Verset à verset Double colonne
Remarquons que les Chaldéens ne sont pas encore nommés dans ce chapitre. L’ennemi y est annoncé comme un peuple inconnu venant du nord.
Les villes fortes, indiquées tout à l’heure comme des refuges (Jérémie 4.5-6), ne peuvent plus désormais servir d’abri ; Jérusalem est envahie à son tour. C’est plus au midi qu’il faudra fuir, puisque l’ennemi viendra du nord.
Jérémie nomme ici les enfants de Benjamin, parce que Jérusalem était située sur le territoire de cette tribu (Josué 15.8 ; Josué 18.16) et peut-être aussi parce que les Benjamites étaient ses compatriotes.
Thékoa est située à 18 kilomètres au sud de Jérusalem. Le nom de Thékoa fait un jeu de mots avec le verbe thikeou qui suit immédiatement.
Bethkérem était entre Thékoa et Bethléhem, à 6 kilomètres au sud-ouest de cette dernière ville, probablement sur la montagne appelée aujourd’hui mont des Francs.
Je la détruis. Le verbe hébreu signifie proprement : je la réduis au silence. La dévastation sera la punition des raffinements du luxe. À toutes les délicatesses d’une génération corrompue, succèdent les brutalités du conquérant (Deutéronome 28.54-57). La justice divine crée quelquefois de ces contrastes aussi soudains que terribles.
La belle et la voluptueuse ! Par cette exclamation à la troisième personne, le prophète montre, pour ainsi dire, au doigt la coupable, avant de proférer la menace.
Les conquérants sont comparés à des bergers nomades dont les troupeaux dévorent tout, avant de passer outre.
Chacun son quartier : de la ville conquise et pillée, qui est comparée à un pâturage.
Inaugurez le combat : paroles des ennemis ; il s’agit des cérémonies religieuses qui, chez tous les peuples, précédaient la bataille (Ézéchiel 21.23-28). Nous avons ici une description dramatique de l’arrivée des ennemis devant la ville et de leur ardeur à la détruire. À peine arrivés, ils veulent donner l’assaut même à midi, malgré la chaleur du jour. Mais ils subissent un échec : Malheur à nous ! disent-ils. Toutefois, la partie, dans leur pensée, n’est que remise au soir ou à la nuit. Puis, ils rencontrent dans cet assaut nocturne une résistance opiniâtre et inattendue qui les oblige à commencer un siège en règle ; mais cet avantage momentané obtenu par les assiégés ne peut qu’augmenter les horreurs du siège et de la prise finale.
C’est le Dieu d’Israël lui-même qui donne l’ordre aux conquérants de couper les arbres pour en faire des machines de guerre.
D’autres traduisent : Comme une citerne garde fraîches ses eaux, ainsi elle garde sa méchanceté toute fraîche.
Ce sens nous paraît moins naturel.
Il était défendu à l’Israélite de grappiller sa vigne (Lévitique 19.10 ; Deutéronome 24.21). Israël sera vendangé et grappillé ensuite.
Mets et remets la main. Ceux qui furent chargés d’exécuter ce jugement (Néco, Nébucadnetsar) y revinrent à plusieurs reprises (sous Joachaz, Jëchonias, Sédécias) jusqu’à la destruction complète.
Non seulement le mal a tout envahi, mais ils ne veulent pas toucher au remède, qui est la parole de Dieu. Ils ont même honte de ce moyen.
Saisissant contraste entre l’insensibilité stupide de ces méchants et le saint zèle du prophète. Il y a longtemps sans doute que cette terrible révélation pèse sur son cœur et en la proférant Jérémie se demande si ces incirconcis sont encore digues de l’entendre. S’il parle donc, c’est moins pour les convaincre que pour se soulager.
Verse-la : parole adressée par Dieu au prophète.
L’enfant dans la rue. Les plus innocents mêmes seront enveloppés dans la ruine ; car le jugement atteindra la nation (comme ce fut le cas jadis pour les Cananéens) et non pas seulement les individus.
Cercle des jeunes gens. Il s’agit ici des jeunes gens réunis pour converser et se divertir.
Comparez Deutéronome 28.30-31. Le bien mal acquis ne profitera pas.
Leurs champs et leurs femmes : la femme confondue avec les autres propriétés pour tomber en esclavage.
Ceux qui devaient avertir le peuple participent à ses crimes.
Paix ! Paix ! Dire que tout va bien au moment même où tout périt, c’est le péché des ministres infidèles à toutes les époques du royaume de Dieu. Les ministres de la vérité qui appellent les choses par leur nom sont taxés d’ennemis de la patrie et de l’humanité. Jérémie devait en faire l’expérience.
Ce qui est pis encore que d’être incapable d’attention aux avertissements reçus, c’est de ne plus savoir rougir.
Les versets 16 et 17 décrivent l’endurcissement volontaire et réfléchi d’Israël. L’Éternel invite Israël (comparé à un voyageur) à considérer les voies de ses pères, voies de fidélité et de bonheur (Jérémie 2.2) et à y revenir ; mais ils s’y refusent.
Puis il les invite, en rappelant le cri d’alarme des prophètes (Amos 3.6-8 ; Ézéchiel 3.17 ; Ésaïe 58.4), à s’efforcer d’échapper au jugement. Ils s’y refusent encore !
Les nations étrangères sont convoquées en assemblée solennelle pour entendre la sentence de Dieu sur son peuple. C’est afin qu’elles ne se scandalisent pas en voyant la ruine du peuple de Dieu et qu’elles en comprennent la cause.
Séba, probablement l’Arabie heureuse, patrie de l’encens et de beaucoup d’autres aromates.
Le roseau précieux (probablement le calamus odoratus) est mentionné Exode 30.23, comme entrant dans la composition de l’huile sainte. Il venait, paraît-il, de l’Inde. Jérémie condamne ici, comme déjà Ésaïe (chapitre 1), ceux qui prétendaient se justifier devant Dieu par leur zèle pour les cérémonies du culte ; Jérémie 22.2 et suivants.
C’est Dieu lui-même qui tendra des pièges aux Israélites, c’est-à-dire qui créera des situations où leur méchanceté, cachée encore sous ce vernis de formalisme, apparaîtra à découvert et dans toute sa laideur, pour être jugée et punie.
Les pères et les fils, etc. : les plus proches, au lieu de s’entraider, se perdront mutuellement.
Les Babyloniens ; ils seront un jour traités de la même manière (Jérémie 50.41-42).
Recommandation adressée à la population de Jérusalem au temps du siège.
Manifestation bruyantes de la douleur, usitées en Orient.
Roule-toi dans la cendre. On se couvrait la tête de cendres ou de poussière dans les grands chagrins (2 Samuel 13.19 ; Job 2.8) ; ici, on fera plus encore ; les dernières limites de la désolation seront atteintes.
Le prophète est comparé à un essayeur de métaux chargé de juger de la valeur du minerai qu’il a sous les yeux c’est-à-dire de Juda. Or Juda n’est plus que scories.
Rebelles entre les rebelles : rebelles au superlatif.
Ils vont calomniant : allusion à Lévitique 19.16.
Du cuivre et du fer : métaux de vil prix.
Dans cette tentative d’épuration, le soufflet même est consumé et le plomb, que l’on joint au métal pour faciliter la fusion des scories, a été tout employé sans résultat. Il est donc tout à la fois inutile et impossible de faire de nouveaux essais. Quelques-uns trouvent dans le soufflet l’image du prophète qui se consume au travail. Mais le prophète est comparé à l’essayeur lui-même.
Dans l’expression : les méchants ne se détachent pas, le prophète passe de l’image à la réalité ; les méchants sont les scories