Verset à verset Double colonne
1 Sentence de Ninive. Livre de la vision de Nahum d’Elkosch.Sentence de Ninive (voir Ésaïe 13.1 ; Ésaïe 15.1 ; Ésaïe 17.1). Dans ces deux mots, Nahum donne le sommaire de son livre ; le prophète du petit royaume de Juda va prononcer une sentence de mort contre la grande ville de Ninive, la capitale de l’Assyrie. Il consigne la sentence dans ce livre, avant que la chose arrive.
Nahum d’Elkosch : voir l’introduction.
Jaloux et vengeur. Dès les premiers mots, Nahum relève celui des attributs de l’Éternel qui va se manifester dans toute sa grandeur. L’Éternel est jaloux (Exode 20.5) en ce qu’il ne supporte pas l’outrage ; on ne se moque pas de Dieu et quand les méchants l’ont provoqué, il se venge. Ce mot trois fois répété atteste que l’Éternel fait de la cause de son peuple sa cause personnelle. C’est lui qui est offensé et c’est lui qui se venge ; de là la certitude du jugement annoncé.
Il garde ; nous ajoutons : rancune, qui n’est pas dans le texte : nous avons cette même expression en langage familier : il te la garde.
Quand il s’agit de Dieu, il faut éloigner de ces sentiments : colère, jalousie, vengeance, tout ce qui chez l’homme implique en pareil cas une notion de péché, c’est-à-dire ce qui provient de la vanité ou de l’égoïsme froissé.
Contient sa colère ; il ne s’agit pas ici de la patience qui laisse le temps à la repentance (Ésaïe 30.18 ; Romains 2.4). La paix dont jouissent les ennemis de Dieu ne doit pas les rassurer pour l’avenir ; l’orage s’accumule et voici le moment où il va éclater.
La tempête, image fréquente pour décrire les jugements de Dieu (Psaumes 18.7-15) dans ce qu’ils ont d’effrayant, de subit et d’irrésistible. Les nuées qui s’amassent dans le ciel sont la poussière que l’Éternel soulève dans sa marche.
La tempête est si violente que les éléments sont bouleversés ; la mer est desséchée, les collines se fondent comme de l’eau ; la terre elle-même se soulève ; il n’y a aucun refuge contre la colère de l’Éternel qui se répand comme un fleuve de feu Deutéronome 4.24.
Basan et Carmel. Nahum emprunte ses images à son entourage immédiat ; ce sont les lieux de la Palestine où la végétation est la plus luxuriante. La colère de l’Éternel est décrite d’une manière générale ; l’application spéciale à Ninive ne viendra que dans les versets suivants.
L’Éternel est bon. Cette brève déclaration interrompt subitement la description de la colère de Dieu ; cette colère n’est pas une force aveugle qui ravage tout sans distinction sur son passage ; l’Éternel connaît les siens et il est lui-même pour son peuple un refuge et le seul refuge au milieu des terreurs du jugement.
Ce lieu, littéralement : le lieu d’elle, de Ninive. Ninive n’a point encore été nommée, mais c’est elle que le prophète a en vue dès le commencement ; elle est représentée sous l’image d’une reine dans sa résidence.
Il poursuivra jusque dans les ténèbres ses ennemis, c’est-à-dire que Dieu les précipitera dans la nuit éternelle ; le jugement dont ils seront frappés ne sera pas une épreuve passagère après laquelle viendrait un temps de répit ; leur ruine sera complète et définitive. On traduit aussi : Il poursuivra de ténèbres ou les ténèbres poursuivront.
Que méditerez-vous… pour vous défendre contre l’Éternel ? C’est un défi que Nahum lance aux Assyriens : toute résistance est inutile.
Deux fois. L’Éternel vous réduira si bien à néant qu’il n’aura pas à y revenir.
Enlacés. L’image est, par sa concision même, difficile à comprendre ; le prophète veut dire qu’aucun obstacle ne sera capable d’empêcher ou de retarder seulement le jugement de Dieu : les épines entrelacées semblent inabordables.
Ivres de leurs débauches. On a entendu ces mots de l’arrogance de l’ivresse qui semble tout braver ; d’autres ont traduit : humides comme leurs boissons, ce qui signifierait que le feu ne saurait les atteindre. Ces obstacles n’existent pas pour l’Éternel ; les Ninivites seront consumés comme de la paille sèche.
De toi, Ninive ; voilà la cause de la grande colère de l’Éternel ; c’est à Ninive que se sont complotées les expéditions contre Jérusalem et maintenant encore la Terre Sainte lui est asservie. L’Éternel s’envisage comme personnellement offensé par ces Assyriens. Le langage que Rabsaké tenait à Ézéchias était en effet, un outrage direct à l’Éternel (Ésaïe 36.7 ; Ésaïe 36.15 ; Ésaïe 36.18 ; Ésaïe 36.20).
Ces versets présentent quelques difficultés, parce que le prophète, dans la vivacité de son langage, s’adresse tantôt à Ninive, tantôt à Jérusalem. Il est évident que la promesse du verset 13 concerne Juda et la menace du verset 14 les Assyriens ; après quoi Nahum revient à Juda au verset 15. Nous hésitons davantage pour l’interprétation des derniers mots du verset 12 ; si le prophète s’adresse à Jérusalem, nous y verrions une allusion à la campagne de Sanchérib contre Ézéchias, dont le prophète annonce qu’elle ne se renouvellera pas et nous éviterions ainsi des changements d’interlocuteurs. Mais il est peut-être plus naturel de penser que ces mots concernent Ninive dans un sens tout semblable à celui de la fin du verset 9 : Je n’aurai pas à l’humilier une seconde fois.
Intacts et nombreux. Au moment où parle le prophète, l’empire assyrien est encore dans toute sa grandeur.
Ici, le prophète se tourne vers Juda.
Ton joug. Celui que Ninive fait peser sur toi.
Quant à toi, Assyrien, ta ruine sera complète, ta race s’éteindra, tes idoles en qui tu te confies seront renversées, parce, dans la balance de la justice divine, tu as été trouvé léger (Daniel 5.27 ; Job 31.6).
À la menace succède immédiatement l’exécution. Nahum décrit, dans un tableau prophétique, la marche de l’armée ennemie contre Ninive (Nahum 1.15 à Nahum 2.4) ; la prise de la ville, le pillage de ses richesses immenses et sa désolation, quand ses habitants seront emmenés en captivité (Nahum 2.5-10). Au moment où il va dépeindre cette scène de destruction, le prophète entonne un chant de triomphe (Nahum 1.15), qu’il reprend Nahum 2.11-12 et il termine en rappelant la sentence de l’Éternel qui vient de se réaliser (Nahum 2.13).
Les pieds d’un messager (Ce verset est dans le texte hébreu le premier du chapitre 2). Comparez Ésaïe 52.7. On signale à Jérusalem un messager qui arrive d’Assyrie par les montagnes du nord ; on ne sait encore quel message il apporte, mais à son allure on devine que ce sont de bonnes nouvelles ; le salut de Juda, c’est la ruine de son oppresseur.
Célèbre tes fêtes ; le prophète invite son peuple affranchi à rendre grâces à son Dieu en reprenant son culte interrompu par le malheur des temps et à accomplir les vœux qu’il avait formés à l’époque de ses infortunes.