Merveilleuse délivrance
Ce psaume se rapporte à une grande délivrance nationale. Le peuple de Dieu a été pris et retenu comme dans un filet (verset 11), il a dû se courber, et, suivant l’image hardie du psalmiste, laisser des hommes monter sur sa tête (verset 12). Son affranchissement, qui rappelle les grands miracles de la sortie d’Égypte et de l’entrée en Canaan, est la démonstration de l’autorité souveraine dont Dieu dispose sur tous les peuples (verset 4). Une telle donnée fait penser au retour de la captivité.
Le psaume comprend cinq strophes. Il commence par une invitation générale adressée à toute la terre de louer Dieu (versets 1 à 4) ; puis les grands miracles d’autrefois sont rappelés (versets 5 à 7). La strophe centrale, la troisième, est consacrée à la détresse récente et à la délivrance qui font le sujet propre du psaume (versets 8 à 12) ; les deux dernières exposent la reconnaissance du peuple délivré (versets 13 à 15) et l’enseignement que donnent ces grands événements à tous ceux qui craignent Dieu (versets 16 à 20).
En ce qui concerne la suscription, il est à remarquer que ce psaume et le suivant sont les seuls où la mention du maître chantre ne soit pas accompagnée du nom de l’auteur présumé du cantique. En outre, les deux désignations de psaume (mizmor) et de cantique (schir) se trouvent réunies dans les psaumes 65 à 68. Dans celui-ci, l’accent qui, dans le texte hébreu, rattache comme un trait d’union le mot cantique à celui de psaume montre qu’il s’agit d’un chant de louange fait pour être exécuté dans un culte solennel, avec accompagnement d’instruments à cordes.
Appel à toute la terre (1-4)
Le souffle universaliste qui se fait sentir déjà dans le psaume précédent est particulièrement fort dans celui-ci et dans le suivant.
Tes ennemis te flattent : sous l’impression de crainte produite par tes jugements. Comparez Psaumes 18.45, note.
Les délivrances de jadis (5-7)
Venez et voyez… Lors même que le psalmiste pense ici à des œuvres accomplies bien des siècles avant lui (le passage de la mer Rouge et du Jourdain), il les voit, comme si elles s’opéraient sous ses yeux ; et en effet les grandes œuvres de Dieu n’appartiennent pas à une époque spéciale : leurs effets sont permanents et les croyants de tous les temps les contemplent comme, accomplies pour eux.
Au creuset, comme l’argent. Comparez Ésaïe 1.25 ; Zacharie 13.9. Ce qui semblait devoir détruire Israël n’était destiné qu’à le purifier.
Un pesant fardeau : devenu captif ou tributaire de l’ennemi, Israël a dû accomplir les travaux d’un esclave.
Tu as fait monter l’homme mortel… littéralement : Tu as fait chevaucher l’homme mortel sur nos têtes. L’hébreu ne permet pas de traduire : par-dessus nos têtes, comme s’il s’agissait d’un champ de bataille où morts et blessés sont foulés aux pieds des chevaux. L’expression chevaucher sur signifie : traiter tyranniquement et outrageusement. Israël a dû baisser la tête sous les exigences de maîtres qui, avec toutes leurs prétentions, n’étaient que des hommes mortels. Le terme énosch désigne l’homme dans ce qu’il a de débile et de misérable. Ce sont de tels hommes qui, de tout leur poids, ont pesé sur les têtes du peuple de Dieu.
Reconnaissance du peuple délivré (13-15)
Je veux entrer. Dès ce moment la personne du psalmiste apparaît au premier plan ; le je remplace le nous. Pourtant la diversité des offrandes mentionnées verset 15 montre bien qu’il s’agit ici du peuple entier.
Que mes lèvres ont prononcés, ou pour lesquels mes lèvres se sont ouvertes. Le même verbe ouvrir est employé Juges 11.35 et Job 35.16 à propos de vœux ou de plaintes formulés précipitamment sous la pression de l’angoisse.
Dieu exauce !
C’est là l’enseignement qui se dégage des faits accomplis et que le psalmiste éprouve le besoin de proclamer.
Ce qu’il a fait à mon âme. Telle a été l’intensité de sa prière, que la cause de son peuple s’est confondue avec la sienne et que la délivrance commune est pour lui une délivrance personnelle.
De ma bouche : à haute voix et non seulement en secret.
Je l’ai glorifié : la supplication était accompagnée de la louange, qui ne fait jamais défaut dans la prière de la foi (Philippiens 4.6).
Quelque iniquité. On peut demander une chose excellente avec une arrière-pensée intéressée (Jacques 4.3).
Il n’a point rejeté ma prière. L’assurance que le psalmiste a de son intégrité ne diminue en rien son humilité ; si Dieu l’a exaucé, ce n’est point pour y avoir été contraint par un mérite ou un droit du suppliant, mais en vertu de sa bonté.