Verset à verset Double colonne
1 Et maintenant, écoute, Jacob, mon serviteur Israël, que j’ai choisi !Verset 1 voir à Ésaïe 41.8. Les promesses qui suivent s’adressent à Israël purifié par le jugement.
Comparez Ésaïe 43.1.
Jésurun : terme de tendresse, pour désigner Israël ; ce mot ne se retrouve que dans le Deutéronome (Deutéronome 32.15, Deutéronome 33.5 ; Deutéronome 33.26) ; c’est un diminutif de jaschar : le droit, le fidèle qui servait de nom d’honneur à Israël, comme le montrent les paroles de Balaam (Nombres 23.10 ; Nombres 23.21).
Tableau des bénédictions temporelles et spirituelles qui seront répandues sur la Terre Sainte et sur ses habitants (comparez Ésaïe 30.20-25 ; Ésaïe 51.3 ; Ésaïe 32.15).
Pour l’image des arbres bien arrosés, voyez Psaumes 1.3.
Voir dans Joël (Ésaïe 2.19-29) les mêmes bienfaits, d’abord matériels, puis spirituels, réunis comme ici et placés dans le même ordre.
On pourrait appliquer ce verset aux Israélites, dans ce sens : il viendra un moment où tout Israël confessera joyeusement son Dieu et où le nom Israélite ne sera plus envisagé comme un opprobre ; on se glorifiera au contraire de le porter. Mais l’expression il célébrera (littéralement : nommer avec respect, prendre pour titre d’honneur) le nom d’Israel, ne convient pas bien aux Juifs, qui portent déjà ce nom et n’ont pas à le prendre. Il est donc plus naturel de rapporter ce passage aux païens, qui, voyant la gloire du peuple de Dieu (versets 3 et 4), considéreront, comme le plus grand honneur de se joindre à lui et se réclameront avec lui du nom de Jéhova ; ainsi l’opprobre d’Israël sera effacé (Ésaïe 43.28 ; comparez Ésaïe 25.8). Voir Ésaïe 2.3 ; Ésaïe 19.18 ; Psaumes 87.1-7.
Prendra sur sa main la marque (le signe, le nom) de l’Éternel. Cette image exprime la joyeuse confession du nom de l’Éternel ; elle est tirée de l’usage, très répandu de nos jours encore en Orient de se tatouer. Chez les Arabes, il y a des gens qui font le métier de tatoueurs. Les païens prenaient sur le front, les bras, les mains, le signe (le nom) de leurs dieux, On se marque du chiffre de ceux qu’on aime. Comparez Exode 13.16 ; Apocalypse 13.16.
Ce discours a pour but de confirmer les promesses qui précèdent, en rappelant une fois de plus à Israël que son Dieu est le seul vrai (versets 6 à 8), tandis que les idoles ne sont rien (versets 9 à 20) et en lui renouvelant l’assurance de sa grâce (versets 21 à 23).
Le Roi d’Israël : voir Ésaïe 41.21.
Le premier et le dernier : l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de tout ; comparez Apocalypse 1.8 ; Apocalypse 1.11 ; Apocalypse 22.13. Ni le passé, ni l’avenir n’échappent donc à sa connaissance et à son pouvoir. Seul par conséquent il peut prédire les choses futures (versets 7 et 8).
Comparez Ésaïe 41.22-23.
Un peuple éternel : Israël, ce peuple qui, tandis que les autres peuples passent, seul demeure (2 Samuel 7.24). Le mot rendu par éternité désigne en hébreu une durée indéfinie : Ésaïe 32.14, note.
Le peuple de Dieu ne doit point s’effrayer des maux de l’exil, comme s’ils ne devaient jamais finir : l’Éternel ne lui a-t-il pas promis la délivrance que déjà l’on voit poindre ? Comparez Ésaïe 40.27.
Point d’autre rocher : le seul protecteur (Ésaïe 17.10) : les idoles ne peuvent rien contre Israël.
Ce passage est le plus important de ceux où le prophète argumente contre l’idolâtrie. Comparez Ésaïe 40.19-20 ; Ésaïe 46.6-7 ; Jérémie 10.1-16.
Leurs témoins. Les païens sont témoins pour leurs idoles, comme Israël l’est pour Jéhova (verset 8 ; comparez Ésaïe 43.9-10).
Qui est assez insensé pour travailler à une telle œuvre ?
Ce sont des hommes : des créatures, qui créent des dieux et les opposent au Créateur !
Nous assistons à la fabrication de l’idole : verset 12, l’idole de métal ; verset 13, l’idole de bois.
On se rappelle ici les vers de La Fontaine :
Un bloc de marbre était si beauQu’un statuaire en fit l’emplette.
Qu’en fera, dit-il, mon ciseau ?
Sera-t-il Dieu, table ou cuvette ?
Comparez aussi Horace, Satires I, 8 :
Autrefois j’étais un tronc de figuier, vieil arbre inutile ; l’ouvrier ne savait pas s’il devait me donner la forme d’un banc ou la figure de Priape : il se décida pour le dieu. Me voilà donc devenu une divinité… !
Sens : une moitié pour le chauffage ; une moitié pour la cuisine ; et s’il reste quelque chose de ces deux moitiés, ce sera pour faire le dieu.
Ils : les idolâtres (verset 9). Comparez Romains 1.21-23.
Une abomination. Si les païens voulaient seulement user de leur bon sens (Romains 1.20), C’est ainsi qu’ils nommeraient l’idole. Voyez à Ésaïe 41.24.
Il se repaît de cendres : l’idolâtre poursuit des choses vaines (Job 13.12 ; Osée 12.2). Ce qu’il tient dans sa main, l’idole, est mensonge : elle n’est pas ce que dit son nom et trompe ceux qui s’y confient (Jérémie 10.14-15).
Ce que ceux-là ne comprennent pas (versets 18 à 20), Israël s’en souviendra, lui que Jéhova s’est si particulièrement attaché.
Tu ne seras pas oublié : réponse aux doutes provoqués, même chez les fidèles, par les longues humiliations de l’exil (Ésaïe 40.27 ; Ésaïe 49.14-15).
Comme le vent dissipe les nuages et rétablit la pureté du ciel, ainsi l’Éternel fait disparaître aisément et en un clin d’œil le péché qui s’interposait entre lui et son peuple (comparez Ésaïe 43.25). Le salut est déjà accompli ; Israël n’a qu’à venir le chercher auprès de son Dieu. La grâce a précédé sa conversion.
Les cieux et la terre ont été pris à témoin du péché d’Israël (Ésaïe 1.2) et s’en sont comme épouvantés (Jérémie 2.12-13). Ils doivent maintenant se réjouir avec le peuple éternel pardonné et purifié.
Il y a ici une personnification poétique de la nature. Mais cette forme repose sur une réalité. L’homme étant le roi de la création, tout l’univers doit participer avec lui au salut. Le monde moral et le monde extérieur forment une unité.
La prophétie se précise ici davantage, le libérateur promis est enfin désigné par son nom. Ce nouveau discours se compose de quatre parties :
Le but des voies de Dieu, dans l’envoi de Cyrus, est donc celui-ci : tous, Israël, les païens, Cyrus lui-même, doivent parvenir au salut par la connaissance du Dieu unique et véritable.
Comparez le verset 24 avec le début tout pareil du précédent discours (verset 6).
La toute-puissance de Dieu est la garantie de l’accomplissement de ses promesses (Ésaïe 40.12 et suivants).
Déployé les cieux : comme une tente (Ésaïe 40.22).
Qui a été avec moi… : qui m’a aidé dans l’œuvre de la création (Ésaïe 40.13-14) ?
Les païens ont aussi leurs prophètes ; mais Dieu met à néant leurs prédictions en ne permettant pas qu’elles s’accomplissent ; c’est ainsi qu’il confond, en face de Joseph, de Moïse, d’Élie, les sages de l’Égypte et les prêtres de Baal. Il s’agit ici des sages de Babylone, qui ne prédisent à cette ville que du bien, au moment même où elle va tomber au pouvoir de Cyrus. Comparez Ésaïe 47.10-13 ; Daniel 5.7.
L’Éternel seul donne de vraies prophéties, que l’événement confirme : son serviteur (le prophète Ésaïe lui-même, comparez Ésaïe 20.3) et ses envoyés (les prophètes en général) ne parlent pas en vain : leur conseil, qui n’est autre que celui de Dieu proclamé par eux, s’exécute.
Jérusalem, les villes de Juda : comme Ésaïe 40.9.
Babylone doit tomber pour que Jérusalem se relève (verset 26).
L’abîme : l’Euphrate (Zacharie 10.11 ; comparez Ésaïe 19.5 ou le Nil est appelé une mer). Le fleuve sera mis à sec, comme autrefois la mer Rouge, afin Cyrus puisse entrer dans Babylone (comparez Ésaïe 11.15 ; Ésaïe 33.21, note). On sait que Cyrus pénétra dans la ville par le lit de l’Euphrate, dont il avait détourné les eaux (Hérodote I, 191).
Cyrus, en hébreu Korès. Ce nom est le même que celui du fleuve Kur (Ésaïe 22.6). D’après Strabon, le conquérant se nommait dans l’origine Agradatès ; il ne prit que plus tard le surnom de Cyrus. Voir encore sur ce nom l’introduction aux chapitres 40 à 66.
Mon berger : pour rassembler et ramener en Canaan Israël dispersé. Cette prédiction nominative de Cyrus n’a sa pareille que dans celle relative à Josias (1 Rois 13.2) et ne peut s’expliquer que par l’importance exceptionnelle de la mission que Dieu réservait à ce monarque et dont, au dire unanime de l’antiquité, il fut digne par ses vertus. En relevant Israël de son profond abaissement, il fut comme un Messie anticipé et prépara l’extension du règne de Dieu chez les gentils. Son nom, prononcé d’avance par la prophétie, dut être, lorsque ses premières victoires le rendirent célèbre, un signe pour Israël captif, en même temps que le moyen de disposer Cyrus lui-même à libérer le peuple de Dieu. On ne comprendrait guère, en effet, sans une influence de ce genre, qu’un de ses premiers soins, après avoir pris Babylone, eût été de renvoyer ce peuple en Palestine. Le récit de Josèphe (Antiquités XI, 1, 2) n’a donc rien que de vraisemblable ; comparez Esdras 1.2.