Verset à verset Double colonne
Le nom de David, mis en tête de ce psaume, s’explique sans doute par les réminiscences de psaumes plus anciens, qui s’y trouvent en grand nombre. Nous avons ici, croyons-nous, une prière liturgique destinée à exprimer les besoins à la fois divers et permanents du peuple de Dieu, dans tous les temps. Ce psaume peut avoir été composé dans ce but par les fils de Koré ; de là la place qu’il occupe au milieu de cantiques qui leur sont attribués. Formé comme il l’est de citations d’autres cantiques, ce psaume a pourtant son caractère propre et sa beauté particulière. L’espérance de l’ère messianique entre autres y occupe la place centrale. Sa nature même de psaume composite lui assigne une date relativement récente ; il doit être, comme celui qui le précède immédiatement, postérieur à l’exil. La suite des pensées n’est pas nettement marquée. On peut pourtant, ainsi que le fait observer M. de Mestral, distinguer dans cette prière quatre strophes, dans chacune desquelles le psalmiste fait valoir quelque motif principal sur lequel il fonde son espoir d’être exaucé :
Entends celui que tu aimes !
Ton bien-aimé. On traduit aussi ton fidèle, ton adorateur. C’est le chasid qui aime Dieu et que Dieu aime (Psaumes 4.4 ; Psaumes 85.9, notes). Il n’y a pas ici de propre justice ; le peuple rappelle, par ce terme, quelle est la position que Dieu lui-même lui a faite au milieu des peuples.
Exauce, car tu es grand !
Comparez Exode 15.11. L’auteur se place un instant au point de vue des nations étrangères, qui croient avoir chacune son dieu spécial et qui rapportent leurs succès à ces dieux nationaux. Même à ce point de vue, aucun de ces prétendus dieux n’a accompli des délivrances pareilles à celles qu’a opérées l’Éternel.
Toutes les nations que tu as faites… Elles finiront par reconnaître que c’est à l’Éternel qu’elles doivent l’existence (comparez Psaumes 22.28) et elles lui rendront hommage comme à Celui qui seul est Dieu.
Que je te loue, car tu m’as sauvé ! Après ce regard jeté sur l’ensemble des nations, qui connaîtront un jour ce qu’elles ignorent maintenant, le peuple éprouve le besoin de mieux connaître lui-même le Dieu qui l’a déjà délivré.
Enseigne-moi ta voie. Comparez Psaumes 25.4 ; Psaumes 27.11.
Range mon cœur…, littéralement : Unis mon cœur, pour qu’il craigne ton nom ; concentre et réunis toutes mes pensées et mes aspirations en une seule, qui soit de te craindre. C’est là la véritable intégrité que Dieu réclame de ceux qui le servent.
Tout ainsi que notre entendement a besoin de lumière, aussi notre volonté a besoin de droiture… Le cœur de l’homme est troublé, distrait et comme désuni, jusqu’à ce que Dieu l’ait recueilli à soi et qu’il le retienne, pour lui obéir
Du fond du séjour des morts. Israël était mort, Dieu l’a ramené à la vie. Peut-être est-ce une allusion à l’exil et au retour de Babylone.
Une troupe de gens violents. Cette expression rappelle les plaintes de David, poursuivi par Saül (Psaumes 54.5). Israël, après l’exil, était aussi entouré d’ennemis orgueilleux et violents. Comparez Néhémie 6.1.
Citation de la déclaration divine qui est à la base de toutes les relations de Dieu avec les hommes (Exode 34.6).
Le fils de ta servante : ton serviteur né dans ta maison, par conséquent faisant partie de cette maison plus complètement, qu’un esclave acheté. Peut-être y a-t-il ici, comme Psaumes 116.16, allusion à la piété de la mère du psalmiste.
Un signe de ta faveur, littéralement : un signe pour le bien. Dieu peut intervenir pour montrer sa désapprobation ; qu’il le fasse au contraire pour montrer qu’il veut le bien de son peuple. C’est ainsi que Néhémie demande : Souviens-toi de moi ô Dieu, pour me faire du bien (Néhémie 5.19 ; Néhémie 13.31).