Verset à verset Double colonne
1 En ce temps-là l’Éternel me dit : Taille-toi deux tables de pierre comme les premières et monte vers moi sur la montagne ; et tu feras une arche de bois.En ce temps-là : vers la fin des quarante jours qui séparèrent les deux séjours sur la montagne et sans doute en réponse à l’intercession de Moïse qui précède.
Et tu feras une arche de bois. On pense le plus souvent que cet ordre ne fut pas donné à ce moment même, mais qu’il est identique avec celui de construire l’arche du sanctuaire (Exode 25.10), donné dans le premier séjour sur la montagne. Il faudrait ainsi entendre les mots : me dit, dans le sens de m’avait dit ; mais cela ne s’accorde pas avec le premier ordre : Taille-toi… Le second ordre doit avoir été donné en même temps que le premier. L’arche construite par Moïse et dans laquelle il déposa immédiatement les tables (verset 5), ne fut qu’un lieu de dépôt provisoire ; on les transporta plus tard dans l’arche proprement dite, lorsqu’elle eut été construite, non par Moïse, comme celle-ci, mais par Betsaléel, avec tous les autres meubles du Tabernacle ; comparez Exode 37.1 et Exode 40.20.
Ce verset indique par anticipation ce que Moïse fit des tables après qu’il fut descendu. Le récit du séjour sur la montagne reprend au verset 40.
Et elles y sont demeurées : jusqu’au moment où Moïse les déposa dans l’arche définitive et avec celle-ci dans le Tabernacle. Cette arche provisoire fut vraisemblablement placée dans le sanctuaire provisoire dont il a été parlé Exode 33.7.
Ces versets sont une de ces notices historiques comme nous en avons déjà vu plusieurs fois. Il est évident qu’ils n’appartiennent point au discours lui-même ; mais ils ont trait à un fait relatif au sujet du discours ; comparez Deutéronome 2.10-12 ; Deutéronome 2.20-23 ; Deutéronome 3.9. Moïse vient de rappeler son intercession en faveur d’Aaron, qui aurait mérité la mort (Deutéronome 9.20) ; cette note marginale, en mentionnant le fait qu’Aaron, au lieu de périr à Sinaï, n’était mort que beaucoup plus tard, à Moséra (situé au pied de la montagne de Hor), sert à montrer l’exaucement accordé à Moïse.
Des puits des fils de Jaakan. Cette localité, d’après Nombres 33.31 (Bené-Jaakan), était au sud de Moséra ou Moséroth. Notre verset se rapporte à une marche qui se dirigeait non plus du nord au sud, comme celle des Nombres (où les Israélites vont de Moséroth à Bené-Jaakan), mais du sud au nord. En effet, comme nous l’avons vu, revenu d’Etsion-Guéber à Kadès, le peuple se dirigea au nord-est et fit la tentative de gagner Canaan en passant au sud de la mer Morte pour atteindre par là les plaines de Moab, à l’est du Jourdain et dans cette expédition, échoua, il refit le chemin qu’il avait fait précédemment en sens inverse. La mort d’Aaron eut lieu, d’après Nombres 33.37, précisément à ce moment-là et dans ces localités.
Eléazar, son fils… Le maintien du sacerdoce en la personne du fils d’Aaron fut encore une preuve de l’exaucement de la prière de Moïse.
À sa place. Ces mots montrent que sacrificateur signifie ici souverain sacrificateur.
De là ils partirent. Ils revinrent au sud depuis Moséra et gagnèrent les mêmes stations beaucoup plus méridionales de Gudgoda et de Jotbatha (peut-être sur le flanc sud-ouest de l’Azazimat et à l’ouest de l’Araba) par où ils avaient déjà passé en se rendant précédemment à Etsion-Guéber. C’était ici leur dernière marche dans le désert (la quarantième année) avant de passer, près de l’extrémité nord de la mer Rouge, de l’autre côté de l’Araba. Il n’y a donc aucune contradiction entre ces données géographiques et celles de Nombres 33.31-33, qui se rapportent à une course antérieure.
Ceci pourrait être la reprise du discours de Moïse (l’Éternel ton Dieu, verset 9). Il mentionnerait ici la charge confiée aux Lévites comme une nouvelle preuve de l’exaucement qui lui fut accordé à Sinaï en faveur du peuple. Mais il est plus simple d’envisager ces deux versets comme une seconde notice historique insérée dans le même but que la précédente. La reprise du discours n’a lieu qu’au verset 40.
Sépara la tribu de Lévi pour… bénir en son nom. Le Deutéronome parle souvent sommairement du sacerdoce en général, comme remis à la tribu de Lévi dans son ensemble, sans distinguer expressément les fonctions des sacrificateurs de celles des Lévites (Deutéronome 33.8 et suivants) Ces derniers avaient à porter l’arche (Nombres 4.4 ; Nombres 4.15) et les sacrificateurs à bénir le peuple (Deutéronome 6.23-27). Sur la question du sacerdoce en Israël, voir Deutéronome 18.1-7, note et l’appendice à la fin du livre.
Point de portion. Allusion à Nombres 18.20-23.
Et moi, je me tins sur la montagne. Moïse, après avoir indiqué par anticipation ce qu’il fit à l’égard des tables (verset 3), reprend le récit de son second séjour sur la montagne.
L’Éternel m’exauça encore cette fois : en ce qu’il ne se contenta pas de maintenir sa promesse de ne pas détruire Israël, mais qu’il y ajouta l’ordre réjouissant de quitter le Sinaï pour marcher vers Canaan. Sur quoi le peuple se mit en route pour Kadès.
Le sommaire de ce discours, qui est la conclusion tirée de tout ce qui précède depuis le chapitre 5 est celui-ci :
Un Dieu qui a tant pardonné à un peuple privé de tout mérite, doit être aimé.
Trois sections :
Et maintenant : comme conséquence toute naturelle de ce que Dieu a fait pour toi.
Qu’est-ce que… sinon… L’Éternel ne demande rien si ce n’est une seule chose, cette crainte qui est le tout de l’homme.
En marchant : La vraie crainte se manifeste par la vie.
Et en l’aimant : L’obéissance dictée par cette crainte n’est pas servile, elle a quelque chose de filial.
Et en servant l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur : Elle embrasse toutes les forces du cœur ; le cœur, en hébreu, renferme aussi l’intelligence et la volonté
Les cieux des cieux : les cieux supérieurs qui enserrent le ciel visible.
Seulement : Dieu, le créateur commun des hommes, ne s’est attaché qu’à vos pères, à cause de leur foi.
Que cette préférence vous porte à rendre votre cœur digne de lui en rompant avec tous vos penchants mauvais.
Sur l’expression circoncire le cœur, voir Ézéchiel 44.7 ; Exode 6.12 (lèvres incirconcises).
Ne roidissez plus… : Ne vous livrez pas à l’esprit profane qui se refuse à comprendre les droits de Dieu (Genèse 17.10, note).
Laissez agir sur vous la grandeur de Dieu, car il ne se laissera aller à votre égard à aucune partiale prédilection, ni gagner par vos offrandes, comme un juge qui se laisse corrompre par des présents.
S’il a une préférence, c’est pour les plus faibles ; il te l’a fait voir en te délivrant de ton état de servitude, imite sa miséricorde en usant de bonté envers les faibles qui demeurent chez toi.
Lui donnant … : voulant qu’il participe à ces dons de sa main, aussi bien que toi.
Encore l’idée de la grandeur du Dieu d’Israël, seul digne d’être adoré.
Tu jureras : Tu ne prendras à témoin par serment que lui seul : voir à Deutéronome 6.13.
En paroles (tu jureras), en actes (tu serviras), en dispositions intimes (tu t’attacheras), l’Israélite se doit tout entier à son Dieu.
Qui est ta louange (Exode 15.11 ; Jérémie 17.14). Israël n’a pas en soi matière à se louer ; tout son mérite consiste en ce que Dieu a daigné le choisir pour son peuple.