Verset à verset Double colonne
1 Voici les, campements des fils d’Israël, qui sortirent du Pays d’Égypte, selon leurs troupes, sous la conduite de Moïse et d’Aaron.Ce catalogue, tiré du document élohiste, nous est transmis comme ayant été écrit par Moïse lui-même sur l’ordre de l’Éternel. Entre le point de départ, Ramsès et le point d’arrivée, les plaines de Moab, nous trouvons énumérées quarante stations, avec une formule toujours identique ; quelques annotations plus détaillées (versets 14 et 38 à 40) peuvent avoir été des adjonctions du rédacteur. De ces quarante stations, dont le nombre a été rapproché à tort de celui des quarante ans de migration au désert, nous connaissons quinze seulement par les récits de voyage conservés dans les livres de l’Exode et des Nombres ; quatre sont nommées Deutéronome 10.6-7 ; Etsion-Guéber est mentionnée Deutéronome 2.8 ; vingt d’entre elles, soit la moitié, présentent des noms absolument nouveaux pour nous. L’auteur est si concis dans son énumération qu’il ne fait aucune mention ni du séjour à Sinaï, ni des arrêts à Kadès, ni de l’envoi des espions. Mais cette brièveté même et cette longue série de noms inconnus prouvent l’antiquité du document. Jamais un auteur postérieur n’aurait imaginé cette liste de stations en omettant plusieurs de celles qui sont mentionnées dans l’histoire. Nous avons vu en effet que les six campements mentionnés Nombres 21.12-19 sont dans la présente liste ou passés sous silence ou remplacés par d’autres noms.
Les campements, littéralement les décampements, les levées de camp.
Moïse mit par écrit. Cette expression implique que la liste qui suit était envisagée soit comme la reproduction, soit comme l’extrait de celle que Moïse reçut l’ordre de rédiger.
Le mot selon signifie la première fois : que la levée du camp avait lieu en vue du départ ; la seconde : que le départ résultait de cette levée.
Ramsès : voir Exode 12.37.
La tête levée : voir Exode 14.8, note.
Sur leurs dieux : Exode 12.12.
Succoth : Exode 12.37.
Etham : Exode 13.20.
Pi-Hahiroth : Exode 14.2.
Le désert d’Etham ou de Sur : Exode 15.22.
Mara : Exode 15.23.
Élim : Exode 15.27.
Près de la mer Rouge : sur cette station et celles de Dophka et d’Alousch, voir Exode 16.1, note.
Réphidim : Exode 17.1
Le désert de Sinaï : Exode 19.2.
Kibroth-Hatthaava et Hatséroth : voir Nombres 11.34-35 et Nombres 10.12, note.
D’après ce que nous avons dit en fin de chapitre 10, la station de Rithma désigne probablement un premier séjour près de Kadès. Les stations qui suivent jusqu’au verset 36 doivent se placer pendant les longues années durant lesquelles le peuple, rejeté de Dieu, mena dans le désert une vie de pérégrinations, à la façon des tribus nomades (Nombres 14.33). Les onze stations qui suivent Rithma, versets 18 à 29, nous sont complètement inconnues. Dans les versets 30 à 36 sont indiquées quatre stations dont les noms sont reproduits avec quelques changements Deutéronome 10.6-7.
Moséroth. Si cette station est la même que Moséra, Deutéronome 10.6 (ce que semblent impliquer les trois noms suivants qui se retrouvent dans les deux listes) et si la situation que nous avons assignée à la montagne de Hor, illustrée par la mort d’Aaron, est exacte (comparez la notice ajoutée au nom de Moséra Deutéronome 10.6 : Aaron mourut là), cette station de Moséroth doit être placée vers l’extrémité septentrionale du pays d’Édom ; voir à Nombres 20.22.
Bené-Jaakan, les fils de Jaakan ; c’est la station nommée Deutéronome 10.6 ; les puits (Bééroth) des fils de Jaakan. Ces fils de Jaakan étaient, d’après Genèse 36.27, une tribu de Horites, c’est-à-dire appartenant au peuple qui avait habité les montagnes du pays de Séir avant l’arrivée des Édomites et dont le nom signifie habitants des cavernes. Cette station devait se trouver plus au sud que la précédente (voir plus bas).
Hor-Guidgad, proprement : la caverne de Guidgad (c’est-à-dire probablement du bruit, du fracas) ; dans Deutéronome 10.6 le nom est Gudgoda ; elle était située sans doute, d’après ce qui suit, plus au sud encore.
Jotbatha : proprement bon pays, ce qui s’accorde avec Deutéronome 10.7, où au nom de Jotbath est ajoutée la remarque : pays où il y a des cours d’eaux. Cette localité nous est aussi inconnue.
Abrona : inconnue ; probablement la plus méridionale de toutes, car elle est immédiatement suivie d’Etsion-Guéber, port bien connu, situé vers la pointe septentrionale du golfe oriental de la mer Rouge.
Il paraît, résulter de ces deux noms de Moséroth et d’Etsion-Guéber que dans les versets 31 à 35 est résumée toute une pérégrination dans laquelle les Israélites parcoururent du nord au sud, avec leurs troupeaux, les contrées qui s’étendent à l’occident de l’Araba. Ce voyage doit avoir rempli une partie des trente-sept ans passés au désert. Il est antérieur à celui dont parle Deutéronome 2.8, qui n’eut lieu que la quarantième année ; et nous verrons qu’il est antérieur aussi à celui dont parle le fragment Deutéronome 10.6 ; voir à ce passage.
Ils partirent d’Etsion-Guéber. Ils n’avaient pas encore l’idée, paraît-il, dans cette première pérégrination, de tourner l’Araba par son extrémité méridionale, afin d’entrer dans la Terre promise par le pays à l’est de la mer Morte, puisque, arrivés à la mer Rouge (Etsion-Guéber), ils remontèrent le désert jusqu’à Kadès, et cela, soit parce que les quarante années qu’ils devaient passer au désert n’étaient pas écoulées, soit parce qu’ils comptaient encore pénétrer par le nord dans le pays de Canaan (voir Nombres 20.1, note).
La montagne de Hor : Nombres 20.22 ; voir Nombres 20.1, note. Ils revinrent donc encore une fois dans la contrée déjà visitée de Moséroth, au nord d’Édom.
Le roi d’Arad. Cette notice fait allusion au fait raconté Nombres 21.1-3 (voir les notes).
Comme au verset 36, la liste a passé en un seul verset de la mer Rouge à Kadès. Ainsi au verset 41 elle n’indique aucune station entre la montagne de Hor et Tsalmona (dont nous ignorons la position, mais que la suite oblige à placer bien loin au sud) et Punon qui doit avoir été située à l’est de l’Araba. De là il résulte que dans notre verset est compris tout le retour du peuple du nord d’Édom à la mer Rouge. Ce fut en effet en traversant l’extrémité méridionale de l’Araba qu’Israël passa à l’est du pays d’Édom.
Oboth et Ijjé-Abarim (verset 44). Ces deux noms sont communs à notre liste et à celle du chapitre 21 ; voir à Nombres 21.10-11.
Dibon-Gad doit être la ville amorrhéenne du roi Sihon (Nombres 21.30), qui échut à la tribu de Gad (Nombres 32.34). Le campement de la vallée de Zéred, mentionné Nombres 31.12, doit se placer immédiatement avant l’arrivée à Dibon-Gad (voir à ce passage).
Almon-Diblathaïm correspond à l’expression : au-delà de l’Arnon, dans Nombres 21.13. Cette localité parait être la même que Beth-Diblathaïm de Jérémie 48.22. Ici sont omises quatre stations du chapitre 21, Béer, Matthana, Nabaliel et Bamoth ; la première et la quatrième présentaient dans le récit des chapitres 21 et 22 un intérêt particulier (voir Nombres 21.16 et Nombres 22.41).
Les monts Abarim : la chaîne qui s’étend du sud au nord à l’est de la mer Morte et dont le Nébo et le Pisga sont des sommités ; comparez Nombres 21.20.
Les plaines de Moab : Nombres 22.1
Beth-Jésimoth, la maison du désert ; voir la note sur le terme le désert Nombres 21.20 ; comparez Josué 12.3.
Abel-Sittim : Nombres 25.1, note.
Il résulte de ce qui précède que depuis Sinaï le peuple se dirigea d’abord vers le nord et arriva dans le voisinage de Kadès (versets 16 à 18) ; qu’après cela, à la suite de sa condamnation, il erra en nomade dans le désert situé à l’ouest de l’Araba, le parcourant pendant trente-sept ans (versets 19 à 29) dans toute sa largeur et sa longueur. Cette vie nomade se termina, paraît-il, par une pérégrination allant de l’extrémité septentrionale à l’extrémité méridionale du pays d’Édom (versets 30 à 35) ; de là le peuple se concentra de nouveau à Kadès, d’où il essaya en vain d’abord de traverser de l’ouest à l’est le pays d’Édom, puis d’entrer dans la Terre promise par l’extrémité nord de ce pays (versets 36 à 40). Enfin il se vit contraint de redescendre encore une fois jusqu’à la mer Rouge pour passer, en traversant l’extrémité méridionale de l’Araba, à l’orient du pays d’Édom et arriver ainsi dans les plaines de Moab, en face de Canaan (versets 44 à 49).
Ces ordonnances se trouvent à leur place naturelle à ce moment où le peuple va franchir le Jourdain.
Vous déposséderez. Le verbe employé signifie prendre possession (verset 53) ; mais quand il a pour régime un nom d’homme, il signifie s’emparer du territoire occupé par cet homme. La suite montrera (comparez verset 55) que cette prise de possession impliquait l’extermination des habitants.
Pierres sculptées : des pierres sur lesquelles était gravée l’image ou l’emblème d’une divinité (Lévitique 26.1).
Hauts-lieux : les lieux de culte des Cananéens, qui jouèrent un grand rôle dans l’histoire subséquente.
Répétition abrégée de l’ordonnance Nombres 26.52-56.
Epines, aiguillons : les Cananéens qu’ils épargneront seront pour eux une cause d’ennuis et de souffrances continuels (Josué 23.13 ; Ézéchiel 28.24, note).
Je le ferai à vous-mêmes : Dieu les expulsera de ce pays, comme il avait résolu d’en expulser les Cananéens (comparez Ésaïe 17.9). La sainteté divine exclut toute partialité (Deutéronome 10.17).