Verset à verset Double colonne
Ce chapitre nous transporte dans les commencements du règne de Sédécias. Il fait revivre sous nos yeux la situation nouvelle où se trouvait le peuple d’Israël à la suite de la première déportation. Il était comme partagé en deux tronçons qui aspiraient à se rejoindre sur le sol de la patrie. Tandis que ceux qui étaient restés en Canaan s’enorgueillissaient de cet avantage (chapitre 24) et se berçaient de l’espoir que l’orage qui avait passé sur eux ne les atteindrait plus (chapitre 25), les Israélites déportés, qui formaient l’élite de la nation, attendaient leur retour en Canaan avec la chute prochaine de leurs vainqueurs. Les uns et les autres étaient fortifiés dans ces pensées présomptueuses par les faux prophètes qui vivaient en grand nombre au milieu d’eux. Le prophète de Dieu, Jérémie, se devait à ses compatriotes exilés, comme à ceux qui se trouvaient encore sur le sol de la patrie et le chapitre 29 contient l’extrait d’une lettre écrite par lui aux premiers et destinée à les remettre dans la vérité de la situation (versets 4 à 19). La fin de cette lettre est une menace contre deux des faux prophètes vivant en captivité, Achab et Sédécias (versets 20 à 23). La fin du chapitre (versets 24 à 32) a trait à l’incident du prophète Sémaïa, provoqué par la lettre de Jérémie envoyée à Babylone.
Voici le texte : Jérémie reproduit ici le contenu de sa lettre, probablement à cause des accusations dont elle fut le motif (versets 14 et 19).
Au reste des anciens. Le mot reste désigne soit les anciens qui n’étaient ni sacrificateurs ni prophètes, soit, plus probablement ceux qui avaient échappé aux dangers de la guerre ou résisté aux fatigues de la déportation.
Après que furent sortis : comparez Jérémie 24.1 ; 2 Rois 24.15.
Reine-mère : voir Jérémie 13.18, note.
Eléasa, fils de Saphan : peut-être un frère d’Achikam, protecteur de Jérémie (Jérémie 26.24) ; Guémaria, fils d’Hilkija, pourrait être un frère de Jérémie (Jérémie 1.1).
Les exilés, entretenus dans leurs illusions par les faux prophètes qui leur annonçaient un prochain retour, se refusaient à rien entreprendre en vue d’un établissement durable sur la terre étrangère ; rien de plus propre à dissiper leurs vaines espérances que ce conseil très ferme de Jérémie. Au terme de l’exil, il faudra au contraire les arracher à leur nouvelle patrie, où ils auront trouvé la richesse et le bien-être, pour les ramener sur le sol sur lequel seul doivent s’accomplir leurs véritables destinées.
Recherchez le bien. C’est la règle de conduite qui sera plus tard donnée aux chrétiens par rapport à l’État, sous la protection duquel ils sont appelés à vivre. Souhaiter le malheur du pays où l’on vit, dans l’espoir d’y trouver une issue conforme à ses propres vues, c’est, pour ne rien dire de plus, méconnaître ses propres intérêts. Les habitants d’un même sol sont trop solidaires entre eux pour que le malheur de l’un puisse faire le bonheur des autres. L’enfant de Dieu doit faire descendre la bénédiction sur la société qui l’a reçu et qui le protège.
Priez : comparez 1 Timothée 2.1-2.
Les songes… ; littéralement : vos songes que vous vous faites songer. Ils s’entretenaient les uns les autres dans un état de surexcitation qui allait croissant en se prolongeant.
Soixante-dix ans : comparez Jérémie 25.11-12.
Je connais : comparez Hébreux 12.11. Les voies de Dieu semblent d’abord sévères, mais la bénédiction est au terme pour ceux qui les acceptent humblement ; néanmoins elle n’est qu’au terme. Vouloir anticiper impatiemment les temps et les moments dont Dieu s’est réservé à lui seul la disposition, c’est s’exposer à tout perdre, les bienfaits du châtiment comme ceux de la délivrance.
Un avenir : belle parole qui marque la supériorité d’Israël sur tous les autres peuples de l’antiquité. Israël seul a attendu un véritable avenir, les autres se bornent plutôt à regretter le passé.
Il est remarquable que la première grâce que le prophète annonce pour cet avenir, soit le droit rendu au peuple de prier son Dieu. Ainsi la condition pour obtenir toute grâce, la prière, est elle-même une grâce.
Vous me chercherez de tout votre cœur. Il y a chercher et chercher. Les faux prophètes cherchaient Dieu sans doute. Mais ils le cherchaient pour la satisfaction de la chair et non pour la sanctification du cœur ; comparez Deutéronome 4.29 ; Deutéronome 30.1-5.
La présence de prophètes nombreux au milieu d’eux paraissait aux exilés une garantie de la faveur divine.
Réponse sévère de l’Éternel à ce motif trompeur de sécurité. Les menaces qui suivent coupent court à tout vain espoir (comparez Ézéchiel chapitres 4, 9, 11, 12).
J’envoie contre eux. Ceux qui sont demeurés en Canaan seront encore plus misérables que vous.
Les figues : peut-être allusion à la vision du chapitre 24. Mais les exilés pouvaient sans la connaître comprendre l’image.
Vous n’avez point écouté. Il semble qu’il devrait y avoir ici la troisième personne, puisque Jérémie parle aux exilés de ceux qui ne sont pas encore emmenés en captivité. Mais il réunit ici tous les membres du peuple, parce que le péché des uns est celui de tous.
Achab et Sédécias : personnages inconnus du reste. Sous les yeux même du gouvernement chaldéen ils osaient fomenter la révolte contre lui ; il était juste qu’ils tombassent sous ses coups.
Rôtir au feu : supplice en usage chez les Chaldéens (Daniel 3.6).
Commis adultère. Ce crime a toujours été fréquent chez les mercenaires du sanctuaire en Israël. Il n’était pas nécessaire d’attendre l’événement pour confondre de pareils hommes comme faux prophètes.
Sémaïa : connu par ce seul passage. Néhélamite : soit originaire d’une ville appelée Néhélam, soit descendant d’un homme de ce nom, qui ne se retrouve pas dans l’Ancien Testament.
La lettre envoyée par Jérémie à Babylone avait exaspéré ce personnage, qui usait de l’influence qu’il avait conservée à Jérusalem pour nuire au prophète.
Sophonie : sacrificateur en second au moment de la ruine (2 Rois 25.18)
À la place de Jehojada. Il ne peut être question ici du grand sacrificateur qui fit périr Athalie. C’est un personnage qui avait probablement succédé à Paschur (chapitre 20). Voir sur cette charge Jérémie 20.1, note. Sémaïa reproche à Sophonie de ne pas infliger à Jérémie un traitement pareil à celui que Paschur lui avait fait subir.
Ceps, serrant les pieds ; carcan, collier en fer serrant le cou, mais comme instrument de torture, plutôt que d’exposition publique.
Qui fait l’inspiré : il applique évidemment à Jérémie lui-même ces épithètes dénigrantes. Comparez 2 Rois 9.11.
L’intention de Sophonie, en communiquant cette lettre à Jérémie, était sans doute bienveillante ; car il ne céda point aux suggestions qui y étaient contenues.
Envoie : par une voie qui nous est inconnue et à une époque évidemment postérieure à l’expédition de la lettre rapportée ci-dessus.
Sa postérité… : le plus terrible châtiment au point de vue d’alors ; comparez la sentence de Jéhojakim (Jérémie 22.30). Voir la contre-partie dans 2 Samuel 7.10-29 ; Psaumes 25.13.
Il ne verra pas le bien : comparez 2 Rois 7.2 ; 2 Rois 7.19.
Sa parole a été une révolte : voir à Jérémie 27.16 ; comparez Deutéronome 13.6.