Verset à verset Double colonne
Introduction qui met le lecteur au fait du temps où se passent les événements nouveaux qui vont être rapportés et qui lui fait faire connaissance avec le personnage considérable qui entre maintenant en scène.
Après ces choses : cinquante-sept ans après. Voir à Esdras 6.14 et ici même, notre verset 7.
Sous le règne d’Artaxerxès. Il ne peut être question ici que d’Artaxerxès Longuemain, ainsi que du reste nous l’avons admis déjà. En effet Néhémie 13.6 parle de la trente-deuxième année du règne de ce même roi, en sorte que Josèphe s’est trompé en l’identifiant avec Xerxès, le successeur de Darius I, qui n’a régné que vingt ans. Et quant à descendre jusqu’à Artaxerxès II Mnémon, cela nous entraînerait trop loin.
Esdras, en hébreu Ezra : secours. Le verbe dont Esdras est le sujet ne se trouve qu’au verset 6, à la suite de sa généalogie. Le moment où un homme entre sur la scène de l’histoire est souvent celui que choisit l’historien biblique pour indiquer ses ancêtres (Exode 6.16-26 ; Luc 3.23-38). Si nous rapprochons cette liste des souverains sacrificateurs ancêtres d’Esdras, de celle que nous avons trouvée dans 1 Chroniques 6.1-15, nous constaterons l’absence de six noms, non pas isolés, mais se suivant, à savoir Amaria, Ahitub, Tsadok, Ahimaats, Azaria et Johanan (versets 7 à 9 des Chroniques). Notre auteur a-t-il voulu abréger et a-t-il pensé que les noms qu’il cite suffisaient pour montrer qu’Esdras descendait d’Aaron ? Il est plus probable que nous avons ici une erreur de copiste, bien facile dans une série où les mêmes noms reviennent plus d’une fois.
Fils de Séraïa. Séraïa est le souverain sacrificateur qui fut tué à Ribla sur l’ordre de Nébucadnetsar en 588 (2 Rois 25.18-21), tandis que nous sommes maintenant en 458. Il y a donc ici plusieurs chaînons de sautés et le mot fils doit, comme souvent, être pris dans le sens de descendant. 1 Chroniques 6.14 indique un des noms qui sont ici passés sous silence, celui de Jéhotsadak, le souverain sacrificateur du départ pour l’exil. Mais il y en aurait eu d’autres à citer, car Jéhosua, le souverain sacrificateur du retour, était un petit-fils de Séraïa et il s’était écoulé 78 ans dès lors. Esdras était donc peut-être l’arrière petit-fils de Séraïa. Il se peut aussi que ses ancêtres immédiats ne soient pas indiqués parce qu’ils n’étaient pas de la ligne aînée des descendants de Séraïa et que par conséquent ils n’avaient pas été souverains sacrificateurs. Jéhosua est appelé fils de Jéhotsadak, mais non pas Esdras. Ainsi s’expliquerait aussi le titre de scribe donné à Esdras au verset 6.
C’était un scribe. Par Jérémie 8.8 (voir la note), nous voyons qu’alors déjà les scribes formaient une classe distincte parmi le peuple. Mais Esdras est appelé (verset 14) le scribe parce qu’il était plus versé dans la loi de Moïse que tous ses contemporains. Voir verset 10.
Sacrificateurs, Lévites, etc. Voir Esdras 2.36 ; Esdras 2.40-43.
Montérent à Jérusalem : avec Esdras (verset 13, verset 28 et Esdras 8.1).
Il semble à ceci que cette seconde caravane d’exilés mit quatre mois à regagner sa patrie. Mais il résulte de Esdras 8.31 qu’elle ne se mit en route que le douzième jour du premier mois. Il fallut aux pèlerins, depuis le jour où ils quittèrent leurs demeures, onze jours pour se réunir en un même lieu, au bord du fleuve Ahava. Restent donc trois mois et demi, ce qui paraît bien long, n’ayant guère en ligne directe que 800 kilomètres entre Babylone et Jérusalem. Mais il fallait pour éviter le désert faire jusqu’à Carkémis un énorme détour qui doublait presque la distance. Puis il y avait dans la caravane des femmes et des enfants. Enfin ils marchaient avec circonspection, n’ayant pas voulu avoir d’escorte (Esdras 8.22). Peut-être aussi l’épisode Esdras 8.15-17 a-t-il occasionné un arrêt de plusieurs jours.
Ceci, depuis le verset 12, est de nouveau en araméen.
Le sacrificateur et le scribe. Ses titres lui sont donnés au complet dans les documents officiels (versets 12 et 21), ou lorsqu’ils importent dans le récit (Néhémie 8.9 ; Néhémie 12.26). Ce document est surtout intéressant en ce qu’il nous apprend le but qu’Esdras se proposait en allant à Jérusalem (verset 14). Toute la suite (verset 15 et suivants) est l’exposé de la mission subsidiaire que le roi lui confia par la même occasion. Il est probable, sans que la chose soit dite, qu’Esdras demanda au roi l’autorisation d’aller à Jérusalem et que le présent décret est la réponse à cette démarche. Cependant Xénophon dans la Cyropédie raconte que les rois perses étaient dans l’usage d’envoyer annuellement dans chacune province de leur vaste empire un officier chargé de l’inspecter et de faire rapport ; aussi pourrait-on penser qu’Esdras fut envoyé à Jérusalem sans l’avoir demandé.
Roi des rois. Voir Daniel 2.37 ; Ézéchiel 26.7. Les grands monarques avaient sous leur dépendance plusieurs rois de moindre importance.
Connaissant bien la loi. Le mot rendu par bien n’apparaît qu’ici et doit signifier : achevé, parfait ou totalité ; il se trouve dans l’original immédiatement avant etc. La signification qu’il a ici n’est pas très claire. On y a vu l’indication que dans la lettre les salutations d’entrée, laissées de côté ici comme inutiles, se trouvaient à cette place au complet. D’autres : parfaite paix ! Notre traduction est plus naturelle : Connaissant la loi du Dieu des cieux, très docte, etc.
Etc. : voir Esdras 4.10-11 et avec une légère variante, verset 17.
Puisque tu es envoyé. Le point de départ de toute cette affaire, c’est l’envoi d’Esdras. Une fois un homme tel que lui s’y rendant, peuvent se joindre à lui tous ceux de ses compatriotes qui s’y sentent portés.
De la part du roi et de ses sept conseillers. Voir Esther 1.1. Le roi de Perse avait auprès de sa personne un conseil formé de sept dignitaires, qui étaient une image des sept esprits célestes. Hérodote (III, 84) raconte que ces sept princes étaient choisis dans les sept familles qui avaient contribué à perdre le faux Smerdis.
Esdras sera porteur d’abord de dons volontaires du roi et de ses conseillers pour le culte du Dieu d’Israël, puis du produit d’une souscription faite par lui dans le même but parmi la population non israélite de la province de Babylone (comparez Esdras 1.4) et enfin des dons volontaires des Israélites qui ne l’accompagneront pas. Dans Esdras 8.25 sera indiqué le produit de la première et de la troisième de ces sources de richesses.
C’est pourquoi : Ayant les ressources voulues, ressources qui proviendront en partie de moi et de mon peuple, ne néglige pas l’autel de ton Dieu, négligence qui pourrait me coûter cher, à moi ou à mes descendants (verset 23).
Leurs oblations et leurs libations : celles qui d’après votre loi doivent accompagner les sacrifices sanglants (Nombres 15.1-16).
La marche régulière du culte à Jérusalem était le premier résultat à obtenir ; mais il y aura un surplus, pour l’emploi duquel Artaxerxès s’en remet à Esdras et aux sacrificateurs chargés de la garde et de la surveillance du temple.
Et quant aux ustensiles qui te sont remis. C’étaient des dons du roi, de ses princes et de tout Israël (Esdras 8.25). Les vases qui avaient appartenu au temple de Salomon avaient déjà été rendus par Cyrus (Esdras 1.7).
Si des besoins imprévus se présentent (réparations, etc.), il faudra y faire face au moyen des revenus de cette province de l’empire, pour que le culte ne risque pas d’être interrompu. Arrien dans son Expédition d’Alexandre parle de semblables trésors provinciaux.
Ces appels de fonds, le roi a pourvu à ce qu’ils trouvent toujours une réponse favorable et ponctuelle. Joseph, Daniel n’ont pas joui auprès de leurs maîtres d’une confiance plus absolue que celle d’Artaxerxès en Esdras.
Limites de ce crédit.
Cent talents d’argent : environ 4200 kilogrammes. Voir 2 Rois 5.23.
Cent cors de froment. Un cor équivalait à deux hectolitres (1 Rois 4.22).
Cent baths de vin… d’huile. Un bath contenait environ vingt litres (Ézéchiel 45.14, note).
Du sel en quantité illimitée. Il en fallait beaucoup (Lévitique 2.13).
Les tributs en Perse se payaient en partie en argent, en partie en nature (Esdras 4.13), en sorte que le trésor pouvait fournir ces diverses denrées aussi aisément que de l’argent.
Voir verset 17, note et Esdras 6.10.
Encore une recommandation à l’adresse des trésoriers, comme verset 21.
Tribut, accise, droit de passage. Voir Esdras 4.13 ; Esdras 4.20.
Et des serviteurs de cette maison de Dieu. Nous rendons par serviteurs un mot qui dans Daniel est pris dans le sens d’adorateurs, mais qui ici à la suite des diverses classes d’employés sacrés, ne peut désigner d’une manière générale tous les Israélites. Ce sont tous ceux qui, sans être sacrificateurs, Lévites, chantres, portiers ou Néthiniens, ont quelque travail à faire dans le temple (ouvriers, etc.).
Josèphe (Antiquités Judaïques, XII, 3, 3) rapporte qu’Antiochus-le-Grand affranchit également de toute taille les sacrificateurs et les Lévites.
L’édit revient à Esdras.
Établis des juges. La colonie juive ne pouvait pas prospérer sans juges tirés de son sein, à cause de l’étroite union qu’il y avait chez elle entre le civil et le religieux.
Le peuple qui est au-delà du fleuve : non pas tous les habitants de cette vaste contrée, mais, comme les mots suivants l’indiquent, les Israélites qui s’y trouvent plus ou moins dispersés, mais que tu dois unir par ce lien à la fois civil et religieux.
Et celui qui ne les connaît pas… : parmi les Israélites d’abord, sans cependant qu’il faille refuser cet enseignement aux païens qui le demanderaient. Il semble qu’Artaxerxès, qui avait eu l’occasion de constater en la personne d’Esdras la consistance de caractère que donne à ses sectateurs la loi des Juifs, ait voulu, dans cet Occident où les Grecs devenaient si menaçants, favoriser la formation d’une nation forte et qui lui fût obligée, ainsi que son Dieu, par de grands et nombreux bienfaits.
Pénalités. Voir Esdras 6.11-12.
Et quiconque n’observera pas… Ceci concerne les Israélites ou prosélytes, tenus d’adorer le Dieu de Jérusalem.
La loi du roi : le présent édit.
Bannissement, littéralement : déracinement, transplantement violent. On a aussi songé à l’excommunication, à l’exclusion de la congrégation (Esdras 10.8).
On comprend qu’après avoir reproduit cet édit, Esdras se sente pressé d’exprimer sa gratitude. Ici nous rentrons dans l’hébreu pour n’en plus sortir.
Dieu de nos pères. L’Éternel en a usé ainsi en notre faveur par amour pour les patriarches.
Et je me fortifiai. Un tel édit m’ôta toute hésitation et je me mis à rassembler des chefs, de familles, qui, à leur tour, entraînèrent leurs tenants et aboutissants.