Verset à verset Double colonne
Le voyant contemple le livre et se désole de ce que personne n’est digne de l’ouvrir
Jean voit un livre scellé de sept sceaux dans la droite de Dieu. Un ange crie : Qui est digne de l’ouvrir ? Nul ne répond. Jean pleure (1-4).
L’Agneau apparaît et prend le livre
Un des anciens console Jean en lui apprenant que le Messie a le pouvoir d’ouvrir le livre. Il voit alors, au milieu du trône, un agneau qui était là comme immolé. Celui-ci vient prendre le livre de la main de Dieu (5-7).
Dans la description du ciel, qui précède (Apocalypse 4), il n’est pas dit un mot de Jésus-Christ. Maintenant, avant que les développements de l’avenir commencent, il apparaît, seul capable de révéler les desseins de Dieu, comme il a seul été capable d’accomplir la rédemption du monde (verset 6), deux actions inséparables l’une de l’autre, ou qui plutôt ne sont qu’une seule et même action. Ensuite le Sauveur reçoit les hommages des habitants des cieux, qui l’associent à Dieu dans leur adoration (verset 8 et suivants).
Le livre est dans la main de Dieu, ou plus littéralement sur sa main ouverte qui le soutient et le présente à tous. Comparer sur cette image : Exode 32.32 ; Psaumes 69.29 ; Psaumes 139.16 ; Ésaïe 29.11 ; Ézéchiel 2.9 ; Ézéchiel 2.10 ; Daniel 8.26 ; Daniel 12.4 ; Daniel 12.9) Le livre est écrit en dedans et sur le revers (grec par derrière, comparez Ézéchiel 2.10), tandis que, dans la règle, on n’écrivait que sur un côté (en dedans) des feuilles de papyrus, roulées autour d’une baguette, qui constituaient les livres des anciens.
Le livre est scellé de sept sceaux. Sept est le nombre de la perfection divine (Apocalypse 1.4, 3e note). La connaissance de ce que le livre contient est réservée à Dieu. Ce contenu sont les événements qui se dérouleront à l’ouverture de chacun des sept sceaux (Apocalypse 6). Il semble dès lors que l’auteur se figurait, non un seul rouleau scellé de sept sceaux placés les uns à côté des autres et qu’il aurait fallu rompre tous les sept avant de lire une ligne, mais un livre formé par sept parchemins superposés et scellés chacun d’un sceau.
Si personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre (ces derniers mots manquent dans Codex Sinaiticus ; ils désignent non les démons, mais les morts habitant l’hadès), ne fut trouvé digne (verset 4) d’ouvrir le livre ni de regarder son contenu, c’est qu’ouvrir le livre n’était pas seulement connaître mais accomplir les desseins de Dieu pour la rédemption du monde.
Or la dignité qu’il fallait avoir pour cela était celle qui résulte d’une entière consécration à Dieu celle que Jésus désignait en disant : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » (Matthieu 10.37). Cette dignité, seul un homme, qui se serait consacré à Dieu dans une vie d’obéissance parfaite et en qui l’humanité se serait donnée ainsi à Dieu, pouvait la posséder.
Bengel dit à ce propos :
L’Apocalypse n’a pas été écrite sans larmes et sans larmes on ne saurait la comprendre.
C’est qu’elle renferme les expériences les plus douloureuses du peuple de Dieu, aussi bien que ses plus glorieuses espérances et qu’ici comprendre, c’est éprouver.
Une variante que présentent d’anciennes versions porte : et de lire.
Jésus est appelé le lion de la tribu de Juda par allusion à Genèse 49.9.
Cette épithète le désigne comme le Messie issu de la tribu de Juda. Il est la racine de David, son rejeton (Ésaïe 11.1-10), comme descendant de David selon la chair. Il a vaincu la puissance du mal par sa mort et sa résurrection ; et par cette victoire, il s’est acquis le droit d’ouvrir le livre.
Il ne faut pas rattacher cet infinitif au verbe, de manière à traduire :
il a réussi à ouvrir ?
Les deux au milieu peuvent être en corrélation ; ce serait un hébraïsme qui reviendrait à dire que l’agneau était placé entre le groupe formé par le trône et les quatre êtres vivants et le groupe des anciens. Ou bien le second au milieu reprend le premier et l’auteur voudrait, par cette répétition, exprimer l’idée que l’agneau était le centre de tout le tableau. Au milieu du trône signifierait alors dans le demi-cercle forme par le trône (Apocalypse 4.6 2e note), plutôt que entre les pieds du trône.
L’Agneau est l’image du Sauveur (Ésaïe 53.7 ; Jean 1.29 ; Jean 1.36), non seulement comme emblème de douceur, d’innocence (Jean dit ici petit agneau et cette épithète forme un contraste intentionnel avec celle qui précède : le lion de Juda), mais parce que le Sauveur était figuré par l’agneau pascal. Dans la vision actuelle il est vivant, puisqu’il va prendre le livre, mais il porte les marques de son douloureux sacrifice : il est comme immolé.
Les sept cornes (Hénoch 90.37) sont l’image de la force (Daniel 7.20 ; Daniel 8.3), les sept yeux celle de la vigilance et de la toute science. Ceux-ci sont désignés comme les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre (Codex Sinaiticus, Q). D’après la leçon de A, ces mots : envoyés par toute la terre se rattacheraient à yeux ; comparez Zacharie 4.10.
Voir sur les sept esprits de Dieu, Apocalypse 1.4, 3e note. Sept est le nombre de la perfection divine. L’Agneau a la toute-puissance et la toute science pour accomplir les destinées du règne de Dieu (verset 7).
Le livre est sous-entendu dans le vrai texte (Codex Sinaiticus, A).
Chœur des quatre êtres vivants et des vingt-quatre anciens
Dès que l’Agneau a pris le livre, ils se prosternent devant lui, avec leurs harpes et des coupes qui contiennent les prières des saints et ils célèbrent le Rédempteur qui est digne d’ouvrir les sceaux du livre, parce qu’il a racheté des pécheurs de tout peuple et les a fait rois et sacrificateurs (8-10).
Chœur des anges
Jean entend des myriades d’anges qui entourent le trône et qui rendent gloire au Rédempteur (11, 12).
Chœur de toutes les créatures
Jean entend aussi toutes les créatures, dans tout l’univers, qui louent Dieu et le Sauveur. Et les quatre êtres vivants prononcent l’amen, tandis que les vingt-quatre anciens se prosternent et adorent (13, 14).
La création, représentée par les quatre êtres vivants et l’Église, dans la personne des vingt-quatre anciens, rendent hommage à l’Agneau. Les anciens ont chacun une harpe (Psaumes 71.22 ; Psaumes 147.7) et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Les prières montent à Dieu comme la fumée de l’encens (Apocalypse 8.3 ; Psaumes 141.2 ; Exode 30.7 ; Luc 1.9 ; Luc 1.10).
D’après la plupart des interprètes, les saints (Apocalypse 8.3 ; Apocalypse 8.4) sont les chrétiens qui luttent encore sur la terre, car s’ils étaient déjà glorifiés dans le ciel, ce ne serait pas sous cette forme et par l’entremise des anciens que leurs prières seraient présentées à Dieu.
Mais les anciens ne jouent pas le rôle de médiateurs ; ils rassemblent seulement les prières de la multitude et rien n’empêche d’admettre que l’auteur se soit représenté celle-ci composes des rachetés dans le ciel aussi bien que des croyants sur la terre.
D’autre part, il serait également arbitraire d’exclure ces derniers. Dans l’Apocalypse les membres de l’Église militante sont fréquemment appelés les saints (Apocalypse 13.7-10 ; Apocalypse 14.12 ; Apocalypse 16.6). Ce passage n’offre donc aucun appui à ceux qui prétendent invoquer les saints et recourir à leur intercession. Mais il n’exclut pas la pensée consolante que les rachetés parvenus à la perfection prient pour leurs frères qui sont encore dans les combats de la vie présente.
Grec : Tu as racheté pour Dieu de toute tribu…Codex Sinaiticus, Q portent : tu nous as rachetés.
Le cantique qu’ils chantent est nouveau (Psaumes 33.3 ; Psaumes 144.9), parce qu’il célèbre un fait nouveau : la dignité que Christ a acquise par son obéissance jusqu’à la mort et qui lui permet d’ouvrir les sceaux du livre. Et ce cantique sera éternellement nouveau, parce que les rachetés de Christ ne cesseront de pénétrer toujours plus avant dans l’insondable mystère de son amour rédempteur.
Les paroles mêmes du cantique expliquent pourquoi l’agneau est digne de prendre le livre et comment il a remporté la victoire dont il était parlé au verset 5. Il a le pouvoir d’ouvrir les sceaux, en d’autres termes de faire connaître et d’exécuter le conseil de Dieu, parce qu’il a été immolé et qu’ainsi il a tout accompli pour racheter les hommes de toute tribu, langue, peuple et nation (Apocalypse 7.9 ; Apocalypse 11.9 ; Apocalypse 13.7 ; Apocalypse 14.6 ; comparez Daniel 3.4-7 ; Daniel 4.1 ; Daniel 5.19).
Le moyen par lequel il a opéré leur rédemption, c’est son sang, c’est-à-dire sa mort expiatoire (1 Corinthiens 6.20 ; 1 Pierre 1.18 ; 1 Pierre 1.19).
Rachetés pour Dieu, ils lui appartiennent. Christ les (Codex Sinaiticus, A, Q ; le texte reçu porte : nous) a faits pour notre Dieu un royaume (Codex Sinaiticus, À ; le texte reçu, d’après Q : des rois) et des sacrificateurs. Ce royaume, qu’ils constituent, a Christ pour roi. Ils sont sacrificateurs, car Christ les associe à toutes ses prérogatives. Avec lui ils règnent sur la terre. Ce verbe est au futur dans Codex Sinaiticus
Cette leçon, admise par la plupart des critiques, rapporte la pensée au règne de mille ans (Apocalypse 20). Le présent se lit dans A, Q ; et l’on peut se demander si l’on aurait corrigé le futur en présent ; la modification inverse s’expliquerait mieux. Le présent offre un sens très acceptable : pour les êtres célestes qui chantent ce cantique, le triomphe des rachetés est déjà un fait accompli.
La leçon du texte reçu : nous régnerons est sans aucune autorité.
C’est-à-dire qu’ils étaient sans nombre (comparer Daniel 7.10).
Les anges n’ont pas été mentionnés dans le tableau de Apocalypse 4 ; ils apparaissent aux regards de Jean au moment où il entend leur chant.
Les rachetés sont plus près du trône de Dieu que les anges eux-mêmes (comparez verset 13 note et Hébreux 2.5 et suivants note) ; ceux-ci vont chanter à leur tour la rédemption du monde (verset 14).
Suivant les uns : par les louanges mêmes formulées dans ce cantique des anges ; suivant d’autres, par le fait qu’il va entrer d’une manière effective dans son règne et que ce règne triomphera de toute la puissance de l’ennemi (1 Corinthiens 15.25 ; Philippiens 2.9 ; Philippiens 2.10).
Trois de ces sept attributs : la puissance, l’honneur, la gloire, se trouvaient dans la doxologie adressée à Dieu le Père Apocalypse 4.11.
La richesse est la possession de tout ce qui est digne d’être possédé, notamment des biens spirituels que le Sauveur départit à ceux qui croient en lui (Romains 11.33, Éphésiens 3.8 ; Éphésiens 3.16 ; Jean 1.16).
La louange (grec bénédiction) termine la série et appelle l’hommage de la reconnaissance et de l’adoration sur Celui qui partage toutes ces perfections avec Dieu son Père. Comparer la doxologie de 1 Chroniques 29.11 ; 1 Chroniques 29.12.
Toute la création, en un mot (Psaumes 96.11-12 ; Psaumes 148.2-13). Elle « attend avec un ardent désir d’être délivrée de la servitude de la corruption ». Romains 8.19-22 (comparez Apocalypse 21 et Apocalypse 22) ;
Les quatre êtres vivants, qui avaient donné le signal du chant de louange (verset 8), prononcent un solennel : Amen ! Après cela, les anciens n’ont plus qu’à se prosterner dans une adoration muette.
Le texte reçu ajoute : adorèrent celui qui est vivant aux siècles des siècles.