Verset à verset Double colonne
1 Prends garde au mois d’Abib et fais la Pâque à l’Éternel ton Dieu, car c’est au mois d’Abib que l’Éternel ton Dieu t’a fait sortir d’Égypte pendant la nuit.Comparez Exode 12 et 13 ; Lévitique 23 ; Nombres 28 et 29.
L’ordonnance des trois grandes fêtes est répétée ici en rapport spécial avec l’établissement du sanctuaire central qui n’est pas mentionné moins de six fois dans ce morceau.
Prends garde. Une recommandation relative aux grandes convocations était d’autant plus nécessaire que, pendant son séjour au désert, le peuple n’avait célébré la Pâque qu’une fois (Nombres 9.5 ; Josué 5.10).
Mois d’Abib (des épis) voir Exode 12.2, note. Le jour n’a pas besoin d’être indiqué ; il est connu par Exode 12.14 ; Exode 12.18.
Menu et gros bétail. Le terme de Pâque désigne proprement l’agneau sacrifié en souvenir de celui qui avait été immolé en Égypte (Exode 12.3 et suivants) et qu’on mangeait le premier du mois, au soir. C’est dans ce sens restreint que le mot Pâque est employé versets 5 et 6. Mais la fête durant sept jours, on offrait d’autres sacrifices de gros et de menu bétail dans les jours suivants et ces victimes sont comprises, versets 2 et 3, dans le terme de Pâque. Les rabbins leur donnent le nom particulier de chaguiga.
Au lieu que l’Éternel choisira. Voir Deutéronome 12.5, note.
Avec des pains sans levain (Exode 12.15). L’absence de levain n’est pas mentionnée ici comme un symbole de pureté (1 Corinthiens 5.6-7), mais comme un indice de la précipitation du départ (Exode 12.34) et des circonstances difficiles qui, cette nuit-là et les jours suivants, empêchèrent le peuple en fuite de se procurer une nourriture plus savoureuse (pain d’affliction, de misère).
Est-ce à l’idée sous-entendue de la décomposition produite par le levain que se rattache la défense de garder quoi que ce soit de la chair du sacrifice ? La viande se décompose en effet très rapidement dans les pays chauds. Voir Exode 12.10, note.
Lieux d’habitation. En Canaan l’agneau ne sera pas immolé comme en Égypte dans la demeure de chaque Israélite, mais au lieu du sanctuaire central.
Le soir. Voir Exode 12.6, note.
Tu la cuiras. Le mot hébreu signifie apprêter, soit dans l’eau, soit, ce qui est le cas ici, au feu ; comparez Exode 12.9 (tseli, rôti).
Tu t’en retourneras. Ces mots ne signifient pas que chacun s’en retournera du sanctuaire dans la demeure temporaire qu’il habite pendant la fête ; ils indiquent le retour de chaque Israélite dans sa ville et dans sa demeure ordinaire. Mais leur intention n’est pas d’interdire un séjour un peu plus prolongé dans la ville sainte durant toute la semaine pascale ; car, puisqu’il y avait une fête de clôture (verset 8) au septième jour, il est clair que chaque Israélite pouvait, si ses circonstances le lui permettaient, rester pour y prendre part. Et c’est ce que l’on faisait le plus souvent (2 Chroniques 30.21 ; 2 Chroniques 36.17). Ce tu retourneras revient donc pour le sens à : tu pourras retourner.
Même pour ceux qui retournaient chez eux, la célébration de la fête continuait par l’usage des pains sans levain et par le repos sabbatique du septième jour.
Fête de clôture. Voir Lévitique 23.36 ; Nombres 29.35.
Sept semaines. Le 16 Nisan, surlendemain du jour où l’on avait mangé l’agneau pascal, on devait, conformément à Lévitique 23.15, cueillir et apporter au sanctuaire, pour la consacrer solennellement à Dieu, la première gerbe d’épis mûrs. Cette fête était célébrée en grande pompe au temps de Jésus-Christ ; on allait cueillir la gerbe d’orge dans un champ voisin de Jérusalem et on la rapportait processionnellement dans le temple, après quoi la moisson était officiellement déclarée ouverte par le Sanhédrin.
Au bout de sept semaines, le cinquantième jour, les moissons de l’orge et du blé étant achevées, le peuple célébrait la fête d’actions de grâces nommée fête des Semaines. Le Deutéronome ne manque pas de relever la joie qui doit animer une telle fête, ainsi que la libéralité qui naîtra de cette joie (verset 11). En échange, il ne parle pas de la partie officielle, des sacrifices réglementaires offerts au nom de la nation (Lévitique 23.16-20).
Ton fils… la veuve. Le commentateur juif Raschi paraphrase ainsi cette recommandation où sont mentionnés huit groupes de personnes : Si tu veux rendre heureux ces quatre premiers qui sont à toi, songe à réjouir les quatre suivants, mes protégés à moi.
Esclave. Ce souvenir humiliant doit disposer le peuple à la bienveillance, parliculièrement envers les esclaves. Comparez Deutéronome 5.15 ; Deutéronome 15.15.
Tu feras la fête des Tabernacles. Littéralement : Tu te feras ta fête… , ce qui rappelle que cette fête est tout particulièrement une fête pour le peuple, une fête joyeuse ; c’était la clôture de toutes les récoltes de l’année (Lévitique 23.42-43). Le séjour dans les tentes était destiné à rappeler la protection merveilleuse que Dieu avait accordée au peuple, lorsqu’il l’avait fait traverser et braver sous ces légers abris les solitudes et les intempéries du désert. Voir Lévitique 23.42, note.
Aire et pressoir : les deux principales récoltes.
En l’honneur de l’Éternel, littéralement : pour l’Éternel, auteur de tous ces biens et de toute cette joie.
Résumé de l’ordonnance sur les fêtes.
Trois fois. Comparez Exode 23.17.
Tout mâle. Il va sans dire que les femmes étaient libres d’accompagner les hommes quand elles le pouvaient.
L’on ne paraîtra pas les mains vides : non seulement parce qu’en Orient on ne s’approche pas d’un supérieur sans lui offrir quelque présent (Lévitique 1.2, note), mais encore en signe de dépendance à l’égard du Dieu de qui l’on tient tout.
La sainteté de la vie du peuple telle qu’elle devra être maintenue par les autorités qui le gouverneront à la suite du départ de Moïse et de la conquête.
Déjà au commencement du séjour dans le désert, Moïse, d’après le conseil de Jéthro (Exode 18 ; Deutéronome 1.9-18), avait établi sur le peuple des hommes chargés de rendre la justice. Maintenant que le peuple va commencer à mener une vie sédentaire et se disperser dans tout le pays, une organisation judiciaire plus complète, avec un tribunal supérieur pour trancher les questions de droit les plus difficiles, devient nécessaire. Des magistrats devront être établis dans toutes les villes de la Terre Sainte. On a rapproché cette ordonnance de l’organisation judiciaire attribuée à Josaphat (2 Chroniques 19.5 et suivants) et supposé que l’auteur du Deutéronome n’avait fait autre chose qu’antidater cette institution en l’attribuant à Moïse lui-même. Mais le peuple, qui n’avait pu se passer d’une institution judiciaire au désert, ne peut en être resté privé en Canaan jusqu’au temps des Rois. Josaphat, dans toutes ses réformes religieuses et civiles, ne paraît pas avoir innové (2 Chroniques 17.3). Il a rétabli et régularisé. Il n’y a rien que de naturel à ce que, dans la prévision du prochain établissement du peuple en Canaan, Moïse ait pourvu à une administration de la justice plus complète que celle qui avait été établie provisoirement à Sinaï.
Tu établiras. Il semble que ce soit le peuple qui doive nommer lui-même ses magistrats.
Greffiers. Le terme hébreu est le même que celui qui a été traduit par contre-maîtres dans Exode 5.6 ; Exode 5.14 et par hommes d’office dans Nombres 11.16.
Selon tes tribus. Même mode d’élection que Deutéronome 1.13.
La justice. Il s’agit non de la justice que chaque individu doit réaliser dans sa propre vie, mais de celle que les juges devront faire régner en Israël.
C’est ici sans doute l’exemple d’un scandale public que les juges ne doivent absolument pas tolérer ; comparer le verset 20.
Aucun arbre comme aschère : comme idole. Comparez Exode 34.13.
De l’autel… Il s’agit soit de l’autel qu’Israël dressera dans le sanctuaire central quand le lieu en aura été désigné, soit des autels qu’il doit élever dans chaque lieu ou l’Éternel s’est visiblement manifesté (Exode 20.24). Aucun signe idolâtre ne doit profaner une localité quelconque où l’Éternel est adoré.
De ces colonnes. Sur ces monuments (Exode 23.24) ou cippes (Lévitique 26.1), voir Exode 23.14, note.