Verset à verset Double colonne
1 Et le peuple, se mettant à se plaindre, déplut aux oreilles de l’Éternel, et l’Éternel l’ayant entendu, sa colère s’enflamma ; et le feu de l’Éternel s’alluma parmi eux et il dévorait à l’extrémité du camp.Se mettant à se plaindre : à cause de ces trois jours de marche sans autre repos que celui de la nuit et sans campement régulier. Du reste le commencement de ce verset a été traduit d’un grand nombre de manières.
Et l’Éternel l’ayant entendu, sa colère… Maintenant que l’alliance est conclue, l’Éternel ne laisse pas ces murmures passer impunis comme auparavant (Exode 15.24 ; Exode 16.2 ; Exode 17.2).
Le feu de l’Éternel : peut-être la foudre tombant à l’extrémité du camp.
Tabeéra signifie embrasement. Comme ce nom ne se retrouve pas dans le catalogue des stations du chapitre 33 et qu’il n’est pas question d’un décampement entre les versets 3 et 4, on doit penser que Tabeéra n’était qu’une localité restreinte, l’extrémité de la station de Kibroth-Hatthaava (verset 34).
Le ramas de gens : voyez Exode 12.38, note.
De la viande. Les Israélites avaient sans doute des troupeaux avec eux ; mais ils n’auraient jamais suffi s’ils avaient dû servir à nourrir tout le peuple de viande (verset 22).
Pour rien. Les poissons sont si abondants dans le Nil qu’ils se vendent à vil prix.
Concombres. Le concombre vert qui atteint en Égypte une longueur de trente centimètres et qui est assez tendre et doux pour être mangé cru.
Melons. Les melons d’eau (hébreu : abattichim) s’appellent aujourd’hui encore battich ; ils sont cultivés en Égypte en si grande abondance qu’ils se vendent à vil prix sur le marché.
Poireaux. Pline dit que les poireaux d’Égypte sont recommandés pour leur délicatesse.
Oignons. Nulle part les oignons ne prospèrent comme en Égypte ; leur saveur en fait le mets de prédilection du peuple, qui les mange cuits ou rôtis. D’après Hérodote (II, 125), une inscription des pyramides indiquait combien les ouvriers qui y avaient travaillé, avaient mangé d’oignons et d’aulx. Tous ces aliments sont encore aujourd’hui la nourriture habituelle des basses classes en Égypte. Cette longue énumération fait contraste avec la manne toujours la même.
Desséchée. Parce que nous n’avons rien de succulent à manger.
Nous avons déjà vu une description de la manne Exode 16.14 ; Exode 16.31, voir les notes. Peut-être les détails nouveaux que nous trouvons ici doivent-ils montrer que la manne pouvait être apprêtée de manières diverses et que la lassitude du peuple se justifiait d’autant moins.
Bdellium : voir Genèse 2.12
Il la broyait… On se demande si ces verbes désignent une série d’opérations consécutives que doit subir la manne, ou si chacun d’eux représente un mode de préparation distinct. Cette dernière alternative est la plus probable, en tout cas il faut distinguer comme deux apprêts différents la manne cuite au pot, c’est-à-dire bouillie et la manne cuite au four en gâteaux. Il est impossible de traiter de la sorte la manne naturelle provenant du tamarix, laquelle est molle et ne se cuit point.
Dans chaque famille. Un violent mécontentement se répand dans tout le peuple : une révolution se prépare.
Cela déplut à Moïse : placé entre le peuple en révolte et l’Éternel irrité, il se sent écrasé par sa tâche.
Trouvé grâce. Pourquoi n’as-tu pas acquiescé à mes refus, quand tu m’appelais à me mettre à la tête du peuple ? (Exode, chapitres 3 et 4).
Le nourricier. Ce terme s’applique à l’acte de nourrir sous toutes ses formes et en général à celui d’élever (Ésaïe 49.23 ; 2 Rois 10.1-5).
Mon malheur. Les scribes proposent une correction qui n’est pas nécessaire : soit, son malheur, le malheur du peuple, soit ton malheur, le mal que tu envoies au peuple.
La plainte de Moïse est amère. Il déclare son rôle de médiateur intolérable, car il se trouve entre le peuple qui réclame de lui l’impossible et Dieu qui dans sa colère se détourne du peuple ; et Moïse reste seul, chargé d’une tâche écrasante. Dans son découragement il appelle la mort. Cette plainte était justifiée aussi l’Éternel ne blâme-t-il point Moïse de la hardiesse de son langage ; il tient compte de l’angoisse de son serviteur et il lui vient en aide, d’abord en lui associant des aides, puis en intervenant directement par l’envoi des cailles.
Soixante-dix hommes. Moïse n’avait pas demandé de collaborateurs humains ; il s’était plaint seulement que Dieu se désintéressât de son peuple. Dieu juge à propos de répondre à cette plainte sous cette forme : pour lui ôter le sentiment de son isolement il lui associe des conseillers qui partageront avec lui la responsabilité de la conduite du peuple.
Ces aides ne sont point les juges que Moïse institua sur le conseil de Jéthro (Exode chapitre 18) et qui n’avaient à s’occuper que des affaires litigieuses, ni les soixante-dix anciens qui montèrent, avec Moïse et Aaron sur le mont Sinaï et dont le mandat de représentants du peuple ne fut pas prolongé (Exode 19.7 ; Exode 24.1-9). Les conseillers dont il est ici question devront porter avec Moïse le fardeau du peuple, c’est-à-dire l’aider à le diriger et à pourvoir à ses besoins. Nous n’avons aucun détail sur la manière dont ils remplirent leur mandat, ni même sur la nature de ce mandat. On a supposé qu’ils formaient un corps destiné à fonctionner périodiquement ou dans toutes les circonstances graves, sinon en permanence ; les Juifs ont vu dans ce conseil d’Anciens l’origine du Sanhédrin qui cependant ne paraît que longtemps après le retour de l’exil.
Que tu saches être Anciens : et par là même influents et capables d’exercer une action salutaire sur le peuple.
Il n’y aura ni déperdition spirituelle pour Moïse, l’esprit n’étant pas une quantité qui diminue en se divisant, pas plus qu’une flamme ne baisse lorsque d’autres lumières y sont allumées ; ni affaiblissement d’autorité par manque d’unité dans l’action, car ces conseillers agiront dans le sens de Moïse, étant animés du même esprit que lui.
Sanctifiez-vous : car l’Éternel va intervenir directement.
Un mois entier. Cette promesse est en même temps une menace : les Israélites recevront plus qu’ils n’ont demandé, et cela, à tel point que l’abondance engendrera le dégoût.
Comme les disciples lors de la seconde multiplication des pains, Moïse semble avoir oublié que la toute-puissance divine s’est déjà manifestée dans un cas analogue.
Les poissons de… Il est évident que cette manière de s’exprimer est une simple supposition et qu’elle ne prouve absolument rien en faveur de l’itinéraire que nous avons rejeté.
Est-elle raccourcie ? Ou bien : Dieu ne peut-il faire de nouveau ce qu’il a fait déjà ? Ou bien : Est-elle trop courte ? Moïse mérite cette parole de reproche parce qu’il persiste dans sa résistance, malgré l’assurance qu’il a reçue que l’Éternel y pourvoira (verset 18).
Sortit : du Lieu très saint où il avait parlé avec Dieu.
Autour de la Tente : en demi-cercle devant l’entrée de la Tente.
Descendit : dans la nuée qui se transporta de dessus le Lieu très saint au-dessus du seuil de la Demeure.
Et lui parla : lui parla relativement à ce qui allait se passer.
Ils prophétisèrent. Cela ne veut pas dire qu’ils annoncèrent l’avenir, mais qu’ils se mirent à parler sous l’impulsion de l’Esprit, peut-être dans un état extatique et avec ces mouvements étranges qui accompagnaient parfois l’inspiration (1 Samuel 10.10-13 ; 1 Samuel 19.20 et suivants).
Ils ne continuèrent pas : sans que pour cela l’Esprit se fût retiré d’eux, mais son action prit un caractère plus calme.
Restés dans le camp. Ce fait prouve que ce n’est pas Moïse personnellement, qui leur a communiqué son esprit, mais que c’est l’œuvre de l’Éternel.
Des jeunes gens ; hébreu : le jeune garçon (terme collectif).
Josué. Voir Exode 17.9, notes et Nombres 24.13. Il estime la position de Moïse compromise (comparez Marc 9.38-39).
Jaloux : Il n’y a là aucun empiétement sur nos droits ! L’Éternel est maître de ses dons. Bien loin de vouloir limiter l’action de l’Esprit à quelques privilégiés, Moïse désirerait qu’elle s’étendit au peuple entier. Ce vœu sera un jour réalisé (comparez Joël 2.28-29).
De la mer. C’est en cet endroit même que Schubert et ses compagnons virent passer des troupes d’oiseaux tellement étendues et épaisses qu’elles ressemblaient à des nuages. Ce phénomène se renouvelle à plusieurs reprises chaque année au printemps. Nous avons déjà vu (Exode chapitre 16) un fait semblable qui se passait l’année précédente à la même saison. Malgré leur ressemblance, il est impossible d’identifier ces deux faits. Dans Exode 16, les cailles ne jouent qu’un rôle secondaire à côté de la manne ; c’est un surplus que l’Éternel accorde ; ici le peuple demande de la viande parce qu’il est lassé de la manne ; ces cailles sont en nombre beaucoup plus extraordinaire, pouvant suffire pour un mois entier et enfin elles deviennent une plaie pour le peuple, ce dont il n’y a pas trace dans le cas précédent.
Sur le sol. On a supposé qu’il fallait traduire au-dessus du sol, c’est-à-dire que le vent abattit le vol assez bas pour qu’on pût les saisir avec la main. Ce n’est pas là le sens naturel du texte, qui signifie plutôt que la terre fut couverte à la hauteur de deux coudées (un mètre), il va sans dire : dans les endroits où les cailles s’étaient le plus considérablement amoncelées.
Dix homers (voir Ézéchiel 45.11). C’est pour chaque famille un minimum de vingt hectolitres, à peu près un millier de cailles. Ce nombre paraît colossal ; mais il est bien présenté comme tout à fait extraordinaire et le texte dit qu’on les recueillit pendant dix-huit heures. Il ne s’agissait pas de les manger immédiatement, mais de les sécher au soleil, comme le font les Orientaux, pour les manger plus tard. D’après le verset 19, la provision devait être assez abondante pour suffire durant tout un mois.
Avant d’être consommée. D’autres traduisent : mâchée, sens que le mot carath n’a nulle part ailleurs.
Ce n’était pas pour rien que l’Éternel avait ordonné de se sanctifier pour bien recevoir le don qu’il leur préparait. Le sentiment de la présence invisible et de l’intervention immédiate de Dieu, ainsi que celui de la reconnaissance, auraient dû remplir le cœur du peuple et lui inspirer une sainte retenue dans l’usage d’un pareil don. Ce fut sans doute le cas pour un grand nombre ; mais plusieurs se précipitèrent avec une gloutonnerie animale sur l’objet de leur convoitise. Ceux-là payèrent leur avidité par une punition immédiate. Quant aux autres, ils purent sans doute conserver quelque temps encore la provision amassée et s’en nourrir jusqu’à ce qu’ils en fussent dégoûtés. C’est dans ce sens que le Psalmiste paraît avoir compris aussi cet événement Psaumes 78.26-31 ; comparez en particulier le verset 29 : Ils en mangèrent abondamment.
Très grande plaie. Rien ne dit que la plaie fut causée directement par les cailles elles-mêmes, comme si, par exemple, elles avaient mangé des baies vénéneuses. Le contraire ressort plutôt des mots : avant qu’elles fussent consommées.
Kibroth-Hatthaava signifie : sépulcres de convoitise. Il est inutile de vouloir retrouver actuellement des traces des noms de Tabeéra et de Kibroth-Hatthaava, qui n’étaient pas des noms géographiques et qui rappelaient seulement aux Israélites le souvenir de ces tristes épisodes de leur voyage au désert.
Hatséroth (comparez Nombres 10.13). Hatséroth signifie enclos. On trouve souvent dans ce désert des pierres rangées en cercle, de manière à enfermer un espace assez grand pour une troupe nomade avec ses troupeaux. Ce fut déjà le troisième jour après son départ de Sinaï que Schubert atteignit la belle vallée, arrosée par la source Aïn-el-Hudhera, nom dans lequel on reconnaît celui de Hatséroth. Il y avait là beaucoup d’arbres et de buissons et l’on comprend que les Israélites s’y soient arrêtés après les jours de marche fatigants qu’ils avaient eu à supporter depuis Sinaï.
De Kibroth-Hatthaava… Nous avons dit (à Nombres 10.33) que les Israélites étaient arrivés à Kibroth après trois journées de marche depuis Sinaï : Palmer a trouvé au nord-nord-est du Sinaï, quelques lieues avant el-Hudhera (Hatséroth), les restes d’un ancien campement, entouré d’une immense quantité de sépulcres. Serait-ce là l’emplacement de notre Kibroth-Thaava ? On pourrait d’autant mieux l’admettre que ce lieu ne se trouve pas sur la voie des caravanes allant à la Mecque.