Verset à verset Double colonne
Titre de la vision
Jean voit dans le ciel sept anges qui tiennent les sept dernières plaies, par lesquelles se consomme le courroux de Dieu (1).
Les vainqueurs de la bête chantent leur victoire
Ils se tiennent sur une mer de cristal, mêlée de feu. Ils entonnent le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau, célébrant les voies de Dieu et annonçant que toutes les nations vont venir l’adorer à la vue de ses jugements (2-4).
Apparition des sept anges
Le temple s’ouvre, les anges en sortent. Un des êtres vivants leur donne les coupes ; aussitôt le temple devient inaccessible (5-8).
Ce chapitre contient une introduction à la vision des sept coupes (Apocalypse 16 et suivants), qui annonceront et amèneront les dernières plaies, les jugements par lesquels le courroux de Dieu sera consommé (Daniel 11.36).
Le verset 1 est une sorte de suscription de tout le morceau, car les sept anges n’entrent en scène qu’au verset 6. L’auteur les mentionne en disant : Je vis dans le ciel un autre signe, grand et admirable. Ces termes reportent la pensée à Apocalypse 12.1-3. Les anges tenaient les plaies, parce qu’ils les avaient dans des coupes qu’ils tenaient à la main (Apocalypse 15.7 ; Apocalypse 16.1).
Ce prélude (verset 2 et suivants), où retentissent des chants dans le ciel, rappelle des descriptions semblables qui ouvrent la vision des sept sceaux (Apocalypse 4.9-11) et celle des sept trompettes (Apocalypse 8.3-5). La gloire de Dieu y est exaltée au moment où ses jugements vont s’exercer.
La mer de verre qui, d’après Apocalypse 4.6, est devant le trône de Dieu et symbolise sa grâce, sert de refuge à ceux qui sont vainqueurs de la bête (Apocalypse 13.1 et suivants) et de son image (Apocalypse 13.14 et suivants) et du nombre de son nom (Apocalypse 13.17) Le texte reçu (minuscules) porte, avant et du nombre de son nom, les mots : et de sa marque (grec : vainqueurs, de manière à être hors de toute atteinte de la bête, etc., soustraits à toute communion avec elle). Ici la mer de verre est mêlée de feu, signe des jugements qui vont s’exercer.
Plusieurs interprètes admettent que l’auteur pensait à la mer Rouge, sur les bords de laquelle se tenaient les Israélites quand ils chantèrent le cantique de Moïse pour célébrer leur délivrance Cette allusion n’est pas certaine, malgré la mention du cantique de Moïse au verset 3 et des réminiscences des plaies d’Égypte dans les fléaux décrits à Apocalypse 16. Les vainqueurs tiennent les (Q. minuscules) harpes de Dieu, bien connues d’après 1 Chroniques 16.42. Les vingt-quatre anciens ont de même chacun sa harpe (Apocalypse 5.8 ; comparez Apocalypse 14.2).
Le cantique de Moïse est, d’après plusieurs interprètes, celui que nous lisons à Exode 15 et le cantique de l’Agneau celui que Jean nous a donné à Apocalypse 5.8 ; Apocalypse 5.9. Il est plus probable qu’il ne s’agit pas de ces deux cantiques, mais d’un seul, de celui dont les paroles suivent immédiatement (versets 3 et 4).
L’auteur l’appelle le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau, c’est-à-dire : le cantique de Moïse, qui est aussi le cantique de l’Agneau, pour marquer l’unité indissoluble des deux alliances, par lesquelles s’est accomplie la rédemption. Il veut dire que ce cantique célèbre l’œuvre du salut tout entière, telle que Dieu l’a préparée par Moïse et accomplie par Christ.
Ou, si cette interprétation paraît trop subtile, on peut supposer qu’il veut dire simplement : ce cantique célèbre la délivrance accomplie par l’Agneau dans des termes semblables à ceux du cantique de Moïse.
Le cantique proclame grandes et admirables les œuvres (Psaumes 111.2 ; Psaumes 139.14) du Seigneur Dieu, le dominateur souverain (Apocalypse 11.17), justes et véritables, c’est-à-dire vraiment divines, toutes ses voies (Psaumes 145.17).
Il appelle Dieu roi des nations, comme Jérémie 10.7 ; d’après Codex Sinaiticus, C, il faudrait lire : roi des siècles. Il emprunte aussi à Jérémie 10.7 les mots : qui ne craindrait, dans la question qui ouvre verset 4.
Deux raisons sont données de craindre et de glorifier le nom du Seigneur : seul il est saint et toutes les nations viendront et se prosterneront devant lui (Psaumes 86.9). Ce dernier fait est motivé par la manifestation de ses jugements.
Les jugements de Dieu, les ordonnances et les lois morales qu’il a établies (c’est le sens du mot dans Luc 1.6 ; Romains 1.32 ; Romains 2.26) sont méconnus et transgressés par les pécheurs ; mais quand Dieu les manifestera en leur donnant leur suprême sanction au grand jour des rétributions, toutes les nations devront se prosterner devant lui.
Après ce chant d’introduction, le sanctuaire (grec le temple) s’ouvre dans le ciel, comme dans Apocalypse 11.19.
Le temple est celui du tabernacle du témoignage, c’est-à-dire celui qui servit de modèle au tabernacle du témoignage (Hébreux 8.5). Suivant d’autres, c’est le temple auquel appartient le tabernacle du témoignage, ce dernier terme désignant spécialement le lieu très saint, qui se découvre aux yeux du voyant.
Les sept anges étaient mentionnés déjà au verset 1 ; mais le voyant les aperçoit maintenant seulement qu’ils sortent du temple. Ils disposent des sept plaies qu’ils vont déchaîner sur la terre. Ils sortent du temple : ils sont les révélateurs des suprêmes desseins de Dieu. Ils sont vêtus comme le souverain sacrificateur et comme le Christ lui-même dans la vision initiale (Apocalypse 1.13 et suivants).
Bien que les mots du temple manquent dans Q et plusieurs documents, ils sont admis par tous les critiques modernes.
D’après une variante étrange de A, C les anges sont vêtus de pierre au lieu de lin. Faute de copiste, les mots : pierre et lin ne différant en grec que d’une lettre.
Les coupes d’or, contenant les châtiments décrétés par le Dieu qui vit aux siècles des siècles (Apocalypse 4.9) et qui se manifeste comme tel dans ses jugements, sont remises aux anges par l’un des quatre êtres vivants (Apocalypse 4.6-8 ; comparez Apocalypse 6.1 ; Apocalypse 6.3 ; Apocalypse 6.5 ; Apocalypse 6.7), parce que ceux-ci représentent les forces de la nature qui vont être employées par Dieu à l’accomplissement de ses desseins.
Les coupes sont considérées par les uns comme des vases propres à contenir un liquide, le vin de la colère de Dieu (Apocalypse 14.10), par d’autres comme des ustensiles en or, destinés à recevoir du feu et des charbons ardents (comparer verset 8 et Apocalypse 8.5). La première explication s’accorde mieux avec l’action décrite à Apocalypse 16.
La gloire et la puissance de Dieu vont se manifester dans des jugements ; elles apparaissent comme un feu, dont la fumée remplit le temple.
Il ne faut donc pas identifier cette fumée avec la nuée qui est le signe de la présence de l’Éternel. Exode 40.34 suivants ; 1 Rois 8.10 et suivants C’est un phénomène pareil à ceux qui sont décrits dans Ésaïe 6.4 et Ézéchiel 10.4. Il signifie que le sanctuaire est inaccessible, que l’homme ne peut s’approcher de Dieu (comparer Exode 19.18).
Cette explication est confirmée par le dernier trait de la vision : et personne ne pouvait entrer dans le temple jusqu’à ce que les sept plaies des sept anges fassent accomplies.
Le temps de la grâce est passé ; la justice doit avoir son cours. Dieu n’accueille plus ceux qui viendraient encore implorer son pardon ou intercéder en faveur des coupables.