Verset à verset Double colonne
Asaph, dont le nom figure en tête de ce psaume, ne fut pas seulement l’un des trois chantres préposés par David à tout ce qui concernait la musique sacrée (1 Chroniques 15.17 ; 1 Chroniques 25.1) : la postérité le mit au nombre des Voyants spécialement inspirés de Dieu ; Ézéchias, dans les ordres qu’il donne aux Lévites pour remettre en honneur le culte de l’Éternel, le place, comme tel, à côté de David lui-même (2 Chroniques 29.3). Douze psaumes sont attribués à Asaph. Ils sont tous réunis au commencement du troisième Livre, à l’exception du Psaume 50, qui se trouve isolé dans le deuxième Livre, entre les psaumes des fils de Koré et ceux de David. Cette place, du reste, lui convient fort bien, à la suite des menaces du Psaume 49 et avant le cri de repentance du Psaume 51.
Les psaumes dits d’Asaph ne remontent pas nécessairement tous au contemporain de David dont nous venons de parler. Les dons poétiques et musicaux du premier Asaph semblent s’être conservés dans sa famille de génération en génération, comme ce fut le cas dans la famille des fils de Koré. Les descendants d’Asaph jouent un rôle important dans le culte sous Josaphat (2 Chroniques 29.13) et même au retour de la captivité (Esdras 2.41 ; Esdras 3.10). Il se peut donc que plus d’un de nos douze psaumes ait pour auteur un des descendants du premier Asaph. Un trait commun cependant se retrouve dans tous ces cantiques : c’est leur ton prophétique. Ils annoncent pour l’avenir l’apparition de Dieu comme juge (Psaumes 50 et 75), ou ils font ressortir dans le passé l’intervention de Celui qui ne cesse pas d’être le Berger d’Israël (Psaumes 74, 77, 78). Cette image du berger, dans ses relations avec son troupeau, revient fréquemment dans ces psaumes.
Le Psaume 50 est la condamnation du formalisme. Aux sacrifices de toute espèce, il oppose le culte du cœur, comme seul agréable à Dieu. L’ancienne alliance se spiritualise, l’aube évangélique, se fait pressentir. Il n’en résulte pas néanmoins qu’il faille placer ce psaume, quant à la date de sa composition, dans les temps qui ont immédiatement précédé la nouvelle alliance. Des pensées analogues sont exprimées par les prophètes antérieurs à l’exil (voir surtout Jérémie 7.1-34), même déjà par Samuel (1 Samuel 15.22). Elles inspirent les Psaumes 15 et 24, qui appartiennent évidemment à l’époque de David ; elles sont clairement exprimées dans les Psaumes 40, 51, 69. La nature même des reproches adressés à Israël indique une époque où l’idolâtrie n’existait pas dans son sein et où le culte était régulièrement célébré.
Le Psaume 50 commence par une introduction prolongée, qui décrit l’apparition solennelle de Dieu comme juge (versets 1 à 6). Puis Dieu lui-même parle à ses adorateurs formalistes (versets 7 à 15) et menace les hypocrites (versets 16 à 19). Les versets 20 et 21 forment la conclusion.
Trois noms divins sont prononcés ici pour préparer l’univers à la communication qui va être faite :
Voilà quel est celui au nom duquel le psalmiste adresse une convocation à la terre et à tous ses habitants, car le procès fait au peuple de Dieu concerne dans une certaine mesure tous les hommes.
Sion, la ville où vient siéger le juge, reçoit de cette présence divine une beauté parfaite ; comparez Psaumes 48.3.
Dieu resplendit, comme le soleil à son lever ; comparez Deutéronome 33.2. Il fait apparaître chaque chose dans son vrai jour.
Il vient… Le ton prophétique de ces déclarations fait penser à la seconde venue du Seigneur, en gloire (Apocalypse 1.7), tout en rappelant les scènes grandioses du Sinaï. Celui qui a donné la loi vient demander compte à son peuple de l’usage qu’il en a fait.
Feu…, tempête,… symboles du jugement. Le feu est la colère divine, qui consume le pécheur, la tempête est l’indignation qui l’emporte.
Les cieux…, la terre. Dès l’origine du monde, le ciel et la terre ont été les dispensateurs de la bonté de Dieu envers l’homme, aussi bien que les témoins de l’injustice humaine. Comparez Ésaïe 1.2 ; Deutéronome 32.1.
Assemblez-moi… Comparez Matthieu 24.31.
Mes fidèles : hébreu chasidim. Ce terme de chasid est appliqué tantôt à Dieu, qui fait grâce, tantôt à l’homme qui aime Dieu (Psaumes 4.4, note). Il rappelle ici ce qu’est Israël, quant à sa destination. C’est ainsi que les chrétiens sont appelés saints, lors même que plusieurs sont infidèles à leur vocation (1 Corinthiens 1.2). Dans notre psaume, ce titre même, donné à ceux qui sont cités en jugement, les accuse, en faisant ressortir le contraste entre ce qu’ils devraient être et ce qu’ils sont.
Alliance par le sacrifice. Le peuple entier a fait alliance avec Dieu une fois pour toutes (Exode 24.1-11) et chaque sacrifice offert dès lors a été la confirmation de cette alliance.
Les cieux proclament… En réponse à l’appel divin (verset 4), le psalmiste, entend les cieux déclarer que la sentence qui va être rendue ne peut être que la justice même, puisque c’est Dieu qui la rend.
Écoute… comme autrefois en Sinaï.
Je suis Dieu : donc j’ai le droit de te parler ainsi.
Ce n’est pas… Extérieurement tu es en règle. Je ne te reproche aucune violation des rites que je t’ai prescrits. Comparez Ésaïe 1.11.
Tous les animaux… L’illusion grossière du formaliste est de croire que Dieu recherche la richesse ou la jouissance que pourraient lui procurer les offrandes qui lui sont faites, comme si toutes choses ne lui appartenaient pas. Comparez Actes 17.24-25.
Je connais… comme ayant sur eux un droit de propriété.
Je ne t’en dirais rien. Une autre forme de cette illusion consiste à croire que l’homme peut en quelque manière venir au secours de Dieu.
En opposition à ce que Dieu ne demande point, voici ce qu’il demande : avant tout la louange, expression d’un cœur reconnaissant, puisque l’homme ne vit que des bienfaits de Dieu, puis l’obéissance, ou l’accomplissement des vœux que l’on a faits et des engagements que l’on a pris ; enfin, la prière confiante dans la détresse : autant de formes du don du cœur à Dieu. Comparez Osée 6.6 ; Michée 6.6-8, etc.
Le formalisme est déjà une hypocrisie ; il est taxé comme tel par le Seigneur (Matthieu 23.23). Mais il peut être plus ou moins inconscient. L’hypocrite proprement dit, auquel s’adresse maintenant le juge, se sert de la piété, non pour se tromper soi-même, mais pour tromper les autres.
Qui hais la répréhension : la sainte discipline de ces commandements que tu prétends connaître et exposer en détail. Comparez Romains 2.17-24.
Derrière toi : pour ne pas être entravé par elles dans l’accomplissement du mal. Mais ces paroles, ces commandements volontairement oubliés, le juge les met maintenant sous les yeux du coupable : le huitième (début verset 18), le septième (fin verset 18), le neuvième (verset 19), le cinquième (verset 20).
Tu t’assieds… pour médire plus à l’aise.
Tu as cru… La patience de Dieu, qui conviait le méchant à la repentance (Romains 2.4), lui a au contraire servi de prétexte pour s’imaginer que Dieu l’approuvait. Mais le voile va être déchiré et le châtiment du coupable consistera en ce que toute l’horreur de Dieu pour le mal commis lui sera dévoilée.
Le jugement vient d’avoir lieu dans la conscience des auditeurs. La condamnation définitive est ajournée, pour que le coupable ait le temps de revenir au culte que Dieu réclame.
Vous qui oubliez Dieu : aussi bien les formalistes que les hypocrites.
Il trace un chemin… Traduction plus exacte que celle de nos versions : qui règle sa voie. Celui qui agit ainsi s’engage dans une direction où je pourrai lui révéler mon salut. Le psaume se termine ainsi par une parole de délivrance.