Verset à verset Double colonne
À partir d’ici, ce n’est plus Esdras qui parle, comme il l’a fait depuis Esdras 7.27, mais l’auteur du livre qui raconte les événements en se servant des mémoires d’Esdras.
Ceci se passe encore dans le parvis du peuple, ou Esdras s’est transporté (Esdras 9.3), à la suite de la dénonciation relative aux mariages mixtes. Dans le parvis des prêtres, le peuple, les femmes et les enfants n’auraient pu pénétrer.
S’étant jeté à terre. Il avait commencé par s’agenouiller (Esdras 9.5).
Le peuple pleurait beaucoup. Un grand nombre, jugeant, comme lui, la chose des plus graves, se réunirent autour de lui pour témoigner de la conformité de leurs sentiments.
Sécania, fils de Jéhiel, des fils d’Elam. Inconnu. Sur les fils d’Elam, voir Esdras 2.7 et Esdras 8.7. Notre Sécania n’est pas celui de Esdras 8.5, qui était fils de Zatthu (d’après une hypothèse exposée à ce passage). Quant à Jéhiel, on l’a parfois identifié, mais sans preuves, avec celui de notre verset 26, qui était au nombre des Israélites coupables et l’on a supposé que, si son fils parle ici comme il le fait, c’est qu’il avait vu de près les inconvénients de ces mariages mixtes.
En épousant, littéralement : en faisant habiter avec nous. Le remède consistera à renvoyer (verset 3), littéralement à faire sortir ces femmes.
Il reste une espérance, Esdras avait dit (Esdras 9.15) qu’il n’y avait point d’espoir, c’est-à-dire si l’on en restait là. Sécania indique la seule chose à faire pour échapper.
À ce sujet, littéralement : là-dessus. Allusion à la fin de la prière d’Esdras (Esdras 9.15), qui se termine par la même expression que nous avons rendue là par : à cause de cela.
Traitons alliance avec notre Dieu pour renvoyer : Prenons vis-à-vis de Dieu l’engagement de renvoyer.
Ce qui est né d’elles. D’après versets 11 et 19 on pourrait penser qu’on s’est contenté d’expulser les femmes, mais le verset 44 et Néhémie 13.23 et suivants conduisent à admettre qu’on a sévi même contre les enfants, contre ceux du moins qui, en âge de raison, n’optaient pas pour la religion juive.
Selon l’avis de mon seigneur. Le texte porte : du Seigneur. Nous avons admis une légère modification qui ne porte que sur les points voyelles : Adoni au lieu d’Adonaï et nous pensons qu’il s’agit de l’avis d’Esdras. On objecte que Sécania va bientôt dire à Esdras : Lève-toi ! et non pas : Que mon seigneur se lève. Mais, s’adressant à lui pour la première fois, il peut fort bien lui témoigner ici le respect qui est dû à un aussi grand personnage. Puis on fait observer qu’Esdras n’a encore donné aucun avis. Mais ceux qui tremblent aux commandements de notre Dieu n’en ont point donné non plus. Il faut penser à un avis tacite donné par l’attitude qu’avaient prise Esdras et la partie la plus zélée du peuple. Enfin l’Éternel commande et ne conseille pas.
Et qu’il soit fait selon la loi ! Il ne s’agit pas ici de la loi Deutéronome 24.1-4, qui ne s’occupe que de la procédure à suivre lorsqu’il y a divorce, mais de la loi Exode 34.16 et Deutéronome 7.3, qui pose le principe et condamne les mariages mixtes. Voir Esdras 9.1, note.
Cette affaire te regarde, t’incombe. Par sa valeur personnelle, par sa double dignité de sacrificateur et de scribe et par les pouvoirs que lui avait donnés Artaxerxès (Esdras 7.26), Esdras était l’homme indiqué pour prendre la chose en mains. Nous avons vu, à propos de l’expression les chefs (Esdras 9.1), que lors de l’arrivée d’Esdras à Jérusalem, il n’y avait pas, parmi les descendants des premiers exilés, de personnalité dominante.
Et Esdras se leva. Il était demeuré agenouillé pendant le discours de Sécania. Il ne se lève qu’une fois le serment prêté ; jusque-là il conserve l’attitude d’un suppliant et nous allons au verset 6 le voir jeûner jusqu’à ce qu’on ait passé aux mesures d’exécution.
Se leva : en relation intime avec et alla, dans le sens de : quitta le parvis et entra…
La chambre… Le nouveau temple avait probablement comme celui de Salomon (1 Rois 6.5-6), sur trois de ses côtés, des constructions latérales, qui pouvaient servir à divers usages religieux.
Johanan, fils d’Eliasib. Comme il est parlé Néhémie 12.23 d’un souverain sacrificateur Johanan, fils d’Eliasib, il paraîtrait naturel de penser ici à la chambre que ce prêtre s’était réservée parmi les chambres latérales du temple. Mais Eliasib était un contemporain de Néhémie (Néhémie 3.1 et suivants) et Johanan était, non son fils, mais son petit-fils, d’après Néhémie 12.10 et suivants, où il faut lire Johanan, fils de Jojada et non pas fils de Jonathan. Comment sous Esdras une chambre aurait-elle déjà porté le nom du petit-fils d’un contemporain de Néhémie ? Il faut ou bien, ce qui est peu probable, admettre qu’il y a ici une anticipation : il s’agit de la chambre qui plus tard fut celle de Johanan ; ou bien songer à un sacrificateur quelconque, qui aurait occupé, ou peut-être construit à ses frais, une des chambres adossées au temple. Johanan el Eliasib sont des noms fort communs.
Il y alla. Cette répétition ne se justifie guère et plusieurs conseillent, moyennant une légère modification du texte, de lire, comme le livre apocryphe d’Esdras (9.1) : Il y passa la nuit.
Exécution de l’engagement pris au verset 5.
Dans les trois jours. Ce détail nous révèle l’exiguïté du territoire qu’occupaient alors les juifs.
Selon l’avis des chefs et des Anciens. Voir sur la nature du gouvernement interne des exilés, Esdras 9.1, note.
Tous ses biens seraient confisqués : au profit du sanctuaire (Lévitique 27.28). Esdras avait les pouvoirs voulus pour en user ainsi (Esdras 7.26).
Exclu de l’assemblée. Chassé, excommunié, mais non pas mis à mort. Voir Esdras 7.26, note et Néhémie 13.28.
Les hommes de Juda et de Benjamin formaient de beaucoup la majeure partie de l’assemblée.
Neuvième mois… Voir Esdras 9.1, note. Nous ne croyons pas que l’espace de quatre mois environ qui sépare cette assemblée de l’arrivée d’Esdras doive s’expliquer par l’opposition qu’aurait rencontrée dans une partie du peuple son action énergique. Voir verset 15 et suivants, notes.
La place de la maison de Dieu. D’après Néhémie 8.1, l’espace libre entre le temple et l’enceinte orientale des murailles de la ville, à la place de cette enceinte où se trouvait la porte des Eaux.
Tremblant à cause de cette affaire : dont le sérieux se montrait aux châtiments sévères qui menaçaient les récalcitrants.
Et à cause des pluies : qui, dans ce moment (décembre), tombaient à torrents (verset 13).
Esdras expose la cause (verset 10) et le but (verset 11) de cette convocation en apparence intempestive.
Pour ajouter à la culpabilité d’Israël. Voir Esdras 9.13-14.
Rendez hommage. Même expression que Josué 7.19.
Oui ! C’est comme tu le dis… En principe donc, ils sont d’accord.
Mais le peuple est nombreux ; non pas : les coupables sont nombreux, considération que la suite du verset mettra en avant ; mais nous serions nombreux à souffrir ici de l’intempérie de la saison.
Nous avons été nombreux : il y a une foule de cas particuliers à examiner.
Que nos chefs se présentent pour toute l’assemblée : qu’i ls siègent en permanence et prennent en mains les intérêts de toute l’assemblée, jusqu’à ce que le mal soit réparé.
À des époques fixées. Ces commissaires se tiendront à Jérusalem et de Jérusalem et des autres localités habitées par les Juifs, viendront successivement les ménages mixtes accompagnés des autorités de chaque ville qui serviront de témoins.
La proposition de l’assemblée passa à une immense majorité ; une motion contraire, dont la teneur n’est pas rapportée et qui fut faite par deux hommes du peuple qui ne sont pas connus d’ailleurs, ne fut appuyée que par deux voix.
L’on mit à part Esdras le sacrificateur et des hommes. Nous ajoutons la conjonction et qui manque liants le texte. D’autres, en changeant quelques points voyelles, traduisent : Et Esdras le sacrificateur mit à part des hommes. Mais ce choix semble avoir été l’affaire du peuple.
Ils siégèrent : pour la première fois dix jours après leur nomination, comparez verset 9.
Le premier jour du premier mois. Le travail des commissaires dura donc trois mois (verset 9).
Quatre sacrificateurs fils de Josué ou Jéhosua (le souverain sacrificateur revenu avec Zorobabel) et de ses frères, en particulier de Jédaïa, comme on peut le conclure en rapprochant notre passage (versets 20 à 22) de Esdras 2.36-39.
Ils s’engagèrent, en donnant la main. Voir 2 Rois 10.15 ; Ézéchiel 17.18 ; 2 Chroniques 30.8.
Un bélier pour leur faute (Lévitique 5.14 et suivants). Par le fait qu’un sacrificateur, qui s’approche de l’Éternel, ne se sanctifie pas, Dieu est lésé dans son honneur et un sacrifice de réparation lui est dû. Le contenu du verset 19 est valable, sans qu’il soit répété chaque fois, pour tous les coupables dont, les noms suivront.
Sur Immer, Harim et Paschur, voyez Esdras 2.36-39, d’où il résulte qu’aucune des familles des sacrificateurs revenus avec Josué ne s’était conservée pure. Quelques-uns des sacrificateurs ici nommés reparaîtront dans Néhéme 8.4 ; Néhéme 10.2-9. Il y eut deux coupables parmi les descendants d’Immer, cinq parmi ceux de Harim, six parmi ceux de Paschur ; en tout 17 sacrificateurs.
Six Lévites. Leurs familles ne sont pas indiquées, mais ils descendaient sans doute de Josué et de Kadmiel (Esdras 2.40).
Kélaïa, qui est Kélita. Dans Néhémie 8.7 ; Néhémie 10.14, le même Lévite apparaît sous le nom de Kélita.
Jozabad reparaît Néhémie 8.7.
Un seul chantre et trois portiers. Voir Esdras 2.41-42.
Et d’Israël : des simples Israélites. Ici nous avons, jusqu’au verset 43, quatre-vingt-six noms, appartenant à dix des familles qui étaient revenues avec Zorobabel, à savoir aux numéros 1, 5, 6, 9, 8, 4, 30, 17 et 27 de la liste que nous avons donnée au chapitre 2. On est surpris de retrouver au verset 34 le nom de Bani, qui a déjà figuré au verset 29. On a supposé qu’il faudrait lire au verset 34 Bigvaï, car la famille de Bigvaï était fort nombreuse (Esdras 2.14), ce qui expliquerait comment ici elle fournirait 27 coupables, tandis que les autres n’en fournissent que huit au plus.
On peut se demander si notre liste est complète, car on n’y voit figurer aucun nom appartenant à des familles établies ailleurs qu’à Jérusalem (Esdras 2.21-28, 33-35).
Tous ces hommes : 17 sacrificateurs, 6 Lévites, 1 chantre, 3 portiers, 86 laïques ; en tout 113.
La seconde partie du verset est fort obscure dans le texte original ; la traduction que nous en avons donnée signifie qu’on ne fit pas les choses à moitié, mais qu’on renvoya même les femmes que des enfants semblaient avoir indissolublement attachées à leurs maris. Cela n’empêcha pas le mal de reparaître bientôt (Néhémie 10.30 ; Néhémie 13.23).
Nous avons admis que la double notice Esdras 4.6-23 (verset 6 d’abord, puis verset 7-23) n’est pas à sa place chronologique, intercalée comme elle l’est entre les versets 5 et 24. Cette erreur, nous n’avons pas cherché à l’atténuer en faisant porter le alors du verset 24 sur le morceau versets 1 à 5 du même chapitre. Ce alors nous a paru s’appuyer sur celui qui se trouve au commencement du verset 23. Le rédacteur, peu au courant des noms des rois de Perse et de l’ordre dans lequel ils se sont succédé, a cru bien faire en soudant ainsi chronologiquement des faits qui ne pouvaient être juxtaposés que grâce à leur analogie.
Nous avons cru trouver un contrecoup de cette méprise dans Esdras 6.14 ; la mention d’Artaxerxès étonne à cette place, absolument comme le morceau Esdras 4.6-23 surprend à la sienne. Et cela d’autant plus que dans Esdras 6.14 Artaxerxès figure au nombre des rois qui ont bien mérité d’Israël, à la suite de Cyrus et de Darius, tandis que, dans Esdras 4.7-23, il figure parmi ceux qui se sont laissé momentanément circonvenir par les ennemis du peuple juif.
Que faire d’éléments si divers et comment les concilier avec les données que nous fournissent le chapitre 7 et le livre de Néhémie ? Esdras 7.7 nous transporte à la septième année d’Artaxerxès, Néhémie 1.1 à la vingtième. Où placer l’épisode Esdras 4.7-23, qui a lieu sous le même règne ! Voici peut-être comment on peut se représenter que les choses se sont passées.
La septième année d’Artaxerxès Longuemain, Esdras arrive à Jérusalem à la tête de la seconde caravane d’exilés ; il purifie la colonie qui s’y trouvait depuis 78 ans, en renvoyant les femmes païennes. À cette restauration religieuse du peuple de Dieu, correspond peut-être un réveil national, on se remet d’un commun accord à relever les murailles. Voyez à l’appui de cette supposition le passage Esdras 4.12 : Que le roi sache que les Juifs montés de chez toi et arrivés parmi nous à Jérusalem, rebâtissent la ville rebelle… en achèvent les murs et en restaurent les fondements, ce qui semble devoir se rapporter à l’arrivée de la seconde caravane sous Esdras. À la suite de l’accusation Esdras 4.7-23, les travaux sont suspendus jusqu’à nouvel ordre (verset 21), les murs à peine commencés sont abattus et les portes sont brûlées, ainsi qu’on peut le conclure de Esdras 4.23, où l’on voit Réhum et Simsaï intervenir avec violence. Puis, en la vingtième année d’Artaxerxès, Néhémie apprend à quoi en sont les choses et, grâce à lui, les murs se relèvent et s’achèvent.
Ceci ne répond pas à toutes les questions que fait naître dans l’esprit le rapprochement de nos deux livres. On se demande, par exemple, comment Esdras, muni de pouvoirs si considérables (Esdras 7.25-26), n’a pas réussi à contrebalancer victorieusement l’influence fâcheuse de Réhum et de Simsaï et pourquoi il a fallu l’arrivée de Néhémie pour changer la face des choses. Néanmoins, nous obtenons ainsi une vue satisfaisante des principaux événements qui ont signalé cette période de l’histoire sainte et que nous pouvons résumer de manière suivante :