Il y avait à Jérusalem, au temps des apôtres, une synagogue dans laquelle se réunissaient ordinairement, outre les Juifs de Cyrène et d’Alexandrie, les Juifs appelés libertins (Actes 6.9). La synagogue avait reçu le triple nom de ceux qui avaient l’habitude de la fréquenter ; c’est de son sein que sortit la première opposition au ministère d’Étienne, que furent jetées les premières attaques, les premières accusations, les premières pierres. Quelques interprètes (Bèze, Valkenaer), ont cru qu’il fallait lire Libistiniens au lieu de libertins, estimant que les trois noms de la synagogue dans le passage cité devaient avoir un caractère géographique ; ce serait une forme rare, sinon précisément poétique, du nom de Libyens ; mais cette supposition ne repose sur aucun fondement critique, et n’est appuyée sur aucun manuscrit. D’autres conservent le nom de Libertins, mais lui font signifier habitants de la ville ou contrée (inconnue) de Libertum, qu’ils supposent avoir existé dans l’Afrique propre ou proconsulaire, parce qu’au synode de Carthage (en 411), se trouvait un évêque ayant pour titre Libertinensis. L’opinion généralement reçue, c’est que les libertins étaient des esclaves libérés qui avaient conservé ce nom, eux et leurs descendants, soit des affranchis romains qui auraient passé au judaïsme, soit des Juifs que Pompée et Sosius auraient emmenés captifs de Palestine en Italie, et qui, ayant obtenu leur liberté (Tacit. Annal. 2, 85.), se seraient établis à Rome jusqu’au moment où Tibère chassa de ses états les superstitions étrangères ; il est naturel que dans ce cas ils se soient retirés à Jérusalem, et en assez grand nombre pour y posséder en tiers une des quatre cent quatre-vingts synagogues qui s’y trouvaient au dire des rabbins. On ne peut dire avec certitude si (Actes 6.9), il est question de trois synagogues, ou d’une seule avec trois noms ; mais ce qui est probable, c’est que ces noms n’étaient que des noms, et que la synagogue des libertins ne comprenait pas des libertins à l’exclusion des autres Juifs, et qu’elle ne les comprenait pas tous non plus.