Verset à verset Double colonne
1 Quand vous partagerez au sort le pays, vous prélèverez, comme une offrande à l’Éternel, une terre sainte de vingt-cinq mille [coudées] en longueur et d’une largeur de dix mille. Elle sera sainte dans toute son étendue.Ces offrandes sont de deux sortes :
La portion destinée aux sacrificateurs (Figure 9, A, chapitre 48).
Lorsque vous partagerez : C’est une nouvelle répartition du pays que le prophète a en vue, correspondant à celle qui eut lieu sous Josué. Comme autrefois Moïse (Nombres 34.1-29), Ézéchiel dispose de la Terre sainte avant même qu’elle soit occupée par le peuple.
Au sort : lorsque la répartition du territoire de chaque tribu, aura lieu entre les familles.
Vingt-cinq mille : à sous-entendre ici, comme toujours quand le nom de la mesure n’est pas indiqué, le terme coudées, qui convient parfaitement, quoi qu’en pensent la plupart des interprètes. Cela faisait un rectangle de 14 kilomètres de longueur (de l’est à l’ouest) et de 5 à 6 kilomètres de largeur (du nord au sud).
Un carré (Figure 9, B). Ce carré, à égale distance des deux extrémités orientale et occidentale, du rectangle, est le même que celui qui a été mesuré Ézéchiel 42.15-20 ; il a 280 mètres de côté.
Un espace libre : (en hébreu migrasch, proprement la banlieue), probablement le même que l’espace dont il est parlé Ézéchiel 43.24. C’était une zone étroite autour du carré sacré ; elle formait en quelque sorte le passage du saint au profane (Ézéchiel 42.20).
La mesure est la même que celle du verset 4 et c’est là ce qui a engagé les interprètes à corriger au verset 1 dix mille en vingt mille. Mais cela n’est point, nécessaire. Car la portion que l’Éternel s’est réservée n’est pas autre que celle qui appartiendra aux sacrificateurs (verset 4) ; et la répétition expresse des mêmes dimensions signifie seulement qu’il la leur remet tout entière, comparez Ézéchiel 44.28.
Sera ; ce futur étonne puisque le temple a été décrit comme existant déjà. Mais le temple n’occupera réellement cette place que lorsque le pays sera réoccupé et divisé, ainsi qu’il est dit ici.
Saint des saints ; dans le sens large de Ézéchiel 43.12.
Cette portion sainte du pays. C’est tout le rectangle A (Figure 9). Ainsi seront remplacées les anciennes villes de sacrificateurs (Nombres 35.1-34) de sorte que ceux-ci ne soient plus dispersés, comme autrefois.
Un lieu saint pour… littéralement un sanctuaire pour le sanctuaire. Le temple n’est plus bâti sur une terre profane ; il l’est sur un sol déjà consacré.
La portion destinée aux Lévites (Figure 9, C) : rectangle adjacent au précédent et de mêmes dimensions.
Vingt chambres. Les Lévites venaient à tour de rôle faire le service du temple et devaient avoir des chambres d’habitation dans le sanctuaire. Les chambres réservées pour eux étaient probablement prises sur les trente du parvis extérieur (Figure 1, C).
La portion destinée à la ville capitale (Figure 9, E, D, E).
C’est encore un rectangle de même longueur que les deux premiers et adjacent au second du côté du sud. Mais sa largeur est moindre de moitié.
La ville (D) n’est plus située dans le territoire de l’une des tribus, ce qui pourrait donner à celle-ci (comme autrefois à Juda), une prépondérance ; elle a son territoire propre et dans les terrains qui restent libres à sa droite et à sa gauche, elle possède les moyens de pourvoir elle-même à son entretien (Ézéchiel 48.18-19). C’est en quelque sorte la ville fédérale.
À toute la maison d’Israël. D’après le passage cité, sa population devait être composée de représentants de toutes les tribus. Il est remarquable que le prophète ne lui donne nulle part le nom de Jérusalem ; de plus que la ville et le temple soient maintenant séparés. Le premier de ces traits prouve combien la vision plane pour le prophète au-dessus de la réalité présente. Le second a sans doute pour but de sauvegarder la complète indépendance des sacrificateurs par rapport aux habitants de la ville.
Les trois territoires (voir la Figure 9) ci-dessus mentionnés, forment ensemble un carré de 25 000 coudées de longueur, de l’est à l’ouest et de 25 000 (10 000 + 10 000 + 5000) coudées de largeur, du nord au sud. Ce carré occupe la partie centrale de la zone qui s’étend (de l’est à l’ouest) d’une frontière du pays à l’autre, sur une largeur de 25 000 coudées et qui sépare les tribus de Juda et Benjamin. Cette zone toute entière forme l’offrande nationale pour le prince, pour la ville, pour les Lévites et pour les sacrificateurs et le temple, mais il y a entre ses différentes parties des degrés de sainteté : Les domaines des Lévites et des sacrificateurs sont ensemble la partie sainte de cette offrande et celui des sacrificateurs la partie très sainte ou l’offrande de l’offrande, Ézéchiel 48.12. Il en sera encore question d’une manière plus détaillée Ézéchiel 48.8-22. Lorsqu’Ézéchiel viendra à parler de la répartition du pays entre les tribus. Cette répétition s’expliquera par la différence de point de vue.
La propriété du prince, Figure 8, F, F.
Le prince ; voir Ézéchiel 44.3, note.
À droite et à gauche du carré qui vient d’être décrit, se trouvent deux portions de territoire assignées au prince pour domaine. Leur largeur (du nord au sud) est celle du carré, ainsi de 25 000 coudées et elles s’étendent en longueur jusqu’aux deux frontières orientale et occidentale du pays. Le carré et les deux portions du territoire du prince, qu’il sépare, forment donc une bande de terrain parallèle aux territoires des tribus, aussi longue que chacun de ceux-ci et les divisent en deux groupes, l’une de sept au nord, l’autre de cinq au midi (voir chapitre 48).
Frontière. Ézéchiel 47.15 et suivants.
Les princes n’opprimeront plus. Le but de cette dotation en faveur du prince est d’empêcher le renouvellement des exactions dont les rois s’étaient très souvent rendus coupables, soit sous la forme d’impôts comme dans le cas de Salomon et de Roboam (1 Rois 12.14), soit sous celle d’extorsions, comme dans le cas de Naboth (1 Rois 21.1-29). C’est ce que font clairement sentir les versets suivants.
Allocution aux princes futurs, à cette occasion. Le prince ne doit pas seulement exercer lui-même la justice, mais la faire régner dans le peuple, en veillant à ce qu’il ne s’y introduise aucun abus par suite de l’altération des poids et mesures ; comparez Deutéronome 25.13-15.
Des balances, verset 12.
L’épha mesure de capacité pour les solides (fruits, grains, farines, etc.) ; le bath : pour les liquides (huile, vin, etc.).
L’épha, comme le bath, forme la dixième partie du homer. Ce dernier équivaut presque exactement à un double hectolitre (200 litres) et l’épha et le bath au double décalitre (20 litres) qui est aussi notre mesure courante de capacité.
La dixième partie… le dixième. Différence d’expression s’expliquant par la différence entre les substances liquides et solides.
D’après le homer. Le homer, qu’il ne faut pas confondre avec l’omer (Exode 16.16), qui était la dixième partie de l’épha, et, par conséquent cent fois plus petit que le homer est donc pour les mesures de contenance l’unité dont l’épha et le bath doivent être les subdivisions. Au moyen de cette norme, la vérification sera toujours facile. C’est aussi d’après le homer qu’est déterminée la capacité du cor, verset 14, qui est la mesure correspondante pour les liquides. Le hin dont il est parlé verset 14, était aussi une mesure pour les liquides, il formait la sixième partie du bath ou la soixantième partie du cor.
À part ce dernier cas, Ézéchiel semble donc donner la préférence au système décimal, sans doute comme plus simple. Avant lui, ce dernier système était déjà en usage chez les Hébreux, mais concurremment avec le système duodécimal. Le petit tableau suivant donnera une idée plus claire de toutes ces mesures de capacité.
Unité fondamentale : Le homer.
Il s’agit dans ce verset non pas de pièces de monnaies, mais des poids qui doivent servir à peser l’or et l’argent.
Le sicle, qui était devenu la monnaie courante des Hébreux, représentait primitivement un poids de 16 grammes et demi environ. Ézéchiel en fait l’unité de pesanteur pour les métaux précieux.
Dans l’usage, ce qu’on appelait sicle n’était que le demi-sicle. Ézéchiel rétablit ici l’ancien sicle ou sicle du sanctuaire, qui se divisait en vingt guéras (Exode 30.13 ; Lévitique 27.25), dont la valeur est donc d’environ 0,8 grammes.
La mine qui, en tant que monnaie, valait 50 sicles, était primitivement, comme le sicle, une mesure de pesanteur, et, comme telle, devait comprendre 60 sicles (environ 1 kilogramme). C’est ce que veut dire sans doute Ézéchiel par les mots : La mine aura chez vous vingt sicles, vingt-cinq sicles, quinze sicles : total soixante. Seulement, pour arriver à ce total, il nomme les multiples du sicle qui doivent avoir cours comme subdivisions de la mine et qui ensemble formaient le montant de la mine. Il ne paraît pas y avoir eu des pièces d’or ou d’argent représentant 15, 20 et 25 sicles et il devait y avoir de fréquents abus dans la manière dont s’estimaient et se pesaient ces matières précieuses.
L’ordre dans lequel sont énumérés ces multiples de la mine paraît étonnant et ont fait conclure à un texte altéré. Cet ordre se justifie pourtant si l’on admet que le poids de 20 sicles (ainsi juste le tiers de la mine) était le plus courant. Ézéchiel le nomme le premier, après quoi il mentionne les poids moins usités.
Le verset 16 dit pour qui cette offrande doit être prélevée : c’est pour le prince à qui en retour incombe la charge des oblations et des sacrifices (verset 17). Le peuple fournit la matière des sacrifices et le prince en a l’intendance. Les versets qui suivent, détaillent les diverses redevances (le froment et l’orge, verset 13 ; l’huile, verset 14 ; le menu bétail, verset 15) et indiquent les proportions d’après lesquelles elles doivent être prélevées. On est surpris de ce qu’il ne soit fait aucune mention du vin et du gros bétail. Le prophète se contente sans doute d’avoir donné dans les exemples précédents la norme à suivre pour les autres objets.
Pour le blé, la soixantième partie (voir verset 11).
Pour l’huile, la centième partie (verset 11).
Le cor est une mesure qui n’était pas en usage depuis longtemps ; car elle n’est pas mentionnée dans les livres antérieurs à l’exil. Une explication a donc paru nécessaire pour établir l’équivalence du cor et du homer.
Du petit bétail : un deux-centième.
Des gras pâturages. Ces mots sont une invitation à choisir pour prémices des animaux bien nourris. Comparez Deutéronome 15.19-23.
Voir au verset 13.
Toutes les solennités. Cette expression résume les trois genres de fêtes indiquées, annuelles, mensuelles et hebdomadaires.
On remarque deux différences entre ces prescriptions d’Ézéchiel et celles de la loi. D’un côté la dîme payée aux sacrificateurs est supprimée, le territoire qui leur est cédé constituant la valeur de cette dîme ; de l’autre, un impôt spécial, moins fort que la dîme, est payé au prince, ce qui assure mieux la régularité des sacrifices nationaux.
Ézéchiel décrit d’abord en détail la manière de célébrer la fête du premier mois, celle du printemps.
Le premier jour de ce mois était la première nouvelle lune de l’année.
Un jeune taureau. C’est ici le sacrifice d’expiation qui devait en cette circonstance précéder l’holocauste ordinaire des nouvelles lunes (Ézéchiel 46.6).
L’expiation du sanctuaire ; comparez Ézéchiel 43.26.
Il y avait autrefois trois aspersions dans le rituel des sacrifices d’expiation, comparez Lévitique 4.6 ; la première en face du voile du Saint des saints, la seconde sur les cornes de l’autel des parfums, la troisième au pied de l’autel des holocaustes où tout le reste du sang était répandu. Ici, l’aspersion a lieu sur les poteaux de l’entrée de la Maison, où le voile est remplacé par une porte, puis sur le cadre de l’autel des holocaustes (Ézéchiel 43.17 ; Ézéchiel 43.20) ; car l’autel d’or n’existe plus ; enfin sur les poteaux du portique du parvis intérieur (Figure 1, I). Cette aspersion des poteaux extérieurs du portique est ajoutée afin que l’Israélite, qui ne doit pas dépasser l’enceinte du parvis extérieur puisse contempler lui-même l’offrande du sang versé pour lui.
Cette seconde purification, au septième jour du mois, ne se trouve pas dans la loi mosaïque. L’intention d’Ézéchiel paraît être de transporter le grand sacrifice annuel d’expiation, qui avait lieu, d’après la loi, en automne, avant la fête des Tabernacles (Nombres 29.7 et suivants), au commencement de l’année, avant la fête de Pâques (verset 21). Il répartit cette cérémonie expiatoire sur le premier et le septième jour, avec cette différence que le sacrifice du premier jour s’applique au sanctuaire, celui du septième aux individus.
Celui qui fait erreur : il s’agit des fautes commises par distraction ou par oubli de la part d’un homme qui connaît et comprend la loi (Lévitique 4.2).
Les simples : ceux qui ne sont pas capables de se rendre compte de la violation commise (Lévitique 5.17). Dans l’un et l’autre cas, la loi instituait un sacrifice : de délit pour les seconds, d’expiation pour les premiers. Le sacrifice général annuel dont il est parlé ici ne remplace probablement pas ces sacrifices individuels. Il doit effacer au commencement de la nouvelle année tout ce qui aurait pu être oublié dans l’ancienne.
Propitiation de la Maison. Le sens est : Et ainsi, il n’arrivera pas qu’un pécheur de l’une des deux catégories indiquées souille le temple en entrant dans les lieux saints.
La Pâque… à la même époque que d’après la loi mosaïque (Nombres 28.16) avec les mêmes prescriptions (Exode 12.1-51). Le prophète sous-entend sans doute ici le repas pascal du quatorzième jour au soir, dès lequel avait lieu pendant sept jours le manger des pains sans levain.
De semaines de jours : verset 23.
Un taureau : C’est le sacrifice d’expiation pour le premier jour ; de la fête pour les autres jours il consistait en un bouc (verset 23). Dans la loi, c’est un bouc tous les jours (Nombres 28.22).
On comprend ordinairement ce verset dans ce sens que la fête de Pâques dure 7 jours et que dans chacun de ces jours doivent être offerts les 7 taureaux, les 7 béliers et le bouc indiqués ici. En traduisant plus littéralement, nous arrivons à un sens différent. À l’ancienne fête de Pâques, qui ne durait que 7 jours, Ézéchiel substitue une Pâque qui dure des semaines (littéralement septaines) de jours. C’est-à-dire 49 jours (ou 50, si l’on y joint le premier jour). L’expression : chacun des jours de sept jours, devient ainsi tout à fait claire ; et la quantité considérable des victimes prescrites, au lieu de porter sur chacun des sept jours d’une même semaine doit être offerte dans chacune des semaines que comprend la nouvelle Pâque. De cette manière, le jour de clôture de la fête (le cinquantième) correspond à l’ancienne Pentecôte. La loi mettait déjà la fête de Pentecôte en relation intime avec la Pâque et l’appelait par cette raison la fête des (sept) semaines (Exode 34.22 ; Deutéronome 16.9-10).
Sept taureaux… La loi prescrivait deux taureaux, un bélier et sept agneaux (Nombres 28.19) sacrifices qui étaient peut-être répartis sur les sept jours de la fête.
Un bouc (verset 22, note) pour le sacrifice d’expiation qui précédait l’holocauste.
Un épha (de farine) et un hin d’huile : pour le gâteau d’oblation qui devait accompagner le sacrifice. La proportion est plus forte que dans la loi (Nombres 28.20).
Le hin était le sixième d’un bath (3,3 litres).
La fête des Tabernacles.
Même époque que dans la loi (Nombres 29.12)
À la fête : Cette fête est supposée déjà connue.
Les mêmes sacrifices… que dans la fête de Pâques. Seulement, au lieu d’être répartis sur sept semaines, ils sont concentrés sur sept jours. La loi prescrivait l’offrande de 70 taureaux, 14 béliers, 98 agneaux et 7 boucs, durant la semaine que durait cette fête. Il n’y a ici que 49 taureaux, autant de béliers et 7 boucs. Pourquoi cette diminution ? Voir Ézéchiel 46.15, note.
Quant au jour d’expiation qui précédait cette fête, nous avons vu qu’Ézéchiel l’a placé au commencement de l’année (versets 18 à 20). Il en est probablement de même du jour de sainte convocation, qu’annonçait le son des trompettes et, qui commençait l’année civile (Nombres 29.1) ; comparez verset 18. Ainsi aucune des anciennes fêtes n’est omise ou supprimée par Ézéchiel.