Verset à verset Double colonne
1 Ainsi a dit l’Éternel à son oint, à Cyrus, que j’ai pris par la main droite, pour renverser devant lui les nations et délier la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les verrous et afin que les portes ne lui soient pas fermées :À son oint ; Cyrus est le seul roi païen qui soit appelé l’oint de l’Éternel : c’est qu’il est revêtu d’une mission d’en-haut, mission analogue à celle du Messie et qu’il est armé pour la remplir, d’une force divine. Comparez Ésaïe 13.3, où l’Éternel appelle les Mèdes ceux qui lui sont consacrés.
Pour renverser devant lui… Comparez Ésaïe 41.2-3. Les historiens profanes parlent de la facilité et de la rapidité inouïes avec lesquelles Cyrus accomplit ses conquêtes. Hérodote dit : Où qu’il plût à Cyrus de porter la guerre, cette nation-là était incapable de lui échapper (I, 204).
Délier la ceinture des rois : les réduire à l’impuissance ; la ceinture est le symbole de la force (Job 40.2).
Les portes d’airain : les portes de Babylone ; cette ville avait, en effet, cent portes d’airain (Hérodote, I, 179). Comparez Ésaïe 13.2 ; Psaumes 107.16. Pendant la nuit où Babylone fut prise, les portes qui donnaient sur le fleuve étaient restées ouvertes (Hérodote, I, 191).
Cyrus conquit les deux villes les plus riches de l’Asie, Sardes (la capitale de Crésus) et Babylone (la cité pleine d’or, Eschyle, Perses ; comparez Jérémie 51.13). Les trésors qu’il trouva à Sardes sont estimés par Pline à une somme qui équivaut à plus de 950 tonnes d’or.
Comparez Jérémie 1.5.
Ceint : armé, revêtu de force (Ostervald) ; voyez verset 1, note.
Toutes les dispensations de Dieu en faveur d’Israël (verset 4) sont subordonnées à un but supérieur, la gloire de Jéhova, qui doit être reconnue de toute la terre. Comparez Ésaïe 42.10-12.
Le monothéisme est affirmé ici avec une énergie particulière. Peut-être le prophète a-t-il l’intention de l’opposer à la religion des Perses, qui, quoique plus pure que le paganisme vulgaire, admettait cependant deux principes éternels, toujours en guerre, Ormuzd, source de la lumière et du bien et Ahriman, source des ténèbres et du mal. Rien n’existe qui ne soit la création de Jéhova.
Il faut prendre ici la lumière et les ténèbres dans le sens physique.
Si Dieu crée le malheur c’est dans un but saint, pour punir et pour sauver.
Le prophète voit naître enfin le salut définitif dont l’œuvre de Cyrus n’était que l’acheminement. Ce salut est à la fois le don du ciel et le fruit de la terre : la terre doit le produire sous l’action de l’Esprit d’en-haut. Comparez Ésaïe 44.3 ; Ésaïe 61.11 ; Ésaïe 4.2.
Malheur à qui dispute… Ceci s’adresse évidemment à Israël, dont l’incrédulité a jusqu’ici retardé l’arrivée du salut promis. Le peuple rebelle est comparé à un vase de terre qui disputerait avec le potier et lui contesterait le droit de le façonner à son gré. Cette image rend sensible l’absurdité de sa conduite. Israël n’est d’ailleurs qu’un vase parmi d’autres vases : il n’a pas plus de droits par lui-même que les autres peuples. Tous également ont été tirés de la poudre par l’Éternel (Genèse 2.17). Comparez l’emploi de la même image Ésaïe 29.16 et Ésaïe 64.8. Jérémie la reprend (Ésaïe 18.1-6) ; saint Paul aussi en fait usage, Romains 9.20-21.
Ton œuvre : argument ad hominem : que dirait un homme, si l’argile dont il se sert venait à en agir ainsi envers lui ?
Israël mécontent de son sort et murmurant contre Dieu, c’est comme un enfant qui reprocherait à ses parents de l’avoir mis au monde.
Application des images versets 9 et 10 : Israël aurait-il l’audace de demander compte à Dieu de la manière dont il conduit ses propres enfants (Deutéronome 14.1), lui qui commande à l’univers (verset 12) et qui prépare fidèlement le salut de son peuple (versets 13 à 17) ?
Comparez Ésaïe 42.5 ; Ésaïe 40.22 ; Ésaïe 40.26.
Voyez versets 1 à 3 et Ésaïe 41.2-3.
Sans rançon ni présent. Même idée que Ésaïe 52.3 : Israël ne paiera pas de rançon pour se racheter ; c’est l’Éternel qui fait tout pour lui et qui inspire à Cyrus la résolution désintéressée de le libérer. Sans doute, il lui plaît ensuite de dédommager Cyrus, comme cela est indiqué Ésaïe 43.3.
Ces paroles sont adressées à Sion. Rétablie, elle voit accourir à elle enchaînés (des liens d’une servitude volontaire) les peuples païens qui l’avaient autrefois asservie (Ésaïe 50.9 et suivants, Ésaïe 14.2). Ils viennent rendre hommage à Jéhova et à son peuple, qui est au milieu d’eux comme une nation de prêtres (ils te supplieront). Comparez Zacharie 8.23 ; 1 Corinthiens 14.25 ; Apocalypse 3.9.
Pour l’Égypte, Cus et Séba voir Ésaïe 43.3, note ; leur conversion est annoncée également Ésaïe 18.7 ; Ésaïe 19.18-25 ; Psaumes 68.32 ; Psaumes 72.10. Pour la grande taille des Éthiopiens, voir Ésaïe 18.2, note.
Exclamation d’Israël, qui contemple avec admiration ce merveilleux changement opéré dans le monde païen.
Un Dieu qui te caches : un Dieu dont les voies sont mystérieuses, insondables, mais toujours glorieuses dans leur fin (Ésaïe 55.8-9). Comparez le cri d’adoration de l’apôtre sur la profondeur des voies de Dieu, Romains 11.33-34.
Voir Ésaïe 44.9.
Le peuple éternel (Ésaïe 44.7) est l’objet d’un salut éternel (Hébreux 9.1). Ce salut ne consiste pas seulement dans le retour de l’exil ; c’est la rédemption parfaite, qui suppose la transformation spirituelle du peuple : sa révolte aura cessé pour toujours, par conséquent il ne retombera plus sous le châtiment.
L’Éternel invite les Gentils à reconnaître qu’il est le seul vrai Dieu et à regarder à lui pour être sauvés.
Dieu rappelle qu’il n’a pas parlé à Israël en cachette, mais au vu et au su des païens (Exode 15.11-16 ; Josué 2.9-11). Sa loi n’a pas été un thoou, un chaos, mais une révélation claire et lumineuse à laquelle ils auraient dû prendre garde.
Les païens sont invités à se rendre attentifs aux prophéties de Jéhova, qui déjà s’accomplissent (verset 21) et à reconnaître le néant de leurs idoles. Ésaïe se place en esprit, au moment où l’œuvre de Cyrus qu’il annonce, sera réalisée.
Les restes des Gentils : tous les païens qui échapperont au jugement dont les idolâtres ont été menacés (verset 16) et qui seront disposés à recevoir la parole de Dieu. Ce reste du monde païen correspond au reste d’Israël (Ésaïe 10.21-22 et ailleurs).
Comparez Ésaïe 43.9 et suivants.
Tout le passage versets 21 à 24 est pénétré d’un souffle d’enthousiasme monothéiste. La perspective du retour de l’exil, de la conversion des Gentils et du règne de Dieu établi dans le monde entier, jette le prophète dans une sorte d’extase.
Tous les bouts de la terre ; c’est le toute chair de Ésaïe 40.5.
J’ai juré par moi-même. Dieu a dit : Aussi vrai que je vis (Romains 14.11) ! Pour venir en aide à la faiblesse des croyants dans certains moments décisifs, Dieu leur donne en gage ce qu’il y a de plus grand et de plus sacré, sa propre personne et son propre nom. C’est de cette manière qu’il avait confirmé à Abraham toutes ses promesses, après le sacrifice d’Isaac (Genèse 22.16). Une simple parole sortie de sa bouche ne peut être retirée (Ésaïe 31.2 ; Ésaïe 55.11) ; combien moins une parole prononcée avec serment (voir Hébreux 6.13 et suivants) !
Comparez pour la fin du verset Philippiens 2.10-11.
Me prêtera serment : prêter serment à l’Éternel, c’est rendre hommage à sa souveraineté et se soumettre à son jugement. Comparez Ésaïe 19.18.
Voyez les paroles des Gentils s’encourageant mutuellement à rechercher l’enseignement de Jéhova, Ésaïe 2.3 ; et la promesse Ésaïe 42.4.
Toute la race d’Israël, d’après ce qui précède (versets 22 et 23), doit être entendue d’Israël converti et des païens qui se seront joints à lui, ainsi de l’Israël spirituel ; quiconque est de la foi d’Abraham, est enfant d’Abraham (Galates 3.7 ; voir plus haut Ésaïe 44.5). Il n’y aura plus, à la fin des temps, sur la terre que cette race d’Israël, l’Israël de Dieu (Galates 6.16) glorifiant le nom de Jéhova dont la grâce l’a justifié. Comparez les cantiques de l’Apocalypse Ésaïe 5.9 ; Ésaïe 7.9-10.