Faute de connaissances astronomiques précises, les Anciens ne pouvaient établir leur calendrier sans d’assez graves inexactitudes. Aucune des méthodes imaginées par eux ne réussissait à opérer une division du temps qui ne laissât subsister quelque vide dans le cours de l’année. Les Egyptiens, par exemple, prenaient pour base de leurs calculs le jour. Ils en comptaient, comme nous, 365 par an, et divisaient l’année en 12 mois de 30 jours chacun, sans tenir aucun compte des lunaisons. Mais il leur restait ainsi 5 jours non incorporés aux mois. Le calendrier mahométan prenait pour point de départ le mois lunaire et aboutissait ainsi à une année de 354 ou 355 jours, trop courte de 10 à 11 jours. Chez les anciens Heb c’est l’année que l’on considérait d’abord, une année dont la longueur n’était pas rigoureusement déterminée comme celle des Egyptiens, mais que délimitait suffisamment, en pratique, le retour régulier des saisons. Les 12 mois étaient, comme plus tard chez les Mahométans, des trois lunaires, mais se succédaient sans que l’on se souciât de faire coïncider le début de l’année avec le premier jour d’un premier mois. En un mot, les années d’une part, les mois d’autre part, suivaient leurs cours sans qu’on essayât de des synchroniser. Et l’inconvénient de ce système était la nécessité d’intercaler, de temps en temps, un treizième mois dans l’année.
L’année israélite, dans les temps anciens, finissait en automne. C’était une année agricole. Et la clôture d’une période de vie agricole était, très naturellement, la rentrée des dernières récoltes. Le cycle de toutes les fêtes de l’année s’achevait par la fête des récoltes (Ex 23.16 ; 33.22 ; voir : Fêtes). La crise de l’Exil, sur ce point comme sur tant d’autres, introduisit en Israël de nouvelles habitudes. Il était bien tentant pour les déportés d’adopter le calendrier plus savant et mieux équilibré des Babyloniens. C’est ainsi que le commencement de l’année fut transféré de l’automne au printemps et en vint à coïncider avec l’époque de la Pâque (Exode 12.2, est un texte post-exilique ; voir : Fêtes). Plus tard, sous la domination des Séleucides et sous l’influence de leur calendrier, on revint, dans la vie civile tout au moins, à l’année qui commence en automne, tout en conservant une année religieuse commençant au printemps.
Le mois, étant le mois lunaire, était tantôt de 29, tantôt de 30 jours. Cette longueur variable ne dépendait d’aucune règle permettant de déterminer à l’avance si un mois quelconque de l’avenir aurait 29 ou 30 jours. Le mois commençait, empiriquement, au moment où la nouvelle lune était visible dans le ciel.
Les noms des mois hébreux ont varié au cours de l’histoire. Les plus anciens de ces noms, conservés dans l’Ancien Testament sont : 1° Abib, le mois de la maturation des épis de froment (Exode 13.4 ; 21.15 34.18 ; Deutéronome 16.1) : la version Segond ne reproduit pas ce nom, mais le traduit a « mois des épis » ; 2° Ziv (1Ro 6.1,37), le mois de la splendeur, le mois des fleurs ; 3° Elhanim (1Ro 8.2), le mois où les ruisseaux se remettent à couler ; 4° Bul (1Ro 6.38 ), mois de la pluie. Ces noms. ainsi que les huit autres, que nous ne connaissons pas, changèrent avec l’Exil et furent remplacés par les nombres ordinaux correspondant à la place qu’ils occupaient dans le nouveau calendrier commençant au printemps : Abib devint le premier mois, Ziv le second, Ethanim le septième, But le huitième, etc. Plus tard les Juifs prirent l’habitude de désigner les mois non plus par leurs numéros d’ordre mais par leurs noms babyloniens : ceux qui sont mentionnés dans l’Ancien Testament sont Nisan (le 1°), Sivan (le 3°), Eboul (le 6°), Kislev (le 9°), Tébet (le 10°), Chebat (le 11°) et Adar (le 12°).
Pour ce qui concerne la semaine, les Hébreux commencèrent vraisemblablement par suivre la méthode babylonienne qui consistait à diviser les 28 premiers jours du mois lunaire en quatre périodes finissant les septièmes, quatorzièmes, vingt-et-unièmes et vingt-huitièmes jours, la première semaine du mois commençant toujours à la nouvelle lune, ce qui avait l’inconvénient de laisser, chaque mois, un ou deux jours hors de compte. Mais on en vint vite, peut-être à cause de ce désavantage, à abandonner cet étroit rapport de la semaine et du mois. Les semaines se suivirent désormais sans ces intervalles illogiques, mais, par suite aussi, en dehors de toute considération d’ordre astronomique. Les jours de la semaine ne semblent pas avoir été distingués les uns des autres par des noms. L’Ancien Testament, du moins, ne nous en rapporte qu’un, celui du septième, le jour du repos, le Sabbat (voyez ce mot). On se contentait sans doute de désigner le jour dont on voulait parler en indiquant la place qu’il occupait dans la semaine, « le troisième, le quatrième jour de la semaine ». Le Nouveau Testament nous donne en outre le nom du sixième jour : le jour de « la préparation » (Mt 27.62 ; Marc 13.42 ; Luc 23.54 ; Jean 19.42) ou « l’avant-sabbat » (Marc 15.42).
Numérisation : Yves Petrakian