Verset à verset Double colonne
Voilà Job replacé dans l’attitude qui seule convient à l’homme vis-à-vis de Dieu. Maintenant l’Éternel peut insister plus outre et chercher à faire sentir à Job une seconde faute dans laquelle il est tombé, quand il a mis en doute la justice divine. Tel sera le sujet de son second discours. Après l’avoir humilié en lui demandant : Comprends-tu cet univers, toi qui prétends juger mes voies ? Il va lui proposer de gouverner le monde à sa place.
Plusieurs estiment que ce nouveau discours de Dieu s’arrêtait primitivement à Job 40.9 et que les deux longues descriptions, fort belles du, reste, qui suivent (hippopotame et crocodile), sont une adjonction postérieure. Nous ne le pensons pas ; ces deux tableaux ne sont point des hors d’œuvre : Toi qui es incapable de dompter ces animaux, comment réprimerais-tu le mal spirituel et ferais-tu régner la justice dans un monde où s’agitent de bien autres puissances que les monstres du Nil ?
Exposition du sujet spécial qu’il reste à traiter : la justice. C’est ici que, pour se justifier, Dieu, semble-t-il, aurait dû mettre Job au courant de la scène céleste. Mais non ! Il faut croire sans comprendre.
Voir Job 38.1.
Ibidem, Job 38.3.
Me condamner pour te justifier ? Toute solution qui sacrifie la justice de Dieu à celle d’un homme est fausse. Il en faut attendre une autre.
De l’idée de la justice, l’auteur passe à celle de la force : il ne suffit pas de connaître le bien, il faut encore être en état de le faire triompher sur le mal.
Regarde tous les hautains et abaisse-les ! D’un regard j’abaisse les orgueilleux ; fais-en autant !
Dans l’obscurité : des enfers.
Alors, moi aussi, je te louerai : si je te vois étendre ton sage empire sur les vivants et sur les morts.
Voici l’hippopotame. D’après ce qui suit, c’est bien ainsi et non par éléphant, qu’il faut rendre le mot hébreu behémoth, pluriel intensif de behéma : bétail : l’animal colossal. Mais en même temps, le mot de behémoth ressemble au nom égyptien de l’hippopotame : P-éhé-moû : le bœuf d’eau, en italien bomarino.
Que j’ai fait en même temps que toi. Il n’est pas le représentant d’une autre création que celle à laquelle tu dois toi-même la vie. D’autres entendent : que j’ai fait pour vivre à tes côtés et non pas au fond des déserts ou sur des monts inaccessibles ; ou bien encore : que j’ai fait aussi bien que toi.
Il mange de l’herbe (versets 14 et 15), bien que vivant dans l’eau. Il n’est pas carnassier et cependant qu’il est redoutable !
Voici, sa force est dans ses reins. Il peut faire chavirer les barques du Nil avec leur cargaison.
Sa vigueur dans les muscles de son ventre : qui est au contraire le côté faible de l’éléphant.
Il raidit sa queue comme un cèdre. Quand il dresse sa queue, elle présente la forme d’un tronc de cèdre, car elle est épaisse à son origine et s’amincit rapidement.
Il n’y a rien de mou en lui.
Il est le chef-d’œuvre de Dieu, littéralement : les prémices des voies de Dieu, comme si Dieu avait en sa faveur donné libre carrière à sa force créatrice encore toute fraîche. Ici, comme Job 39.20, il est parlé de Dieu à la troisième personne.
Sa faux : ses incisives énormes.
On a parfois traduit tout autrement : Son créateur (seul) approche de lui son épée, c’est-à-dire peut le faire mourir.
Car… Il a besoin d’une grande faux pour assouvir sa faim.
Se jouent près de lui. Il est inoffensif.
Lotus : lotus sylvestris, arbuste aux branches épineuses dont le fruit rappelle le pruneau.
Les saules de la rivière. Comparez Lévitique 23.10.
L’environnent. Il est là qui surnage, endormi, ayant narines, yeux et oreilles sur la même ligne horizontale au-dessus de l’eau.
Un Jourdain, non pas le Jourdain, car il n’y a pas d’hippopotames en Palestine, mais une rivière aussi considérable que le Jourdain.
Pour lui percer le nez : comme on fait aux chameaux.
Et d’abord, jusqu’à Job 41.2, l’impuissance de l’homme à réprimer cet immense saurien.
Tireras-tu le crocodile… ? L’ensemble de la description qui va suivre montre que le mot, léviathan, employé dans l’original et que nous avons conservé dans Job 3.8, sans le traduire (voir note à ce passage), doit être rendu ici par crocodile. Qu’il s’agisse ici du crocodile, c’est ce qu’on peut conclure de ce qui arrive encore et arrivait sans doute du temps de Job sur les bords du Nil : tous les jours cette bête vorace, bien loin de se laisser prendre, brise et détruit tous les engins de pêche qu’on tend au travers du fleuve. Ayant ouvert un de ces monstres, j’y trouvai deux gros hameçons, l’un dans son estomac, l’autre planté dans la peau épaisse de son gosier (Hasselquist, disciple de Linné).
Lui presseras-tu la langue…? Pourras-tu le traiter comme un poisson dont la langue est maintenue immobile par la ficelle de la ligne avec laquelle tu l’attires au bord ?
Procédés auxquels on a recours pour garder des poissons vivants dans l’eau du Nil, jusqu’à ce qu’on trouve à les vendre.
Sera-t-il tout heureux d’entrer à ton service avec la vie sauve ? Comparez Job 39.12.
Le crocodile est-il un article de commerce ?
Des associés, membres d’une corporation de chasseurs, ou bien de pêcheurs (Luc 5.7 ; Luc 5.10).
Les Cananéens : les trafiquants par excellence (Ésaïe 23.8 ; Sophonie 1.11 ; Zacharie 14.21).