Verset à verset Double colonne
Ce chapitre décrit le péché et le châtiment des faux prophètes (versets 1 à 16) et des fausses prophétesses (versets 17 à 23).
Nous avons vu au chapitre 29 de Jérémie que parmi les captifs enmmenés avec Jéhojachin, il y avait des faux prophètes qui annonçaient aux exilés un retour prochain (versets 8 et 9) ; trois sont mêmes désignés par leur nom, Achab, Sédécias et Sémaïa (versets 21 à 24). C’est à eux que s’adresse ici Ézéchiel. Mais plusieurs traits s’appliquent aussi aux faux prophètes de Jérusalem ; tout comme Jérémie aussi s’était autrefois, dans sa lettre aux captifs, adressé depuis la Judée à ceux de Babylonie. Ce double fait jette un jour intéressant sur les rapports très fréquents qu’entretenait la Colonne de Tel-Abib avec la métropole.
De leur chef. Sans avoir reçu ni l’ordre de parler, ni quelque révélation divine à communiquer.
Rien vu : parce que Dieu ne leur a rien montré.
Les renards, en creusant leurs terriers dans les ruines (Lamentations 5.18 ; Néhémie 4.3), ne font qu’accélérer la chute de ces restes d’édifices. Ainsi les faux prophètes, au lieu de réparer les brèches déjà faites à la théocratie par tant de coups précédents (les deux déportations sous Jéhojakim et Jéhojachin), ne travaillent qu’à préparer la catastrophe dernière par les illusions qu’ils entretiennent dans le peuple.
Monter aux brèches : travailler à l’affermissement de la théocratie déjà sérieusement compromise (Psaumes 106.23).
Pour tenir bon : pour pouvoir, avec les fidèles affermis par eux, rester là comme une phalange bien unie, au jour où Dieu visitera Jérusalem par l’invasion de l’ennemi.
Ils n’ont rien vu (verset 3) et ils disent : J’ai vu. Et ils espèrent que, par un heureux hasard, ce qu’ils prétendent avoir vu se réalisera et qu’ils pourront dire : Voyez ! Nous avions bien prédit.
Ils ne siégeront pas. Sans doute quelques-uns de ces faux prophètes avaient occupé jusqu’ici une place élevée dans les conseils de l’État.
Ils ne seront pas inscrits. Leur nom ne figurera pas sur le rôle de ceux qui, au retour de l’exil, formeront le nouveau peuple de Dieu.
Que je suis l’Éternel : moi qui suis toujours là, quoi qu’on en dise (Ézéchiel 8.12 ; Ézéchiel 9.9) et qui vois fort bien ce qui se passe (Comparez Ézéchiel 6.10).
Vu et attendu : formule juridique ; il s’agit d’une sentence. Comparez Lévitique 26.43 (Hébreu).
Point de paix ! En opposition aux promesses mensongères que les faux prophètes répandaient parmi le peuple , Jérémie 23.17 ; Michée 3.5.
Il construit un mur : il s’agit du peuple. La construction du mur est l’emblème des suprêmes efforts du peuple pour sauver Jérusalem, soit par des alliances avec l’Égypte et les peuples voisins, soit en rassemblant toutes les ressources qui lui restent pour se mettre en état de défense. Les faux prophètes plâtrent ce mur pour en cacher les fissures et la faiblesse. Au lieu de faire voir au peuple, comme Jérémie et Ézéchiel, l’inutilité de ces moyens tout humains, ils lui font espérer les plus magnifiques résultats de ces démarches et le détournent ainsi de Jéhova, le seul sauveur auquel il eût fallu les ramener.
À la parole de Jéhova, une inondation commence par miner le mur (première et seconde déportation). Puis en un clin d’œil l’ouragan achève de le faire crouler ; c’est l’emblème de la ruine finale.
Alors que deviennent les brillantes promesses des faux prophètes ?
Ce verset montre avec évidence que le mur représente Jérusalem, qu’on a cherché à fortifier. Ses habitants sont ensevelis sous ses ruines.
Les femmes ont déjà joué un rôle fâcheux dans la vision des abominations commises dans le temple (Ézéchiel 8.14). Dans ces temps de dissolution, plusieurs de ces femmes, livrées à l’idolâtrie, se mettaient à faire le métier de prophétesses ; il faut dire plutôt de devineresses. Car le maigre salaire pour lequel elles travaillaient (verset 19), prouve que c’étaient des personnes de bas étage. On peut comparer la conduite des femmes israélites en Égypte ; Jérémie 44.15.
Qui font les prophétesses. Nous traduisons ainsi parce que la forme verbale employée ici a plus d’énergie que celle dont s’était servi l’auteur au verset 2, en parlant des hommes.
Ce verset, traduit et interprété de bien des manières, nous paraît indiquer par une image l’état d’assoupissement moral où ces femmes plongent par leurs artifices et leurs fausses promesses ceux qui viennent les consulter. Elles les font asseoir dans un fauteuil commode ; elles fixent des coussins sous leurs bras et placent juste à la hauteur de leur tête des couvertures roulées comme oreillers, afin qu’ils s’endorment du plus paisible sommeil.
Pour un si misérable salaire, ces diseuses de bonne aventure osent prononcer, comme de la part de Dieu, des promesses de prospérité ou des menaces de mort, qui sont toutes de leur invention.
Par ces faits. Dieu démontrera l’inanité de ces prétendus oracles, qui ont entretenu les méchants dans la sécurité ; et Israël, arraché à ces pièges, recouvrera enfin sa liberté spirituelle si longtemps aliénée. Après le retour de la captivité, les faux prophètes et les fausses prophétesses disparurent absolument, aussi bien que l’idolâtrie à laquelle se rattachaient tous ces ignobles métiers.
Les menaces effrayantes proférées par ces femmes contre les justes seront démontrées aussi vaines que les assurances de délivrance données par elles aux méchants (verset 19).
Leur métier sera usé ; elles auront perdu tout crédit. Israël sera affranchi à jamais de ces influences malfaisantes.