Verset à verset Double colonne
1 Un destructeur est en marche contre toi ! Garde la forteresse, surveille le chemin, affermis tes reins, ramasse toute ta force !Un destructeur. Nahum s’adresse brusquement à un nouvel interlocuteur, à Ninive ; il lui signale l’approche de l’armée ennemie : ce sont les Mèdes qu’il appelle le destructeur, proprement, le marteau de bataille, la masse qui brisera tout obstacle.
Garde ta forteresse : c’est une exhortation ironique : Tu as raison de ramasser toute ta force, car c’est, à l’Éternel que tu as affaire.
La gloire de Jacob comme la gloire d’Israël. Jacob, ainsi placé à côté d’Israël, désigne le pays de Juda ; comparez Abdias 1.18 ; Ésaïe 46.3. Il rétablit leur gloire, celle d’un royaume en même temps que celle de l’autre, en punissant celui qui les avait frappés tous deux.
Des pillards : comparez Ésaïe 5.1 ; Jérémie 12.10.
Le prophète, qui s’est transporté en esprit à Ninive, décrit l’aspect de l’ennemi qui s’avance.
Le bouclier de ses guerriers : ceux du destructeur. Ils sont rouges, soit qu’ils aient été peints, soit qu’ils soient revêtus de plaques de cuivre.
Vêtus d’écarlate. Les anciens nous apprennent que les soldats se vêtaient d’écarlate, afin de ne pas donner confiance à l’ennemi par la vue du sang qu’ils perdaient. Mais si le prophète insiste sur l’éclat des boucliers et des vêtements, c’est parce que les Ninivites en sont épouvantés.
Au jour où il arme. Nahum voit l’armée des Mèdes dès le moment où elle se met en marche.
L’acier des chars. Le mot que nous traduisons ainsi est d’une signification douteuse ; il ne s’agit pas, en tout cas, de chars à faux, dont les Perses ont été les premiers à se servir. L’acier dont il est ici parlé servait simplement d’ornement aux chariots de guerre.
Les lances s’agitent. Au moment où l’armée s’ébranle, il se produit comme une ondulation dans cette forêt de lances.
Dans les rues : des villes assyriennes que traverse l’armée ennemie.
Il se souvient ; c’est le roi de Ninive, qui reçoit la nouvelle de cette attaque subite et qui cherche à organiser la défense ; il convoque en toute hâte ses officiers sur la muraille, mais ceux-ci sont tout tremblants, mal réveillés ou épouvantés (comparez, Nahum 3.13).
Les portes des fleuves. Plusieurs interprètes pensent que ces mots désignent des écluses que l’ennemi aurait ouvertes pour renverser les murs en précipitant dans les fossés une masse d’eau considérable. L’historien Ctésias et d’après lui Diodore de Sicile, racontent en effet que les Mèdes assiégeaient Ninive depuis trois ans quand une crue subite du Tigre leur livra la ville en emportant les murs sur une longueur de vingt stades (400 mètres environ). Mais il n’est question dans ce passage que d’un accident naturel absolument imprévu et dont l’ennemi sait profiter, tandis que Nahum décrit les opérations militaires d’une armée attaquant une place forte. Il nous semble donc plus naturel d’entendre tout simplement par les portes des fleuves les portes situées au bord des canaux et des fossés des fortifications ; elles semblaient imprenables, mais l’énergie des Ninivites est tellement paralysée que ces portes sont livrées sans résistance à l’armée ennemie.
Le palais se fond, non que l’inondation en mine les fondements, car tous les palais de Ninive sont situés au sommet de collines ; le palais parait être, pris ici pour les gens du palais ; le cœur manque au roi et à son conseil, leur courage s’évanouit dès l’instant où les portes sont forcées.
C’en est fait. Le décret divin s’accomplit. Ninive est représentée sous l’image d’une reine entourée de ses suivantes ; elle est dépouillée de ses riches vêtements et emmenée en captivité et les Ninivites ne savent que gémir et se frapper la poitrine.
Comme un bassin d’eau. La prospérité de Ninive a attiré des foules d’étrangers qui ont rempli la ville comme un bassin est rempli de l’eau qu’on y amène ; maintenant, cette population étrangère se disperse sans se soucier des cris de détresse des Ninivites qui l’appellent à leur aide (comparez Nahum 3.16).
L’argent, l’or. Les fouilles récemment pratiquées à Ninive ont mis à jour des objets précieux d’une grande valeur ; le marbre, l’albâtre, les métaux s’y trouvent en abondance ; l’ennemi se borne à enlever l’or et l’argent.
Nahum contemple ce tableau de la ruine de Ninive et comme il avait dès l’abord exhorté Jérusalem à célébrer un culte d’actions de grâces, il entonne maintenant un chant de triomphe sur le lieu désert où fut jadis cette ville. Au désespoir de ses derniers habitants, il oppose leur fierté passée.
Où est-il, l’antre des lions ? Qui croirait, en voyant ces ruines, que c’était la résidence d’un peuple qui tyrannisait le monde entier ? Nahum nous montre, réunis dans cet antre, le lion qui revient avec sa proie, les lionnes qui se la partagent, les jeunes lions qui savent déjà déchirer la chair et broyer les os et les lionceaux trop petits encore pour se nourrir eux-mêmes ; la caverne regorge de butin, tous sont rassasiés, repus de nourriture et l’effroi qu’ils imposent est tel que personne n’ose les troubler dans leur festin. Il s’agit évidemment du roi, des reines, des jeunes princes et, de leur cour.
Le prophète, en terminant, rappelle la sentence divine dont il vient par avance de décrire l’exécution. Chacun des termes employés montre combien l’anéantissement sera complet.
Tes chars, proprement ses chars. Le prophète parle de Ninive tantôt à la deuxième tantôt à la troisième personne. Les chars de guerre sont réduits en fumée. Ceux qui dévoraient sont dévorés à leur tour ; il ne reste plus rien de Ninive.
La voix de tes envoyés. Les émissaires du roi de Ninive faisaient trembler tous les royaumes de la terre ; on n’entend plus parler d’eux, Ninive est oubliée.