Verset à verset Double colonne
Le silence des amis finit par irriter Job. Il pressent quelque chose d’hostile dans ce mutisme. De là l’amertume que nous remarquons dans cette première explosion de la plainte de Job. Il voudrait n’être jamais né (versets 3 à 10), ou du moins être mort en naissant (versets 11 à 19) ; il souhaite la mort (versets 20 à 26). Il semble s’apaiser un peu, à mesure qu’il décharge son cœur, car la troisième strophe est plus courte que la seconde (quatorze vers contre dix-huit) et la seconde plus courte que la première (dix-huit vers contre vingt).
Les versets sont composés de deux ou de trois vers parallèles, qui souvent expriment une même pensée, soit sous la forme d’un contraste, soit sous celle d’une gradation.
Job, dans son langage poétique, traite la nuit où il est né comme une personne à laquelle il souhaite les plus grands malheurs. Si l’on pouvait appliquer à l’hébreu notre terminologie, on dirait que les deux premiers chapitres sont de la poésie épique ; avec le chapitre 3, nous entrons dans un genre passionné, qui tient à la fois du lyrisme et du drame.
La nuit qui a dit… La nuit sait ce qui se passe en elle.
Que Dieu ne s’en informe pas : pour lui fournir sa lumière.
Des éclipses, littéralements : des obscurcissements de jour, c’est-à-dire tout ce qui peut rendre un jour sombre et triste : éclipse, orages, sables volants.
Qu’elle ne compte pas, littéralement : Qu’elle ne se réjouisse pas, qu’elle n’ait plus désormais la satisfaction de figurer à son rang parmi les autres subdivisions de l’année.
Soit stérile. Cette nuit néfaste ne doit plus présider à la conception de personne.
Job réclame l’appui efficace des magiciens, que l’on croyait capables de provoquer, par l’entremise du Léviathan, de grandes perturbations dans le ciel.
Le léviathan. Ce mot, selon l’étymologie, désigne un animal flexible qui s’attache à sa proie en l’entourant de ses replis, puis en général un monstre marin, tel que le crocodile (Job 40.20 et suivants). Ici il s’agit probablement d’un animal légendaire, d’une sorte de dragon qu’on pensait retrouver dans la constellation (Job 26.13) de ce nom, voisine de la Grande Ourse. Le grand serpent avait, pensait-on, le pouvoir d’envelopper les astres et de produire ainsi les éclipses.
Les paupières de l’aurore. Le soleil est l’œil de la nature.
Ne pouvant faire qu’il ne soit pas né, Job voudrait du moins être mort en naissant, ou bientôt après, faute de soins.
Avec les rois… Ces mots prouvent qu’il s’agit ici, non pas du repos de la tombe, puisque tous ne sont pas enterrés dans le même lieu, mais du repos de l’âme dans les lieux infernaux, le schéol.
Des ruines : des palais, qui bientôt devaient tomber en ruines ; ou bien des solitudes, de vastes mausolées où règne un silence profond.
Comme l’avorton. Aux hommes qui ont le plus fait parler d’eux et qui ont brillé à la tête des plus fructueuses entreprises, il oppose ces êtres ignorés que l’on n’a montrés à personne et qui n’ont point eu de carrière. Dans la mort, même silence pour les uns et pour les autres.
Début du verset : oppresseurs ; fin : opprimés.
Job vit. Mais pourquoi ne pas lui envoyer la mort ?
Pourquoi donner…? Job ne prend pas encore directement Dieu à partie.
Et qui la recherchent, littéralement : Qui creusent pour l’obtenir.
À l’homme. Ces mots dépendent de : Pourquoi donner la lumière… ? (verset 20) Cet homme, c’est Job.
Que Dieu enferme de toutes parts : non plus pour le préserver du malheur (Job 1.10), mais pour l’empêcher d’y échapper.
Après la perte de mes troupeaux, je disais : Pourvu que mes enfants, me restent ! Et ils étaient frappés. Et ainsi de suite…