Verset à verset Double colonne
Le prophète essaie d’intercéder pour Juda ; le Seigneur repousse cette tentative (Jérémie 14.1 à 15.9) ; plaintes amères de Jérémie ; l’Éternel redresse l’esprit du prophète et lui donne des directions pour l’avenir (Jérémie 15.10 à 17.4) ; enfin le prophète tire au grand jour la cause cachée de la ruine ; il prie pour sa propre délivrance ; l’Éternel rappelle au peuple le chemin du salut (Jérémie 17.5-27).
Le trait caractéristique de la conduite de Jérémie dans cette portion de son livre, c’est qu’il conteste avec Dieu comme avec un juge qui paraît tour à tour indifférent et implacable. Jérémie avait invoqué les jugements de Dieu sur les persécuteurs des justes ; ici il adresse un appel ardent, mais inutile, à la miséricorde de Dieu en faveur des rebelles de son peuple. Le beau rôle, dans cette double lutte entre l’homme et Dieu, semble appartenir à l’homme. Mais la justice de Dieu, soit qu’elle diffère ses jugements, soit qu’elle les déchaîne sans miséricorde, aura toujours raison contre la raison humaine, car elle n’est que la sainteté de Dieu en action dans l’histoire.
Des sécheresses. Le pluriel indique qu’il s’agit ici de sécheresses prolongées et restées célèbres, comme le tremblement de terre mentionné Amos 1.1 ; Zacharie 14.5. Voir la mention de ce même fléau Jérémie 3.3 ; Jérémie 5.24-25 ; Jérémie 12.4. Il est inutile de rechercher la date de ce morceau, d’autant plus que tous ces discours, prononcés en diverses circonstances, ne furent rédigés que plus tard dans la forme sous laquelle nous les possédons ici (chapitre 36).
Tableau de la sécheresse qui étend ses ravages sur les villes et les campagnes, sur les hommes et les animaux.
Les portes ; la partie mise pour le tout : les villes et leurs habitants. La porte de la ville est en Orient le lieu où les hommes se rassemblent ; Ruth 4.1 ; 1 Samuel 4.18 ; Job 29.7.
Gisent en vêtements noirs… littéralement : sont noires jusqu’en terre. Dans cette image sont réunies la couleur et l’attitude du deuil. Les Juifs et les Orientaux s’assoient sur le sol, dans le deuil ; Ésaïe 3.26 ; Job 2.13.
Le cri… Les cris seuls montent, tout le reste est gisant à terre.
Se couvrent la tête : signe d’extrême tristesse ; 2 Samuel 15.30 ; 2 Samuel 19.4. Il y a égalité dans la misère.
Sol crevassé… : par suite de la sécheresse. Le mot hébreu comporte et le sens moral (consterné) et le sens physique (crevassé).
La biche. La tendresse bien connue de cet animal pour ses petits est elle-même en défaut.
Sur les hauteurs, où ils ont chance de trouver encore un peu d’air frais.
Comme des dauphins… Le terme employé signifie ordinairement chacal ; mais dans quel but Jérémie comparerait-il les onagres aux chacals ? Il faut donc appliquer ici cette expression à quelque habitant des eaux, crocodile, dauphin ou autre, qui a l’habitude d’aspirer l’air de temps en temps au-dessus de l’eau.
Première intercession du prophète en faveur de son peuple : Si tu ne trouves plus de raisons en nous pour nous pardonner, cherches-en du moins en toi-même.
L’honneur du nom de l’Éternel ne serait-il pas compromis auprès des Gentils, si son peuple périssait ? Ne voulant plus délivrer, Dieu ne serait-il pas suspect de ne pas le pouvoir ? Le Dieu d’Israël serait-il pour sa propre terre comme un homme en voyage qui ne porte qu’un faible intérêt aux endroits où il passe une nuit.
Réponse de Dieu : Ils sont punis par où ils ont péché. S’ils sont réduits à errer çà et là pour trouver de l’eau, c’est parce qu’ils ont couru de tous côtés après les cultes païens et les mœurs étrangères (Jérémie 2.25). Tel est le sens du : c’est ainsi que…, qui a embarrassé plusieurs interprètes.
Remarquons que la raison avancée par le prophète, l’honneur de Dieu, n’est pas même prise en considération dans cette réponse. Les intérêts de Dieu ne sauraient contrarier les exigences de sa justice.
N’intercède pas : même défense que Jérémie 7.16 et Jérémie 11.4. Leurs retours vers le bien et leurs observances rituelles ne seront qu’apparences et mensonges.
Épée, famine, peste : les trois fléaux de Dieu nommés déjà Lévitique 26.25 ; 2 Samuel 24.13.
Le prophète revient à la charge. Il a encore une circonstance atténuante à alléguer en faveur du peuple : ils ont été séduits par les faux prophètes qui leur ont promis la prospérité sur cette voie.
Cette excuse est aussi repoussée. On ne devait pas écouter ces prophètes de mensonge et sans mandat.
Cette prédiction contre les faux prophètes ne leur est pas adressée à eux-mêmes. Car son but n’est que de renforcer la menace faite au peuple qui se laisse séduire par eux. Sens : Si tel est le sort de ceux à qui vous vous confiez, quel sera le vôtre ?
Eux, leurs femmes… Tous ont participé au crime ; Jérémie 7.18.
Je verserai. Cette méchanceté qu’ils ont fait monter jusqu’à moi, je la reverserai sur eux sous forme de châtiments.
On a supposé qu’il y avait ici une lacune dans le texte, parce que la suite de la phrase semble ne pas répondre au commencement : Tu leur diras cette parole. C’est bien mal comprendre ce beau passage : Dis-leur que, ne pouvant plus intercéder pour eux, il ne te reste plus qu’à pleurer sur eux. Luc 19.41.
Le prophète, le sacrificateur : l’élite du peuple. Si ceux-là sont réduits à la mendicité, qu’en est-il des autres ?
Dans un pays… Double mal : ils sont forcés d’aller mendier le pain de l’étranger ; et ils ne savent pas même de quel côté se tourner pour cela.
Dans ses deux intercessions précédentes, Jérémie en avait appelé successivement aux intérêts de Dieu et de sa gloire, qui lui commandaient de pardonner et aux circonstances qui atténuaient la faute d’Israël. Dans cette troisième prière, il a recours à un moyen suprême. Excuser à tout prix le coupable peut avoir pour effet d’accroître l’irritation du juge ; mais résistera-t-il à une confession complète de la faute, qui donne pleinement raison à sa colère elle-même ? Résistera-t-il surtout au souvenir de ses propres bienfaits ? Et pourtant cette dernière tentative reste aussi infructueuse que les précédentes.
L’attente si cruellement frustrée, décrite dans ce verset, paraît nous reporter aux temps qui suivirent la mort de Josias et la défaite de Méguiddo.
Ne profane pas ; littéralement : Ne traite pas… comme choses vaines, ou abandonnées à la merci des événements.
Le trône de ta gloire : le sanctuaire de Dieu à Jérusalem.
Ces mots se rapportent à la sécheresse.
Est-ce le ciel qui donnera les pluies ? Bien des gens se l’imaginent, même en pays chrétien.
Comment Dieu ne nous secourrait-il pas, puisque nul autre ne peut le faire ?