Verset à verset Double colonne
1 Voici la postérité d’Aaron et de Moïse, à l’époque où l’Éternel parla avec Moïse, sur la montagne de Sinaï.À l’occasion de la conduite des Lévites, Exode 32.24-29, Dieu les avait choisis comme tribu destinée aux fonctions du culte. C’est pour cette raison qu’ils avaient été mis à part dans le recensement général du peuple qui venait d’avoir lieu. C’est d’eux et de leur service que s’occupent les chapitres 3 et 4. Avant d’exposer les ordres de l’Éternel sur ce point, le narrateur rappelle ce qui avait été dit d’Aaron et de sa famille, sous les ordres desquels les Lévites seront placés (Exode 6.23). La mention de la catastrophe qui avait frappé les deux fils aînés d’Aaron (Lévitique 10) sert à expliquer comment la famille sacerdotale se trouvait réduite à deux branches seulement, au lieu de quatre.
Voici la postérité… Nous retrouvons ici une dernière fois la formule que nous avons si souvent rencontrée dans la Genèse et l’Exode et qui a servi de jalon dans le récit de l’histoire patriarcale. L’établissement d’une famille sacerdotale est un fait d’une haute importance dans le développement de la nation élue.
D’Aaron et de Moïse. Aaron est placé le premier, parce qu’il paraît ici comme chef de la famille sacerdotale. Quant à Moïse, il n’est mentionné qu’en raison de la position particulière qu’il occupait, car ses fils n’ont été que de simples lévites (1 Chroniques 23.14, etc.).
À l’époque où… Cette expression oppose le moment où Aaron possédait encore ses quatre fils, à celui du verset 4 où il ne lui en reste que deux.
Oints : voir Lévitique 8
Voir Lévitique 10.4 et suivants.
Ils n’avaient point de fils, qui eussent pu perpétuer ces deux branches après la mort des deux pères. De là : deux branches sacerdotales seulement.
Ils l’assisteront. Les Lévites ne sont pas associés au sacerdoce ; ils sont mis au service des sacrificateurs. Il ne s’agit ci que de leur présentation à Aaron. Sur leur consécration, voir chapitre 8.
Ils auront la charge. Ils devront tenir constamment à la disposition des sacrificateurs et des Israélites tout ce qui est nécessaire à la célébration du culte, spécialement des sacrifices.
Devant la Tente d’assignation : devant, mais non dans. Il ne leur était pas permis d’y entrer.
Tous les ustensiles : en les présentant aux officiants, les nettoyant et les remettant en place.
Tu donneras. Ils appartiennent d’abord à Dieu (Nombres 8.16-18) et c’est lui qui les donne aux sacrificateurs qu’ils doivent servir. Le terme nethounim : donnés ne doit pas être confondu avec celui de nethinim (1 Chroniques 9.2 ; Esdras 2.43), qui ne désigne que des fonctionnaires subalternes. Comparez Josué 9.27.
L’étranger. Ici : étranger à la famille d’Aaron.
Pour maintenir vivant dans le peuple le souvenir de la préservation des premiers-nés israélites lors de la dixième plaie, Dieu avait ordonné que tous les premiers-nés des hommes et du bétail lui fussent consacrés (Exode 13.2). Aux premiers-nés des hommes l’Éternel substitue la tribu de Lévi. Il y avait là à la fois un soulagement pour les familles israélites, un avantage pour le sanctuaire, dont le service était ainsi mieux assuré et une transformation de la malédiction qui avait pesé sur la tribu de Lévi dès le temps des patriarches, en une bénédiction permanente.
Premier-né de sa mère, comme dans Exode 12.2. Ce qui est relevé ici, ce n’est pas tant la qualité de fils aîné du père, de représentant de la race, que celle de premier enfant mis au jour par sa mère.
Le jour où… Cette consécration des premiers-nés à Dieu est une des lois caractéristiques du peuple d’Israël (comparez Exode 34.19-20) ; elle ne se rencontre chez aucun autre peuple de l’antiquité. Il est bien fait mention parfois de l’immolation du fils aîné chez les païens ; mais ce sacrifice est envisagé comme le plus douloureux que l’homme puisse offrir et non comme la conséquence d’un droit spécial de la divinité sur les premiers-nés. Cette consécration des fils premiers-nés était en rapport naturel avec les lois sur les prémices, qui attribuaient à Dieu, comme seul auteur de toute prospérité, les premiers produits du sol. Mais les premiers nés israélites étaient consacrés à Dieu à un nouveau titre, en raison du grand souvenir historique rappelé ici.
Les Lévites n’avaient pas été compris dans le grand recensement ordonné au chapitre 1 ; maintenant que leur position spéciale est clairement définie, ils doivent aussi être comptés, afin que l’on puisse déterminer le rapport de leur nombre à celui des premiers-nés qu’ils doivent remplacer.
Depuis l’âge d’un mois. C’était le moment où les petits enfants étaient reconnus viables ; voilà pourquoi le rachat ne devait être payé qu’alors.
Les descendants de chaque fils de Lévi constituaient une maison patriarcale et celle-ci se divisait en familles. L’emploi de ces termes Nombres 1.2 ; Nombres 1.20 est inverse. Même division de la famille de Lévi en trois groupes que Genèse 46.11 et Exode 6.16-19. Sur la différence avec Nombres 26.58, voir à ce passage.
Les familles… selon leurs maisons patriarcales : tous les descendants se trouvant groupés selon les trois branches principales de la tribu.
Eliasaph. Le rôle de ce chef, ainsi que celui des deux suivants, versets 31 et 35, était sans doute de commander la manœuvre et la marche.
La Demeure… Ils étaient chargés du transport des tentures soit du Tabernacle, soit du parvis (Exode 26.1 ; Exode 26.7 ; Exode 26.14).
Ses cordages pour son service : seulement ceux de la Demeure ; car ceux du parvis étaient confiés aux Mérarites.
Ils étaient chargés du transport des objets les plus sacrés, l’arche, l’autel d’or, etc. La cuve d’airain n’est pas mentionnée dans cette énumération, peut-être parce qu’elle n’était pas au nombre des objets les plus sacrés, ou bien parce qu’elle était trop lourde pour être portée à bras et qu’elle devait être placée au départ sur l’un des chariots.
Le rideau : évidemment ici le voile suspendu à l’entrée du Lieu très saint. Il se nomme ordinairement paroket ; non, comme ici, masac. Mais quatre fois dans l’Exode et dans les Nombres, il porte le nom de paroket hammasac.
Prince des princes. Eléazar, fils aîné d’Aaron et chef de la famille sacerdotale, était en même temps prince et des Kéhathites, à la famille desquels il appartenait et des deux autres familles sacerdotales et de leurs princes. Les Kéhathites, les plus proches parents de la famille sacerdotale, avaient parmi les Lévites les fonctions les plus éminentes.
Ceux qui étaient chargés… : les Kéhathites, chargés du soin des objets les plus sacrés.
Ils étaient chargés de transporter les piliers et toutes les pièces de construction. Il leur était assigné pour cela quatre voitures (Nombres 7.8), tandis que les Guersonites, moins chargés, n’en avaient que deux (Nombres 7.7). Les Kéhathites devaient porter eux-mêmes tous les meubles sacrés (Nombres 7.9).
Les trois familles des Lévites campaient au nord, à l’ouest et au sud du sanctuaire ; le côté le plus honorable, celui de l’orient, était occupé par les sacrificateurs, qui se trouvaient ainsi placés entre Juda et le Tabernacle. Quelques tentes suffisaient pour les abriter et l’accès du parvis demeurait ainsi largement ouvert à tous ceux qui venaient y offrir des sacrifices.
Vingt-deux mille. En additionnant les trois nombres ci-dessus indiqués (7500 + 8600 + 6200), on obtient une somme de 22 300. On a cherché à expliquer cette différence en disant que les 300 hommes qui manquent, dans le chiffre total étaient les premiers-nés des Lévites, qui ne pouvaient servir à racheter d’autres premiers-nés. Mais, outre que rien dans ce texte si précis ne conduit à cette supposition, le chiffre de 300 premiers-nés sur 22 000 Lévites, soit 1 sur 73, serait beaucoup trop faible. Il est plus probable que ce chiffre de 300 provient d’une ancienne faute de copiste dans l’un des trois nombres particuliers, ce qui est facile à comprendre, puisque les chiffres s’écrivaient en lettres et qu’une très légère modification de forme pouvait augmenter de 300 la valeur d’une de ces lettres. Nous avons, s’il en est ainsi, une nouvelle preuve du respect extrême des Juifs pour le texte sacré, dans le maintien de cette erreur qu’aucun copiste subséquent, ni aucune ancienne version n’a osé corriger.
Si la tribu de Lévi comptait 22 000 hommes d’un mois et au-dessus il ne devait guère s’y trouver plus de 12 000 hommes ayant plus de vingt ans ; d’après Nombres 4.48, il n’y avait en effet que 8 580 Lévites de 30 à 50 ans. Cette tribu était donc de beaucoup inférieure en nombre à toutes les autres, circonstance qui s’explique peut-être par le fait que, comme semble le prouver l’exemple de la famille de Moïse, la tribu de Lévi s’était trouvée tout particulièrement en butte à la persécution.
Nous avons dans ce chiffre une donnée historique qui n’a point été empruntée aux temps subséquents ; car d’après 1 Chroniques 23.3, il y avait déjà au temps de David 38 000 Lévites de 30 à 50 ans : ainsi leur nombre avait quadruplé, tandis que la population totale n’avait fait que doubler.
La substitution des Lévites aux premiers-nés, posée en principe versets 12 et 13, est maintenant mise à exécution. Il est à remarquer que, malgré cette substitution, pour chaque premier-né dut être payée dans la suite une taxe de 5 sicles, constatant le droit de l’Éternel (Exode 13.13 et ailleurs).
Les premiers-nés du bétail. Le sens de ce verset ne peut être que celui ci : De même que les Lévites sont consacrés à l’Éternel comme équivalent des premiers-nés du peuple, de même leur bétail est consacré à l’Éternel comme équivalent des premiers-nés du bétail du peuple. Il est difficile de se rendre compte de ce que signifie cette déclaration. Il n’est pas possible de supposer que tout le bétail des Lévites ait été immolé en échange des premiers-nés du bétail du peuple, d’autant moins que les premiers-nés des animaux sacrifiables continuèrent à être offerts en sacrifice (Nombres 18.15-17). Il s’agit ici uniquement du remplacement des premiers-nés du bétail qui étaient nés avant le moment où commença la consécration effective des premiers-nés du bétail israélite. Au reste le remplacement fut fait en gros, sans calcul exact comme pour les hommes. Ainsi le bétail des Lévites, qui se trouvait consacré avec ses propriétaires au service de l’Éternel, fut simplement envisagé comme l’équivalent des premiers nés du bétail d’Israël existant à ce moment-là. Voir à Nombres 18.15-17.
Vingt-deux mille deux cent soixante-treize. Ce nombre soulève une difficulté. Le rapport ordinaire du nombre des premiers-nés avec celui des hommes d’un peuple est celui de 1 à 4. Or, en évaluant à un million le nombre des Israélites hommes, ce rapport serait ici de 1 à 40 ou 45, ce qui est dix fois trop peu.
On a supposé que le recensement ne porta que sur les premiers-nés venus au monde depuis le moment où Dieu avait promulgué cette loi du rachat lors de la sortie d’Égypte (Exode 13.2-15), soit depuis un an ; mais le chiffre serait alors trop élevé. Il faut plutôt tenir compte des circonstances suivantes :
Le nombre indiqué est donc historiquement admissible.
Deux cent soixante-treize. Ce calcul si précis surprend, parce que les Lévites paraissent avoir été comptés comme les autres tribus en nombre rond, ou du moins par centaines, tandis que le chiffre de vingt-deux mille qui les concerne est ici pris à la lettre. Il faut admettre que le nombre rond de 22 000, officiellement admis après le recensement, fut employé sommairement comme base de ce nouveau calcul.
On s’est demandé comment furent désignés, d’entre toute la masse des premiers-nés, les 273 qui durent payer la taxe. Ou bien il y eut offre volontaire de la part des familles les plus aisées, ou bien les 273 furent désignés par le sort, ou enfin la somme fut payée en commun par toutes les familles qui avaient des premiers-nés. Lors même que ce récit laisse subsister quelques obscurités, la grande pensée qui préside à la création de la caste des Lévites n’en ressort pas moins clairement ; et c’est là pour nous la chose essentielle.