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Psaumes 49
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 49

Le mauvais riche, proie du Schéol

Après trois psaumes d’actions de grâces, se rapportant à des délivrances nationales, voici un psaume philosophique, où nous trouvons le croyant en face de la grande énigme de la vie : le problème du succès du mal, du bonheur du méchant, Nous n’assistons pas ici, comme au Psaume 73, à l’ébranlement de sa foi. ; la crise est surmontée, quoique d’une manière un peu différente de ce que nous avons vu au Psaume 37. Ce dernier psaume montrait ce qu’a d’éphémère déjà ici-bas la prospérité du méchant, ce qu’a de durable le bonheur du juste. Ici, c’est le sépulcre, le Schéol, qui donne au psalmiste la solution qui le rassure. Le méchant y disparaît, sans que rien puisse l’en racheter : le juste a foi en Dieu, qui saura l’en délivrer. La destruction du méchant est la pensée dominante du psaume, auquel elle fournit un lugubre refrain (versets 13 et 21). La foi à la délivrance du juste apparaît, sur ce fond sombre, comme un éclair rapide (verset 16).

Ce psaume termine la série des cantiques de Koré du deuxième livre. Le temps de sa composition est incertain.

Il comprend une introduction (versets 2 à 5) et deux parties (versets 6 à 13 et 14 à 21).

1 Au maître chantre. Des fils de Koré. Psaume. 2 Écoutez ceci, vous, tous les peuples, Prêtez l’oreille, vous tous, habitants de la terre,

Introduction (2-5)

Le psalmiste sent que l’inspiration qui l’anime vient de Dieu et lui communique une instruction très importante, qui concerne tous les hommes. Ces paroles rappellent le commencement des Proverbes. L’auteur lui-même, du reste, appelle son cantique sentence ou proverbe et aussi énigme, problème.

3 Petits et grands, Riches et pauvres, tous ensemble ! 4 Ma bouche dira des choses sages, Les méditations de mon cœur, des pensées pleines de sens. 5 Je veux prêter l’oreille à la sentence, Révéler mon énigme au son de la harpe.

Je veux prêter l’oreille… Lui-même doit commencer par écouter, avant de parler. Comparez Ésaïe 50.4.

6 Pourquoi craindrais-je, aux jours du malheur, Quand l’iniquité m’enveloppe et s’attache à mes pas ?

Le riche orgueilleux ne peut racheter sa vie (6-13)

Sans se donner le temps de formuler le problème, que d’ailleurs chacun devine aisément, le psalmiste expose immédiatement la solution.

Aux jours du malheur. On pourrait traduire aussi : aux jours du méchant, qu’il est le maître.

7 Ils se confient en leur puissance
Et se glorifient de leurs grandes richesses… 8 L’homme ne peut racheter son frère, Ni payer à Dieu sa rançon,

L’homme ne peut racheter son frère. Comparez Matthieu 16.26. Il s’agit du rachat qui préserverait du Schéol, ainsi que l’explique le verset 10. Cette phrase est introduite, brusquement, comme interrompant la pensée du verset 7, avec laquelle elle forme un contraste saisissant. Le verset 9 est une parenthèse, destinée à expliquer pourquoi un homme ne peut racheter son frère ; on se le représente faisant des démarches dans ce but, mais obligé d’y renoncer. On peut racheter un guerrier tombé entre les mains de l’ennemi ; mais auprès de Dieu, qui fait descendre au sépulcre, toutes les richesses du monde resteront impuissantes, Un poème syrien exprime une pensée analogue en ces termes :

Ah ! Si je pouvais être racheté !
Assurément je paierais la rançon !
Rachète-moi, toi mon parent bien-aimé,
Au prix de coursiers magnifiques.
Ah ! Si je pouvais être racheté !
Rachète-moi, ô mon frère bien-aimé…
— Cité par Cheyne, The psalms
9 Le rachat de l’âme est trop cher, Il faut qu’il y renonce à toujours, 10 Afin qu’il continue à vivre éternellement, Qu’il ne voie pas la fosse. 11 Il la verra ! Les sages meurent,
Et avec eux le fou et l’insensé périssent
Et laissent leurs biens à d’autres.

Les sages meurent : à plus forte raison le fou. Par ce dernier terme le psalmiste, après avoir énoncé une loi concernant tous les hommes, revient au riche orgueilleux dont la folie consiste à se glorifier de ses richesses. Comparez Luc 12.16-20. Remarquez les verbes différents employés ici : le sage meurt, l’insensé périt.

12 Ils croient que leurs maisons subsistent à toujours,
Et leurs demeures de génération en génération ; Ils donnent leurs noms à des terres. 13 Mais l’homme dans sa splendeur ne subsistera pas, Il est semblable aux bêtes qui périssent.

Semblable aux bêtes… C’est ici proprement la sentence (maschal) annoncée au verset 5. Comparez Ecclésiaste 3.18-19

14 Tel est le sort de ceux qui vivent dans une folle sécurité
Et de ceux qui, suivant leur exemple, Prennent plaisir à leurs paroles.
(Jeu d’instruments).

Les méchants périront, mais les justes seront rachetés (14-21)

Ceux qui, suivant leur exemple… Le psalmiste distingue entre les meneurs, les hommes influents, dont il a parlé jusqu’à présent et ceux qui les suivent, applaudissant à leurs paroles et imitant leurs actions.

Jeu d’instruments (séla). Cette indication semblerait mieux en place à la fin du verset 13 et peut-être y a-t-il ici une erreur de copiste. Cependant il arrive souvent qu’elle ne correspond pas à la division des strophes, et, de fait, ce verset, qui résume la strophe précédente, termine un développement.

15 Comme un troupeau, ils descendent dans le Schéol ; La mort devient leur berger,
Et les justes, au matin, les foulent aux pieds. Leur beauté, que dévore le Schéol, n’a plus de demeure !

La mort devient leur berger, littéralement : les paît. On voit un troupeau de brebis descendant au Schéol et n’y trouvant pas d’autre berger que la mort. Pour le Schéol, voir Psaume 6, notes.

Au matin. Après la nuit de l’affliction (Psaumes 30.6) et le règne de l’injustice, les justes se trouveront maîtres de la position, par le fait que les méchants seront descendus sous terre et que les vivants fouleront leurs tombeaux.

Leur beauté, littéralement leur figure, leur forme, leur être extérieur. Chassé par la mort des somptueuses habitations d’autrefois, ce corps, qu’ils ont soigné et admiré, est sans demeure, condamné à errer, à l’état d’ombre.

16 Mais Dieu rachètera mon âme de la puissance du Schéol, Car il me prendra !
(Jeu d’instruments).

Dieu rachètera mon âme. Au verset 15 le psalmiste a parlé, moins des justes pris individuellement, que de la communauté des fidèles, qui, dans son ensemble, restera maîtresse du terrain. Maintenant il parle de lui-même personnellement et il puise dans la conscience du lien qui l’attache à Dieu la certitude que son sort ne sera pas celui du méchant. Comparez Luc 20.38.

Il me prendra : du sein même du Schéol, par un enlèvement semblable à celui d’Hénoc ou d’Élie. Il n’y a pas ici contradiction avec le verset 8. Si l’homme ne peut racheter son frère, Dieu peut racheter son serviteur. Cette parole ne le cède en rien en fait de hardiesse aux déclarations de Psaumes 16.10 et Psaumes 17.15. C’est la foi à la résurrection clairement, quoique brièvement exprimée. Tandis que le méchant est livré sans espoir au Schéol, que toutes les richesses de la terre et tous les efforts des hommes ne sauraient l’en racheter, le croyant sait que Dieu le fera sortir même de la mort. Remarquons ici la sobriété du langage du psalmiste, qui ne se livre à aucun développement sur ce sujet, si grand et si contraire à toutes les apparences, de la délivrance de la mort. Sa foi en Dieu lui inspire une ferme déclaration, mais il ne se permet pas de l’amplifier. Un jeu d’instruments donne cependant essor aux sentiments qui l’animent.

17 Ne crains point, quand un homme s’enrichit, Quand la gloire de sa maison s’augmente,

Ne crains point. La pensée du début (verset 6) revient maintenant, sous forme de conclusion et d’exhortation.

18 Car à sa mort il n’emportera pas tout cela, Sa magnificence ne descendra pas après lui. 19 Bien qu’il félicite son âme pendant sa vie
Et qu’on te loue parce que tu te traites bien,

On te loue. Subitement le discours s’adresse au méchant.

20 Elle descendra vers la génération de tes pères, Qui à jamais ne reverront plus la lumière.

Elle : son âme, celle du méchant.

21 L’homme dans sa splendeur, mais sans intelligence, Est semblable aux bêtes qui périssent.

Sans intelligence. Ces mots, qui ne se trouvaient pas, au verset 13, font comprendre au lecteur que ce n’est pas la richesse en elle-même qui est condamnée ici.