Verset à verset Double colonne
Après ces choses. L’élévation d’Esther eut lieu la septième année du roi (Esther 2.16). L’extermination des Juifs devait avoir lieu la douzième (Esther 3.7). Ces mots nous transportent donc en 471 ou 473.
Haman. Ce nom, qui est en sanscrit celui de la planète Mercure, correspond à l’Omanès des classiques.
Hammédatha, le Madatès de Quinte-Curce, ancien nom perse : Donné par la lune.
Agaguite. Les rabbins prennent tous ce nom dans le sens de descendant d’Agag, ce qui est certainement le plus naturel et voient dans Agag le roi amalékite de ce nom (1 Samuel 15.8). Voir Josèphe, Antiquités Judaïques, XI, 6, 5. Ainsi, en la personne de Mardochée, un descendant de Saül aurait fini par l’emporter sur les descendants de la famille royale de ces antiques ennemis d’Israël (Exode 17.8-16). C’est ainsi que les Juifs ont compris cette donnée, car à chaque fête de Purim, outre le livre d’Esther, ils lisent dans les synagogues le passage du Pentateuque qui concerne Amalek. Il est vrai qu’Haman, son père et ses fils (Esther 9.7-9) ont des noms perses. Mais cette famille pouvait être établie dans ces contrées depuis longtemps.
D’autres pensent que notre auteur, en présentant le nouveau personnage qui entre en scène comme un Agaguite, fait sans doute allusion au roi Agag contemporain de Saül et mis en pièces par Samuel, mais sans vouloir pour cela faire d’Haman un descendant de ce roi ou un membre de cette tribu ; Agaguite voudrait dire simplement : ennemi juré des Juifs.
Il l’éleva : à la dignité de grand-vizir.
Assuérus veut qu’on rende à Haman les honneurs royaux (Hérodote III, 86 ; VII, 136).
Mais Mardochée… Les Juifs se prosternaient sans scrupule devant les rois (2 Samuel 14.4 ; 2 Samuel 18.28 ; 1 Rois 1.16) et il est difficile de penser que Mardochée ait pu se dispenser de le faire quand il entrait (Esther 8.1) auprès d’un monarque que l’on n’abordait qu’ainsi. Ce n’est pas comme adorateur exclusif du vrai Dieu qu’il reste debout quand passe Haman, mais plutôt comme juif et par haine de race : L’Éternel a guerre à tout jamais avec Amalek (Exode 17.16) !
Tiendraient : s’il tiendrait bon quand il serait en face des menaces de Haman ; ou bien : si cette excuse serait considérée par le roi comme valable.
Haman semble n’avoir pas remarqué que Mardochée ne se prosternait pas devant lui, avant que les serviteurs du roi le lui aient fait observer. Mais surtout, maintenant qu’il est averti que Mardochée est un Juif, ce refus prend à ses yeux une grande importance.
Bien que les grands massacres aient toujours été chose assez ordinaire en Orient, ainsi celui des Mages à l’accession de Darius, fils d’Hystaspe, au trône ; celui des Scythes sous Cyaxare (Hérodote III, 79 ; I, 106), c’était là une grande entreprise : il fallait s’assurer la faveur du ciel et lui demander d’indiquer le jour favorable (Ézéchiel 21.26, note). Les Perses ne faisaient rien sans consulter la divinité et aimaient mieux, par exemple, éviter plusieurs jours une bataille que de la livrer sans avoir trouvé des présages favorables (Hérodote IX, 38, 45).
Nisan : le mois de la Pâque. La joie de la grande délivrance passée fut changée en deuil par la menace d’une ruine prochaine.
La douzième année : cinq ans après l’élévation d’Esther.
Pur, mot persan signifiant partie, sort et dont on a rapproché le latin pars, le français part. En perse moderne bâra signifie fois, cas et pâra ou pâre, morceau, pièce.
Pour chaque jour et pour chaque mois. Nous ignorons de quelle manière on tira au sort (Ézéchiel 21.26), mais il résulte du texte que l’on consulta le sort pour tous les jours de tous les mois de l’année qui commençait et que le jour et le mois qui obtinrent les meilleurs résultats, furent considérés comme désignés par la divinité. Haman ne se laissa pas détourner de son projet par la décision du sort, qui semblait en avoir éloigné l’exécution le plus possible. Le sort recula l’exécution de ce plan d’un an entier, afin de donner à Mardochée et à Esther le temps d’en arrêter l’exécution et de faire donner des ordres tout contraires.
Adar. Voir Esdras 6.15 ; correspondant à la nouvelle lune de février-mars.
Dès que le sort eut donné à Haman la certitude qu’un jour favorable ne manquerait pas à l’exécution de son projet, il passa à gagner le roi.
Dispersé : donnant par conséquent en tous lieux un mauvais exemple.
Différent, troublant l’harmonie de l’empire.
Ils n’observent pas… : verset 3.
Dix mille talents d’argent : à prendre sur les dépouilles de la peuplade anéantie. Entre 300 et 400 tonnes d’argent (1 Chroniques 29.7 ; 2 Rois 5.23). D’après Hérodote le revenu régulier de l’empire était de 14500 talents d’argent (III, 95), en sorte que, si nous avons affaire ici au même talent, Haman offrait au roi un peu plus des deux tiers des recettes annuelles de son trésor. Il y avait là de quoi lever tout scrupule.
Son anneau : pour qu’Haman en scellât le décret royal.
Et le donna à Hamar,…, ennemi des Juifs. L’auteur énumère tous les titres et qualificatifs d’Haman, pour faire sentir la grandeur du danger. Telles étaient les mains où se trouvait l’anneau roval !
Il ne convient pas que le roi paraisse faire payer son consentement. D’ailleurs le zèle d’Haman mérite d’être récompensé.
Le peuple aussi : comme s’il s’agissait d’une chose.
Les secrétaires de Xerxès sont mentionnés plus d’une fois par Hérodote (VII, 100 ; VIII, 90). Ils semblent avoir toujours été aux ordres du roi, prêts à écrire ses édits et à noter ce qui lui paraissait mémorable.
Le treizième jour : peut-être parce que le sort avait désigné ce jour-là comme le plus favorable (verset 13).
Du premier mois. Pourquoi tant se hâter et mettre entre l’exécution et la menace un aussi long intervalle (neuf mois peut-être pour les provinces les plus éloignées) ? Pour laisser aux Juifs le temps de s’enfuir et pour s’emparer plus facilement de leurs biens ? Non ! Haman, se méfiant de l’humeur changeante du roi, veut battre le fer pendant qu’il était chaud.
Aux chefs de chaque peuple. Après les employés royaux (satrapes, gouverneurs) sont nommés les princes de chaque peuple, les descendants des anciens rois des divers peuples vaincus.
Par les courriers : les célèbres courriers établis en Perse (Esther 1.22).
Au pillage. Tout en donnant cet encouragement à la rapacité de ses administrés, Haman se réserve, sans que l’on nous dise comment, de prélever sur ce butin sa bonne part (verset 11).
Pour plus de sûreté et afin que l’ordre fût universellement connu et exécuté, les satrapes et gouverneurs (verset 12) furent chargés de rendre obligatoire la participation au massacre.
À Suse, où le décret fut promulgué au moment où partirent les courriers, les juifs comptaient peut-être beaucoup d’amis parmi les sectateurs de Zoroastre. Le trouble de la ville s’explique sans peine si l’on admet que l’opinion de la femme d’Haman à l’égard des Juifs (Esther 6.13) était celle de la population en général.
Était dans le trouble : Ne savait que penser. Voir le même verbe Exode 14.3 et Joël 1.18, où nous l’avons rendu par : ils se sont égarés, et : ne savent où aller.