Verset à verset Double colonne
La menace, nous l’avons dit, occupe dans la seconde section (chapitres 7 à 11) une place beaucoup plus considérable que dans les deux autres (chapitres 4 à 6 et 12 à 14) ; elle ne remplit pas moins de trois chapitres qui peuvent se résumer comme suit : Le jugement est prochain (chapitre 8). Il arrivera sous la forme de l’exil (chapitre 9), de la ruine totale (chapitre 10).
Le châtiment est spécialement motivé ici par les péchés suivants : l’abandon de la maison de David et le culte du veau de Béthel (versets 1 à 7), les alliances avec les païens et la confiance d’Israël au grand nombre de ses autels et de ses palais (versets 8 à 14).
Le prophète, en contemplant le spectacle que lui offre la révélation divine, est sous l’empire d’une profonde émotion. Son style est brisé ; les phrases, dans l’hébreu, ne sont pas complètement formées ; elles font l’effet d’exclamations.
À ta bouche… C’est au prophète que cet ordre s’adresse ; comme la sentinelle, il doit annoncer le malheur qui s’approche.
Comme l’aigle plane sur sa proie avant de fondre sur elle, ainsi le prophète voit le jugement planer sur la maison de l’Éternel. On pourrait voir dans cette dernière expression une simple paraphrase du nom de Béthel ; mais il est plus naturel de l’appliquer au peuple ou au pays tout entier, qui était destiné à être l’habitation de Jéhova ; comparez Osée 9.15.
Ils crieront à moi… quand le jugement sera là ; alors ils se réclameront de leur qualité de peuple de Dieu, mais en vain (comparez Luc 13.26-27).
Le bien : le service du Dieu saint ; le bien est opposé à l’ennemi : il n’a pas voulu du bien ; c’est l’ennemi qui arrive sur lui.
Les deux grands péchés du peuple des dix tribus : il s’est fait des rois et des dieux de son propre choix.
Des idoles.
Il s’agit ici essentiellement des veaux d’or.
Pour qu’ils leur fussent ôtés. En changeant en idoles l’or et l’argent que Dieu lui avait donnés, Israël travaille lui-même à se faire dépouiller de ces métaux précieux, puisqu’un emploi si coupable de ces richesses ne peut aboutir qu’à la ruine et au pillage du pays.
La principale de ces idoles est spécialement désignée, c’est le veau d’or à Béthel.
Ton veau m’a dégoûté, Dieu rend aux faux dieux d’Israël le dégoût qu’Israël éprouve pour son service (verset 3).
Jusques à quand… ? Le temps où Dieu pourra les déclarer innocents n’arrivera-t-il donc jamais ? C’est comme un soupir qui s’échappe subitement du cœur de l’Éternel au milieu de ses reproches. Il désire leur salut plus qu’eux-mêmes.
Il vient d’Israël : le veau d’or (verset 5). C’est Israël qui s’est fait ce dieu-là ; et ce qui prouvera bien qu’il n’est pas dieu, c’est qu’il sera détruit.
Ils ont semé… Le résultat sera conforme à la nature des actes qui l’ont produit, c’est-à-dire mauvais comme eux. Les images de semer et de moissonner amènent celles de la fin du verset. Les semences confiées au sol ne lèveront pas, ou si, par exception, il y a quelque produit, ce sera pour d’autres qu’Israël.
Les alliances païennes n’aboutiront qu’à une nouvelle captivité semblable à celle d’Égypte, sans que ni les autels ni les palais auxquels se confie Israël, ni même les forteresses de Juda, puissent l’empêcher.
Israël est dévoré. Le verset précédent, finissait par ces mots : des étrangers la dévoreront ; or, ce jugement a déjà commencé ; le tribut qu’Israël est obligé de payer aux païens consume ses ressources et il est pour eux un objet de mépris.
Car ils sont montés… Nous voyons 2 Rois 15.19-20 comment Ménahem, en achetant à prix d’argent l’appui du roi d’Assyrie, ouvrit la porte à toutes les interventions suivantes de ces souverains étrangers (comparez Osée 5.13).
Onagre farouche, proprement : solitaire ; qui recherche le désert. Éphraïm n’a pas voulu vivre comme un âne apprivoisé demeurant sous la discipline de son maître ; il a couru, à travers le désert, à la recherche de l’Assyrie et de l’Égypte (ses amants). Un désert séparait, à la lettre, Canaan de chacun de ces deux pays.
Sous la charge du roi des princes. Il s’agit sans doute du tribut, qu’imposa à Ménahem, Phul, le roi des rois, c’est-à-dire de tous les princes soumis à sa domination (verset 9).
La construction des autels était un premier péché ; car il n’y avait qu’un seul autel légitime ; puis, chacun de ces autels devient ensuite une occasion de péché par les désordres qui accompagnent le culte qui s’y célèbre. Le péché multipliant les autels et, les autels multipliant les péchés : abîme sans fond.
Mille exemplaires. On traduit souvent : les mille commandements renfermés dans ma loi. Le sens que nous donnons nous semble plus naturel : Dieu aurait beau multiplier pour son peuple les moyens de connaître sa volonté, en multipliant les exemplaires de sa loi ; celui-ci n’en ferait ni plus ni moins.
Les sacrifices qu’ils m’offrent… Après ces mots, Dieu s’arrête…. : Que sont-ils ?…. de la viande que l’on mange, des banquets que l’on célèbre : voilà tout ! Plus ils trouvent leur propre satisfaction dans ces repas, d’autant moins Dieu y prend plaisir.
En Égypte. Humiliation profonde ! L’Égypte est le type de la servitude ; ils en étaient sortis glorieusement pour devenir une nation indépendante. Y être renvoyés, c’est être condamnés de nouveau à la servitude. En réalité, ce ne sera pas dans l’Égypte elle-même qu’ils seront envoyés en captivité, comme d’ailleurs Osée le dit expressément, Osée 11.5.
Israël, oubliant Dieu, cherche son bonheur dans les magnifiques demeures qu’il se bâtit ; Juda attend son secours, non de Dieu, mais des forteresses qu’il se construit : tout cela périra. Dans les derniers mots, Osée répète littéralement une menace de son contemporain Amos, menace qui revenait comme un refrain dans le premier discours de ce prophète (Chapitres 1 et 2). Nous avons déjà fait observer, Osée 4.15, l’emploi semblable d’un passage d’Amos.