Quelques rabbins parlent d’écoles antédiluviennes, dirigées successivement par Adam, Enos et Noé ; puis par Melchisédec à Kiriathsépher ; il ajoutent qu’Abraham donnait des leçons d’arithmétique et d’astronomie en Chaldée ; qu’il en donna plus tard en Égypte, et que Jacob lui succéda dans l’art d’enseigner. Ils ne disent pas à quelles sources ils ont puisé ces traditions, plus qu’incertaines. Les écoles proprement dites, destinées à la culture intellectuelle du peuple, ne furent pas plus connues des Israélites avant l’exil, qu’elles ne le furent des premiers Romains, ce qui n’a rien qui doive surprendre puisque l’antiquité n’avait pas un cercle de connaissances élémentaires bien étendu, la lecture, et surtout l’écriture étant l’apanage presque exclusif des riches. On ne saurait douter que les enfants ne reçussent une instruction religieuse, mais les parents seuls en étaient chargés (Proverbes 6.20) ; déjà Moïse avait ordonné aux Hébreux d’élever leurs enfants dans la connaissance de leur loi et de leur histoire (Deutéronome 6.7-20 ; 11.19). Peut-être les rois avaient-ils pour leurs fils des gouverneurs particuliers. Mais ce ne sont pas là des écoles ; il n’en faut pas voir davantage dans les enseignements que Moïse, Aaron et les anciens d’Israël donnaient au peuple dans le désert. Après l’exil même nous voyons encore les mères soigner l’instruction de leurs enfants (2 Timothée 3.15) ; la religion forme toujours la partie la plus importante de cette éducation, parce que la religion est intimement liée à l’état civil, et qu’elle est aussi indispensable au citoyen qu’au fidèle, étant à la fois politique et théocratique. Cependant c’est à cette époque à peu près, que prirent naissance les premières écoles juives, qui ne furent dans le principe qu’une espèce de dépendance des synagogues. Les jeunes garçons destinés à la carrière des saintes lettres recevaient sans doute une instruction préparatoire, avant d’être confiés au scribe qui devait les former. On n’enseignait que rarement les langues étrangères dans les écoles de la Palestine ; cependant, d’après le Talmud, ce n’est que de la dernière guerre des Juifs que date la défense positive d’enseigner le grec aux enfants.
Écoles de prophètes. Il y en avait dans différents endroits du pays, notamment à Rama (1 Samuel 19.19-20) à Jéricho (2 Rois 2.5) à Béthel et à Guilgal (2 Rois 2.3 ; 4.38). Quelques-uns prétendent qu’Élie avait aussi une école de ce genre dans les grottes du Carmel. Les jeunes gens qui faisaient partie de ces assemblées étaient appelés fils des prophètes ; ils n’étaient pas nécessairement jeunes, et pouvaient être mariés (2 Rois 4.1) ; ils vivaient ensemble, quelquefois en nombre fort considérable (2 Rois 2.16 ; 6.1 ; peut-être aussi 1 Rois 18.4-13) et prenaient leurs repas en commun (2 Rois 4.38). La musique et le chant jouaient un grand rôle dans leurs exercices religieux, comme on peut le voir par (1 Samuel 10.5), mais l’Écriture ne nous donne aucun détail sur l’ensemble de leurs travaux et sur l’objet même de l’institution : la prophétie, comme don miraculeux, ne pouvait pas se communiquer par l’enseignement ; d’un autre côté, lorsqu’on voit Saül se joindre tout à coup aux jeunes gens qui prophétisent (1 Samuel 10.10), on est presque obligé d’admettre qu’une grande puissance de l’Esprit se manifestait au milieu d’eux. Le plus naturel est, cela nous semble, de voir dans ces écoles des associations de jeunes gens pieux, réunis autour d’un prophète pour s’instruire et s’édifier, et saintement électrisés par la parole noble et divine de leur maître, qui les élevait dans une sphère plus haute de la vie religieuse, et leur communiquait ainsi des dons qui étaient refusés aux âmes moins pieuses, moins constamment sous l’influence d’en haut. Il paraît, d’ailleurs, que les prophètes avaient en effet des réunions régulières d’instruction qu’ils tenaient les jours de sabbat, les jours de nouvelle lune, et à d’autres moments déterminés ; on peut le conclure de 2 Rois 4.23.
Ces réunions subsistèrent jusqu’à la captivité de Babylone ; on en trouve peut-être encore quelques traces (Ézéchiel 14.1 ; 20.1 ; 8.1 ; etc.), puis elles furent remplacées par les synagogues, dont le nombre se multiplia tellement au retour de l’exil, que dans la seule ville de Jérusalem on en compta jusqu’à 394 ou 400 : chaque corps de métier avait la sienne, les étrangers même en possédaient plusieurs.