Verset à verset Double colonne
1 Et la parole de l’Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois en ces termes :Le nouvel envoi de Jonas à Ninive.
Ce que je te dirai. La première fois, l’Éternel avait précisé exactement le message. Il semble maintenant qu’il veuille exiger de son serviteur repentant une soumission plus aveugle.
Selon la parole de l’Éternel. Ces mots font contraste avec sa désobéissance précédente (Jonas 1.3).
Une ville grande devant Dieu : grande au jugement de Dieu lui-même, qui discernait en elle la plus grande capitale du monde. Comparez Genèse 10.11-12.
Trois journées de chemin, c’est-à-dire environ 90 kilomètres de tour (voir à Jonas 1.2, note). L’on ne doit point se représenter une pareille surface entièrement couverte d’habitations. Cette ville immense en comprenait proprement trois complètement distinctes. La première et la plus récente des trois, tout au nord, un peu vers l’est, portant autrefois le nom de Dur-Sarrukin, était située près du village actuel de Khorsabad, où l’on a retrouvé le palais du roi Sargon, le destructeur de Samarie (Ésaïe 20.1, note). La seconde, beaucoup plus ancienne, à environ 12 kilomètres au sud-ouest de la précédente, sur la rive gauche du Tigre, en face de la ville actuelle de Mossoul, portait proprement le nom de Ninive (Ninua). Sur son emplacement se trouvent aujourd’hui les deux villages turcs de Koyoundjik et de Nabî-Junus (le prophète Jonas) ; ce sont deux collines, séparées par une rivière, le Khosar, dont la première, au nord, renferme les ruines d’un palais de Sanchérib et de celui d’Assurbanipal ; la seconde, au sud de la rivière, les ruines d’un autre palais de Sanchérib et de celui d’Asarhaddon. Enfin, à 25 ou 30 kilomètres plus au sud-est se trouve le troisième groupe de ruines, l’emplacement de la plus ancienne des trois villes, Calach (aujourd’hui Nimroud), renfermant les restes de quatre palais magnifiques. Cette ville, déjà mentionnée Genèse 10.14, était située dans l’angle formé par le Tigre et son affluent, le Zab. Les vastes espaces vides que ces villes laissaient entre elles, étaient couverts, surtout du côté de l’est, où elles n’étaient pas protégées par le Tigre, de nombreuses forteresses. Le reste du sol pouvait être livré à la culture, ce qui permettait à la capitale de soutenir un très long siège. On n’a pu s’assurer encore de l’existence d’une muraille commune enfermant l’ensemble des trois villes. La muraille qui entourait la ville du milieu, Ninive proprement dite, était, d’après les anciens auteurs, haute de trente mètres et flanquée de 1500 tours de soixante mètres d’élévation chacune ; elle était assez large pour que trois chariots pussent y passer de front.
Le chemin d’une journée. Il ne faut point rapprocher cette expression de la précédente : de trois journées de chemin, pour en conclure que la partie parcourue par Jonas était le tiers de la ville ; car, au verset précédent, il s’agissait du pourtour, non de la longueur de cette capitale. Ces mots signifient seulement que Jonas commença le premier jour à parcourir la ville, puis que, quand il fut parvenu assez avant, il se mit à prêcher. Il ne se bornait pas, sans doute, à la menace indiquée, mais il la motivait, en rappelant aux Ninivites leurs péchés.
Encore quarante jours. Ce délai avait pour but de donner aux Ninivites le temps de se repentir.
Les Ninivites crurent Dieu. La parole de Jonas, trouvant un écho dans leur conscience, les convainquit que c’était Dieu qui parlait par la bouche de cet homme.
Sacs : vêtements grossiers que l’on revêtait en signe de deuil (Joël 1.13 ; Ésaïe 3.21 ; Genèse 37.34, etc.). Sans attendre l’ordre du monarque et sous la pression du sentiment public, un jeûne est proclamé.
La chose parvint ; d’autres traduisent : La parole (de Jonas) parvint jusqu’au roi. Notre traduction comprend et la prédication de Jonas et l’effet produit par elle ; elle nous parait préférable. Le roi, saisi de crainte comme ses sujets, donne l’exemple de la plus profonde repentance et aggrave les ordonnances déjà publiées par les magistrats de la ville ; il étend jusqu’aux bêtes les rigueurs du jeûne ; il s’agit du salut de tous.
Ni bêtes. Il peut paraître étrange d’associer les animaux à un jeûne public. Plusieurs exemples fournis par l’histoire prouvent que cela s’accorde avec les idées et les usages de ces temps. Encore aujourd’hui, on revêt de noir les chevaux des pompes funèbres et l’on associe au deuil de la nation le cheval de bataille d’un grand homme de guerre.
Les versets 8 et 9 montrent que la foi des Ninivites au Dieu de Jonas fut sincère, puisqu’elle produisit ses fruits ordinaires, la repentance et le renoncement au péché ; comparez Luc 11.30 ; Luc 11.32 ; Matthieu 12.41.
Mais comment cet inconnu, parlant au nom d’un Dieu étranger, a-t-il pu rencontrer une telle foi chez des païens ? Nous constatons, par les inscriptions retrouvées sur les monuments assyriens, que ce peuple était très religieux. Probablement aussi ils avaient, tout comme les Babyloniens, un grand respect pour l’art divinatoire. Il n’est pas étonnant que, dans ces conditions, l’apparition soudaine d’un inconnu, qui se disait appelé par son Dieu à prédire à Ninive sa destruction dans un temps déterminé, ait agi profondément sur la conscience du peuple et de ses chefs. La parole de Jésus : Jonas fut un signe pour les Ninivites (Luc 11.30) montre que ce ne fut pas seulement sa prédication, mais sa personne tout entière, à laquelle les événements récents donnaient un caractère de solennité particulière, qui firent impression sur le peuple.
Qui sait si Dieu… ? Il y a quelque chose de touchant dans cet appel indirect, si simple, si humble, adressé à la miséricorde divine. C’est un spectacle émouvant que tout ce peuple attendant dans le deuil le plus profond ce que Dieu décidera.
Et Dieu se repentit. Comparez Joël 2.14 note. L’intention de Dieu n’était pas de faire entrer les Ninivites dans son alliance, ni même de les épargner définitivement.
Il se proposait plutôt de montrer à Jonas et par lui à Israël, que Dieu est aussi le Dieu des païens et que, parmi ceux-ci, il pourra, quand il le trouvera bon, se former un peuple bien disposé.
Et ne le fit pas. Ou bien ces mots nous transportent déjà à la fin des quarante jours de répit accordés à Ninive et dans ce cas-là, il faudra placer toute la scène du chapitre 4 entre l’Éternel et Jonas après ce moment ; ou bien l’on devrait envisager ces mots : et ne le fit pas, comme exprimant par anticipation le résultat obtenu par la repentance des Ninivites. Voir à Jonas 4.1.
La promptitude des Ninivites à se repentir prouve qu’ils n’étaient pas encore mûrs pour le jugement. C’est pourquoi Dieu les épargne. Cent ans plus tard, au contraire, la mesure se trouva comble et la ruine (qu’annoncera bientôt Nahum) s’accomplit par les forces réunies de Cyaxare, roi des Mèdes et de Nabopolassar, gouverneur de Babylone.