Verset à verset Double colonne
Ce chapitre raconte une émeute qui éclata dans le temple à l’occasion d’un discours de Jérémie et la comparution du prophète devant les juges, représentants du roi, qui le déclarèrent innocent. Ce morceau, qui nous reporte aux premières années de Jéhojakim, nous montre, dans un exemple particulier, la haine des chefs ecclésiastiques contre le prophète de l’Éternel. Le discours que Jérémie a tenu dans cette occasion rappelle celui qui est rapporté au chapitre 7 et qui fut tenu également dans le temple. Rien n’empêche d’admettre que Jérémie ait prononcé plusieurs fois les mêmes paroles dans le même lieu.
Au commencement du règne de Jéhojakim : probablement avant la quatrième année, déjà mentionnée Jérémie 25.1 ; l’ordre des morceaux n’est pas chronologique.
Tiens-toi : il fallait du courage pour cela. Comparez Jérémie 7.12.
À toutes les villes de Juda. Ceci se passait probablement à l’époque d’une des grandes fêtes religieuses auxquelles accourait tout le peuple du pays.
Peut-être écouteront-ils… Le vrai serviteur de Dieu travaille et espère jusqu’au bout.
Silo. Voir Jérémie 7.12.
Les sacrificateurs, les prophètes. Ce sont les ministres de la religion, mercenaires ou usurpateurs, qui, associés les uns aux autres, ameutent le peuple contre le prophète et il faudra que les magistrats civils leur donnent une leçon de tolérance et de justice.
Et quand Jérémie eut achevé. Ils ne l’interrompent pas pendant son discours, pour avoir contre lui des charges d’accusation plus complètes ; c’est un procès en bonne forme qu’ils ont en vue.
Tout le peuple : tous les assistants ; à distinguer de tout le peuple, verset 9 ; dans ce dernier verset cette expression, à peu près équivalente à notre on, comprend toute la population de la ville, qui accourt au bruit et qui ne tarde pas à se montrer favorable au prophète.
Les princes de Juda : les magistrats, probablement les princes du sang, appelés à exercer la justice ; ils sont requis de venir remplir leur office ; et, du palais royal où ils demeuraient, ils viennent prendre place dans le temple, où le prophète sera jugé publiquement.
Ils s’assirent : l’audience est ouverte.
À la porte neuve. Cette porte est mentionnée Jérémie 36.10 ; c’est probablement celle que Jotham avait fait construire (2 Rois 15.35). Elle conduisait au parvis intérieur.
Et à tout le peuple : le peuple étant l’exécuteur de la sentence, devait avoir aussi un rôle dans l’action judiciaire.
Mérité la mort, car… Même accusation contre Jésus-Christ Matthieu 26.64 et contre Étienne, Actes 6.13-14. On substitue le respect pour les murs du temple au respect dû au Dieu qui l’habite.
Comme vous l’avez entendu : ils en appellent au témoignage des assistants mentionnés verset 8.
Jérémie défend sa cause sans empêchement et parvient par là à sauver sa vie.
La résignation qu’exprime ici le le prophète est semblable à celle de l’Agneau de Dieu, décrite par Ésaïe (chapitre 53).
Sang innocent : innocent, bien que Jérémie ait réellement fait ce qu’on lui repproche en annonçant la ruine de la ville et du temple.
Les anciens de la campagne développent un motif de plus en faveur de l’accusé et confirment ainsi la première délibération qui a tourné en sa faveur. Sur le rôle des anciens en matière judiciaire, voir Deutéronome 19.12 ; Deutéronome 21.2-3.
Michée de Moréseth. Ce passage se trouve textuellement Michée 3.12.
Sion sera labourée comme un champ. C’était la coutume des anciens conquérants de faire passer la charrue sur les villes qu’ils avaient détruites.
Il fallait, pour que l’argument eût sa force, que le nom d’Ézéchias eût conservé un grand prestige. Ils se placent ici au vrai point de vue, en attribuant la délivrance de Jérusalem à l’humiliation et à la prière de ce roi.
Le but de ce morceau est difficile à expliquer. La plupart des interprètes en font le récit d’un incident étranger à la scène racontée plus haut et que Jérémie aurait ajouté postérieurement pour montrer combien était sérieux le danger auquel il avait lui-même échappé. Selon d’autres, ce récit ferait partie du discours des anciens ; mais dans ce cas l’exemple cité paraîtrait défavorable à leurs conclusions. Nous adoptons donc la première opinion. Le fait raconté était sans doute tout récent (voir note, verset 22) et faisait ressortir d’autant mieux la délivrance dont Jérémie venait d’être l’objet.
En Égypte. Ce meurtre doit avoir eu lieu au commencement du règne de Jéhojakim, alors qu’il était encore vassal de Pharaon Néco et qu’il pouvait, à ce titre, réclamer l’extradition du prophète.
Elnathan, fils d’Achor : mentionné parmi les princes de Juda favorables à Jérémie 36.12 ; Jérémie 36.25. Peut-être était-il beau-père de Jéhojakim (2 Rois 24.8). Sur Achor, voir 2 Rois 22.12-14.
La fosse du commun peuple : près de la vallée du Cédron, là où Josias avait fait jeter les cendres d’idoles brûlées par ses ordres.
Achikam. Ce personnage est réuni à Achor dans la scène 2 Rois 22.12-14 ; il fut le père du gouverneur Guédalia (2 Rois 25.22 ; Jérémie 39.11) et probablement le frère de Guémaria, un des défenseurs du prophète (Jérémie 36.12 ; Jérémie 36.25). Il est probable que l’intervention d’Achikam doit se placer dans la scène de tumulte du commencement, verset 9, puisqu’il résulte du récit tout entier que dès l’arrivée des magistrats elle n’eût plus été nécessaire. En terminant son récit, Jérémie sent le besoin d’inscrire dans son livre et de conserver ainsi le nom de son libérateur, sans le secours duquel il eût partagé le sort de son collègue Urie. Il en agit de même envers son secrétaire et ami Baruc (chapitre 45)