Verset à verset Double colonne
Le ton relativement calme de ce psaume nous fait supposer qu’il a été composé quelque, temps après le précédent, alors que l’extrême agitation des premiers jours de la révolte d’Absalom était passée (voir l’introduction aux notes sur Psaume 3). David est encore fugitif (verset 3), exposé à bien des privations (verset 7), mais une confiance joyeuse l’anime et lui inspire le désir de voir ses ennemis rentrer dans les voies de la piété et de la soumission à l’Éternel. Ici, pas plus que dans le Psaume 3, Absalom n’est nommé. David semble cependant l’avoir en vue, lui et ses courtisans, lorsqu’il reproche aux chefs rebelles leur amour pour la vanité et le mensonge (verset 3). La modération avec laquelle le roi si gravement offensé s’adresse à ses ennemis ne lui est-elle pas inspirée par le fait qu’il discerne son fils au premier rang des coupables ?
La première strophe (verset 2) est une courte introduction, la dernière (verset 9) une courte conclusion. Les trois strophes intermédiaires plus développées, forment le corps du cantique.
Maître chantre : voir l’introduction. Cinquante-cinq psaumes sont précédés de cette indication, que l’on trouve en outre Habakuk 3.19.
Dieu de ma justice : en qui se trouvent ma justice et mon bon droit.
Tu m’as mis au large. C’est à ses expériences passées que David fait allusion, plutôt encore qu’aux difficultés présentes, qui n’étaient surmontées qu’en espérance.
Fils de nobles, littéralement : fils d’homme : bené isch. Cette expression est souvent opposée à celle de fils du commun peuple : bené adam. Voir Psaumes 49.3 ; Psaumes 62.10 ; Ésaïe 2.9, etc.). David s’adresse aux chefs de l’insurrection, en leur donnant, peut-être par ironie, le titre dont ils se paraient avec vanité.
Sachez que l’Éternel… Ce que les ennemis aiment et recherchent n’est que néant parce qu’ils ne tiennent pas compte du choix de l’Éternel. C’est, en germe, la pensée que développe si admirablement le Psaume 2. Nous entendons aussi ici comme un prélude du témoignage que Jésus se rend à lui-même (Matthieu 11.27 ; Jean 7.28-29 ; Jean 8.14, Jean 8.29).
Celui qu’il aime. On traduit aussi : un homme pieux. Notre traduction nous paraît plus exacte et plus conforme à l’ensemble du passage, où tout l’accent est sur le libre choix de l’Éternel. C’est ici, dans les limites de l’ancienne alliance, une lointaine anticipation des déclarations apostoliques relatives à l’élection (Romains 9.15, etc.).
L’Éternel écoute. C’est dans cette expérience de sa vie intime que se retrempe la certitude de David. Comparez Jean 8.29 ; Jean 11.42.
Irritez-vous : traduction adoptée par les Septante et par saint Paul (Éphésiens 4.26). David comprend que le choix de Dieu ne plaise pas à ses rivaux ; il leur laisse le temps d’exhaler leur colère, mais il les met en garde contre les fautes qu’elle pourrait encore leur faire commettre, par exemple de le maudire, lui, l’Oint de l’Éternel.
Des sacrifices de justice : qui ne soient pas des prétextes pour de mauvaises œuvres, comme ceux qui avaient été offerts à Hébron (2 Samuel 15.7). C’est en soumettant à l’Éternel l’agitation de leurs cœurs, soit dans le repos de la nuit, soit dans leurs actes de culte, qu’ils retrouveront le calme et la soumission.
Dans ses marches forcées, David voit ses gens soupirer après le repos et les aliments dont ils sont privés ; il sait, d’autre part, que l’armée ennemie dispose de tous les biens qui lui manquent. En tout temps le découragement et les murmures des fidèles, comme les ambitions et la fausse joie des mondains, procèdent de la même source : on cherche sa satisfaction dans des biens inférieurs. David a besoin d’autre chose et il implore pour son peuple la clarté de ta face, ô Éternel ! suivant les termes de Nombres 6.25. Trouver en Dieu même sa joie est le secret de la foi. David n’allait au reste pas tarder à recevoir à Mahanaïm, comme par surcroît, tout ce qui lui était nécessaire (2 Samuel 17.27-29).
Je me coucherai. Comparez Psaumes 3.6.
Aussitôt, hébreu : Je me coucherai et m’endormirai tout ensemble, comme si les deux actions n’en faisaient qu’une, tant est complète sa sécurité, sous la protection de l’Éternel.
Nous trouvons dans la foi du psalmiste le germe de ce qui devait prendre plus tard, dans la vie de l’Église, un si riche développement : union intime de l’âme avec Dieu, paix et sérénité dans les tribulations, témoignage d’une conscience qui trouve en Dieu sa justice et se repose sur sa volonté souveraine et miséricordieuse.