but de réveiller dans le cœur du peuple le sentiment de sa souillure et le respect de la sainteté divine.
Sur lui et non, comme on a traduit, sur elle (la montagne). Ceux qui devaient exécuter sur cet homme la sentence de mort ne pouvaient pas le saisir, parce qu’ils auraient dû pour cela franchir la limite tracée ; ils devaient donc le tuer à distance.
Une bête. Quoique innocent, l’animal doit périr pour rendre hommage à la sainteté divine offensée par son fait. S’il y a punition proprement dite, c’est pour le propriétaire de l’animal dont la négligence a causé cet accident.
Quand la trompette sonnera, ils monteront. Ces mots sont difficiles à expliquer. Car Moïse semble ordonner par là au verset 13 ce qu’il vient d’interdire au verset 12. On a proposé de donner un sens différent au terme de monter sur la montagne, dans ces deux versets. Au verset 13 le sens serait non : ils monteront sur la montagne, mais : quand la trompette retentira, ils s’avanceront de la plaine vers la montagne.
Cette solution se heurte au fait que les termes hébreux sont exactement les mêmes dans les deux cas. Il y a en échange une différence notable entre l’expression employée pour désigner le son de la trompette (verset 13) et le son de trompe dont il est parlé dans les versets 16 et 19. L’expression du verset 13 (maschak jobel) signifie : tirer de la trompette un son prolongé (comparez Josué 6.5), ce qui paraît, désigner un autre signal que ces sons répétés du cor qui accompagnèrent, les autres manifestations sensibles de la présence de l’Éternel, immédiatement avant la promulgation de la loi. Ce signal spécial pourrait donc se rapporter au moment où, à la suite de la manifestation divine durant laquelle le peuple devait se tenir éloigné de la montagne devenue le trône de Dieu, il serait autorisé à la toucher de nouveau et même à y monter. La suite montrera comment le peuple a renoncé plus tard à ce privilège.
Les coups de tonnerre, les éclairs, la sombre nuée sont des phénomènes qui pouvaient passer pour naturels ; les sons violents et saccadés du cor qui s’y mêlent sont ce qui leur donne un caractère surnaturel. C’est à ce fait que se rattache l’idée de la participation des anges à l’acte du don de la loi (Deutéronome 33.2 ; Actes 7.53 ; Galates 3.19 ; Hébreux 2.2).
Ce passage est celui qui nous empêche d’admettre que la promulgation de la loi ait eu lieu du haut du Ras-Sussafeh. Moïse fait sortir le peuple du camp. Mais le camp devait remplir la plaine d’er-Rahah et même s’étendre dans les vallons voisins. Comment le peuple eût-il eu l’espace nécessaire pour se placer entre le camp et le pied de la montagne ? Il est dit ensuite : pour aller au-devant de Dieu. Ceci suppose un changement de localité, qui était impossible dans cette plaine. Aussi les voyageurs les plus récents sont-ils arrivés à la conviction que le théâtre de la scène qui va suivre a été la plaine de es-Sébayeh, située au sud-est et au sud du Djébel-Mousa. De là s’élève à pic, à 700 mètres de hauteur, la paroi granitique de cette montagne. Son sommet est visible de tous les points de la plaine. Derrière celle-ci le terrain s’élève graduellement vers les montagnes méridionales, formant une espèce d’amphithéâtre où pouvaient, dit un voyageur, se placer plusieurs centaines de mille hommes sans que les rangs les plus reculés fussent privés de la vue imposante du sommet. Un autre voyageur s’exprime ainsi :
De toutes les localités de la péninsule que j’ai vues, aucune ne m’a laissé l’impression d’une harmonie aussi complète avec le récit biblique de la législation que le Djébel-Mousa avec ses alentours.
On arrive dans la plaine de es-Sébayeh en deux à trois heures depuis le Wadi er-Rahah, en passant par le Wadi Deir, puis par le Wadi Sébayeh qui a de 60 à 120 mètres de large. Il est clair que les femmes et les enfants demeurèrent dans le camp pour la garde duquel on laissa une troupe d’hommes suffisante. Les Anciens avec tous les hommes qui purent les accompagner, se rendirent à la plaine de Sébayeh.
Et ils se tinrent : voir au verset 25
La montagne trembla fort. Quelques manuscrits hébreux, le Pentateuque samaritain et les Septante lisent : Le peuple trembla fort ; ce serait une gradation sur la donnée du verset 16.
Le son de la trompe. Comme nous l’avons dit, l’expression hébraïque n’a rien de commun avec les termes du verset 13.
Moïse parla. Ce fut sans doute un cri d’adoration provoqué par ce spectacle saisissant.
Par une voix. Il ne s’agit pas ici d’un coup de tonnerre (la voix de Dieu) ; ce fut une parole articulée qui se distingua clairement des bruits retentissant du haut de la montagne. Il se pourrait que cette parole divine fût l’ordre suivant de monter au sommet (verset 20).
La défense semblable mentionnée versets 12 et 13 se rapportait à tout le peuple qui remplissait le camp et n’avait en vue que les individus ou les animaux qui pouvaient s’approcher du pied de la montagne, dans la plaine d’er-Rahah, tandis que celle-ci s’applique à tous les hommes qui ont suivi Moïse pour assister à la promulgation de la loi et a pour but de s’opposer à une irruption d’une partie de ce peuple sur la montagne. La première infraction purement individuelle devait être punie par les hommes ; tandis que la seconde d’un caractère collectif, serait punie par Dieu lui-même de la manière la plus sévère ; comparez le péché et le châtiment d’Uzza (2 Samuel 6.6-8). C’est du côté du sud-est, où se trouvait alors le peuple, que le Djébel-Mousa est ordinairement gravi.
Pour regarder : pour rechercher la cause des phénomènes qui se passaient sous leurs yeux. C’était le moment, non de regarder, mais d’écouter.
Les sacrificateurs. Ce terme ne désigne point encore les fils d’Aaron, à moins que l’on ne veuille imputer au narrateur un grossier anachronisme. Déjà en Égypte il avait été dit (Exode 10.24-26 et ailleurs) que le peuple devait offrir un sacrifice dans le désert. Pour cela il fallait des hommes chargés d’officier dans ce grand acte de culte national. Ils pouvaient avoir été choisis parmi les premiers-nés ; comparez Exode 24.5, où ils sont appelés les jeunes gens des fils d’Israël.
Se sanctifient : en se tenant eux-mêmes éloignés de la montagne sainte et ne provoquant point la colère de Dieu.
C’est pendant que ceci se passait entre Moïse et l’Éternel, que le peuple arrivant successivement se rangeait dans la plaine au pied de la montagne, aussi bien que sur les pentes doucement ascendantes du versant opposé.
On gravit le sommet du Djébel-Mousa en un peu plus de deux heures ; il ne fallait à Moïse qu’une heure pour en redescendre.
Ayant Aaron avec toi. Comme futur grand-sacrificateur, Aaron doit remonter avec Moïse sur le Sinaï ; car cette montagne représente en ce moment le Lieu très-saint du Tabernacle futur, dans lequel Aaron et Moïse auront seuls le droit d’entrer.
L’entretien du peuple avec Moïse raconté Exode 20.18-20 ne permet pas de supposer que Moïse et Aaron soient remontés au sommet de la montagne et aient assisté de là à la promulgation de la loi. Ils devaient sans doute rester dans le voisinage du peuple, en ce moment solennel, pour veiller à l’observation de la défense précédente. C’était la raison pour laquelle Dieu avait fait redescendre Moïse qui aurait préféré, paraît-il (verset 23), rester sur la montagne. Et comme il n’est point dit qu’après là promulgation Moïse et Aaron soient montés au sommet, il est probable que les mots : Tu monteras et Aaron avec toi, signifient simplement : Vous, vous pourrez franchir la limite posée au peuple et vous tenir sur la montagne sans encourir la peine de mort.
Ils se tinrent donc sur la pente de la montagne, en face du peuple, durant la solennité suivante.