Verset à verset Double colonne
Ce chapitre annonce la restauration du peuple de Dieu. Il décrit d’abord son relèvement matériel ; les deux grandes fractions d’Israël, séparées depuis Jéroboam, seront enfin réunies et pour toujours, dans une Canaan renouvelée. Mais cette première perspective, déjà si brillante, ne fait qu’ouvrir au regard du prophète de nouveaux et plus glorieux horizons. Il annonce ensuite le seul relèvement valable et réel, la régénération des cœurs et la fondation d’une alliance nouvelle. Entre toutes les religions du monde, celle de l’Ancien Testament est la seule qui, tout en s’affirmant comme révélation divine, prédise sa propre transformation en une religion nouvelle et supérieure à elle-même.
De toutes les familles d’Israël : aussi bien de celles des dix tribus que de celles de Juda.
Sur l’accomplissement de cette prophétie à l’égard des dix tribus, voir Jérémie 3.12 et suivants, notes. Ce premier verset résume le contenu de tout ce chapitre : le rétablissement de l’alliance sous la double forme de la relation de Dieu avec son peuple et du peuple avec son Dieu.
L’expression : réchappé de l’épée, prouve qu’il ne s’agit pas ici, comme pourrait le faire penser le terme de désert, de la sortie d’Égypte. Le prophète parle du futur retour des Juifs après la captivité, qu’il contemple comme déjà accompli. Cependant le grand souvenir du séjour dans le désert et de la conquête de Canaan est présent à son esprit et lui fournit les couleurs du tableau. Comparez Osée 2.14.
Mis en repos, comme au temps de Josué ; comparez Ésaïe 62.8-9 ; Ésaïe 63.14.
De loin. L’Éternel est représenté comme apparaissant de Sion à son peuple qui est encore dans l’exil et l’invitant à revenir. Comparez Psaumes 14.7.
Entre ces mots et les suivants (je t’ai aimée… ) il faut sous-entendre : Et il m’a dit. Le passé est le gage de l’avenir. L’Éternel qui a aimé son peuple de toute éternité, lui restera à jamais fidèle.
Tu seras rebâtie : grande liberté d’image ; la vierge d’Israël est comparée à un édifice.
Tambourin : instrument employé dans les fêtes religieuses en Israël (Exode 15.20 ; Juges 11.34 ; Psaumes 68.26).
Ils recueilleront. On a vu ici une allusion à la loi, Lévitique 19.23-25, qui ordonnait que les trois premières récoltes de toute plantation fussent laissées sur place et enfin la quatrième consacrée à l’Éternel ; la jouissance ne commençait donc qu’à partir de la cinquième année. L’Éternel fera abandon de ce droit en faveur d’Israël rapatrié. Mais il est plus simple d’expliquer d’après Ésaïe 62.8-9 ; Ésaïe 65.21-22 : L’ennemi ne récoltera plus ce qu’Israël aura semé.
Les gardes : peut-être les sentinelles postées sur les endroits élevés pour annoncer l’apparition du premier croissant de la lune, car c’était par ce moyen que l’on fixait l’époque des fêtes religieuses. En tout cas, le sens est : le peuple des dix tribus, si longtemps empêché par la politique de ses rois, puis par l’exil, de participer aux actes du culte à Jérusalem, viendra de nouveau célébrer les fêtes en Sion.
Celui qui est la tête des nations. C’est Israël qui est ainsi désigné, en tant que peuple choisi de Dieu (Deutéronome 7.6 ; Deutéronome 26.19).
L’aveugle et… Ceux-là mêmes qui sont le moins en état de voyager, reviendront des bouts de la terre ; car ce sera Dieu qui les ramènera.
Du septentrion : voir notes Jérémie 1.13 ; Jérémie 3.12.
En pleurant. Ces larmes sont à la fois celles du repentir et de la reconnaissance ; comparez les expressions semblables Osée 12.5. C’est en faisant l’expérience de la gratuité du salut que le pécheur verse les larmes à la fois les plus douces et les plus amères.
Un père. Ésaïe 63.16 ; Ésaïe 64.8.
Mon premier-né. Ce terme pourrait signifier simplement qu’Éphraïm, malgré son long exil, participera de nouveau au privilège du peuple tout entier ; comparez Exode 4.22 : Israël est mon premier-né. Cependant, si l’on se rappelle que Jacob mourant avait, à certains égards, donné à Joseph le droit d’aînesse, en lui accordant une double part d’héritage par l’adoption de ses deux fils, Manassé et Éphraïm ; bien plus, qu’il avait encore privilégié Éphraïm, le cadet de ces deux frères, en le plaçant avant son aîné, Manassé (Genèse 48.1-21), on ne pourra méconnaître, dans l’expression que Dieu emploie ici, la promesse d’une position particulièrement honorable.
Nations. Les nations païennes qui avaient assisté aux désastres du peuple de Dieu, avaient pu en conclure que Jéhova était moins puissant que leurs idoles. Ce scandale cessera par le miracle de la délivrance de son peuple et aboutira à un hommage éclatant rendu à Jéhova et à ce peuple par tous les païens. Comparez Ézéchiel 36.20-21 ; Psaumes 79.9-10.
La danse chez les Orientaux est telle qu’elle peut s’allier même avec la gravité de l’âge. Comparez les chœurs dans la tragédie grecque.
L’âme des sacrificateurs. On offrira de nouveau et en grande abondance les sacrifices de reconnaissance, dont une part était dévolue, d’après la loi (Lévitique 7.31-34), aux ministres du sanctuaire.
Ces perspectives du rétablissement futur ramènent par contraste les pensées du prophète aux lugubres réalités du temps présent.
Rachel, l’épouse bien-aimée du patriarche, la mère de Joseph, l’aïeule d’Éphraïm et de Manassé dont le prophète vient de prédire le retour, avait expiré en donnant le jour à son second fils, Benjamin et avait été, enterrée à Ephrata, près de Bethléem (Genèse 35.19 ; comparez 1 Samuel 10.2, note). L’ombre de cette tendre mère semble planer sur toute la contrée voisine, qu’habitent les descendants de ses deux fils Benjamin et Joseph du haut de la colline de Rama (au nord de Jérusalem), d’où l’on découvre tout le pays d’Éphraïm et de Manassé, elle fait retentir les cris de sa douleur maternelle sur ses descendants égorgés par l’ennemi. Saint Matthieu (Matthieu 2.17-18) signale une relation morale entre le massacre des enfants de Bethléem égorgés par un roi d’origine édomite et tout ce peuple d’Éphraïm livré jadis dans son propre pays à l’épée de l’étranger.
Mais l’Éternel n’a rappelé les larmes de Rachel, la représentante de toutes les mères israélites, que pour montrer la source de ces larmes à jamais tarie.
Ton œuvre aura sa récompense. Le prophète parle ici à Rachel comme personnification de la Sion fidèle.
Son œuvre désigne ou le travail de l’enfantement et de l’éducation des membres du peuple, ou le long deuil qu’Israël subit durant le temps de son exil.
J’ai entendu. Jéhova entend par avance le cri d’Éphraïm qui, dans la terre étrangère, fait la confession de ses fautes et reconnaît la justice de son châtiment.
Ramène-moi et je reviendrai, c’est-à-dire : ramène-moi en Canaan pour que j’y puisse revenir ; forme naïve exprimant ce sentiment, que la force de Dieu seul peut accomplir ce retour. Ces mots se rapportent uniquement au retour extérieur. Puis, au verset 49, Éphraïm donne pour motif de sa demande le retour intérieur qui s’est opéré chez lui. Nous avons déjà remarqué, dans Ésaïe, que le mot revenir comporte à la fois le sens extérieur de retour de l’exil et le sens moral de conversion. Jérémie passe ici du premier de ces sens au second. Ainsi s’explique le car : Que je revienne en Canaan ; car de cœur je suis déjà revenu à toi. Éphraïm s’est retourné de cœur vers son père ; c’est pourquoi il peut rentrer maintenant dans la maison paternelle.
J’ai frappé sur ma cuisse : geste d’effroi (Ézéchiel 21.17). Éphraïm est comme terrifié, maintenant que dans la lumière de Dieu ses yeux s’ouvrent pour juger sa conduite passée.
Dieu s’étonne lui-même de l’effet que produit sur lui la voix de son fils repentant. Il se demande comment il se fait que la tendresse subsiste encore en lui, qu’il en soit dominé comme malgré lui, au moment même où il le frappe si sévèrement : Éphraïm est-il donc un enfant favori ? Nous dirions vulgairement : un enfant gâté. Ce tableau de ce qui se passe dans le cœur de Dieu à l’ouïe du gémissement de son enfant si longtemps rebelle est comme une parabole anticipée de l’enfant prodigue.
Ce verset contient la réponse de l’Éternel à la prière d’Éphraïm (versets 18 et 19). Du cœur paternel vaincu par l’amour sort cette permission : Reviens !
Dresse-toi des signaux. Israël, avant de quitter la terre étrangère, doit envoyer levant lui des éclaireurs qui jalonnent la route du retour, afin que nul ne s’égare.
Le chemin par lequel tu as marché. À chaque pas il doit se souvenir du jour où ses ennemis l’emmenaient captif par ce même chemin dans la terre étrangère.
Il n’y a pas à s’attarder sur la route. Le moment est propice, le départ urgent ; Dieu va faire de Canaan le théâtre d’une œuvre nouvelle.
À créé. Le prophète contemple déjà cette œuvre comme accomplie, lors même qu’il l’annonce encore comme future dans les mots suivants : La femme entourera l’homme. C’était peut-être là une expression proverbiale. La question est de savoir dans quel sens il faut l’appliquer ici. Cette difficulté a été résolue par les commentateurs d’une foule de manières. Les anciens ont vu dans cette image une allusion à l’incarnation du Christ s’enfermant dans le sein de la vierge. Ce sens de l’expression entourer est évidemment forcé. Mieux vaudrait, si l’on applique cette promesse au Messie, rapporter le mot entourer aux soins dont la femme (en la personne de la mère de Christ) entourera l’homme (en la personne de ce dernier). Mais sous cette forme le sens est peu naturel. D’autres traduisent : La femme sera changée en homme ; c’est-à-dire que les plus faibles deviendront des héros, ou bien que le fort sera vaincu par le faible, etc., etc. Si nous tenons compte de cette idée : créer une chose nouvelle, nous devons chercher dans l’œuvre que Dieu va faire, un contraste bien tranché avec tout ce qui s’est passé précédemment. Or, quel avait été jusqu’alors le caractère de l’histoire d’Israël ? Dieu l’avait cherché, mais sans que ce peuple se laissât trouver. Comme dit Ésaïe : il avait étendu tout le jour ses mains vers un peuple rebelle (Ésaïe 65.2). Son amour l’avait de toutes manières poursuivi, entouré ; jamais Israël n’avait réellement répondu à cet amour. Maintenant tout sera changé : ce sera Israël, cette fille rebelle du verset 22, qui, comme une femme pleine d’amour, entourera de ses bras Jéhova son époux et ne voudra plus à aucun prix se séparer de lui. La forme un peu étrange de l’expression s’explique aisément, si Jérémie applique ici un dicton populaire caractérisant ce qu’il y a d’insolite, surtout dans les mœurs de l’Orient, à ce que ce soit la femme qui recherche l’homme. La suite, verset 31 et suivants, nous paraît confirmer ce sens. L’expression : une alliance nouvelle (verset 31), rappelle celle du verset 22 : une chose nouvelle. La parole : Je les avais épousés (verset 32), explique les termes : la femme, l’homme, dans le sens figuré où nous les prenons ; et toute l’œuvre décrite aux versets 33 et 34 : Je mettrai ma loi dans leur cœur et ils me connaîtront tous, répond exactement au sens que nous donnons à ces mots entourer l’homme.
Le prophète passe ici à Juda, qui ne saurait être oublié dans ce tableau de la restauration du peuple de Dieu.
Cette parole, qui rompt le fil du discours, ne peut être mise que dans la bouche de l’Éternel ou dans celle du prophète. Dans le premier cas, le sommeil ne saurait être que le temps de l’exil. Mais comment un pareil sommeil pourrait-il avoir été doux au cœur de Dieu ? Le second sens est donc seul admissible. Ce verset marque une interruption dans la vision. Jérémie se réveille de l’extase où il était plongé durant la révélation précédente.
Je vis que mon sommeil…, littéralement : Je vis et mon sommeil. C’est ici un hébraïsme fréquent. Comparez Genèse 1.31 : Et Dieu vit…, et cela, était bon, pour : Et Dieu vit que…. En revenant à lui, Jérémie se rend compte de la suavité infinie des moments qu’il vient de passer. Après tant de révélations accablantes, des messages de jugements, il vient de contempler les ravissants tableaux de l’avenir messianique. Il a ainsi bénéficié le premier de la promesse du verset 25.
Les versets suivants se rapportent au peuple dans son ensemble. La formule : Voici, des jours viennent, y est répétée trois fois : au verset 27 en rapport avec le repeuplement du pays ; au verset 31 en rapport avec la régénération spirituelle du peuple ; au verset 38 pour annoncer la reconstruction de Jérusalem, à la gloire de l’Éternel.
Répétition des termes employés lors de la vocation du prophète Jérémie 1.10.
J’ai veillé : allusion au symbole de l’amandier, Jérémie 1.11-12 (note).
La maxime proverbiale, mise ici dans la bouche du peuple, veut dire : que les enfants paient d’ordinaire pour les péchés de leurs pères. Elle renferme une accusation contre la justice de Dieu. Sans doute la loi elle-même semble dire quelque chose de semblable quand elle annonce que Dieu punira les péchés des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération (Exode 20.5) ; mais il ne faut pas oublier qu’elle ajoute : de ceux qui me haïssent. La dette, s’accumulant alors durant une série de générations qui continuent à marcher et à progresser dans le mal, finit par retomber tout entière sur la dernière (Luc 11.49-51). Mais il n’en est pas ainsi quand les enfants se détournent du péché des pères et rompent le lien de solidarité qui les unissait aux générations précédentes. Alors s’applique à eux le principe expressément formulé Ézéchiel 18.2-4 et développé dans la suite de ce chapitre ; comparez Galates 6.5. Le sens du verset 29 n’est donc pas que Dieu suivra alors d’autres principes de gouvernement que ceux qu’il suit aujourd’hui ; mais que, la conduite de l’homme ayant changé, le résultat du jugement de Dieu se trouvera être l’opposé de ce qu’il était auparavant. Pour ce peuple gracié, renouvelé, toute solidarité avec les péchés de leurs pères prendra fin et si quelqu’un périt encore, il n’en devra accuser que lui-même et sa folie.
Ces versets décrivent enfin la chose nouvelle que l’Éternel annonçait verset 22. Dans tout l’Ancien Testament c’est ici le seul passage où soit employée cette expression hardie de nouvelle alliance, qui semble reléguer au nombre des choses un jour passées et périmées le contrat solennel conclu avec le peuple au pied du Sinaï. Jésus s’est approprié cette expression, Luc 22.20 ; et saint Paul l’a développée dans toute sa profondeur, 2 Corinthiens 3.6-18.
Alliance qu’eux ont rompue. L’intention de ces mots est de mettre entièrement à la charge du peuple la rupture de ce premier contrat qui eût pu et dû demeurer toujours. À supposer en effet que le peuple y eût été fidèle, le contrat nouveau ne lui eût pas été refusé sans doute. Mais, au lieu de le conclure à la suite d’un douloureux divorce, le peuple eût passé d’une alliance à l’autre par une transformation paisible de la relation qui l’unissait à son Dieu. L’alliance de la lettre se fût épanouie sans révolution en celle de l’Esprit. L’enfant mineur fût devenu majeur.
Ma loi. Comme expression de la sainte volonté de Dieu, elle restera à jamais l’essence du contrat entre Dieu et l’homme ; elle ne sera ni changée, ni abolie (Matthieu 5.17-19 ; Luc 16.17). Seulement, au lieu d’être imposée à l’homme par une volonté étrangère et comme une obligation extérieure, elle s’emparera de son cœur et deviendra l’expression de la volonté même du fidèle.
Sur leur cœur. À Sinaï, la loi avait été écrite sur les tables de pierre ; sous cette forme elle se présentait comme une lettre impérative, qui rencontrait dans l’homme une volonté opposée à elle. Par la venue du Saint-Esprit, déjà promise dans Joël 2.28 et suivants, ce conflit de volontés entre Dieu et l’homme prend fin. Le contenu de la loi, ce que Dieu veut, devient ce que l’homme veut. Jésus-Christ, le premier, a réalisé cet idéal du parfait accord entre la volonté humaine et la volonté divine (Jean 4.31). La nouvelle naissance produit cette même harmonie avec la loi dans le cœur de l’enfant de Dieu. Le conflit est apaisé ; et à l’alliance de la lettre, qui n’était que temporaire, se substitue celle de l’Esprit, qui est éternelle.
Je serai leur Dieu… en toute vérité cette fois. Ainsi sera accomplie la promesse du verset 1.
L’homme n’a une connaissance immédiate de Dieu que lorsqu’il reçoit de lui le pardon de ses péchés. Jusqu’alors un obstacle le sépare de lui, le sentiment de sa condamnation ; et Dieu lui apparaît autre qu’il n’est. Pour connaître Dieu, dans cette situation, il a besoin d’être instruit par le témoignage de ses frères. Mais le pardon, en lui ouvrant l’accès jusqu’à Dieu même, le rend apte à recevoir le Saint-Esprit, qui devient son docteur et grave la volonté divine dans son cœur (verset 33). Ainsi sont rendus superflus les intermédiaires humains qui lui étaient jadis nécessaires. Lui-même connaît Dieu. Comparez Ésaïe 54.13 ; Jean 6.45 ; Hébreux 7.8-12 ; Hébreux 10.15-18.
Du conflit entre la loi et la volonté de l’homme dans l’ancienne alliance, il résultait que cet ordre de choses ne pouvait être que temporaire ; mais une fois l’harmonie rétablie, le nouvel état de choses est, par sa nature même, immuable.
La stabilité des lois de la nature est le symbole visible de l’immutabilité de la grâce.
Dans les derniers mots du verset 36 est affirmée la perpétuité d’Israël comme nation. Chez tous les autres peuples, il y a des individus élus ; Israël seul est élu comme peuple (Romains 11.2).
Toute la race : la nation entière. Car des individus israélites pourront certainement être rejetés. Comparez Ésaïe 54.9-10.
D’après tout ce passage, la Jérusalem nouvelle doit occuper à peu près le même emplacement que l’ancienne, seulement avec une extension un peu plus considérable. Mais la différence essentielle entre les deux, c’est que la nouvelle renfermera certaines localités jadis complètement souillées et situées en dehors des murs. Jamais la Jérusalem postérieure n’a compris dans son enceinte les localités indiquées. Tout ce tableau est symbolique ; son sens spirituel est aisé à comprendre ; comparez Zacharie 14.20-21.
La tour de Hananéel : dans la partie nord-est de la muraille de la ville (Néhémie 3.1 ; Zacharie 14.10).
La porte de l’angle : à l’angle nord-ouest de la ville (2 Rois 14.13 ; Zacharie 14.10). Ces points forment donc les extrémités de la muraille septentrionale.
Gareb et Goa sont des localités inconnues. Le premier de ces noms paraît signifier : la colline de la lèpre ; cette localité, située certainement hors de la muraille, se trouvait sans doute vers le sud-ouest de la ville. La ligne droite qui la traversait, en partant de l’angle nord-ouest, dans la direction méridionale, aboutissait un peu plus au sud à la tour de Goa, qui formait par conséquent l’angle sud-ouest de la ville. Cette ligne marque donc la limite occidentale de la future ville sainte.
L’expression : la vallée de la voirie et des cendres, désigne certainement la vallée impure de Hinnom, au sud de la ville, spécialement deux localités où l’on jetait les carcasses d’animaux et les corps des malfaiteurs et brûlait des débris de toute sorte.
Les champs jusqu’au torrent de Cédron. L’orthographe et le sens du mot rendu par champs sont incertains. Il s’agit en tout cas de la partie orientale de la vallée de Hinnom qui aboutissait à la vallée du Cédron.
La porte des chevaux. De Néhémie Néhémie 3.28, il résulte qu’elle était située vers l’extrémité méridionale de la colline du temple (Ophel) et qu’elle formait ainsi l’angle sud-est de la muraille. Goa et la porte des chevaux marquent par conséquent les deux extrémités de la limite méridionale de la ville. Quant à la limite orientale, le prophète n’en parle pas. Elle était marquée tout naturellement et sans changement possible, par la vallée abrupte du Cédron, au pied oriental de la montagne du temple.
Saints à l’Éternel. Cette devise sacrée, gravée sur la lame d’or de la tiare du souverain sacrificateur, deviendra un jour celle de la ville entière.
Ni arrachés, ni ruinés. On demandera comment cette promesse s’accorde avec la nouvelle destruction de Jérusalem par les Romains. Mais nous avons vu que cette description, tout en prenant son point de départ dans le retour de l’exil, se rapporte aux derniers temps. Nous attendons encore pour Jérusalem une restauration à la fois spirituelle et extérieure, lorsque le peuple aura enfin cru à son Messie et obtenu le pardon de son Dieu.