1 Et Josué, fils de Nun, envoya secrètement de Sittim deux espions en leur disant : Allez, examinez le pays et Jéricho. Et ils allèrent et entrèrent dans la maison d’une courtisane nommée Rabab, et ils couchèrent là.
Envoi des espions
La foi de Josué ne l’empêche pas de prendre toutes les mesures que réclame la prudence.
Secrètement : à l’insu du peuple, qui devait ignorer le contenu de leur rapport. En envoyant secrètement de Sittim ces deux espions, au moment où il proclamait l’ordre indiqué Josué 1.11, Josué pensait sans doute qu’ils reviendraient dans l’espace des trois jours dont il est parlé dans ce verset : il comptait un jour pour aller, un jour pour épier et un jour pour revenir, ce qui semblait devoir pleinement suffire. Nous verrons quelle fut la circonstance qui les força de prolonger leur absence et retarda le passage du fleuve.
Le pays : la campagne autour de Jéricho.
Et ils allèrent : faisant environ cinq heures de marche.
Dans la maison d’une courtisane : une maison ouverte à tout venant et de plus située à l’écart (verset 15).
Les cacha, littéralement : le cacha, chacun séparément.
Je n’ai pas su. Persuadée de la victoire finale des Israélites, Rahab use d’un mensonge qui, vu le niveau de moralité de son peuple, devait lui paraître permis. Quelque blâmable que ce moyen fut, en lui-même, il faut pourtant reconnaître que dans ce cas il fut l’effet de la foi que cette femme avait au Dieu qui conduisait Israël et à la vietoire prochaine de ce peuple ; voir versets 9 à 11. Rappelons-nous aussi la sainteté des droits de l’hospitalité dans toute l’antiquité. Rahab put croire que la violation de ce devoir sacré était un plus grand crime qu’un mensonge officieux.
2 Et le roi de Jéricho en fut informé en ces mots : Voici, des hommes d’entre les fils d’Israël sont venus ici pendant la nuit pour reconnaître le pays. 3 Et le roi de Jéricho fit dire à Rahab : Livre les hommes qui sont arrivés chez toi et entrés dans ta maison, car ils sont venus pour reconnaître tout le pays. 4 Et la femme prit les deux hommes et les cacha ; et elle dit : En effet, des hommes sont venus chez moi, mais je n’ai pas su d’où ils étaient. 5 Et comme on allait fermer la porte, à la tombée de la nuit, ces hommes sont sortis ; je ne sais où ces hommes sont allés, hâtez-vous de les poursuivre, car vous les atteindrez. 6 Et elle les avait fait monter sur le toit, et les avait cachés sous des tiges de lin qu’elle avait étendues sur le toit.
Le lin mûrit en mars dans la plaine de Jéricho, dont le climat, comparé à celui du reste de la Palestine, peut être appelé tropical. Les tiges du lin atteignent dans cette région un mètre de hauteur.
7 Et ces gens les poursuivirent par le chemin qui mène aux gués du Jourdain, et l’on ferma la porte après que ceux qui les poursuivaient furent sortis.
8 Et, avant que les espions se couchassent, elle monta vers eux sur le toit. 9 Et elle dit à ces hommes : Je sais que l’Éternel vous a donné le pays et que la terreur que vous inspirez a fondu sur nous et que tous les habitants du pays défaillent devant vous. 10 Car nous avons appris comment l’Éternel a desséché les eaux de la mer Rouge devant vous, lorsque vous sortiez de l’Égypte, et comment vous avez traité les deux rois des Amorrhéens au-delà du Jourdain, Sihon et Og, que vous avez voués à l’interdit. 11 Nous l’avons appris, et notre cœur s’est fondu, et il ne reste plus de courage en aucun de nous en face de vous ; car c’est l’Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans les cieux et en bas sur la terre. 12 Et maintenant, jurez-moi, je vous prie, par l’Éternel que, comme j’ai usé de bonté envers vous, vous aussi vous userez de bonté envers la maison de mon père, et donnez-m’en un gage assuré ; 13 et vous laisserez vivre mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs, et tous ceux qui leur appartiennent, et vous sauverez nos âmes de la mort.
Ne pouvant espérer de sauver sa patrie qu’elle sait être dévouée à la ruine, elle cherche du moins à se sauver elle-même et, à faire participer ses proches à sa délivrance. C’est à tort qu’on a blâmé à ce sujet son manque de patriotisme.
Mon père, ma mère… Elle ne parle ni de mari, ni d’enfants.
14 Et ces hommes lui dirent : Que nos âmes soient livrées à la mort pour vous, si vous ne divulguez pas ce qui nous concerne maintenant. Et il arrivera, lorsque l’Éternel nous donnera le pays, que nous userons envers toi de bonté et de fidélité. 15 Et elle les fit descendre avec une corde par la fenêtre, car sa maison était attenante à la muraille, et elle logeait sur la muraille.
La maison adossée à la muraille surplombait en même temps celle-ci de sorte que l’évasion était facile.
16 Et elle leur dit : Allez à la montagne, de peur que ceux qui vous poursuivent ne vous rencontrent, et cachez-vous là trois jours, jusqu’à ce qu’ils soient de retour ; après cela, vous suivrez votre chemin.
À la montagne : la montagne, située à l’ouest, ainsi du côté opposé à celui où on ne pouvait manquer de les chercher, celui du fleuve. La chaîne à l’ouest de Jéricho est toute percée de cavernes.
Trois jours. Rahab suppose que les hommes qui les poursuivront attendront deux jours au bord du Jourdain et reviendront le troisième.
17 Et ces hommes lui dirent : Pour que nous puissions nous acquitter du serment que tu nous as fait faire maintenant, 18 voici, quand nous viendrons dans le pays, attache à la fenêtre par laquelle tu nous as fait descendre ce cordon de fil écarlate ; puis rassemble auprès de toi dans la maison ton père, ta mère, tes frères et toute la maison de ton père.
Trois cas sont stipulés dans lesquels les espions seront innocents de la mort de Rahab :
si elle ne signale pas clairement sa maison
si elle et sa famille n’y restent pas enfermés
si elle divulgue leur arrivée et leur retraite actuelle.
19 Quiconque sortira de la porte de ta maison pour s’en aller dehors, son sang sera sur sa tête, mais nous en serons quittes. Mais quiconque sera avec toi dans la maison, son sang sera sur notre tête, si l’on met la main sur lui. 20 Et si tu divulgues ce qui nous concerne, nous serons quittes du serment que tu nous as fait faire. 21 Et elle dit : Qu’il soit fait selon vos paroles ! Puis elle les congédia, et ils partirent. Et elle attacha à la fenêtre le cordon écarlate. 22 Ils partirent donc, et vinrent à la montagne, où ils restèrent trois jours, jusqu’à ce que ceux qui les poursuivaient fussent de retour ; et ceux qui les poursuivaient les cherchèrent sur toute la route et ne les trouvèrent point. 23 Et les deux hommes s’en retournèrent ; ils descendirent de la montagne et passèrent [le Jourdain] et vinrent vers Josué, fils de Nun, et lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé.
Vinrent vers Josué. Le texte ne dit pas : revinrent vers Josué à Sittim. Nous verrons en effet que les espions ne revinrent au camp que lorsque celui-ci avait déjà été transporté au bord du Jourdain.
24 Et ils dirent à Josué : Certainement, l’Éternel a livré entre nos mains tout le pays, et même tous les habitants du pays défaillent devant nous.