Verset à verset Double colonne
Il semble que ce sujet aurait dû être traité au chapitre 25, qui contient la description du mobilier du Tabernacle. Mais peut-être l’auteur a-t-il voulu rattacher ce qui concerne l’autel des parfums à la consécration des sacrificateurs, seuls chargés d’officier à cet autel. Ajoutons que les prescriptions suivantes se rapportent non pas seulement à la confection de l’autel, mais aussi à l’emploi qu’on en doit faire (versets 7 à 10) ; ce qui n’était pas le cas à l’égard des meubles du Tabernacle décrits au chapitre 25.
Le parfum que l’on brûlait sur l’autel, représentait l’adoration du peuple. L’encens est souvent dans la Bible le symbole de la prière : comparez Psaumes 141.2 ; Luc 1.9-10 ; Apocalypse 5.8
Ce parfum rituellement pur, symbole parfait de l’adoration humaine toujours imparfaite, couvrait les défectuosités de celle-ci. L’usage d’offrir du parfum à la divinité se retrouve chez les Égyptiens, les Babyloniens et d’autres peuples anciens.
Un autel. Le mot employé est le même que celui qui désigne dans ce qui précède, l’autel des holocaustes ; il signifie proprement : lieu d’immolation. C’est aussi le même verbe qui est employé pour dire : brûler les victimes et brûler l’encens. L’holocauste quotidien dans le parvis et le parfum dans le Lieu saint s’offraient en même temps (Exode 29.38 et suivants). Cette simultanéité représentait sans doute la relation étroite qu’il y a dans le cœur de la créature entre l’acte par lequel elle adore le Créateur et celui par lequel elle se consacre à son service.
Ses cornes… : comme pour l’autel des holocaustes.
Tu le revêtiras d’or. L’autel des holocaustes, qui était dans le parvis, était revêtu d’airain, Plus l’on s’éloigne du Lieu très saint, moins les métaux employés sont précieux.
Guirlande : voir Exode 25.11
Deux anneaux d’or… : un sur chacune des deux arêtes du côté droit ; et autant sur celles du côté gauche : ainsi en tout quatre anneaux. Voir figure.
L’autel des parfums était donc placé au fond du Lieu saint et n’était séparé du Lieu très saint que par le voile intérieur. C’est ce qui explique sans doute comment il peut être considéré Hébreux 9.3-4 comme appartenant au Lieu très saint ; comparez aussi Exode 40.5
On comprend que cette prescription n’aurait pu être donnée au chapitre 25 ; elle supposait celle de Exode 27.20-21
C’était le soir (verset 8) que le sacrificateur remettait en place sur le chandelier les sept lampes allumées.
Aucun parfum profane : aucun parfum d’une autre composition que celle prescrite (versets 22 à 24).
Nulle offrande d’aucun genre ne devait accompagner l’offrande du parfum sur l’autel d’or ; c’était l’emblème de l’adoration pure et simple.
Sur les cornes de l’autel. Cette propitiation se faisait sur l’autel pour l’autel lui-même ; c’était la seule exception à la règle précédente. L’autel était participant de la souillure des sacrificateurs qui y officiaient et du peuple qui environnait le sanctuaire et dont il représentait l’adoration ; comparez Lévitique 16.16-18
Les cornes sont la partie la plus sainte de l’autel ; elles sont en quelque sorte à l’autel ce que l’autel lui-même est au sol, la partie qui monte vers Dieu. C’est pourquoi c’était sur elles que devait se faire la propitiation pour l’autel entier. On peut traduire aussi pour les cornes.
Il est difficile de comprendre ce qui motive ta mention de cette ordonnance en cet endroit. Mais le verset 16 fournira la réponse à cette question.
Il n’est pas à supposer que l’on eût fait en Égypte des dénombrements du peuple ; l’estimation donnée Exode 12.37 n’était sans doute qu’approximative. Mais il était à prévoir non seulement qu’un dénombrement prochain aurait lieu, mais encore qu’il serait suivi de recensements plus ou moins réguliers, comme c’est le cas chez toute nation organisée ; c’est à ces recensements futurs que se rapporte l’expression : Lorsque tu feras… S’il ne s’était agi que du premier, raconté au commencement du livre des Nombres, Dieu eût dit : Tu feras le dénombrement… (Nombres 1.2).
La rançon de sa personne ; littéralement : la couverture de son âme ou de sa vie. Il y avait des sacrifices généraux institués pour la nation collectivement. Mais comme dans le cas dont il s’agit chaque individu est porté individuellement sur le registre des membres du peuple de Dieu, chacun aussi doit s’acquitter d’une redevance personnelle. Cette redevance couvre sa vie, en ce qu’elle rend hommage à la faveur gratuite de Dieu qui non seulement a contracté alliance avec Israël en général, mais qui daigne appliquer le même privilège à chaque Israélite en particulier, tout indigne qu’il soit d’appartenir à un Dieu si saint.
Afin qu’il n’y ait pas sur eux de fléau. Tout dénombrement est accompagné d’une tentation d’orgueil ; on compte sa richesse et un sentiment d’élévation peut facilement résulter de la vue de sa force. Cette redevance avait pour but de faire contrepoids à ce sentiment d’orgueil qui aurait infailliblement attiré sur le peuple un châtiment divin ; voir 2 Samuel 24
Le sicle sacré qui est de vingt guéras. Le terme de sicle sacré semble indiquer une différence avec le sicle courant. Cependant rien ne confirme cette distinction. Cette expression signifie donc simplement un sicle de bon poids. Ou bien aurait-on conservé dans la tente du tribunal (voir Exode 33.7, note) une sorte d’étalon des divers poids servant de monnaie ? Car, l’argent monnayé n’existant pas, la valeur se mesurait au poids.
Cet âge était celui où commençait l’obligation de porter les armes (Nombres 1.3). Chez, plusieurs peuples c’était l’âge de la majorité.
Le riche ne donnera pas. Il appartenait à la dignité du peuple de Dieu que chacun de ses membres fût taxé de la même manière. L’âme de l’un valait celle de l’autre. Il ne s’agit pas de l’égalité entre les hommes, mais bien entre les Israélites. C’est l’alliance divine qui est honorée.
Le produit de cette taxe qui sera payée à chaque dénombrement sera employé au service du sanctuaire. Ce mot ne se rapporte pas, comme on l’a cru, à l’érection du Tabernacle. Les dons volontaires avaient plus que suffi pour cela (Exode 25.3 ; Exode 35.5-24). Le mot avoda : service, ici employé, se rapporte toujours (Exode 27.19 ; Exode 28.35) à l’entretien du culte célébré dans le sanctuaire une fois construit, c’est-à-dire à la fourniture des objets nombreux réclamés par ce culte (huile, parfum, vin, bois, holocaustes quotidiens, etc.). C’est certainement en raison de cet emploi que cette ordonnance a été placée ici où il s’agit précisément de tous ces objets d’un usage journalier dans le sanctuaire de sorte qu’il n’est point nécessaire de penser que cette ordonnance ait été donnée, en même temps que tout ce qui suit et précède, sur la montagne de Sinaï ; comparez ce que nous avons dit relativement aux ordonnances Exode 12.15-20 ; Exode 12.43-51.
Il est fait allusion à cette ordonnance 2 Chroniques 24.6-9, lorsque le roi Joas désire réparer le temple qui était resté désolé sous le règne d’Athalie. Ce fut aussi sur cette ordonnance que se fonda sans doute Néhémie après le retour de la captivité (Néhémie 10.32), lorsqu’il réclama de tous les Israélites un tiers de sicle dans le même but. Au temps de Jésus, on voit par Matthieu 17.21 que cette taxe était une redevance annuelle.
Sur le rapport entre le taux de cette capitation et la somme de l’argent remis par le peuple comme offrande volontaire, voir à Exode 38.25 et suivants.
Il semble que la mention de cette cuve serait mieux placée au chapitre 27, à côté de celle de l’autel des holocaustes puisque, comme celui-ci, elle était placée dans le parvis. Cette circonstance s’explique sans doute par le fait que ce n’est pas la cuve elle-même qui est décrite, mais que c’est son emploi seulement qui est indiqué. Dans le temple de Salomon elle porta le nom de mer d’airain. Celle du Tabernacle fut faite avec les miroirs de métal que les femmes Israélites offrirent en dons volontaires (Exode 38.8).
Pour les ablutions. Il fallait de l’eau pour les ablutions des sacrificateurs (versets 19 à 21), pour laver certaines parties de la victime (Lévitique 1.9-13), sans doute aussi pour laver l’autel lui-même. C’est pourquoi la cuve d’airain devait être rapprochée de l’autel des holocaustes et aussi de l’entrée du Tabernacle. La tradition juive dit qu’elle se trouvait entre l’autel et le Tabernacle un peu au sud.
Pour laver leurs pieds. Comme les sacrificateurs officiaient nu-pieds, de fréquentes ablutions étaient nécessaires.
Comparez Exode 28.43. Le devoir ici prescrit était si simple qu’il n’y avait pas d’excuse à sa négligence ; de là la sévérité de la punition indiquée.
Il a déjà été parlé de cette huile Exode 29.7-21
Aromates exquis : d’espèces supérieures.
La myrrhe découle d’un arbuste qui se trouve dans l’Afrique orientale et dans l’Arabie Heureuse. C’était un des parfums les plus appréciés dans l’antiquité. Les Égyptiens s’en servaient pour embaumer leurs momies et en usaient, aussi dans le culte. Elle parait avoir été employée chez les Juifs encore au temps de Jésus (Jean 19.39). La myrrhe vierge est celle qui découlait d’elle-même sans que l’on pratiquât des incisions à l’arbre ; comparez Exode 29.40
500 sicles : un poids d’environ 7 kilogrammes un quart.
La cinnamome était l’écorce d’une espèce de laurier, le laurus cinnamomum, qui se trouve dans les pays situés au sud-est de l’Asie. C’était un parfum très rare, mentionné seulement dans quelques passages.
Roseau odorant : voir Ézéchiel 27.19, note.
Casse : voir Ézéchiel 27.19, note.
Un hin : de trois à quatre litres (Exode 29.10).
Ce fut Betsaléel qui composa cette huile (Exode 37.20). Plus tard elle le fut par les fils des sacrificateurs (1 Chroniques 9.30).
Comparez Lévitique 8.10-11
Tu oindras… Voir Lévitique 8.12. L’onction était le signe de la consécration ; elle avait pour effet, à l’égard des objets inanimés, de les soustraire à tout usage profane (ordinaire), et, quant aux hommes, de leur imprimer le sceau de la charge, et, à la condition de dispositions convenables, de leur communiquer l’esprit de la charge. On oignait non seulement les sacrificateurs, mais aussi les rois (1 Samuel 9.16 ; 1 Samuel 16.13 ; 1 Rois 1.39 ; 1 Rois 19.15-16, etc.) et quelquefois les prophètes (1 Rois 19.16).
Sur le corps d’un homme : d’aucun autre homme que les sacrificateurs.
Vous n’en ferez pas… Défense de s’en servir comme d’un parfum ordinaire. C’est à tort que les rabbins ont vu ici la défense de faire de nouveau de cette huile, comme si toute celle dont on se servit dans la suite avait été fabriquée alors.
Les parfums sont très estimés en Orient (Proverbes 27.9) ; on en fait un usage beaucoup plus grand que chez nous. On en brûle pour toutes les personnes que l’on veut honorer, pour les rois en particulier. L’encens était employé dans le culte de presque tous les peuples anciens.
Résine : la résine découlant de la styrax officinale, arbre qui croît en Palestine et en Égypte.
Coquille odorante : différents coquillages qui se trouvent dans la mer Rouge et qui brûlés répandent un parfum fort et agréable.
Galbanum : gomme-résine qu’on tirait d’un arbre de Syrie nommé ferula galbanifera, gomme blanche d’une odeur âcre, que l’on mêle à d’autres parfums.
L’encens pur : la plus importante des résines aromatiques ; les Hébreux la recevaient de l’Inde par les caravanes arabes (Ésaïe 60.6 ; Jérémie 6.20).
Par doses égales, c’est-à-dire : moitié d’encens, moitié des trois aromates nommés avant.
Salé. Le sel, qui empêche la corruption, favorise aussi la combustion du parfum.
Comparez versets 31 à 33.