Verset à verset Double colonne
C’est ici la deuxième partie de la réponse de l’Éternel à la question des envoyés de Béthel. Après avoir fait comprendre aux Juifs que les jours de jeûne qu’ils ont volontairement célébrés jusqu’ici ne lui sont agréables qu’autant qu’ils y apportent un esprit de sincère humiliation, il ajoute maintenant la promesse que ces jours de deuil tomberont d’eux-mêmes lorsqu’un état de grâce et de prospérité tout nouveau leur aura été accordé. Seulement ils doivent, pour cela, devenir un peuple obéissant à la volonté de son Dieu. Ce discours comprend deux morceaux : versets 1 à 17, décrivant les bénédictions prochaines et versets 18 à 23, les bénédictions finales.
Je ressens une grande jalousie… Tandis que la jalousie humaine est à la fois amour et égoïsme, la jalousie de Dieu est un grand amour, sans égoïsme, quoique non pas sans sévérité, car ce sentiment en Dieu ne tolère aucun partage de la part de celui qui en est l’objet. C’était cette sainte jalousie qui avait porté Dieu à punir et qui le portera encore à travailler à la purification de son peuple jusqu’à ce qu’il réponde parfaitement à son amour.
Je suis revenu. C’est ainsi que nous croyons devoir traduire le verbe qui est au passé et non pas (comme plusieurs, je reviendrai. L’Éternel rappelle ce qu’il a déjà fait en ramenant son peuple à Sion et en y fixant désormais sa demeure.
La ville de vérité. On pourrait expliquer : la ville où Dieu révèle la vérité… mais, d’après le verset 18, il est plus naturel d’entendre la ville où régnera désormais la fidélité ; où les paroles par lesquelles le peuple honore son Dieu seront une vérité.
La montagne de l’Éternel. La montagne de Sion sera le lieu où l’Éternel résidera et déploiera sa sainteté.
Gracieux tableau de la prospérité temporelle qui accompagnera cet état spirituel. Comme autrefois, au temps de la gloire de Jérusalem, les vieillards des deux sexes viendront s’asseoir dans les places, tandis que les jeunes gens et les jeunes filles, en se livrant à leurs jeux, leur offriront le spectacle le plus doux pour leur cœur. Comparez Deutéronome 4.40 ; Deutéronome 30.9 ;Ésaïe 65.9.
On peut expliquer ce verset comme suit : Si cela est merveilleux aux yeux du reste du peuple qui subsistera alors, à mes yeux aussi cela est étrange : ce serait une manière extrêmement forte d’exprimer le caractère miraculeux de cet accomplissement final des promesses. Mais nous ne pensons pas qu’on puisse citer des paroles analogues dans la bouche de l’Éternel et l’on peut aussi traduire en prenant la phrase au sens interrogatif, comme nous l’avons fait. Ce qui étonnera Israël sera tout naturel aux yeux de Dieu, puisque, pour lui, rien n’est difficile.
Je vais délivrer mon peuple. C’est ici la promesse du rassemblement d’Israël de tous les pays où il aura été dispersé.
De la terre du levant… du soleil couchant. Ces derniers mots ne s’appliquent ni à la captivité de Babylone, ni à une dispersion antérieure. La prophétie implique donc une dispersion encore à venir.
Ils habiteront au milieu de Jérusalem : la Jérusalem de 2.4-5, la cité de Dieu indéfiniment agrandie et n’ayant d’autre rempart que l’Éternel.
Ils seront mon peuple. Ce sera le parfait accomplissement de l’alliance conclue au commencement de l’histoire d’Israël. Jérémie 31.31 et suivants, nous apprend comment ce résultat se produira. La volonté de Dieu ne sera plus écrite sur des tables de pierre seulement, mais dans les cœurs, par le Saint-Esprit.
Avec vérité et justice. Dieu sera vraiment pour eux ce que signifie le titre de Dieu d’Israël et les bénira comme il est juste de sa part de bénir un peuple obéissant.
En vue de ces bénédictions à obtenir, Israël doit poursuivre avec courage l’œuvre à laquelle il est maintenant appelé : celle de l’achèvement du temple. Ce qui doit lui inspirer une pleine confiance, c’est que déjà les paroles qu’ils ont entendues précédemment de la bouche des mêmes prophètes, qui ont présidé à la fondation du temple et qui leur parlent encore aujourd’hui, ont eu un commencement d’accomplissement. En effet, depuis la reprise des travaux à la voix d’Aggée et de Zacharie, l’état général s’était amélioré.
Avant ce temps-là. Comparez le lamentable tableau de l’état des choses, Aggée 1.6 ; 9-11 ; 2.16-19.
Point de salaire pour le bétail : il ne trouvait pas une nourriture suffisante.
Point de sûreté. Ceux qui allaient à leurs affaires étaient continuellement en danger d’être surpris par les invasions de l’ennemi, des peuples voisins hostiles aux Israélites rentrés dans leurs pays.
Je mettais aux prises… Outre les ennemis extérieurs, les Israélites eux-mêmes étaient animés de sentiments hostiles les uns pour les autres et cet état de choses était un châtiment de leur indifférence pour le service de Dieu. C’est pourquoi cet état d’hostilité mutuelle est attribué à l’action de l’Éternel lui-même. Mais la reprise du travail avait amené un rapprochement des cœurs en vue de l’œuvre commune et toute la situation de la colonie avait changé de face.
Cette amélioration s’étendra même aux productions de la terre. On peut lier les premiers mots du verset à ce qui suit et traduire : La plante de la paix, la vigne, donnera son fruit. Mais le mot hébreu signifie semence et non pas plante et pourquoi la vigne serait-elle appelée plante de paix, plutôt que les autres végétaux ? C’est là ce qui nous fait préférer la traduction admise dans le texte, quoique la construction dans ce sens soit un peu forcée. Comparez Osée 2.21-22.
La plus glorieuse promesse : Israël deviendra une source de bénédictions pour tous les peuples.
Vous avez été malédiction. En attirant sur lui, par ses péchés, le châtiment de l’exil, Israël avait donné lieu aux païens de se moquer de Jéhova comme d’un Dieu incapable de défendre son peuple. Il avait ainsi fait blasphémer les païens témoins de sa ruine. On peut entendre aussi : Vous êtes devenus un objet et par là même, un exemple proverbial de malédiction pour les autres peuples. Comparez Jérémie 29.2.
Vous serez bénédiction. Cette promesse peut s’entendre dans l’un ou l’autre sens que nous venons de donner à l’idée opposée.
Maison de Juda et maison d’Israël. Le prophète étend cette promesse aussi aux restes des dix tribus qui étaient rentrés avec les restes de Juda. Peut-être ajoute-t-il spécialement ces mots en pensant à la population de Béthel qui avait provoqué tout ce discours.
L’Éternel tire un motif d’encouragement des châtiments mêmes qu’ils ont subis. S’il a été si fidèle à ses menaces, ne le sera-t-il pas aussi à ses promesses ?
Ce sont ici les conditions auxquelles Dieu pourra bénir comme il vient de le promettre, conditions dont la non exécution dans le passé avait provoqué le châtiment.
Dans vos portes : voir Amos 5.10.
Selon la vérité : conformément à l’état réel des choses et de manière à ramener ainsi l’union.
Me fut adressée. C’est la première fois que cette formule revient depuis le verset 1, ce qui indique une deuxième partie dans le discours.
Le jeûne du quatrième mois. Voir l’introduction aux chapitres 7 et 8. Ces jours mêmes du plus grand deuil, en rappelant dans l’état nouveau ici promis les malheurs anciens, feront d’autant plus abonder l’allégresse par là comparaison du présent avec le passé. De solennités de deuil, ils deviendront ainsi de joyeuses solennités.
Nous trouvons ici le développement de cette idée : Vous serez bénédiction. Déjà plus d’une fois Zacharie avait fait allusion à la conversion future des peuples païens (2.11 ; 6.15). Il trace ici avec enthousiasme le tableau de cet événement futur qui comblera la gloire d’Israël pardonné et purifié.
De villes nombreuses. En hébreu, le même mot rabboth qui est employé dans plusieurs circonstances relatives aux païens ; comparez 2.11 (dans l’hébreu, 2.15).
La conversion de toutes ces nations à l’Éternel est représentée sous l’image d’un pèlerinage qu’elles font à Jérusalem, mais sans la moindre allusion aux pèlerinages des Juifs pour les fêtes solennelles. C’est quelque chose de constant. Comparez une image semblable, Michée chapitre 2 et Ésaïe chapitre 4.
De puissantes nations : de beaucoup supérieures en force à Israël, mais reconnaissant maintenant sa supériorité spirituelle.
Le prophète passe des nations aux individus. Par cette image : saisiront le pan de la robe d’un Juif, qui se lie à la précédente, celle du pèlerinage à Jérusalem, le prophète veut représenter la faim et la soif spirituelles des païens convertis et la richesse de grâces et de lumières dont seront remplis les Juifs pour répondre à ces besoins. Comment ne pas penser ici à ce que dit l’apôtre saint Paul de l’effet que produira, dans le monde des Gentils, la conversion d’Israël ? Ce sera, dit-il, comme une résurrection d’entre les morts ; la chrétienté tout entière reprendra une nouvelle vie à ce contact avec Israël redevenu le peuple de Dieu (Romains 11.12).