Verset à verset Double colonne
1 Recueillez-vous, recueillez-vous, race sans pudeur,Cet appel miséricordieux à la repentance est la transition au sujet du chapitre 2.
Race… Le terme hébreu est, non am terme plus noble, mais goï, expression un peu méprisante pour désigner les païens : la multitude, la masse.
Sans pudeur : proprement qui ne pâlit pas, c’est-à-dire qui est inaccessible à la honte et à la crainte.
Ait enfanté : produit son effet.
Le jour du jugement passe en un instant, comme un ouragan, ne laissant après lui que des ruines ; il n’y aura pas moyen de l’arrêter dans sa course.
Les humbles sont le saint reste ; eux-mêmes aussi doivent se réveiller pour pratiquer plus fidèlement la justice et s’humilier plus profondément.
Le prophète dénonce maintenant les jugements de Dieu aux Philistins, à l’ouest ; aux Moabites et aux Ammonites, à l’est ; aux Éthiopiens, au sud ; aux Assyriens, au nord. Pour cette revue des peuples voisins, comparez entre autres Ézéchiel chapitre 25 et Amos chapitres 1 et 2.
L’auteur énumère quatre des cinq villes capitales de la Philistie (comparez Amos 1.6-8, note). Si Gath n’est pas nommée, c’est ou bien que le prophète n’a voulu à dessein mentionner que quatre villes, à cause du parallélisme, ou bien que Gath, prise par David (1 Chroniques 18.1), reconquise par les Philistins (Amos 6.2), était finalement revenue sous la domination des rois de Juda (2 Chroniques 26.6 ; 2 Rois 18.8). Le sort de ces villes est désigné par des jeux de mots qu’on ne peut pas rendre en français (comme si nous disions : Gaza sera gaspillée, Ékron sera égrénée).
On chassera Asdod en plein midi : c’est-à-dire à l’heure de la grande chaleur, où chacun se repose et où l’on s’y attendra le moins.
La nation des Crétois. D’après une tradition, confirmée par Hérodote, les Philistins auraient émigré, du moins en partie de l’île de Crète (voir 1 Samuel 30.14 ; Jérémie 47.4, note). Le nom de Philistins paraît venir d’un mot éthiopien signifiant : émigrants.
Canaan, terre des Philistins. Le terme de Canaan est appliqué ici à la Philistie, pour indiquer que celle-ci partagera le sort du pays proprement dit de Canaan et sera aussi dépouillée de ses habitants. Au reste, la Philistie faisait primitivement partie de la Terre promise (voir Genèse 10.19 ; Josué 13.3) et le nom même de Palestine (littéralement Philistie), employé pour désigner le pays tout entier, provient de là.
Des grottes de bergers : des excavations où les bergers se mettent à l’abri.
Le reste de la maison de Juda : c’est-à-dire ceux des Juifs qui seront épargnés durant la calamité imminente et qui reviendront de l’exil.
L’Éternel les visitera. Cette expression, si souvent employée dans le sens de punir, l’est ici dans l’acception favorable : l’Éternel les traitera avec miséricorde (comparez Luc 1.68).
Il les rétablira : c’est la promesse constante des prophètes, dès Moïse (Deutéronome 30.3-4 ; Jérémie 29.14).
Ces menaces contre les Philistins se sont accomplies en une certaine mesure lors de la conquête de leur pays par Pharaon Néco, Nébucadnetsar, Alexandre-le-Grand, etc. Quant à la prophétie dans son ensemble et pour ce qui concerne en particulier l’occupation de la Philistie par le reste de Juda (comparez Ézéchiel 47.20 ; Abdias 1.19), la réalisation n’en a pas encore eu lieu, en tout cas pas complètement ; ces choses s’accompliront sans doute dans l’avenir, soit matériellement, lors du retour effectif des Juifs en Palestine, soit spirituellement par la disparition des Philistins comme nation païenne et par leur conversion et leur incorporation dans le peuple de Dieu (Psaumes 87.4 ; Zacharie 2.6).
Le prophète confond dans une même menace ces deux peuples issus de Lot et unis dans leur hostilité continuelle contre Israël (comparez Ésaïe chapitres 15 et 16 ; Amos 1.13-2.3).
J’ai entendu… : motif pour le peuple de Dieu de prendre patience ; lors même que cela n’a pas paru jusqu’à ce jour, le tour de ces ennemis d’Israël, qui sont ses frères par le sang, viendra aussi.
Les insultes de Moab et les outrages des fils d’Ammon… Par ces mots, le prophète entend la constante manière de faire de Moab et d’Ammon à l’égard du peuple de Juda ; il n’est pas encore question de l’attitude méprisante prise par ces deux peuples envers Juda lors de la ruine de Jérusalem (Ézéchiel 25.3 ; Ézéchiel 25.6 ; Ézéchiel 25.8).
Ils s’agrandissaient aux dépens de leurs frontières : voir Jérémie 49.1, notes et Amos 1.13, note.
Le châtiment.
Je suis vivant, dit l’Éternel… Comparez Ésaïe 45.23, note.
Comme Sodome et comme Gomorrhe. L’idée de cette comparaison a pu être inspirée à l’auteur par le fait que ces deux peuples habitaient dans le voisinage de la mer Morte ; la destruction sera complète.
Une carrière de sel : comme la côte méridionale de la mer Morte, qui était riche en sel gemme (Deutéronome 29.23). Les pays salins sont stériles, d’où l’usage de répandre du sel sur une ville frappée par l’interdit et sur une contrée dépeuplée (Psaumes 107.34).
Auront en héritage : le peuple de Dieu fera des Moabites et des Ammonites ses esclaves (Ésaïe 14.2 ; Ésaïe 61.5).
Reprend le verset 8. Le châtiment sera approprié à leur péché : après avoir voulu en imposer aux autres par leur arrogance et les posséder par leurs violations de frontières, ils seront possédés à leur tour.
Ce verset est la transition à ce qui suit : l’horizon du prophète va s’élargir pour un moment, son regard se porter vers le sud, puis vers le nord, bien au-delà des frontières de Juda et des pays voisins.
Car il anéantit tous les dieux de la terre. Moab avait pour divinité nationale Camos et Ammon, Moloch (Jérémie 48.16 et 49.1) et c’était sans doute leur hostilité contre le Dieu d’Israël qui poussait ces deux nations à l’arrogance envers le peuple de Juda (ainsi s’explique le car…). Leurs dieux, aussi bien que ceux des autres nations païennes, seront anéantis, c’est-à-dire : ces nations mêmes seront détruites, ce qui manifestera le néant de leurs divinités (Ésaïe 46.1).
Chacun du lieu où il est : non pas chaque peuple, mais chaque individu ; ce sera l’avènement du culte personnel et aussi du culte en esprit et en vérité (Jean 4.23-24 ; comparez Sophonie 3.9 ; Malachie 1.11). Les tableaux analogues d’Ésaïe 2.2 et suivants, Michée 4.1-2, sont destinés plutôt à dépeindre la conversion des nations à l’Éternel.
Les îles des nations : le monde païen en général, les pays lointains, qu’on se représentait comme des îles, d’après l’analogie de ce qu’on connaissait de plus éloigné du côté de l’ouest. La promesse contenue à la fin de ce verset a une grande portée et ne pourra être complètement accomplie que quand la prophétie de Jésus, Matthieu 24.14 sera elle-même réalisée.
Les menaces contenues dans tout ce morceau contre Moab et Ammon se sont accomplies en ce que, cinq ans après la ruine de Jérusalem, Nébucadnetsar ravagea et soumit leurs territoires et en ce que, retranchés du nombre des peuples, ils sont maintenant fondus avec les Arabes. Quant au détail de la prophétie, relatif à l’occupation des pays de Moab et d’Ammon par le reste de Juda (verset 9), voir ce qui a été dit à propos des Philistins (verset 7).
Ces deux puissants peuples idolâtres sont cités comme exemples pour montrer que le jugement atteindra le monde païen tout entier.
Les Éthiopiens. Ils représentaient pour les israélites l’extrémité méridionale du monde païen.
Après que les Éthiopiens ont été cités devant le tribunal de l’Éternel à la deuxième personne, il est parlé d’eux à la troisième comme de gens étrangers à Dieu.
Transpercés par mon épée : comparez Ésaïe 34.5. L’épée dont Dieu se servit pour frapper les Éthiopiens fut Nébucadnetsar (comparez Ésaïe 10.5 : les Assyriens, verge de la colère de l’Éternel) ; ce prince, en effet, conquit l’Égypte, avec laquelle l’Éthiopie était en alliance intime (Ézéchiel 30.9 ; comparez Josèphe, Antiquités X, 11). Si le prophète s’exprime si brièvement au sujet des Éthiopiens, c’est que, de son temps, ils n’avaient eu aucun rapport hostile avec Juda. Il n’en était pas de même de l’Assyrie ; aussi Sophonie s’arrête-t-il davantage à décrire les châtiments qui la menacent.
Comparez Ésaïe 10.5-34 ; Nahum, chapitres 1 à 3. L’Assyrien était encore, du temps du prophète, la principale puissance du monde et en même temps celle qui était la plus opposée au peuple de Dieu. Aussi sa ruine sera-t-elle grande.
Contre le nord : comparez Jérémie 1.14-15.
Il détruira Assur et il fera de Ninive une solitude… Pour l’accomplissement de cette prophétie, voir Nahum (voir l’introduction et notes). Sur la ville même de Ninive, voir Jonas 1.2 ; Jonas 3.3-4, notes.
Une solitude aride comme le désert. Ninive ne deviendra pas seulement une steppe où paîtront les bestiaux (Ésaïe 27.10), mais un désert sec et aride, où ne séjournent que des animaux sauvages (voir verset 14).
Des troupeaux : ces animaux sauvages vont en troupes.
Même le pélican, même le hérisson se logeront sur ses chapiteaux : comparez Ésaïe 13.19-22 ; Ésaïe 34.11. La présence du pélican, oiseau aquatique, dans un désert pareil, s’explique par le fait que Ninive était située au bord d’une rivière. Pour comprendre comment un hérisson peut gîter sur ou entre les chapiteaux des colonnes, il faut se représenter celles-ci renversées.
On entendra chanter dans les fenêtres : il s’agit ici des oiseaux qui ont pris la place des hommes et construit leurs nids dans les salles des palais. Pour tout ce morceau, comparez Ésaïe chapitre 34, la description de la ruine de Babylone.
Moi et rien que moi. Cette parole exprime la hautaine satisfaction de se voir sans rivale ; c’est en même temps comme un défi jeté à Dieu ; ces mêmes mots sont aussi placés dans la bouche de Babylone (Ésaïe 47.8).
Sifflera : en signe de dérision (comparez Jérémie 49.17 ; Jérémie 50.13, etc.).
Agiter la main. Ce geste signifie : Elle a bien mérité sa ruine !