Verset à verset Double colonne
Dans l’intérieur de cette ville menacée, rien qui motive une suspension du jugement, Dieu doit punir sans toutefois anéantir (versets 1 à 19) ; cette punition est méritée à cause des infidélités du peuple envers l’Éternel et des monstruosités qui se commettent dans le pays au préjudice des petits (versets 20 à 31).
Dieu demandait dix justes à Sodome, Genèse 18.1-33 ; il n’en demande qu’un à Jérusalem et ce juste unique ne s’y trouve pas. Comparez Ésaïe 59.16.
Un homme : digne de ce nom. On s’est demandé s’il fallait prendre ces paroles à la lettre. Quelques interprètes répondent que, devant Dieu et à un point de vue absolu, il n’y a point de juste et que dès lors la sentence du prophète doit être prise à la lettre. Mais comme c’est là une expérience permanente et universelle, Jérusalem en serait plutôt excusée. Le prophète laisse, selon nous, libre cours à son sentiment qui lui fait oublier les exceptions encore supposables au sein de cette masse perdue.
Justice, fidélité : dans les rapports avec le prochain. Les deux membres de la phrase marquent une gradation : personne qui pratique, personne même qui recherche le bien.
La révélation du vrai Dieu qu’Israël avait reçue, ne servait à ces Israélites qu’à tromper plus efficacement. Étrange renversement ! De là à jurer par les faux dieux (verset 7), il n’y avait qu’un pas. Le serment vrai, proféré au nom de Jéhova, devait être et doit redevenir un des privilèges du peuple de Dieu. Voir Jérémie 4.2 ; comparez Deutéronome 6.13 ; Deutéronome 10.20 ; Ésaïe 65.16.
Comparez Ésaïe 1.6 ; Apocalypse 16.21. Il y a lutte à mort entre Dieu qui frappe et l’homme qui s’endurcit toujours d’avantage. Toute chance de guérison est détruite, lorsque les moyens qui devaient ramener l’homme à Dieu l’en éloignent.
Tu les as achevés. Il n’y a pas contradiction avec les versets 10 et 18 ; Dieu peut exterminer une génération sans faire disparaître la nation elle-même.
Ils ont endurci leur face. La ténacité que Jérémie devait montrer au service de Dieu et à leur égard (Jérémie 1.18) ils la montrent dans la rébellion. Que d’énergie mal employée !
Le premier mouvement est souvent de croire que les hautes classes sont moralement meilleures que le bas peuple ; mais l’expérience fait bientôt revenir de ce préjugé ; et de plus, les grands et les riches quand ils font le mal, ont moins d’excuse, pour la raison indiquée.
Eux tous ensemble : les petits comme les grands, les grands comme les petits.
Les bêtes féroces peuvent être entendues à la lettre, car elles figurent dans les menaces de la loi parmi les instruments de la justice de Dieu (Lévitique 26.22. Comparez 2 Rois 17.25 ; Ézéchiel 14.15). Mais il vaut mieux y voir l’image des envahisseurs du pays (comparez Jérémie 4.7 ; Ésaïe 56.9).
Pourquoi te ferais-je grâce ? Dieu avait autrefois des raisons de faire grâce à son peuple ; ces raisons n’existent plus. Il semble imposer silence à sa propre compassion.
J’ai reçu leurs serments : devant Sinaï, lors du mariage entre Jéhova et Israël. Comparez Deutéronome 27.1-26 ; Josué 23.1 à 24.33.
Ils s’attroupent dans la maison de la prostituée. Les sanctuaires des idoles étaient fréquemment des lieux de débauche. Les hommes ne s’y rendent plus à la dérobée, mais ouvertement et par bandes.
Image singulièrement énergique qui rappelle celle Jérémie 2.24.
N’achevez-pas… Comparez Jérémie 4.27. Ces retours toujours plus brefs de la grâce qui arrête la justice, sont extrêmement éloquents. Soit que les prophètes prononcent des promesses ou des menaces, ils restent toujours dans la vérité ; seuls, les orateurs faibles exagèrent. La vigne de Jéhova est livrée aux étrangers ; elle ne doit pourtant pas être extirpée, mais seulement émondée. Les sarments ne sont plus à l’Éternel, mais la souche lui appartient encore, puisque c’est lui qui l’avait plantée. Comparez Jérémie 2.21.
Ils ne sont pas athées, puisqu’ils invoquent de fausses divinités, verset 7 ; mais ils renient Jéhova comme le seul Dieu vivant ; ils ont leur religion.
Personne n’a parlé en eux, littéralement : Le : il a dit ; n’est pas en eux (Reuss). Nier Jéhova, c’est nier la mission de ses serviteurs dont ils tournent en ridicule le refrain : Ainsi a dit l’Éternel.
Ainsi leur soit fait. On pourrait supposer que c’est le prophète qui reprend : Que ces moqueurs soient eux-mêmes du vent ! Mais ces paroles sont encore mieux placées dans la bouche des moqueurs qui souhaitent que les menaces des prophètes de l’Éternel s’accomplissent en la personne de ces censeurs incommodes.
Même image Ésaïe 1.31 ; Ésaïe 10.17 : le pouvoir donné au prophète (Jérémie 1.10) déploie déjà ses effets : la parole de l’Éternel n’annonce pas seulement, elle exécute, par le moyen de la nation étrangère qui arrive à ses ordres.
Quatre caractères qui rendent cette nation redoutable :
Citation de Deutéronome 28.49. Comparez Ésaïe 28.11-12.
Son carquois ; réclamant (par les flèches qu’il renferme), abondance de morts, comme le sépulcre.
Tes villes dans lesquelles : Deutéronome 28.52.
Nouveau rayon de grâce au milieu de horreurs du jugement.
Des étrangers : Vous serez punis par où vous avez péché ; il y aura harmonie entre votre conduite et votre état.
Publiez… : formule analogue Jérémie 4.5.
Comparez Ésaïe 6.10, où est annoncé le jugement divin qui est maintenant réalisé.
La mer même respecte la barrière que Dieu lui a assignée, quoi qu’elle ne consiste que dans le sable de ses bords. Comparez Job 38.10-11. La nature obéit ; et Israël n’obéit pas !
Ils se retirent et s’en vont, sans et s’adresser à eux-mêmes la leçon qu’ils devraient retirer du spectacle de la nature et qui leur est traduite par le prophète, verset 24.
Sur les pluies de la première et de la dernière saison, voir Jérémie 3.3, note. C’est Dieu qui donne la pluie par le moyen des forces naturelles, d’après Jérémie comme d’après Jésus-Christ (Matthieu 5.45).
Les semaines de la moisson : de Pâques à la Pentecôte. Cette dernière est appelée la fête des semaines (Deutéronome 16.9-10). Nous savons, par Jérémie 3.3 et Jérémie 14.1, qu’on était dans un temps de sécheresse.
Mais ce n’est pas la sécheresse qui est le grand mal.
Cette solidarité étroite entre la conduite du peuple et les vicissitudes de la nature était une loi particulière de l’ancienne alliance, dont nous aurions tort de rechercher dans tous les événements d’aujourd’hui des applications constantes et rigoureuses.
Qui se baisse : pour se cacher.
Cage pleine d’oiseaux. Ces oiseaux pris au piège sont l’image des biens acquis par des moyens frauduleux.
Du mal : tel qu’on en conçoit ordinairement la possibilité.
Nouvelle délibération entre la grâce et la justice, où celle-ci l’emporte (comparez versets 7 à 9). Les derniers faits mentionnés mettent un terme à la patience.
C’est le comble : les prophètes et les sacrificateurs, qui devaient se contrôler mutuellement, s’entendent pour faire le mal et dans cet accord les seconds, les représentants officiels de Jéhova, se font les instruments des premiers. Comparez Jérémie 29.24-31. Chose plus étrange et plus déplorable encore ! Ce régime obtient l’assentiment populaire, tant on s’habitue vite au mal !
Ce n’est pas tout cependant de faire le mal ; il faudra encore affronter le jugement. Expression de la compassion suprême.