Verset à verset Double colonne
Les dispositions prises par Jésus
Aux approches de Jérusalem, vers Bethphagé, Jésus envoie deux de ses disciples chercher une ânesse et son ânon. Ainsi fut accomplie la prophétie qui annonçait à la fille de Sion l’arrivée de son Roi (1-5).
Le cortège formé par les disciples et la foule
Les disciples amènent l’ânon, le couvrent de leurs vêtements. Jésus s’assied dessus. L’enthousiasme s’empare de la foule ; elle jonche la route de vêtements et de branches d’arbres et salue Jésus du cri de : Hosanna au fils de David (6-9) !
L’impression produite à Jérusalem
Toute la ville est émue. Elle se demande qui est Jésus. La foule qui le suit répond : C’est le prophète, Jésus de Nazareth (10-11) !
Comparer Marc 11.1-11 ; Luc 19.29-44 ; Jean 12.12-19.
Bethphagé, « maison des figues », localité inconnue dans l’Ancien Testament. Il n’en reste plus aucune trace et on en ignore même la situation précise.
On a pensé que ce nom de Bethphagé désignait, non un village, mais un faubourg de Jérusalem, entre les murs de la ville et le Cédron (Edmond Stapfer, La Palestine Au Temps de Jesus-Christ , pages 66-67), ou bien la banlieue tout entière du côté du mont des Oliviers (Frédéric Godet, commentaire sur Luc 19.29).
Ces opinions se fondent sur le Talmud, qui mentionne plusieurs fois ce nom. D’autre part, M. Félix Bovet (Voyage en Terre Sainte, 7e édition, p. 202) a observé :
à l’extrémité de l’étroit plateau qui se trouve au sommet de la montagne, un petit village qu’il serait assez tenté de prendre pour Bethphagé.
Il est naturel, d’après les récits comparés des évangiles, de le chercher entre Béthanie et Jérusalem. Or cette supposition est appuyée par Schubert (Voyage en Orient, tome II, p. 569 et 571), qui a trouvé au même lieu « des maisons entourées d’arbres ». Il les prit d’abord pour Béthanie, mais il y reconnut bientôt la situation de Bethphagé. Il place cette localité sur le col qui sépare les deux sommités du mont des Oliviers.
S’il en est ainsi, on se demande seulement pourquoi Marc et Luc nomment Bethphagé avant Béthanie, qui, plus à l’est, se trouve en premier sur la route. On ne saurait le dire. Ce qui leur importe, c’est de marquer l’approche du mont des Oliviers et de Jérusalem ; et comme ils ne rapportent pas les séjours de Jésus à Béthanie, ils sont avant tout préoccupés de Bethphagé, où les deux disciples vont être envoyés pour préparer l’entrée à Jérusalem.
D’après les récits des trois premiers évangiles, il semble que Jésus, avec le cortège qui l’accompagnait, serait allé directement de Jéricho (Matthieu 20.29) à Jérusalem, tandis que, d’après la relation de Jean (Jean 12.1), il s’arrêta à Béthanie, au moins un jour et partit de là pour faire son entrée à Jérusalem (verset 12 et suivants). En outre, d’après Jean, le repas qui eut lieu à Béthanie et où Jésus fut oint par Marie, eut lieu « six jours avant la Pâque », tandis que Matthieu (Matthieu 26.6) et Marc (Marc 14.3) paraissent le placer deux jours avant la fête. Jean rectifie sur ce point comme sur d’autres (Jean 3.24) la tradition synoptique.
versets 1b Alors, petit mot que nos versions ordinaires ont cru pouvoir omettre comme superflu et qui a une grande signification. Plusieurs fois Jésus était entré à Jérusalem, mais en silence et comme perdu parmi la foule ; maintenant, parvenu au terme de son dernier voyage, il ordonne lui-même à ses disciples de lui préparer cette entrée royale par laquelle il prend solennellement possession du royaume qu’il va fonder (Marc 11.10). Il sait que son heure est venue, que ceux qui ont cru en lui sont prêts à l’acclamer de leurs hosannas ! (verset 9) et quant à ses adversaires, dont le parti est pris, il n’a plus à ménager leurs préjugés. Moment décisif et tragique dans sa vie.
La bourgade où Jésus envoie ses disciples est sans doute Bethphagé.
La précision de toutes les indications que Jésus donne à ses disciples nous dévoile la parfaite connaissance qu’il avait de tout ce qu’ils allaient rencontrer en s’acquittant de leur mission. Il sait qu’ils trouveront l’ânesse et l’ânon dès leur entrée dans la bourgade (aussitôt) ; il sait que leur propriétaire, qui sans doute le connaissait, les cédera sans difficulté, parce qu’il en a besoin dans ce moment solennel.
Les trois premiers évangiles sont en parfait accord, excepté sur un seul détail. Tandis que Matthieu mentionne, à côté de l’ânon, l’ânesse, sa mère, Marc et Luc, aussi bien que Jean, ne parlent que de l’ânon. C’est que cet ânon sur lequel Jésus devait monter importait seul au récit. Matthieu est ici plus complet. La critique rationaliste a tort de prétendre qu’il ajoute ce détail pour se conformer à la prophétie qu’il va citer (verset 4) et qu’il aurait mal comprise.
Cette prophétie, le Sauveur lui-même voulut l’accomplir d’une manière littérale ; aussi Jean (Jean 12.15) en marque-t-il également la réalisation dans son récit.
Matthieu la cite librement d’après les Septante et en combinant deux passages des prophètes. Les premiers mots : Dites à la fille de Sion, sont empruntés à Ésaïe 62.11. La fille de Sion est un hébraïsme désignant Jérusalem tout entier. La prophétie elle-même est tirée de Zacharie (Zacharie 9.9), où on lit dans l’hébreu « Tressaille de joie, fille de Sion, pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici ton Roi vient à toi, juste et victorieux (ou Sauveur), lui pauvre et monté sur un âne et sur un ânon, fils d’une ânesse ».
Voici maintenant la citation de Matthieu littéralement traduite d’après le vrai texte : « Voici, ton Roi vient à toi, doux et monté sur un âne et sur un poulain, fils de celle qui est sous le joug », ou d’une bête de somme. Il est évident que, soit dans l’hébreu, soit dans la citation de Matthieu, le mot : et sur un poulain signifie : c’est-à-dire sur un poulain et l’évangéliste, comme le prophète, n’attribue à Jésus qu’une seule et même monture. Cette remarque est nécessaire pour prévenir un étrange malentendu attribué à Matthieu par une certaine critique dans l’interprétation du verset 7 (voir la note).
La pensée du prophète et celle de l’évangéliste, en nous décrivant l’humble monture du Sauveur au moment de son entrée royale à Jérusalem, est clairement indiquée par leurs expressions : ils y voient le signe de la douceur et de l’esprit pacifique, de la pauvreté et de l’abaissement du Messie, au moment même où il aurait pu aspirer à la puissance et à la gloire.
Voici la traduction littérale de ce verset 7 : « Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon et ils placèrent sur eux leurs vêtements et il s’assit sur eux ». Le bon sens aussi bien que la grammaire veut que ce dernier sur eux se rapporte aux vêtements (à ceux qui étaient sur l’ânon) et nullement aux deux animaux, interprétation qui attribuerait à Matthieu, comme se sont hâtés de le faire plusieurs critiques, la pensée grotesque et impossible que Jésus aurait monté les deux bêtes à la fois, ou l’une et l’autre tour à tour.
Le verset 5 prouve assez du reste que telle n’était pas la pensée de l’évangéliste. Il faut remarquer encore que le vrai texte porte : il (Jésus) s’assit dessus, tandis que la fausse variante du texte reçu dit : ils (les disciples) l’assirent dessus.
Ces démonstrations se pratiquaient dans l’antiquité pour rendre à un roi des honneurs extraordinaires (2 Rois 9.13).
Ces vives acclamations qui s’adressaient au fils de David, c’est-à-dire au Roi-Messie, avaient dans l’esprit de la foule qui les faisait entendre un sens éminemment religieux et prophétique, en ce qu’elles étaient empruntées au Psaumes 118.25-26.
Ce magnifique psaume qui se chantait à la fête des tabernacles, était devenu en général un cantique de réjouissance pour toutes les occasions solennelles et heureuses.
Le mot : Hosanna (Hébreux : hoschia na) signifie : sauve, je te prie. Les mots : dans les lieux très hauts faisaient monter ce vœu, cette prière jusqu’au trône de Dieu (Luc 2.14) jusqu’au plus hauts cieux (Éphésiens 4.10) d’où descendait celui qui vient au nom du Seigneur.
Toute la ville fut mise en émoi par cet immense cortège et par les acclamations qu’il faisait entendre.
La question : Qui est celui-ci ? venait de ceux des habitants de Jérusalem qui ne connaissaient point encore Jésus ; et la réponse qui suit était donnée par les foules qui lui faisaient cortège en lui rendant hommage. Comme la plupart de ceux qui composaient ces foules venaient de la Galilée, ce n’était pas sans un certain orgueil national qu’ils annonçaient, comme originaire de leur province, le grand prophète, prédit par les Écritures et manifesté comme tel par toute sa vie.
Ainsi fut atteint l’un des buts de cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Il y fut acclamé en présence de cette population qui n’avait fait aucune attention à sa parole et à ses œuvres. Mais, en même temps, les caractères de cette entrée royale étaient propres à détruire les fausses espérances messianiques de son peuple. Et ce ne fut qu’après sa résurrection et son retour dans la gloire, que ses disciples eux-mêmes comprirent toute la spiritualité et la grandeur divines de son éternelle royauté.
Les vendeurs chassés
Jésus chasse vendeurs et acheteurs du temple et leur reproche dans des termes empruntés aux prophètes de profaner la maison de Dieu (12-13).
Guérisons opérées
Jésus guérit des aveugles et des boiteux (14).
Louanges des enfants et protestations des autorités
Les grands sacrificateurs émus des actes dont ils sont témoins, indignés des hosannas des enfants, invitent Jésus à faire taire ceux-ci. Jésus réplique par la parole du Psaume qui affirme que de la bouche des enfants Dieu tire sa louange. Puis il les laisse et se retire à Béthanie (15-17).
Dans le lieu sacré (hieron), comprenant le temple et toutes ses dépendances, tandis que le temple proprement dit (naos) désignait le sanctuaire et le lieu très saint.
Les mots : de Dieu manquent dans Codex Sinaiticus, B et les versions égyptiennes ; mais il parait que Matthieu les a ajoutés avec intention pour relever le caractère sacré du lieu qu’il nous montre profané par un trafic illicite.
Comparer Marc 11.11 note.
Cette scène se passe dans le parvis extérieur du temple, appelé le parvis des Gentils, parce que les païens eux-mêmes y avaient accès. Là s’étaient établis ceux qui vendaient des victimes, de l’encens, de l’huile, du vin et tout ce qui était nécessaire aux sacrifices.
Les changeurs opéraient l’échange des monnaies étrangères contre celle du pays, en particulier contre les didrachmes avec lesquelles il fallait payer le tribut du temple. Le bruit qui se faisait dans cette enceinte, les fraudes qui s’y commettaient, profanaient le saint lieu et troublaient là dévotion des fidèles.
Jésus, faisant usage de son autorité messianique (Malachie 3.1-2), purifie donc la maison de Dieu et donne en même temps à son action une signification symbolique profonde (1 Corinthiens 3.16-17 ; Éphésiens 2.21).
Il n’est point nécessaire de voir un miracle dans l’obéissance de cette foule qui se laisse expulser ainsi par l’autorité de Jésus. L’impression que produit sur elle sa majesté divine perçant au travers de son humilité, fait que chacun cède devant lui (comparez Jean 18.6), mais Jésus ne fait usage de sa puissance que pour purifier le temple ; après cet acte d’autorité, il revient à son humble ministère de dévouement et d’amour.
On lit dans Ésaïe 56.7 « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples » ; et dans Jérémie 7.11 « Est-ce à vos yeux une caverne de brigands, cette maison qui est appelée de mon nom » ?
Jésus combine librement ces deux paroles des prophètes et en fait un reproche sévère à l’adresse de ces trafiquants du temple, auxquels il ne craint pas d’appliquer l’épithète employée par Jérémie.
Quant à la citation d’Ésaïe, elle est d’autant plus frappante que ce sont tous les peuples (les Septante traduisent : toutes les nations), ainsi les Païens eux-mêmes, qui doivent regarder le lieu sacré comme une maison de prière, au lieu de le profaner.
Le fait que raconte ici Matthieu, de concert avec Marc et Luc et qu’ils placent à la fin du ministère de Jésus, doit-il être identifié avec celui que rapporte Jean (Jean 2.14 et suivants), ou doit-il en être distingué ? En d’autres termes, Jésus a-t-il deux fois purifié le temple où est-ce là une seule et même action placée par les évangélistes à deux époques si distantes l’une de l’autre ? C’est là une question sur laquelle les opinions des interprètes ont toujours différé, depuis les temps des Pères jusqu’à nos jours.
Malgré les apparences contraires, il est assez certain qu’on ne peut identifier ces deux récits. Comment, en effet, attribuer aux évangélistes une erreur chronologique si énorme sur un fait si facile à constater ?
En outre, les paroles de Jésus, qui, dans l’une et l’autre de ces occasions, sont le point saillant du récit, sont absolument différentes, ce qui accuse deux événements distincts.
Enfin, si l’on considère que le récit de Marc avec les détails précis qu’il renferme doit remonter à un témoin oculaire (Pierre), on est forcé d’admettre que cet événement eut bien lieu à l’entrée de la semaine sainte. Et d’autre part, si le quatrième Évangile a pour auteur l’apôtre Jean, il ne peut faire erreur en plaçant une expulsion des vendeurs au commencement du ministère de Jésus (voir les commentaires de M. Godet sur Luc 19.45-46 et sur Jean 2.22).
Matthieu a seul conservé la mention de ces guérisons et du dialogue qui suit avec les principaux sacrificateurs (voir toutefois Jean 2.23).
Les merveilles que Jésus avait faites (ce mot ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament, il signifie des choses dignes d’étonnement ou d’admiration) étaient la purification du temple et les guérisons racontées au verset 4.
Cela déjà eût suffi pour indigner les sacrificateurs et les scribes. Mais ce qui les irrite surtout ce sont les cris de ces enfants, échos joyeux des acclamations au milieu desquelles Jésus avait fait son entrée à Jérusalem.
La question de ces adversaires : Entends-tu ce qu’ils disent ? est à la fois un reproche et un appel à l’humilité de Jésus. Peux-tu souffrir ces adulations qui profanent le temple ?
Psaumes 8.3, cité littéralement d’après les Septante qui diffèrent peu de l’hébreu. Avec un sentiment poétique et vraiment religieux, le psalmiste voit dans ces premiers signes d’intelligence et d’amour que donnent les petits enfants, une louange de Dieu. À plus forte raison Jésus pouvait-il en voir une très touchante dans les hosannas de ces enfants plus âgés qui l’entouraient dans le temple. Ceux-ci adressaient leurs hommages au Messie ; mais comme ce Messie se savait Fils et représentant de Dieu, il n’hésite pas à admettre que ces hommages glorifient Dieu même (Jean 5.23 ; Jean 13.31 ; Jean 14.13).
La suite de la parole des Psaumes que Jésus cite est : « à cause de tes adversaires, pour réduire au silence l’ennemi et le vindicatif ». Jésus supprime ces mots par ménagement pour ses interlocuteurs, mais ils connaissaient assez les Écritures pour achever d’eux-mêmes la citation.
Probablement dans la famille de Lazare, que Jésus avait visitée en se rendant à Jérusalem. C’est ici que parait pour la première fois dans notre Évangile ce nom de Béthanie, devenu si célèbre par la résurrection de Lazare.
C’était une bourgade située à quinze stades ou trois quarts de lieue au sud-est de Jérusalem (Jean 11.18), sur le penchant oriental du mont des Oliviers (Marc 11.1 ; Luc 19.29). Aujourd’hui on trouve à la place occupée jadis par Béthanie un pauvre village habité par des Arabes et des chrétiens et nommé El Aziriyeh (de El Azir, Lazare). Voir Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e édition, p. 203 et Philippe Bridel, La Palestine Illustrée, II
La malédiction
Le lendemain matin, Jésus, retournant à la ville, avait faim et voyant un figuier, il s’en approche, mais ne trouve que des feuilles ; il dit alors : Que jamais tu ne portes plus aucun fruit ! Le figuier sèche aussitôt (18-19).
La puissance de la foi
Les disciples s’écrient avec étonnement : Comment ce figuier a-t-il ainsi séché ? Jésus leur répond : Si vous aviez de la foi, vous feriez de plus grandes choses. Tout ce que vous demanderez en priant vous sera accordé (20-22).
Dans ce qui précède, Matthieu, selon son habitude de grouper les faits, sans égard à la chronologie, raconte de suite l’entrée de Jésus à Jérusalem et la purification du temple, puis ajoute l’histoire du figuier maudit.
Marc, dont le récit est plus exact, place l’histoire de ce figuier avant la purification du temple, celle-ci n’ayant eu lieu que le lendemain de l’entrée triomphale.
On sait que le figuier produit ses fruits avant ses feuilles. Jésus, quoique ce fut alors le printemps, voyant cet arbre couvert de feuilles, pouvait donc s’attendre à y trouver de ces figues précoces que les Orientaux nomment boccores, bien que la maturité régulière n’eût lieu qu’au mois de juin.
C’est ce qui explique l’observation de Marc (Marc 11.13), que « ce n’était pas la saison des figues » (voir la note). De plus ce figuier était seul de son espèce (grec un seul) sur le bord de la route.
Quant à la manière d’agir du Sauveur en cette occasion, il est évident que son intention n’était pas de prononcer une malédiction sur un objet animé et partant irresponsable, mais de reprocher à son peuple, par une action symbolique, la stérilité de sa vie morale. Cet acte a donc la même signification que la parabole du figuier stérile (Luc 13.6 et suivants).
Après avoir donné cet avertissement par un symbole, Jésus va le répéter dans des discours qui en seront le sérieux commentaire (verset Matthieu 21.28-44 ; Matthieu 22.1-14). C’est ainsi que, dans son ardent amour des âmes, il s’efforce, durant les derniers moments qui lui restent, de réveiller au sein de son peuple les consciences qui pouvaient l’être encore.
Cette question des disciples, aussi bien que leur étonnement montre qu’ils virent dans ce qui arriva au figuier un miracle produit par la parole et la volonté de leur Maître. C’est donc sans aucun fondement qu’une certaine exégèse suppose que le figuier était déjà presque mort. On ne saurait non plus voir dans ce récit un mythe que la tradition évangélique aurait tiré de la parabole du figuier.
La question des disciples prouve qu’ils s’arrêtèrent bien plus au fait extérieur de ce miracle qu’à sa signification symbolique.
Les disciples ont demandé comment s’était fait ce miracle. Or Jésus ne répond jamais à des questions de pure curiosité ; et, au fond, il n’y avait point là d’explication à donner ; mais comme l’étonnement des disciples était évidemment causé par la puissance que Jésus venait de déployer, c’est à cette pensée qu’il répond en leur déclarant avec solennité (en vérité) que par le moyen d’une foi ferme, vivante, exempte de tout doute, ils feraient des œuvres pareilles et même de plus grandes (comparer Marc 11.21, note). Une telle foi produirait en eux la vraie prière, faite avec foi (grec en croyant), à laquelle rien n’est impossible (comparer Matthieu 17.20, note).
Toutefois, en faisant de la foi la condition de l’exaucement, Jésus exclut tout arbitraire dans l’emploi de cette puissance extraordinaire. Celui qui prie en croyant, prie « au nom de Jésus » (Jean 14.13) c’est-à-dire en étant dirigé par son Esprit.
Jésus questionné sur son autorité
Jésus enseignant dans le temple, une députation vient lui demander par quelle autorité il agissait. Jésus leur répond par une question : Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ? Les adversaires, craignant soit d’être convaincus d’inconséquence, soit de se compromettre auprès du peuple qui tenait Jean pour un prophète, répondent : Nous ne savons. Alors Jésus refuse aussi de répondre sur l’origine de son autorité (23-27).
La parabole des deux fils
Après avoir repoussé l’attaque, Jésus prend l’offensive, en caractérisant la conduite de ses adversaires dans la parabole suivante : Un homme a deux fils qu’il invite à aller travailler dans sa vigne ; l’un refuse d’abord, mais s’étant repenti, il y va ; l’autre dit avec empressement : Oui, seigneur ! Mais n’y va point. Lequel a fait la volonté de son père ? Ils sont contraints de répondre que c’est le premier. Jésus leur applique alors directement la parabole en leur disant : Les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent dans le royaume de Dieu, car ils ont cru à la prédication de Jean-Baptiste, mais vous, vous n’y avez point cru et vous ne vous êtes point repentis à leur exemple (28-32).
La parabole des vignerons
Dans cette seconde parabole, Jésus représente la conduite des chefs du peuple dans le passé, le présent et l’avenir : Un maître de maison planta une vigne, y donna tous ses soins puis la loua à des vignerons. La saison des fruits étant venue, il envoya ses serviteurs pour les recevoir ; mais les vignerons les maltraitèrent. Il en envoya d’autres qui furent maltraités encore. Enfin il leur envoya son propre fils, pensant qu’il serait respecté. Mais les vignerons, voyant en lui l’héritier, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent pour s’emparer de son héritage. Que fera donc le maître ? À cette question, les auditeurs de Jésus répondent eux-mêmes : Il fera périr ces misérables et louera la vigne à d’autres. C’est ainsi, reprend Jésus, en appuyant sa déclaration d’une parole de l’Écriture, que le royaume de Dieu vous sera ôté et qu’il sera donné à une nation qui en produira les fruits (33-44).
L’effet produit
Les sacrificateurs et les pharisiens comprennent alors que c’était d’eux-mêmes que Jésus parlait ; ils cherchent à se saisir de lui, mais ils craignent le peuple (48-46).
Comparer Marc 11.27-33 ; Luc 20.1-8.
La grande lutte dans le temple entre Jésus et ses adversaires commence. Le peuple en suit les péripéties avec intérêt. Sa faveur met momentanément Jésus à l’abri des entreprises de ses ennemis. Le but de ceux-ci, dans les questions qu’ils lui posent, est de l’amener à des affirmations qui lui aliéneront la sympathie de la foule et pourront aussi servir de motifs de condamnation.
Les principaux sacrificateurs et les anciens faisaient partie du sanhédrin, le conseil souverain, qui avait la plus haute autorité en matière civile et religieuse. Ils viennent à Jésus comme députation officielle.
Leur double question est très précise : Quelle est ton autorité ? Et de qui la tiens-tu ? Nous, semblent-ils dire, nous ne t’avons point donné d’autorité : es-tu donc un envoyé direct de Dieu ?
Mais qu’entendent-ils par ces choses que Jésus faisait et qui les offusquent ? Était-ce son enseignement, dans lequel ils viennent l’interrompre, ou toute son action à Jérusalem depuis son entrée royale dans cette ville, ou enfin et surtout la purification du temple (verset 12 et suivants) ?
Les interprètes se divisent sur ce point, mais il n’y a pas de doute que ce dernier acte d’autorité ne fût le principal grief des membres du sanhédrin. Ils espéraient que Jésus déclarerait qu’il avait le droit de faire la police dans le temple, parce qu’il s’y trouvait dans la maison de son Père (Luc 2.49), étant le Fils de Dieu. Ils savaient quelle répugnance le peuple avait toujours montrée à accepter de Jésus une affirmation catégorique de sa divinité (Jean 5.18 ; Jean 8.59 ; Jean 10.31-39).
En la lui arrachant à ce moment, ils pensaient ébranler, ruiner peut-être du coup sa popularité.
Grec : Je vous demanderai, moi aussi, un seul mot ou une seule parole.
Cette question de Jésus correspondait exactement à la leur. Elle n’était nullement un faux-fuyant ni une manière de les réduire au silence, mais un trait pénétrant de vérité jeté dans leur conscience.
Si en effet le baptême de Jean, c’est-à-dire tout son ministère au sein d’Israël, était de Dieu, alors l’autorité de Jésus ne pouvait être douteuse.
Car Jean lui avait rendu témoignage par le Saint-Esprit (Jean 1.19-34). De plus, le baptême de Jean était un baptême de repentance administré à ceux que sa prédication avait convaincus de péché. Si donc les chefs du peuple avaient cru à cette prédication, s’ils s’étaient repentis, ils auraient cru aussi au Sauveur annoncé par Jean.
La question de Jésus était embarrassante pour ses adversaires. S’ils voulaient contester l’autorité de Jésus, ils devaient nier que Jean fut un envoyé de Dieu. Mais cette réponse, ils ne pouvaient y avoir recours (verset 26).
Les membres du sanhédrin se retirent à l’écart et se mettent à raisonner entre eux.
Ils se débattent entre les deux termes du dilemme que Jésus leur a posé. Ils ne trouvent d’autre issue que d’avouer leur ignorance et leur incompétence à se prononcer sur l’une des plus importantes manifestations religieuses de leur temps.
La crainte de la foule les retient de se déclarer ouvertement contre Jean-Baptiste. La vénération dont le peuple entourait la mémoire du prophète était si profonde, qu’une telle attitude leur eût fait courir les plus grands risques ; ils sont forcés de se dire : « Tout le peuple nous lapidera » (Luc 20.6).
Ils se réfugient donc dans cette défaite : Nous ne savons ; aveu humiliant pour eux, les conducteurs spirituels de la nation ; car leur devoir sacré eût été d’examiner la mission de Jean et de la recommander au peuple ou de s’y opposer, selon qu’elle était de Dieu ou des hommes.
Quelle confusion pour ces hommes et quel jugement de Dieu dans ce refus.
Le manuscrit B et quelques versions intervertissent l’ordre de ces deux fils, en sorte que celui qui se repent et obéit serait le second. La réponse (verset 31) est alors : Le dernier.
Quelques critiques et exégètes préfèrent cette leçon.
Matthieu seul a conservé cette courte mais frappante parabole par laquelle Jésus, après avoir contraint ses adversaires à avouer qu’ils étaient incompétents pour le juger (verset 27), les oblige à se juger eux-mêmes et à prononcer leur propre condamnation.
Il y a dans ces termes choisis : deux enfants, mon enfant, l’expression de la tendresse du père comme aussi du droit qu’il a d’être obéi. C’est par amour qu’il les invite à aller travailler à sa vigne, qui est le royaume de Dieu (verset 33 et suivants ; Matthieu 20.1 et suivants).
Le premier, d’abord insensible à cet amour, refuse nettement, franchement. Mais, bientôt, pénétré d’une sincère repentance, il y va et ne travaille qu’avec plus d’ardeur.
L’autre, au contraire, répond sans hésiter : Oui, seigneur (grec, moi, seigneur) ; moi, bien différent de mon frère, j’y vais ; mais malgré cette prompte obéissance des lèvres, malgré ce mot respectueux de seigneur il n’y alla point.
Quelle psychologie profonde dans ce contraste ! Une première résistance à la volonté de Dieu laisse beaucoup plus d’espoir pour le salut d’une âme que cette lâche indifférence, toujours prête à dire oui, mais qui n’a aucune énergie pour obéir (Apocalypse 3.16). Jésus, par la question qui termine son récit, tire de la bouche même de ses interlocuteurs la confession de cette vérité.
Jésus fait brusquement l’application de cette parabole à ses auditeurs.
Le premier des deux fils représente ces grands pécheurs qui avaient d’abord résisté aux commandements de Dieu, mais qui, à la voix puissante de Jean-Baptiste (verset 32), s’étaient repentis et convertis.
Le second fils est l’image de ces pharisiens qui paraissaient accepter toute la loi de Dieu et s’y soumettre, mais qui, par leur formalisme, n’en vivaient pas moins pour le monde et ses convoitises. Même la prédication de Jean-Baptiste ne put vaincre leur endurcissement et leur orgueil. Bien plus, l’exemple de tant de pécheurs repentants resta sans influence sur eux.
En effet, il faut lire, d’après B et les versets : « Mais vous, ayant vu cela, vous ne vous êtes pas même repentis ensuite ». Les mots : dans la voie de la justice, caractérisent a la fois la vie et le ministère de Jean-Baptiste, qui furent tous deux une proclamation de la justice divine. Une telle prédication est dans tous les temps le seul moyen de réveiller les consciences et d’amener les pécheurs à se repentir.
Comparer Marc 12.1-12 ; Luc 20.9-19. L’idée de cette parabole et plusieurs détails sont empruntés à Ésaïe 5.1 et suivants. On sait combien le Seigneur aimait à rattacher ses enseignements à l’Ancien Testament. Mais la similitude est admirablement développée en vue du but que Jésus se proposait. Ce but est évident : après avoir reproché aux membres du sanhédrin qui l’écoutaient (verset 23) leur impénitence, Jésus va leur faire sentir, par cette tragique histoire, leur culpabilité ; après les avoir amenés à prononcer leur propre jugement (verset 31), il va les juger à son tour en leur retraçant la conduite inique des chefs d’Israël dans tous les temps. Eux-mêmes combleront la mesure de ces iniquités par le meurtre de celui qui leur parle (verset 39).
Une haie ou clôture servait à protéger la vigne contre toute dévastation du dehors. Le pressoir se creusait, chez les Orientaux, dans la vigne même. Il se composait de deux bassins superposés, dont l’un servait à recevoir les raisins qu’on y jetait pour être foulés ; l’autre, placé en dessous, était destiné à recueillir le moût qui y coulait. Enfin la tour était un édifice de garde, bâti au milieu du vignoble et d’où l’on pouvait le surveiller tout entier. Il n’est pas nécessaire de chercher à ces traits, qui ornent le récit et donnent à la parabole un caractère si pittoresque, un sens symbolique. Ils servent, d’une façon générale, à montrer que le maître de la vigne ne lui épargne aucun soin.
Grec : il la remit à des agriculteurs et s’expatria (voir l’explication de la parabole verset 43, note). Cela ne veut pas dire que ces agriculteurs auraient à payer en argent le produit annuel de la vigne ; le maître avait conclu avec eux un marché pour la culture de sa vigne ; il devait recevoir tout ou partie de ses produits en nature (verset 34).
Ses fruits, auxquels il a droit, qui lui sont dus, en vertu du contrat. C’est à tort qu’on traduit ordinairement par : « les fruits de la vigne ».
Battre, tuer, lapider : gradation dans la méchanceté jusqu’à un supplice cruel.
Le maître avait bien le droit de s’attendre à ce respect, car il leur envoie son « fils unique, son bien-aimé » (Marc 12.6, note ; comparez Hébreux 1.1-2).
Jusqu’ici les vignerons ont maltraité et tué les serviteurs du maître, afin de ne pas lui livrer ses fruits ; maintenant qu’ils tiennent l’héritier, ils pensent qu’en le mettant à mort, rien ne pourra s’opposer à ce qu’ils prennent possession de son héritage.
Les mots : ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent, servent à décrire vivement cette scène tragique et il est douteux qu’il faille y voir une prédiction du fait que Jésus fut crucifié hors de Jérusalem (voir Marc 12.8, note).
Comparer verset 43. Jésus, par une question directe, force ses adversaires à prononcer sur eux-mêmes la terrible sentence qu’ont méritée les vignerons.
Le moment n’est pas éloigné où le peuple entier en fera autant pour son propre compte (Matthieu 27.25) ; et l’on sait avec quelle effroyable rigueur cette sentence fut exécutée quarante ans plus tard.
Dans Marc et Luc, c’est Jésus lui-même qui fait la question et la réponse. Le récit de Matthieu est plus dramatique : la conscience des interlocuteurs de Jésus les force à prononcer la condamnation des vignerons, c’est-à-dire leur propre condamnation.
C’est encore Matthieu seul qui a conservé ce rapprochement de termes, qui fait ressortir combien la condamnation est à la fois sévère et méritée : Il fera périr misérablement ces misérables. Mais ces mots, dans la bouche des adversaires, prouvent qu’ils ne s’étaient pas encore reconnus dans la personne des vignerons.
Psaumes 118.22, cité d’après les Septante.
Par ces paroles des Écritures, si connues de ses auditeurs et que Jésus s’applique à lui-même, il veut faire sentir aux chefs de la théocratie quel est ce fils de la parabole qui a été rejeté, mis à mort par les vignerons. Eux-mêmes sont les constructeurs insensés et coupables qui ont réprouvé la pierre de l’angle.
Cette pierre, dans l’image employée par le psalmiste, est celle qui, placée comme fondement à l’angle d’un bâtiment, supporte deux murs et soutient tout l’édifice. Voilà ce qu’est Jésus-Christ dans le temple spirituel qui va s’élever à la gloire de Dieu.
Cette destinée glorieuse, qui fait contraste avec sa réjection par les hommes, est l’œuvre et la volonté expresse de l’Éternel et restera l’objet de l’admiration des siècles (comparer Ésaïe 28.16, Actes 4.11 ; Romains 9.33 ; 1 Pierre 2.6).
Application directe du verset 41 et de la parabole tout entière.
Ces mots : je vous dis, vous sera ôté, désignent nettement les adversaires que Jésus avait devant lui comme étant les vignerons de la parabole et les constructeurs qui ont rejeté la pierre de l’angle. Et telle est la raison de la sentence qu’il prononce (c’est pourquoi).
Pour en bien comprendre la signification, il faut jeter un regard sur l’ensemble de la parabole. Le maître de maison qui planta une vigne et y donna tous ses soins, c’est Dieu qui, dans sa grande miséricorde, fonda sur cette terre plongée dans les ténèbres par suite du péché, un royaume de vérité, de justice et de paix. Il le confia à son peuple d’Israël, en particulier aux chefs de la théocratie juive. Il avait le droit d’en attendre et d’en exiger les fruits, fruits de la vie religieuse et morale : reconnaissance, amour, obéissance, sainteté.
Les serviteurs qu’il envoya à diverses reprises pour recueillir ces fruits sont ses saints prophètes, qui, hélas ! Furent de tout temps rejetés par le grand nombre, persécutés, mis à mort (Matthieu 5.12 ; Matthieu 23.31-37 ; Hébreux 11.35-38).
Quant au fils que le maître de maison envoya ensuite dans son immense amour (Jean 3.16), l’Évangile tout entier nous dit qui il est et nous l’entendons, dans cette parabole même, prédire sa réjection et sa mort. Les chefs de la théocratie de son temps eurent, malgré leur incrédulité, le pressentiment qu’il était l’héritier et qu’en le mettant à mort ils resteraient les maîtres et les possesseurs du royaume. Mais eux-mêmes, en prononçant sur les vignerons ce double jugement, que la vigne leur serait ôtée et qu’ils périraient misérablement, proclamèrent leur propre condamnation.
Et c’est cette sentence que Jésus confirme par ces mots : le royaume de Dieu vous sera ôté, vous en serez exclus et il sera donné, par pure grâce, à une nation, peuple de Dieu choisi du sein de tous les peuples, qui en produit les fruits. Jésus ne dit pas : produira, selon nos versions. Il parle au présent, parce que déjà il voit sous ses yeux les premiers fruits de ce nouveau royaume. On sait comment cette prophétie fut accomplie par la destruction de Jérusalem et la ruine de la théocratie juive et par l’établissement du royaume de Dieu parmi les nations païennes. La parabole des vignerons, comme tant d’autres déclarations, montre que tout l’avenir de son règne était devant les yeux du Sauveur.
Grec : le réduira en poussière, le dispersera comme de la poussière, ou plus littéralement encore, le criblera, vannera. Israël sera châtié non seulement en ce que le royaume lui sera enlevé, mais en ce que lui-même sera détruit. Ce verset exprime le côté positif et terrible du châtiment, dont le verset 43 indique le côté négatif.
L’image employée est présentée sous deux faces différentes.
D’abord la pierre est considérée comme gisant sur le sol et l’incrédulité aveugle vient s’y briser (Ésaïe 8.14-15). C’est le Sauveur dans son état d’humiliation.
Ensuite, cette même pierre est considérée comme tombant sur les rebelles et les réduisant en poussière, c’est le Sauveur dans sa gloire exerçant le jugement (Daniel 2.34).
Mais ces paroles, qui se retrouvent littéralement dans Luc à la suite de la même parabole, ne paraissent pas à leur place dans Matthieu. La parabole semble en effet terminée avec verset 43.
Aussi Griesbach, Lachmann, Tregelles, Westcot et Hort révoquent-ils en doute le verset 44, tandis que Tischendorf le supprime tout à fait. Il est vrai que ces critiques se fondent sur D seulement et sur les indications de quelques Pères, en particulier d’Origène. D’autres trouvent ces autorités insuffisantes. B. Weiss déclare le verset 44 certainement authentique ; s’il avait été pris dans Luc, on l’aurait introduit après le verset 42.
Ainsi, l’annonce des plus redoutables jugements de Dieu, clairement comprise par ceux qui l’entendent, vient se heurter à leur endurcissement et ne fait qu’exciter leur haine et leurs desseins meurtriers. Ce triste résultat des discours qui précèdent inspira à Jésus la parabole du Matthieu 22.1 et suivants