Verset à verset Double colonne
Comme les deux précédents, ce psaume a été attribué à David par les anciens collecteurs du recueil. Des critiques ont cru trouver là une grossière erreur, puisque le verset 8 mentionne, semble-t-il, le temple de Salomon. Cette objection ne nous semble pas décisive ; nous y répondrons en étudiant le passage en question. Quant à l’époque d’où date cette composition, rien dans le psaume lui-même ne favorise une conjecture plutôt, qu’une autre. Pendant toute sa carrière publique, David a été entouré d’hommes de sang et de fraude (verset 7). La mention du sanctuaire nous transporte à Jérusalem et l’ensemble du cantique fait penser à une époque de paix, mais où les intrigues ne faisaient pas défaut.
Par un contraste frappant, le psalmiste exprime, d’un côté, les sentiments douloureux qu’il éprouve en voyant les méchants à l’œuvre, et, de l’autre, la joie qu’il trouve auprès de l’Éternel. C’est ce dernier sentiment qui l’emporte. Le croyant sait que la justice aura son cours et que le dernier mot de l’histoire humaine sera : Louange à l’Éternel !
Après une, invocation (versets 2 et 3), nous trouvons deux strophes, décrivant, l’une (versets 1 à 8), l’accueil bien différent que l’Éternel fait au fidèle et au méchant, l’autre (versets 9 à 13), le sort définitif de ces deux classes d’hommes. La prière, qui, dans la première strophe, se rapproche de la méditation, devient de plus en plus intense vers la fin du psaume.
Avec les flûtes. C’est là le sens le plus probable du mot Nechiloth, que l’on ne rencontre qu’ici. On y a vu aussi l’indication d’une mélodie connue ou du ton sur lequel devait être chanté, le psaume.
Mon soupir, hébreu : parole intérieure, non formulée. On a traduit par méditation, mais à cette idée se joint ici celle de prière. C’est ce travail intérieur qui, sous l’action de l’Esprit de la nouvelle alliance, devient ce soupir dont parle saint Paul et que Dieu comprend (Romains 8.26-27).
La prière intérieure devient un appel.
Je place devant toi, hébreu : je dispose, sous-entendu : ma requête. En disant simplement je dispose, le psalmiste fait allusion au travail du sacrificateur, qui plaçait devant Dieu dès le matin les différentes parties d’une offrande ou les pains de proposition. Belle image de ce que fait le fidèle quand il expose à Dieu ce qui remplit son cœur.
J’attends, hébreu : je regarde, attendant une réponse.
Les orgueilleux, hébreu : les hommes vains, qui se confient en eux-mêmes.
Le psalmiste ne s’attribue pas d’autre droit à l’accueil divin que celui qui vient de la grâce de l’Éternel.
Dans ta maison. Le parvis, que le roi lui-même ne pouvait dépasser, est envisagé comme faisant partie de la maison de l’Éternel. Arrivé là, l’adorateur se prosterne devant le sanctuaire.
Ton palais, hébreu : hécal, vaste édifice, temple. Ce terme désigne 1 Rois 6.3 le Lieu saint du temple de Salomon (voir la note de ce passage) et 1 Samuel 1.9 le sanctuaire de Silo. À l’époque de David, l’arche était placée dans une tente provisoire (2 Samuel 6.12) à laquelle ce nom semble ne pas pouvoir être appliqué. Néanmoins, si imparfaite que fût l’habitation de l’Éternel, elle devait avoir un certain luxe et ressembler à l’ancien Tabernacle, avec son parvis et son Lieu saint. Le psalmiste la voit glorifiée et comme agrandie par la présence même de Celui qui en fait son domicile. Jacob, après le songe de Béihel, ne donne-t-il pas au lieu désert où il a passé la nuit le nom de maison de Dieu (Genèse 28.19) ?
Si l’Éternel n’accueille pas le méchant, celui-ci n’en est pas moins là, sur le chemin du juste, épiant toutes ses démarches et se réjouissant du mal qui peut lui survenir.
Par ta justice. C’est en vertu de sa justice que Dieu conduit et préserve de faux pas l’homme qui s’attend à lui.
Leur cœur, littéralement : leur intérieur. Comparez Marc 7.21 ; Matthieu 23.27.
Le gosier est mentionné ici comme organe de la parole (Psaumes 115.7). Qui approche les méchants devient promptement la proie de leurs paroles haineuses.
Ils flattent : une feinte douceur alterne chez eux avec l’outrage et la calomnie. Comparez Romains 3.13.
Contre toi. Cette parole fait comprendre tout le sérieux de la prière du psalmiste. C’est la haine de Dieu qu’il discerne chez les méchants qui l’entourent ; la gloire de Dieu réclame donc leur châtiment. Nous ne pouvons méconnaître cependant qu’une révélation plus complète de l’amour de Dieu, jointe à une connaissance plus complète aussi de l’état de péché où se trouve tout homme, a amené plus tard le peuple de Dieu à prier pour la conversion des pécheurs et non pour leur destruction. Il n’en est pas moins vrai que l’apôtre Paul, sans perdre de vue le salut des coupables, va parfois jusqu’à les livrer à un terrible jugement (1 Corinthiens 5.5 ; 1 Timothée 1.20 ; Actes 13.11). Et quand saint Jean parle de péchés qui vont à la mort (1 Jean 5.16) il pense sans doute à ceux qui sont inspirés par la haine de Dieu. Comparez Matthieu 12.32. En tout temps d’ailleurs on a vu à l’œuvre dans le monde social ou religieux des tendances où s’incarne si visiblement l’esprit du mal que, tout en désirant la conversion des individus, on ne peut que demander à Dieu d’extirper ce qui vient de son ennemi.
Le jugement des méchants sera la délivrance des justes, tout spécialement au moment où se consommera l’histoire humaine (Luc 18.7 ; Apocalypse 19.1-21).