Verset à verset Double colonne
C’est ici proprement que se trouve la réfutation de l’assertion de Job, que Dieu le traite injustement. Après une introduction (versets 2 à 9), le sujet principal est développé (versets 10 à 30) ; les versets 31 à 37 sont la conclusion de l’application.
Avant tout, Élihu s’adresse aux sages qui l’entendent ; voir verset 34. Il ne peut désigner ainsi les amis de Job ; qu’on se rappelle comment il vient de leur parler (Job 32.3 ; Job 32.12 ; Job 32.15) ! Il en appelle à tous les assistants quelque peu sensés, et, par là même, l’auteur intéresse ses lecteurs aux débats qui vont suivre.
Car. Je m’adresse à votre jugement, car l’homme a des oreilles pour entendre et éprouver ce qu’on dit ; comparez Job 12.11.
L’oreille n’est pas séparée ici du sens moral.
Ce qui est bien. Comparez 1 Thessaloniciens 5.21.
Reprise plus détaillée, mais moins précise, de Job 23.9-11. Il n’y a que la fin du verset qui soit une citation : voir Job 27.2.
Et je passe pour menteur : quand je prétends avoir raison.
Ma blessure, littéralement, ma flèche, le trait qui m’a atteint (Job 6.4 ; Job 16.13).
Dans son indignation, Élihu s’interrompt lui-même et anticipe le jugement qui ne sera officiellement prononcé qu’après les débats (versets 35 et 36). Comme de l’eau. Voir Job 15.16.
Élihu est aussi sévère qu’Éliphaz dans Job 22.15.
Job n’a à la vérité, jamais rien affirmé de pareil ; mais ce qu’il a dit, c’est qu’on ne voit pas toujours de différence entre le sort des bons et celui des méchants (Job 9.23-24 ; Job 21.7 et suivants ; Job 24.1 et suivants).
Élihu cherche à établir que Dieu ne fait jamais que le bien et rend toujours à l’homme selon ses œuvres. Comment admettre qu’un Dieu tout-puissant, qui n’a créé le monde et ne le conserve que par libre amour, maltraite à plaisir ses créatures ?
Qui lui a remis le soin de la terre ? Personne.
Qui a établi tout l’univers ? Lui seul.
Comparez Psaumes 104.29. Il serait bien facile à Dieu de détruire le monde. S’il ne le fait pas, c’est qu’il l’aime.
Ici Élihu prend Job directement à partie.
Quand on règne comme Dieu règne, on ne hait pas le droit. Comment donc condamner Dieu, qui est le juste par excellence ?
Si déjà l’on est coupable quand on médit des dignitaires humains, combien plus quand on accuse d’injustice un Dieu qui est tellement élevé au-dessus de tous, qu’il n’a aucune raison de faire acception des personnes !
D’autres, avec un léger changement au premier mot du verset 18 : haomer (lui qui dit) au lieu de haamor (dit-on ?), entendent : Dieu qui, à l’occasion, reprend un grand de la terre aussi vivement qu’un petit, pourquoi pervertirait-il le droit ?
Développement de la pensée que Dieu appesantit sur tous sa forte main en dépit de ce que Job a exposé au chapitre 24.
Ils meurent : les puissants.
Mais non par une main d’homme, littéralement : et non par main. Comparez Zacharie 4.6 ; Daniel 2.34. Il semble qu’aucune cause n’ait amené la ruine de ce puissant, tant l’action de Dieu échappe à nos observations et à nos calculs.
Des procédés aussi sommaires sont légitimes de la part d’un être qui, pour tout savoir, n’a besoin de prendre aucune information.
De nuit : à l’improviste (verset 20).
Malgré leur rang élevé, il les punit, publiquement, comme de simples malfaiteurs.
S’il donne du repos : à l’opprimé, par la chute du méchant.
S’il cache sa face, qui le verra ? Si, irrité, il se retire et se rende invisible, qui pourra l’obliger à se montrer de nouveau ?
Car. Dieu punit à bon droit cet impie, car il ne s’est jamais repenti et humilié. Il n’a jamais pris la résolution de changer.
Ici Élihu s’adresse directement à Job et montre qui il entendait par l’impie des versets 30 et 31.
Et que c’est toi qui choisis : qui te permets de proposer une nouvelle manière de rendre la justice.
Et non pas moi : Élihu se confond ici avec Dieu.
Soit éprouvé à toujours : continue à être dans le creuset.
Il bat des mains : il se moque de nous et semble avoir déjà remporté la victoire.