Verset à verset Double colonne
Pour l’origine et le but de ce psaume, voir l’introduction au Psaume 105.
La donnée du Psaume 106 est analogue à celle du Psaume 78. L’un et l’autre retracent certains épisodes de l’histoire israélite, en faisant ressortir la désobéissance du peuple. Seulement le Psaume 78 le fait à la manière des prophètes, qui censurent le peuple pour l’instruire à salut ; ici, c’est Israël lui-même qui s’accuse.
Les principales divisions du psaume sont les suivantes : Invitation à louer l’Éternel et prière du psalmiste, pour avoir part à la délivrance réservée à son peuple (versets 4 à 5). Confession du peuple, qui a été rebelle dès l’origine, en Égypte déjà (versets 6 à 12), pendant la traversée du désert (versets 13 à 33), enfin en Canaan (versets 34 à 43). Les derniers versets sont un recours à l’Éternel, qui a déjà si souvent usé de compassion, pour qu’il sauve encore son peuple et le ramène d’entre les nations.
Louez l’Éternel ! (Alléluia). Ce cri de louange, que nous avons trouvé déjà à la fin des Psaumes 104 et 105, est ici en tête du psaume, presque comme un titre. La même particularité se retrouvera dans les Psaumes 111 à 113, 117, 135, 146 à 150.
Heureux ceux qui observent… Si le peuple l’eût fait, il n’aurait éprouvé que les effets de la grande bonté de l’Éternel.
Visite-moi par ton salut. L’exil ne prendra fin que par une nouvelle intervention miséricordieuse de l’Éternel ; cette visitation divine ne tardera pas et chaque Israélite doit demander d’y avoir part.
Nous et nos pères, littéralement : avec nos pères. Les péchés des fils ne forment avec ceux des pères qu’une seule et même somme de péchés, qui doivent être confessés.
En Égypte. Israël n’avait pas encore quitté le sol de l’Égypte, que déjà commençaient les regrets et les murmures (Exode 14.11-12).
Comme par un lieu sec, hébreu : comme par le désert. Même expression Ésaïe 63.13.
Ils crurent…, ils chantèrent : Exode 14.31 ; Exode 15.1 et suivants.
Le psalmiste ne se conforme pas à l’ordre historique des faits. Il parle d’abord des murmures se rapportant au manque d’eau ou d’aliments (versets 13 à 15), de la jalousie qui éclata contre Moïse et Aaron (versets 16 à 18), puis de l’adoration du veau d’or (versets 19 à 23), du manque de foi qui empêcha le peuple d’entrer en Canaan (versets 24 à 27), de la participation à l’idolâtrie moabite (versets 28 à 31), et, pour terminer, du péché qui attira sur Moïse lui-même un châtiment de Dieu (versets 32 et 33).
Ils eurent bientôt oublié, littéralement, ils se hâtèrent d’oublier. Trois jours après le passage de la mer Rouge, ils murmuraient à Mara (Exode 15.23-24).
Ils furent pris de convoitise : allusion aux occasions dans lesquelles le peuple regretta les pots de viande, les poissons et les légumes d’Égypte (Exode 16.3 ; Nombres 11.5).
Ils tentèrent Dieu : voir Psaumes 78.18, note.
Il envoya la consomption. Le texte hébreu ajoute : dans leurs âmes. L’âme désigne ici le principe vital, à la fois physique et spirituel, ce qui, en eux, a convoité, joui, puis a été frappé de dépérissement (Nombres 11.33).
Ils portèrent envie à Moïse : péché plus grave encore que le précédent, parce qu’il s’attaquait plus directement à la volonté de Dieu, si manifeste dans le choix de Moïse et d’Aaron. C’est ce qu’indique la qualification donnée à ce dernier, en vertu de sa charge : le saint de l’Éternel. Le châtiment infligé aux coupables (versets 17 et 18) est aussi plus terrible que le dépérissement dont il vient d’être parlé.
Dathan, Abiram. Koré, qui participa à la révolte, n’est pas nommé. Le récit, Nombres 16.1 et suivants, ne dit pas expressément de quelle manière il périt ; il semble avoir fait partie des 250 qui furent consumés.
Le veau d’or (Exode 32.1 et suivants).
Atteinte directe portée à la gloire et à la sainteté de Dieu. Elle eût entraîné le destruction du peuple entier, sans l’intercession de Moïse (verset 23).
Leur gloire : l’Éternel lui-même. Comparez Deutéronome 10.21 ; Psaumes 3.4. Le contraste entre le mot de gloire et la figure d’un bœuf qui broute l’herbe fait ressortir la grandeur de l’offense commise envers Dieu.
La terre de Cham : autre nom de l’Égypte (Psaumes 105.23 ; Psaumes 78.51).
Dieu n’a pas détruit son peuple, après le culte du veau d’or. Israël se punit lui-même par un nouveau péché, lorsque, refusant d’entrer en Canaan, il se condamne à périr au désert (Nombres 14.1 et suivants).
Ils méprisèrent la terre de délices, ou : la terre désirable (Jérémie 3.19 ; Zacharie 7.14). C’est mépriser un don de Dieu que de reculer devant l’effort de foi nécessaire pour en prendre possession.
Il leva la main : l’attitude de celui qui fait un serment (Genèse 14.22 ; Deutéronome 32.40).
Et qu’il ferait tomber leur postérité… : allusion à la situation du peuple, au moment où le psaume fut composé. Le châtiment de la déportation n’a pas été annoncé, il est vrai, en même temps que celui de la génération qui mourut au désert ; il l’a été plus tard, par Moïse (Lévitique 26.1 ; Deutéronome 28.1 et suivants). Mais les péchés qui ont motivé ces deux châtiments sont en relation plus étroite qu’il ne le semble. Ils procèdent du même mépris des dons de Dieu et de la même incrédulité.
Dernière désobéissance d’Israël, pendant son séjour au désert (Nombres 25.1 et suivants).
Baal-Péor : divinité en l’honneur de laquelle se célébraient d’ignobles orgies. Sur le conseil de Balaam, les Moabites et les Madianites invitèrent les Israélites à ces fêtes (Nombres 25.2-3 ; Nombres 31.16).
Des sacrifices des morts. Cette expression fait penser aux évocations de morts, interdites Deutéronome 18.11 ; Ésaïe 8.19, ou à des cérémonies funèbres. Mais le récit des Nombres parle uniquement de repas de sacrifices célébrés en l’honneur de Baal-Péor. La plupart des interprètes envisagent donc que, par ce terme de morts, le psalmiste désigne simplement les faux dieux, ainsi que le fait le livre de la Sapience, lorsqu’il dit que l’espérance de l’idolâtre est en des choses mortes et que, dans ses maladies, il prie pour sa vie ce qui est mort (Sagesse 13.10, Sagesse 13.18 ; comparez Psaumes 115.1-18).
Nous savons, dit Calvin, que le banquet du sacrifice faisait partie du culte… Tandis qu’auparavant ils avaient coutume de manger des sacrifices qui les unissaient au vrai Dieu, fontaine inépuisable de vie, ils s’adjoignaient maintenant par mariage avec les morts… ; de bon gré ils se condamnaient à la mort par un sacrifice si détestable.
Ils irritèrent Dieu, littéralement : ils irritèrent ; on lit de même, au verset 32 : ils provoquèrent, sans complément direct.
Phinées se leva. Voir Nombres 25.7-11, où il est raconté que, pour prix de son zèle, Phinées reçut la promesse que le sacerdoce lui resterait assuré, ainsi qu’à sa postérité.
Le psalmiste a réservé pour la fin de cette triste énumération des péchés commis au désert, le récit de la faute qui attira sur Moïse lui-même le châtiment, qui devait lui être le plus sensible (Nombres 20.10 ; Deutéronome 1.37 ; Deutéronome 3.23-26 ; Deutéronome 32.51), l’interdiction d’entrer dans la Terre promise.
Ils furent rebelles à son Esprit : à l’Esprit de Dieu ; c’est le péché du peuple ; il parla inconsidérément : c’est celui de Moïse. C’est ici le seul passage biblique qui ajoute un trait explicatif à la condamnation prononcée sur Moïse et Aaron : Parce que vous n’avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des fils d’Israël, vous ne ferez point entrer cette assemblée dans le pays que je lui ai donné (Nombres 20.12). Cédant à un mouvement d’irritation personnelle, Moïse adressa au peuple des paroles qui le mettaient lui-même en scène et voilaient la gloire de Dieu, prête à se manifester.
Ils ne détruisirent point…, ils se mêlèrent. Les deux choses n’en font en réalité qu’une. Ils ne pouvaient laisser subsister les Cananéens sans se mêler à eux et le faire, c’était prendre parti pour l’idolâtrie contre Dieu ; voir Deutéronome 7.2, note.
Ils sacrifièrent leurs fils et leurs filles… Pour la défense relative à ces abominations, voir Deutéronome 12.31 et pour la violation de cette défense, sous Manassé en particulier, voir 2 Rois 21.6.
Aux démons, hébreu : aux schédim, seigneurs, génies bons ou mauvais. Comparez Deutéronome 32.17 ; 1 Corinthiens 8.5.
Il les livra… les délivra (verset 43). Toute la période des juges et des rois jusqu’à l’exil ne fut qu’une série de chutes et de relèvements suivis d’infidélités nouvelles (Néhémie 9.27-28).
Il leur fit trouver compassion… Ces mots font évidemment allusion à la situation des captifs au moment où parlait le psalmiste. La prière de Salomon : Donne-leur de trouver compassion auprès de ceux qui les auront emmenés captifs (1 Rois 8.50), a été exaucée à leur égard. Aussi sont-ils encouragés à demander une grâce plus grande encore, celle d’être rassemblés d’entre les nations (verset 47).
Béni soit l’Éternel. Ces paroles de louange servent de clôture au quatrième livre tout entier (voir Introduction). Le rédacteur des Chroniques les a fait entrer dans la citation qu’il donne de quelques versets de notre psaume (1 Chroniques 16.36), ce qui prouve qu’au moment où ont été composés les Chroniques, le psautier était déjà divisé en cinq livres munis de leur doxologie spéciale. Voir du reste sur cette citation l’introduction au Psaume 96.