Verset à verset Double colonne
1 Et maintenant, ainsi parle l’Éternel, ton Créateur, ô Jacob, celui qui t’a formé, ô Israël ! Ne crains point, car je t’ai racheté ; je t’ai appelé par ton nom ; tu es à moi !Et maintenant : Après toutes tes humiliations (Ésaïe 42.25), une ère nouvelle commence (Ésaïe 40.2).
Qui t’a créé, formé. Israël doit son existence au libre choix et aux dispensations miraculeuses de Jéhova, qui a élu Abraham et lui a donné une postérité.
Je t’ai racheté. Dieu a racheté Israël, lorsqu’il l’a tiré d’Égypte. C’est à ce moment aussi qu’il l’a pris à lui pour en faire un peuple particulièrement connu et aimé de lui entre tous les autres : je t’ai appelé par ton nom. Comparez Exode 19.1-5 ; Exode 20.2-3.
Le feu et l’eau représentent toute espèce de danger (Psaumes 66.12) : c’est ici l’image des plus grands périls qui puissent encore menacer Israël.
Cyrus, en prenant Babylone, acquiert, des droits sur Israël, qui y est captif ; mais bien loin d’en user avec rigueur, il congédie ce peuple ; Dieu le dédommage et le récompense pour cet acte volontaire d’émancipation en ajoutant à l’empire perse l’Égypte, Cus (l’Éthiopie, ici spécialement l’Éthiopie méridionale) et Séba (Méroé, la métropole éthiopienne, située dans la partie septentrionale du pays). Ces pays furent effectivement conquis par Cambyse, fils de Cyrus. Comparez Ézéchiel 29.18-20 où l’Égypte est donnée à Nébucadnetsar en échange du peu de profit qu’il a retiré de son expédition contre Tyr.
Le retour de la captivité prend ici les dimensions d’un retour bien plus général ; Ésaïe contemple le rassemblement final des membres du peuple d’Israël, dispersés dans toutes les nations. Comparez Ésaïe 11.11-12 ; Ésaïe 60.4 et suivants ; Psaumes 107.3.
Ceux qui portent mon nom : qui, comme fils de Dieu (verset 6), portent le nom de leur père ; comparez Deutéronome 14.1.
Pour ma gloire : voyez verset 21.
Ce discours développe d’une manière complète l’idée du salut qui est l’objet de toutes les promesses des chapitres précédents. Quatre parties :
D’après Ésaïe 42.19-20, le peuple aveugle et sourd, c’est Israël. Dieu ordonne au prophète de le faire comparaître pour qu’il lui serve de témoin dans sa contestation avec les idoles. Si aveugle et sourd soit-il, il ne pourra refuser d’attester que dès longtemps l’Éternel lui a annoncé par ses prophètes ce qui arrive maintenant et s’est fait connaître par là comme le seul Dieu véritable (versets 10 à 12).
Les Gentils sont convoqués comme Ésaïe 41.1, afin que, s’ils le peuvent, ils déclarent que leurs dieux en ont fait autant.
Qui parmi eux : parmi les faux dieux. Le mot cela désigne les événements qui vont s’accomplir, la chute de Babylone et la délivrance des Juifs (verset 14).
Des prédictions anciennes : des prophéties données autrefois par les idoles et attestées par ceux qui les ont entendues ; voyez Ésaïe 41.22 ; Ésaïe 41.26.
Les faux dieux ne peuvent produire de pareils témoins (Ésaïe 41.26). Mais Jéhova a un témoin de ce qu’il a prédit et fait : son peuple. Nous entendons ici par mon serviteur Israël : vous êtes, vous Israélites, mon serviteur. Ce peuple, pour lequel l’Éternel a fait, dès longtemps, des œuvres telles qu’aucune autre nation n’en a vues (verset 12 ; Ésaïe 44.7), peut attester qu’il est véritablement Dieu.
N’a été formé avant moi ne veut pas dire que Jéhova a été formé avant les autres dieux ; il n’a pas été formé du tout ; cette expression s’explique par le fait que tous les dieux, hors lui seul, sont des dieux fabriqués.
Comparez Ésaïe 14.27. L’œuvre que nul ne peut empêcher Dieu d’accomplir, c’est le châtiment de Babel et l’affranchissement d’Israël (verset 14 et suivants).
J’ai enroyé… Cyrus, avec ses Mèdes et ses Perses, est déjà en route. Voyez Ésaïe 41.2 ; Ésaïe 13.3.
Tous : la multitude qui remplit Babylone, ce rendez-vous des peuples (Ésaïe 13.14 ; Jérémie 50.16).
Les Chaldéens eux-mêmes, les maîtres du pays, devront fuir sur leurs navires. Babylone faisait un commerce étendu par le moyen de la navigation sur l’Euphrate et le golfe Persique. On peut voir la description de ces navires de commerce dans Hérodote (I, 194).
Votre roi : voir à Ésaïe 41.21.
Description de la sortie d’Égypte et de la destruction de l’armée de Pharaon (Exode 14.1-31). C’est une œuvre pareille que l’Éternel va faire en faveur de son peuple. Comparez Ésaïe 10.26 et Ésaïe 11.15.
Il ne s’agit évidemment pas d’oublier les anciens bienfaits de Dieu ; mais le moment est venu de porter toute son attention sur l’œuvre nouvelle et plus grande qu’il veut accomplir.
Nous avons ici un tableau poétique du rétablissement d’Israël, mais décrit comme aboutissant à la gloire finale. Les images sont empruntées au retour du peuple à travers le désert. Comparez Ésaïe 35.7-8.
Toutes les créatures sont associées à cette félicité des élus. Comparez Ésaïe 44.23 ; Romains 8.19-22.
Ils raconteront… : comme Israël chanta le cantique de louange après le passage de la mer Rouge (Exode 15.1-21).
On a expliqué de bien des manières ce passage difficile. Voici le seul sens qui nous paraisse en rendre compte : Israël a souvent négligé le culte cérémoniel et il a manqué en ne l’offrant pas comme il le devait. Mais ce n’est pas là-dessus qu’ont porté les reproches que Dieu lui a adressés, car ce n’était pas là le service auquel il tenait. Ce qu’il voulait et ce qu’il n’a pas obtenu, c’était la fidélité du cœur : c’est par ses iniquités qu’Israël l’a irrité. Les censures prophétiques frappent les vices moraux bien plutôt que les négligences dans le culte. Je t’avais bien ordonné ces cérémonies, semble dire ici l’Éternel, mais je n’ai pas insisté là-dessus et si tu eusses fait le reste, je ne t’en aurais pas même parlé. Comparez Ésaïe 1.11-12 ; Osée 6.4-7 ; Michée 6.6-8 ; Psaumes 50.8-13. Jérémie (Ésaïe 7.22) va plus loin encore dans l’expression de la même pensée ; Dieu dit : Je n’ai pas commandé ces choses à vos pères.
Le roseau odoriférant désigne une plante qui croît en Inde, en Arabie et en Syrie et qui entrait dans la composition de l’huile sainte.
Israël n’a donc aucun mérite à faire valoir : il n’a attiré sur lui que des châtiments. Mais son Dieu maintenant lui pardonne.
C’est moi qui efface…. L’image est celle d’un livre dans lequel les fautes de l’homme sont enregistrées (Daniel 7.10 ; Apocalypse 20.12).
Pour l’amour de moi : Dieu consent à les en effacer pour l’amour de lui-même, c’est-à-dire, non pas à cause d’Israël, qui n’est pas digne de cette grâce, mais pour sa propre gloire, qui serait compromise par la perdition définitive de son peuple (Exode 32.11-13 ; Nombres 14.13-21).
L’Éternel veut bien encore entrer en discussion avec son peuple : peut-être celui-ci trouve-t-il injuste la sentence portée sur lui ; qu’il rappelle donc ses mérites et se justifie, s’il le peut. Comparez Ésaïe 1.18.
Mais comment Israël se justifierait-il ? Toute son histoire, dès son origine, n’est qu’une suite de péchés
Ton premier père. Qui est désigné par ces mots ? Il ne s’agit pas d’Abraham (Ésaïe 41.8 ; Ésaïe 51.2), auquel l’infidélité envers Dieu n’est jamais reprochée. Il serait plus naturel de penser à Jacob (Ésaïe 58.14), dont le nom revient constamment dans notre prophétie et dont les fautes ne purent être pardonnées qu’à la suite de son humiliation et de ses larmes (Osée 12.3-5). Il serait le premier père du peuple d’Israël, en opposition aux patriarches, pères des douze tribus. Mais on n’aperçoit ainsi aucun rapport entre les termes évidemment parallèles des deux parties du verset : le premier père et les interprètes. Un autre sens est préférable. Les pères d’Israël sont les souverains sacrificateurs qui se sont succédé à la tête du peuple ; et le premier d’entre eux est Aaron, dont le péché fut si sévèrement puni par l’Éternel (Nombres 20.23-28). Les interprètes sont les prêtres et les Lévites, dépositaires officiels de la loi, qui furent en Israël les hommes de la lettre, les représentants habituels du formalisme (quand ils n’étaient pas ceux de l’idolâtrie ; Exode 32.1-35) en opposition aux prophètes, les hommes de l’Esprit.
C’est donc avec justice qu’Israël a été frappé. Les princes du sanctuaire les sacrificateurs, ont été déshonorés c’est-à-dire dégradés, à l’image d’Aaron dépouillé de ses vêtements sacerdotaux : ils ont été destitués de leur ministère et traînés en exil. Israël a été mis à l’interdit (comme Édom Ésaïe 34.5) : il est devenu aux yeux des peuples un monument de la malédiction divine et par là même l’objet de leur risée et de leurs mauvais traitements.