Verset à verset Double colonne
Dieu, voulant donner au peuple un gage palpable du retour de la captivité, ordonne à Jérémie d’acheter un champ dans le territoire d’Anathoth, au moment même où le siège de Jérusalem approchait de sa fin et où tout le pays allait tomber entre les mains des Chaldéens. Cet ordre renfermait la divine promesse de la réintégration future d’Israël dans la propriété de ses pères. Voir sur ce fait et sa portée, l’introduction.
Comme symbole prophétique de la délivrance d’Israël, ce fait se rattache étroitement à la prophétie du chapitre précédent.
Le siège avait commencé la neuvième année de Sédécias (chapitre 39). L’année suivante, il fut levé momentanément à l’occasion de la diversion tentée par le roi d’Égypte en faveur de Juda (chapitre 37) ; mais il ne tarda pas à être repris pour aboutir bientôt à la prise de la ville. Comme Jérémie resta libre pendant la première partie du siège et qu’il ne fut emprisonné qu’à l’occasion de cette interruption (Jérémie 37.11-16), le fait ici rapporté ne peut avoir eu lieu que pendant la seconde partie du siège, dans les jours qui précédèrent la catastrophe.
La cour du corps de garde. Jérémie fut d’abord incarcéré dans la maison de Jonathan ; après quoi Sédécias le fit transporter dans le corps-de-garde du palais (Jérémie 37.15-17, Jérémie 37.21). Il demeura là jusqu’à la fin du siège ; mais il lui était permis de communiquer avec ses amis.
Dès le commencement du siège, le prophète avait annoncé le sort de Sédécias (Jérémie 21.7). Voir ses prédictions répétées sur le sujet : Jérémie 34.3-5 ; Jérémie 38.17-23. Nous avons ici un sommaire de ces prophéties, qui est uniquement destiné à expliquer l’emprisonnement de Jérémie.
Jusqu’à ce que je le visite. Ce mot peut s’entendre d’un châtiment comme d’une délivrance. Le prophète nous paraît annoncer ici que les malheurs du roi auront un terme (voir à Jérémie 34.5). Tous ces détails sont propres à faire ressortir le sens et la valeur de l’acte qui va s’accomplir.
Jérémie dit. Ce verset se rattache au verset 1.
Le texte ne dit pas à qui il communiqua l’ordre que l’Éternel venait de lui donner intérieurement. Peut-être à son secrétaire et ami Baruc (verset 12) ; ou bien en général aux personnes qui l’entouraient dans la cour de la prison (même verset).
Le mot ton oncle s’applique à Sallum, non à Hanaméel (verset 8).
Droit de retrait. Lorsqu’un Israélite était obligé d’aliéner une portion de son héritage, son plus proche parent avait le droit, même le devoir de la racheter (Lévitique 25.25). Il pouvait cependant se soustraire à cette obligation selon les circonstances, mais en accomplissant certaines formalités (Ruth 4.7 ; Deutéronome 25.7-9). Le but de ces dispositions était de maintenir intact le lot assigné primitivement dans la terre de Canaan à chaque famille israélite.
À l’arrivée d’Hanaméel, Jérémie constate la vérité de la révélation qu’il vient de recevoir et se met en devoir d’exécuter l’ordre divin. La loi interdisait sans doute aux sacrificateurs et aux lévites de posséder aucun fonds de terre (Nombres 18.20 ; Nombres 18.23 ; Deutéronome 18.1). Mais la parole de Salomon à Abiathar 1 Rois 2.26, fait bien voir que cette interdiction n’était pas absolue. Les villes des sacrificateurs étaient entourées d’une étroite banlieue pour leurs bêtes et sans doute pour leurs jardins potagers. Ils ne devenaient pas pour cela propriétaires fonciers. Voir Nombres 35.2-4 ; Josué 21.2 ; 2 Chroniques 11.14 et surtout Lévitique 25.34.
Sept sicles et dix : peut-être forme usitée dans les actes notariés. La modicité du prix peut s’expliquer par la dépréciation des propriétés en pareilles circonstances ou bien aussi par le peu de valeur qu’avaient ces propriétés sacerdotales dans les conditions rappelées verset 8, note.
Je le scellai, non pas : j’apposai mon sceau au bas de l’acte ; mais : je le fermai par un sceau (verset 11).
Nous trouvons ici le détail des formalités en usage en Israël, en cas de vente d’immeuble. D’après ce passage, on rédigeait l’acte en deux doubles ; l’un restait ouvert pour pouvoir être consulté à toute heure ; l’autre ne devait être ouvert que par le juge, dans le cas où le premier devenait suspect d’avoir été altéré
Baruc. C’est ici la première mention de ce fidèle ami et secrétaire de Jérémie ; il est donc naturel que sa filiation soit indiquée à ce moment.
De tous les Juifs, littéralement : de tous les Judéens ou membres de la tribu de Juda ; c’est de ce nom qu’est dérivé postérieurement celui de Juif.
Qui étaient assis. C’étaient ou des employés ou des gens qui se trouvaient là pour leurs affaires.
Longtemps : jusqu’à l’époque du retour de la captivité, où les héritiers de Jérémie pourront faire valoir leur titre de propriété.
Sens sommaire de l’acte précédent.
Un tel acte, accompli à pareil moment, devait sembler si étrange que Jérémie sent le besoin, moins pour lui-même sans doute que pour le peuple, de s’en expliquer clairement avec l’Éternel.
En face d’une révélation qui semble dépasser toutes les limites du possible, Jérémie rappelle les actes divins dans le passé ; car ce sont autant de raisons de croire à ses promesses pour l’avenir.
Dans le sein : image expliquée Ésaïe 65.6, note.
Comparez Exode 20.5-6 ; Exode 34.7 ; Deutéronome 10.17.
Jusqu’à ce jour. On peut entendre avec Ostervald : actes et miracles dont la mémoire s’est conservée jusqu’à ce jour ; ou expliquer plus simplement : actes et miracles que tu as continués jusqu’ ce jour. Ces actes de puissance, Dieu ne cesse de les accomplir et en Israël et au milieu des hommes en général.
Le mot adam, l’homme, que nous avons traduit par l’humanité, est un substantif collectif, dans lequel s’exprime le sentiment de l’unité de la race humaine, si peu familier à l’antiquité.
Le nom que tu as aujourd’hui : la connaissance de Jéhova était alors répandue bien au-delà de frontières d’Israël.
Presque littéralement comme Deutéronome 26.8 ; comparez aussi Deutéronome 10.17.
Tu le vois : Tu vois les menaces réalisées, la ville prête à être livrée aux Chaldéens ; et pourtant tu sembles ne pas le voir : car tu me donnes un ordre qui paraît en contradiction avec cet état de choses.
L’Éternel répond à ces doutes que la ruine imminente ne contredit nullement la délivrance à venir ; au contraire, en prouvant la fidélité de Dieu à ses menaces passées (versets 27 à 35), elle garantit sa fidélité à ses promesses, actuelles (versets 36 à 44).
Le Dieu de toute chair. Voir Nombres 16.22.
La vraie cause de la ruine de la ville n’est pas l’insuffisance des ressources militaires, c’est l’idolâtrie.
L’œuvre de leurs mains : leur conduite, en général et non pas uniquement la fabrication de leurs idoles (Deutéronome 31.29)
Où ils l’ont bâtie. Les Israélites n’avaient pas fondé Jérusalem ; mais ils l’avaient reconstruite sous David et Salomon.
Ce que je ne leur avais point commandé : voir Jérémie 7.30-31.
Pour faire pécher Juda. Ces mots prouvent que les reproches renfermés dans ces versets s’adressent surtout aux chefs du peuple, tels qu’Achaz et Manassé qui avaient entraîné celui-ci à toutes ces abominations.
C’est pourquoi. Le sens de cette liaison est celui-ci : Puisque j’ai été fidèle en châtiant (verset 36), je le serai aussi en relevant (verset 37).
Dont vous dites. Il y avait contradiction permanente entre le langage de ces gens-là et celui du prophète. Quand Jérémie annonçait l’angoisse, eux criaient : Paix ! Paix ! Maintenant, en face de l’ennemi prêt à prendre la ville d’assaut, ils se livrent au désespoir ; et ce désespoir est un démenti donné aux promesses divines par la bouche de Jérémie.
Remarquez la relation entre ce verset et Jérémie 31.1. Jérémie aime à se rappeler, à méditer et à savourer la glorieuse révélation qu’il avait reçue alors.
Un même cœur et une même marche. L’erreur, dit Gerlach, est multiple ; elle est par conséquent un principe de division ; la vérité est simple et elle unit. Là où existent la vraie connaissance, la crainte et l’amour de Dieu, là est l’harmonie.
Ma crainte : Ce mot remplace ma loi dans Jérémie 31.33. La vraie crainte de Dieu se confond avec l’amour de la volonté divine exprimée dans la loi.
Afin qu’ils ne se détournent point de moi. Cette vraie crainte conduit et unit l’homme à Dieu, au lieu de l’éloigner de lui.
Quelle accumulation d’expressions, témoignant de l’intérêt que Dieu leur portera !
Avec fidélité : Celle de Dieu, non celle de l’homme.
De toute mon âme. Il est rare qu’une âme soit attribuée à Dieu. Car ce terme désigne, en général le souffle de vie qui anime le corps. Mais ici le prophète veut exprimer avec énergie l’affection en quelque sorte humaine et paternelle que Dieu portera alors à son peuple ; comparez Lévitique 26.11-30.
Comme… ainsi. Deux manifestations opposées de la même fidélité.
Le pays de Benjamin : cité le premier, parce que ce territoire était celui dans lequel était situé le champ acheté par Jérémie. Mais toutes les parties du pays participeront à ces bénédictions nouvelles, tout irréalisables qu’elles paraissent dans les circonstances actuelles.