Verset à verset Double colonne
Les amis ont abandonné, par la bouche d’Éliphaz, les ménagements dont ils avaient usé dans le premier entretien et se sont mis à attaquer Job directement, l’accusant d’impiété. Celui-ci devient à son tour plus acerbe. D’autre part, le sentiment de son innocence se dégage avec plus de netteté ; il en fait comme son refuge. Il commence par repousser avec ironie les prétendues consolations des amis, qui, au fond, n’ont rien dit de nouveau (Job 16.2-5). Puis il dépeint avec de vives couleurs ses souffrances, qui sont d’autant plus intolérables que les hommes s’en prévalent pour l’abreuver de mépris et l’accuser d’impiété, alors que lui-même se sent innocent (Job 16.6-17). Il en appelle contre Dieu à Dieu lui-même et le supplie de se manifester enfin en sa faveur (Job 16.18-17.9). En terminant, il se tourne de nouveau contre ses amis, auxquels il s’adressait déjà en commençant et il retombe dans les plaintes que lui inspire son misérable état (Job 17.10-16).
Des choses pareilles : de votre propre bouche. Vous ne faites que vous répéter.
Tous. Job sait que les deux autres amis pensent comme Éliphaz.
Fâcheux : qui ne font qu’aggraver la douleur du malheureux.
Paroles en l’air. Job renvoie à Éliphaz le reproche que celui-ci lui avait adressé, Job 15.2.
Votre sagesse n’est pas difficile à pratiquer. Si j’étais en bonne santé et que vous fussiez dans ma situation, je me chargerais de parler comme vous le faites.
Ironique. Je vous encouragerais, mais seulement de ma bouche, non pas du cœur. C’est ainsi que vous en usez a mon égard.
Que je parle ou me taise, ma souffrance n’en pèse pas moins lourdement sur moi. Aussi pourrais-je hésiter. Mais (verset 7) il s’est produit des faits qui m’obligent à parler. Ici Job interpelle Dieu, qui a fait de lui un objet d’horreur pour le nombreux cercle qui l’entourait aux jours de sa prospérité.
Tu m’as terrassé et maintenant on conclut de ma misère à ma culpabilité.
Mes souffrances imméritées, littéralement : Mon mensonge, c’est-à-dire les péchés qui me sont imputés à tort, grâce à un mensonge.
Ici il est question d’adversaires terrestres, dont les trois amis ne sont que des spécimens.
Ma corne dans la poussière : comme un taureau vaincu qui gît à terre.
Que la terre n’absorbe pas mon sang pour l’empêcher de crier vengeance.
Il y a une contradiction apparente dans ces paroles. Job se prétend abandonné et méconnu de Dieu ; cependant, repoussé par ses amis, c’est vers lui qu’il se tourne. Il en appelle, si l’on peut s’exprimer ainsi, de Dieu mal informé à Dieu bien informé. Nous voyons dans ce passage, auquel correspondra bientôt l’élan plus grandiose de Job 19.23-27, la foi de Job triompher de ses angoisses. C’est le fil d’or qui l’aide à traverser le sombre labyrinthe où se perdent ses pensées.
Maintenant déjà. Par la foi je sais ce qu’on verra plus tard.