Verset à verset Double colonne
La pensée exprimée par ce psaume se rattache étroitement à celle du précédent. Dieu a mis fin aux combats jusqu’aux bouts de la terre ; il s’est élevé au-dessus des nations (Psaume 46). Celles-ci n’ont plus qu’à lui rendre hommage et à former toutes ensemble le peuple du Dieu d’Abraham (Psaume 47). Cette dernière déclaration donne à tout le cantique une grande élévation. Un chant de triomphe national est souvent exclusif et méprisant à l’égard des vaincus. Ici, rien de semblable, mais une joie pure et sainte, à la pensée que Dieu est enfin glorifié et que l’humanité tout entière va avoir part aux bénédictions promises à Abraham.
De telles espérances se sont fait jour souvent dans le cours de l’histoire d’Israël. Aussi a-t-on pu chercher à rattacher ce cantique soit aux victoires de David, soit aux grandes délivrances accordées à Josaphat (2 Chroniques 20.1) ou à Ézéchias (2 Rois 19.1), soit même au retour de la captivité. Il est intéressant de rapprocher le verset 10 : Les boucliers de la terre appartiennent à Dieu, du récit de 2 Samuel 8.7, qui nous montre David amenant à Jérusalem les boucliers d’or du roi syrien Hadadézer. Aurions-nous peut-être ici un cantique composé à l’occasion de la consécration à l’Éternel de ces boucliers, emblèmes de la puissance païenne ? Quoi qu’il en soit, ce psaume est un admirable monument de l’attente d’Israël, qui est encore celle de l’Église, relativement au règne universel du Seigneur. On peut comme toucher au doigt, dans ce cantique, l’action de l’Esprit divin, qui élève l’homme au-dessus de tout intérêt personnel ou même national, pour l’initier aux grands secrets du conseil divin et lui faire entrevoir le règne de la gloire divine sur la terre entière.
Dans une première strophe, le psalmiste rappelle la place d’honneur accordée à Israël au milieu des peuples, qui tous reçoivent l’Éternel comme leur roi (versets 2 à 5). Dans la seconde strophe, ce privilège lui-même s’efface en présence de la gloire du Roi céleste, qui monte sur son trône glorieux, d’où il règne sur tous les peuples, devenus son peuple.
Battez des mains, en acclamant et saluant votre roi. Comparez 2 Rois 11.12.
Il range…, il met…, il choisit… On s’attendrait à voir ces verbes au passé. Mais la pensée du psalmiste n’est pas de raconter ce qui s’est accompli à tel moment de l’histoire ; elle est bien plutôt d’énumérer, à la gloire de Dieu, tout ce qu’il sait faire, peu importe quand, en faveur de son peuple.
Le pays accordé à Israël comme son héritage est sa gloire, parce qu’il lui rappelle que Dieu l’a aimé avec prédilection : C’est peut-être cette pensée du choix dont Israël a été l’objet de la part de Dieu qui amène le psalmiste à désigner son peuple sous le nom de Jacob, préféré à Ésaü. Comparez Malachie 1.2.
Dieu est monté… Des yeux de l’esprit, le psalmiste contemple l’Éternel prenant possession de la royauté universelle.
La trompette : hébreu schophar, le clairon retentissant de la victoire. C’est l’instrument dont on se sert dans les synagogues, pour annoncer une nouvelle année ; aussi ce psaume est-il devenu, pour les Juifs, un cantique de Nouvel-An.
Psalmodiez. Ce mot, quatre fois répété, s’adresse à tous les peuples de la terre, représentés peut-être, dans la cérémonie dont il s’agit, par différents chœurs s’entre-répondant.
Un cantique : hébreu, Maskil, enseignement, proclamation de vérité (Psaumes 32.1, note).
Son saint trône. La royauté de Dieu a été niée aussi longtemps que les peuples l’ont méconnue, L’Éternel l’a reconquise et va régner désormais.
Les chefs… se sont assemblés. Le psalmiste les voit en esprit réunis au pied du trône de l’Éternel et formant ensemble le peuple du Dieu d’Abraham. Le nom d’Abraham rappelle à la fois la gloire d’Israël et la bénédiction promise à tous les peuples.
Les boucliers de la terre : C’était là une image employée parfois pour désigner les rois, les protecteurs des nations. Comparez Osée 4.18. Ce sens figuré est néanmoins contesté et il est très possible que le sens propre soit ici le vrai. Nous savons que les rois aimaient à décorer leur palais de boucliers de luxe et que les conquérants rapportaient dans leurs capitales ceux qu’ils avaient pris à l’ennemi (1 Rois 14.26-28). Les boucliers conquis sont le symbole de la victoire remportée et de la soumission des ennemis. Voir l’introduction au psaume.